Un plein succès pour la première titularisation de Maxence Gisclard face à Montrevel-en-Bresse

Maxence Gisclard a connu une première titularisation avec le Servette Rugby Club, qu'il a fêtée avec un premier essai avec les Grenat (55e). « Je n'ai rien d'autre à dire, sinon que vive la troisième mi-temps! », souriait-il alors en fin de match à la Praille. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Genève]

Trois victoires en trois rencontres, Servette et le Canton de Montrevel-en-Bresse avaient encore, il y a quelques heures, cela en commun. Aussi bien qu’à la quatrième journée du championnat de Pré-Fédérale, le calendrier réservait déjà une rencontre entre les deux premiers du classement; un match à deux vitesses – Servette a manqué de rigueur dans les premières 40 minutes – avant que les Grenat ne prennent (amplement) la mesure de leurs adversaires 71-7. N’en reste que les joueurs de Montrevel ont été les premiers à inscrire un essai à ce Servette-ci au Stade de Genève depuis le début de la nouvelle saison. Une satisfaction, dira-t-on dans le camp français.

Sur la touche, Gabriel Lignières a conservé le calme qui est le sien. Face au deuxième du championnat, il a gardé une confiance certaine en ses joueurs même quand ces derniers ont semblé, pendant quelques instants, un peu mal-en-point face à Montrevel-en-Bresse. Il est vrai, l’on a longtemps cru que le club rhodanien pouvait être le premier capable de contenir les Grenat sur leurs terres de la Praille. Cela a tenu une mi-temps, 40 minutes terminées sur le score partiel de 10-0, bien avant que Servette ne rende une seconde période d’excellente facture – celle qu’on lui reconnaît habituellement – avec 61 points supplémentaires inscrits au bénéfice d’une pluralité de marqueurs.

Mais pour la première fois, la réaction fut lente, peu certaine en début de rencontre car, au-delà de l’essai de Jilali Aïb peu après le premier quart d’heure de jeu (17e), les Grenat ont cruellement manqué de justesse sur la finition, manquant à trois reprises l’essai pour des fautes de main ou d’inattention face à la résistance adverse. Et pour ne pas arranger les choses, le groupe perd deux individualités sur blessure dans la première demi-heure de jeu: le Français Fayçal Sahli (formé à Auch, ancienne formation de Pro D2) touché à un ischio-jambier et le transfuge de Chambéry William Goodwin souffrant probablement d’une déchirure aux adducteurs.

Et si l’on ajoute Loïc Otal, absent de la feuille de match pour cause de blessure également, le groupe servettien fait face ici à ses premiers “contretemps”; de bien belle mesure, le club s’en était bien sûr prémuni en élargissant son contingent de 19 nouvelles recrues à l’intersaison. Loin d’un état de pure inquiétude, Gabriel Lignières sait avoir en réserve des individualités tenant de fort belles qualités. Mais les véritables “contretemps”, à défaut d’être numériques – ce qui fut le cas la saison passée – sont d’autant plus tactiques pour l’entraîneur genevois, lequel est coutumier de l’alternance. Gabriel Lignières ne s’en cache pas; il aime bouger les lignes, tenter de nouveaux schémas de jeu et surtout donner sa chance aux plus jeunes. Profitant, une nouvelle fois cette saison du forfait de l’équipe réserve adverse, il n’a pas manqué de faire tourner son effectif. Une fois n’est pas coutume, bien lui en a pris.

« Nous avons perdu l’essentiel de notre rugby en première mi-temps, mais les assemblages étaient bons. C’est éminemment positif en ce que nous sommes capables de tenter des choses. L’alternance a tenu de belles promesses »

Gabriel Lignières, entraîneur principal du Servette Rugby Club

À nouveau sans l’ailier marocain Fahd Rguibi Idrissi, Gabriel Lignières a cette fois-ci souhaité tester de nouveaux assemblages. Dans son schéma de jeu, l’entraîneur Grenat a par ailleurs fait cohabiter deux individualités au profil propre; il a, en effet, titularisé l’international algérien Jilali Aïb, tout autant que son concurrent au poste d’arrière William Goodwin. Ce dernier a alors assumé un rôle qu’il n’avait jamais pris l’habitude de tenir ces derniers mois, que ce soit à Genève ou à Chambéry. En numéro 12, au centre, l’ancien pensionnaire de Fédérale 1 s’est alors illustré dans une position qui n’est pas celle de prédilection mais dont il a parfaitement tenu le rôle.

« Nous avons perdu l’essentiel de notre rugby en première mi-temps, mais les assemblages étaient bons. C’est éminemment positif en ce que nous sommes capables de tenter des choses. L’alternance a tenu de belles promesses », assure alors le tacticien, ancien du Sporting Club de Mazamet avant de poursuivre: « Nous avons fait un mauvais début de match, nous avons été maladroits et cela nous a un peu frustrés. C’est parfois ce qui arrive quand l’on a l’habitude de trop de facilité. Mais l’état d’esprit s’est nettement amélioré en seconde mi-temps, durant laquelle nous avons respecté nos bases, notre rugby. »

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Aussi, pour la première fois depuis la finale de Promotion Honneur remportée devant le Pays de Gex à Roanne fin mai, Servette a subi le pressing adverse toute une première mi-temps durant. Un facteur que ne manque absolument pas de relever l’entraîneur assistant du club de Montrevel, Denis Perrier: « Nous avons réalisé un bon pressing, rivalisé toute une période face à Servette. Nous avons eu notre temps de jeu et cela est quelque chose dont nous sommes heureux, même si de leur côté, ils ont lâché énormément de ballons. »

Ceci même sans oublier que les Montrevellois ont été les premiers cette saison à marquer au Stade de Genève. « Nous avons inscrit un superbe essai [ndlr, par le numéro 17 Verne, 63e] qui nous galvanise. Mais au-delà de cela, il faut reconnaître qu’en face, il ont un effectif autre que le nôtre, techniquement plus fort. Nous nous attendions à ce qu’ils accélèrent en seconde mi-temps », a alors ajouté Denis Perrier. Aucun leurre; Servette a ensuite inscrit neuf essais dans la deuxième fraction, un autre visage, une autre dynamique.

Denis PDenis Perrier (au centre sur l’image) n’est pas mécontent d’une rencontre qui a vu son équipe de Montrevel-en-Bresse rivaliser toute une première mi-temps face au Servette Rugby Club. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Genève]

Maxence Gisclard, Jonathan Torossian… à la croisée des chemins

« Nous les retrouverons certainement plus tard [ndlr, entendez après la saison régulière] », convient alors Gabriel Lignières. Dans les faits, le club de Montrevel-en-Bresse statue actuellement pour le haut du classement de la division Pré-Fédérale et leurs chances de qualification pour les play-offs sont grandes, sinon certaines si l’équipe saura maintenir un degré de constance et de puissance entrevu tout du long de la première période au Stade de Genève ce dimanche. « Notre objectif est d’autant plus clair: nous cherchons immanquablement la qualification. Nous souhaitons bien sûr terminer dans les quatre premiers », confirme pour sa part alors Denis Perrier. Montrevel-en-Bresse est par ailleurs un club qui eut pointé dans son histoire en Fédérale 3 et la stature du club semble toujours en témoigner, mais pas suffisamment pour rivaliser 80 minutes face à Servette, longuement associé – par-delà sa puissance et sa rigueur professionnelle – au niveau d’une Fédérale 2.

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L’épreuve fut du moins assurément positive pour Montrevel; en 40 minutes, les hommes de Patrick Foray et Denis Perrier ont combattu avec leurs armes et le résultat (à la mi-temps) était loin d’être ridicule. Sans nul doute, dans un championnat du Lyonnais, l’équipe montrevelloise a réalisé la performance la plus remarquée à la Praille depuis bien longtemps; Gabriel Lignières n’en démord pas: « Le Stade a certainement tremblé à la mi-temps dans les vestiaires. C’est certainement là notre plus mauvais début de rencontre depuis que je suis à la tête de l’équipe [ndlr, en septembre 2017]. » Avant d’ajouter: « Mais nous jouions contre les deuxièmes. C’est immanquablement un [début de] match qui nous fait tomber là où il faut pour que l’on puisse continuer à avancer [avec la qualité et l’envie] nécessaires. » Aussi, l’entraîneur Grenat l’assure: « Si l’addition aurait pu être d’autant plus lourde, nous sortons grandis de ce match. Nous voulions véritablement marquer les esprits [face aux deuxièmes du classement] et peut-être que cela a mis un peu de pression sur les joueurs. »

« Je me rends compte de la chance d’avoir un entraîneur qui a pris le pas de me donner ma chance. Il fait confiance aux jeunes et ce n’est pas le cas de tout le monde, ni partout. Je n’ai jamais eu une occasion comme celle-ci »

Maxence Gisclard, première ligne du Servette Rugby Club

La réaction du Servette Rugby Club n’a pourtant pas tardé en seconde mi-temps; en moins de dix minutes, les Grenat avaient déjà rétabli “l’ordre” et grâce à sa jeunesse à l’image de Rafael Candotto (44e), Benjamin Donin (51e et 79e) et Maxence Gisclard (55e). Pour ce dernier, arrivé d’Annecy-le-Vieux à l’été 2017, il s’agissait de sa toute première titularisation avec le club servettien en deux saisons; une “première” qu’il n’a manqué de dédier à ses aînés au sein du groupe.

Il y a d’abord le staff: « Je me rends compte de la chance d’avoir un entraîneur qui a pris le pas de me donner ma chance. Il fait confiance aux jeunes et ce n’est pas le cas de tout le monde, ni partout. Je n’ai jamais eu une occasion comme celle-ci », avouait alors le jeune numéro 1 (24 ans), qui a assuré le poste, aussi en l’absence de Loïc Otal (blessé donc). Une décision logique et méritée pour Gabriel Lignières qui n’a pas manqué de rendre au jeune homme la reconnaissance de son grand travail réalisé durant la semaine à l’entraînement. « Maxence [Gisclard] a amplement mérité sa première titularisation. Et en plus, il nous l’a rendue en signant un essai à mention spéciale. Tout cela est dû à son grand travail réalisé en musculation et lors des séances », assure toujours Lignières.

Le groupe servettien, avec Maxence Gisclard en numéro 1 d’entrée de jeu (tout à gauche sur l’image) a renversé Montrevel au prix d’une seconde mi-temps de très grande puissance (celle que l’on reconnaît habituellement aux Servettiens). © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Genève]

Aussi, les conditions de jeu lui ont été favorables en seconde mi-temps avec l’entrée de joueurs d’expérience: Adrien Vigne-Donati (qui avait déjà remplacé Fayçal Sahli suite à sa blessure à la 15e minute), le transfuge d’Aix-les-Bains Aniss Mountassir, Louis Baudouin et surtout Jonathan Torossian. « J’ai profité de la mi-temps pour redynamiser le pack et admettre plus d’expérience sur le terrain. » Et avec cela, l’entrée de Jonathan Torossian, de par « son rôle de leader, nous a amenés énormément de points, en plus de ceux récoltés au pied », aiguillonne-t-il encore. Car, en effet au-delà des 14 points inscrits sur transformation, l’ancien capitaine d’équipe et ancien Fédérale 1 à Annecy (floqué pour la deuxième fois de rang à la Praille du numéro 20) a énormément contribué aux réalisations de ses pairs, et notamment celle de Maxence Gisclard.

Ce qui force d’autant plus le respect de ses jeunes coéquipiers: « Je reconnais la chance de jouer également avec des collègues qui me laissent m’intégrer au sein de l’équipe. Et, en l’occurrence mes premiers points pour Servette, je les dois en grande partie à Jonathan Torossian. Je l’ai longtemps suivi ces dernières années et là, il m’offre un essai. Je ne peux qu’en être reconnaissant », avoue alors le jeune homme (classe 1994).