La dernière sortie du LS à la Stockhorn Arena s’était soldée sur une lourde défaite 5-2. Cette fois-ci, les hommes de Fabio Celestini ont fait mieux (0-0). Un point glané, un moindre mal au vue d’une rencontre dominée – territorialement et au nombre d’occasions procurées – par le FC Thoune. « Nous avons joué à zéro sans perdre les trois points. C’est le plus important », lâche Guillaume Faivre, de retour entre les montants du FC Thoune. « Il nous faudra maintenant retrouver notre efficacité offensive. » Un commentaire qui semble s’adresser aux deux formations, encore en manque latent de créativité dans les 30 derniers mètres.
« Ce n’était pas un match facile pour les deux équipes, mais c’est peut-être mieux comme ça. » Simone Rapp, de retour dans “sa” Stockhorn Arena, aura vécu un match compliqué. Mais en effet, c’est (peut-être) mieux ainsi, le point étant un moindre mal pour les deux équipes. Parfois – et les occurrences s’enchaînent pour le Lausanne-Sport –, il faut savoir se contenter (et dirions-nous) de peu. Un jeu incisif, décidé, intéressant dans la construction mais qui ne donne – toujours – pas vie à une première victoire en 2018. Pourtant, pas à pas, le LS avance dans la bonne direction. Avec un nouveau match nul trouvé – le deuxième 0-0 consécutif hors Pontaise – les hommes de Fabio Celestini se dégagent (avec parcimonie certes) le chemin vers le maintien en Super League, même si rien n’est encore joué au crépuscule de cette 26e journée. L’équipe qui “gagne” ne change pas ; Fabio Celestini a maintenu son onze de base aligné lors du match face au FC Bâle, mais pas sous la même organisation de jeu. De retour à quatre défenseurs – Noah Loosli maintenant son rôle en latéral même si la question sur sa véritable nature peut se poser –, l’entraîneur vaudois aura validé ses penchants pour Dominik Schmid, Enzo Zidane et Simone Rapp. Tous titulaires, alors qu’Andi Zeqiri est à nouveau entré en cours de jeu (69e). Un choix précis alors que l’enchaînement des rencontres – le LS a vécu une véritable semaine anglaise – se fait aussi sentir. « Trois matches en une semaine, ce n’est pas facile. Mais nous n’avons pas le droit à l’erreur. Auparavant, l’on s’était peut-être vu trop beau, à une place de l’Europe. Mais l’on a aussi vu que les matches sont durs et qu’il faut tout donner pour les réussir. Aujourd’hui, nous n’avons pas subi de but, c’est déjà positif », affirme Nicolas Gétaz en fin de rencontre. Encore une fois contraints au nul, le LS gagne du temps sur ses poursuivants mais ne parvient plus à creuser l’écart. « Pour l’instant, nous cueillons ce point positivement. Cela doit nous permettre aussi de réfléchir plus en profondeur sur ce que l’on peut améliorer », concède encore Simone Rapp. D’autant plus que le temps va jouer en faveur des organismes, le championnat observant dès lundi une semaine de pause internationale qui verra notamment la Suisse affronter en amical la Grèce à Athènes le 23 mars et le Panama à Lucerne le mardi 27. D’ici là, les Lausannois auront le loisir de préparer au mieux une autre confrontation directe, face à Lugano à la Pontaise.
Guillaume Faivre, un retour gagnant sur le synthétique de Thoune
En face, au contraire, depuis la bérézina de Sion (7-2), Marc Schneider a revu l’architecture de sa défense, en abaissant Sandro Lauper sur la ligne défensive avec Nicola Sutter et Sven Joss, alors que Grégory Karlen est venu davantage soutenir l’attaque, aux épaules de Dejan Sorgić. Une revue d’effectif forcée également par un nombre important d’absents, à commencer par le latéral droit Chris Kablan et surtout le portier Đorđe Nikolić, blessé (il était annoncé incertain avant cette rencontre). C’est alors une vieille connaissance qui a assuré la défense des buts. Guillaume Faivre a enfin retrouvé les terrains après quasiment sept mois d’absence – il n’avait alors disputé qu’une seule rencontre cette saison, lors de la défaite 4-1 à Lugano le 26 août dernier. Écarté des siens après un passage à vide en début de saison – relégué derrière Francesco Ruberto, puis derrière Đorđe Nikolić, à son arrivée au club à l’intersaison –, le portier romand (ex-Neuchâtel Xamax) a littéralement offert (ou sauvé, c’est selon) le point du nul aux siens. Relativement peu inquiété en début de rencontre – le LS n’a jamais tiré au but dans le courant des 45 premières minutes de jeu –, Faivre a su parfaitement s’interposer lors des moments clefs de la rencontre. Il a d’abord (et surtout) fait preuve de malignité sur le pénalty concédé sur Rapp (49e). Après avoir pleinement fixé son vis-à-vis dans les yeux, l’extrême défenseur prend la meilleure option sur la conclusion de Benjamin Kololli, parvenant du bout des doigts à reconduire le ballon sur son poteau. « J’étais convaincu de pouvoir l’arrêter. Comme toujours, le gardien choisit un côté et parfois ça lui réussit – lâche alors en zone mixte Guillaume Faivre avant de poursuivre – C’était l’occasion de prouver mon expérience. J’ai eu le bon réflexe après un petit jeu de provocation. Je suis heureux qu’aujourd’hui, ça m’aie bien réussi. » Aussi conséquent que puisse être le jeu du hasard, en pareilles occasions, cette parade marque un moment capital pour le cours du match et son dénouement. Il n’est alors pas anodin d’entendre Simone Rapp ou encore Fabio Celestini parler de “balle de match”, au terme du présent 0-0 : « Le pénalty était le moment le plus important de notre match. Si Benjamin le marque, la victoire nous serait certainement revenue aujourd’hui », consent l’ancien avant-centre de ce même FC Thoune. « Le pénalty était notre meilleure occasion de prendre les trois points à notre compte. Depuis que l’arbitre l’a sifflé en notre faveur, le dilemme était simple. On hypothèque les trois points de la victoire ou on continue à souffrir en risquant de les perdre. Et bien, on a souffert. À croire que le football est contre nous », regrette pour sa part Celestini, aussi au vue des deux précédentes rencontres disputées.
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À compter, néanmoins, que la bonne tenue des 90 minutes de jeu est à mettre au crédit de Faivre. Aussi, au-delà du tir des onze mètres, il a fait preuve d’une grande solidité sur plusieurs tentatives lausannoises dans le cours du deuxième acte. Il a notamment rassuré sur le premier tir de Simone Rapp à la 52e minute avant d’opposer résistance sur une frappe décidée de Benjamin Kololli (55e). Derrière, il a suffi qu’il tienne sa garde pour maintenir son but inviolé. Le meilleur signal de la journée, sans doute pour l’équipe de l’Oberland bernois. « Mon premier sentiment au terme de la rencontre est simple: nous avons conclu un match à zéro. Nous avons réussi à ne pas encaisser de but et cela est éminemment positif pour la suite du championnat », consent-il, suivi par son entraîneur: « Nous avons essayé de nous créer de l’espace, mais ce n’était pas évident. Toujours est-il que nous avons gagné un point sans subir de but, et surtout après cinq défaites d’affilée. C’est de loin le plus important. » Pour ce dernier, voici un bon point, un détail qu’il ne négligera nullement. En effet, après avoir concédé pas moins de 16 buts lors de ses cinq dernières sorties – la plus mauvaise série depuis 2003 – le FC Thoune a retrouvé la recette (quelque peu perdue) du blanchissage. Aussi, le rendement (18 buts subis en six matches en 2018) laissait planer le doute quant à la capacité du jeune portier serbe de 20 ans de supporter la responsabilité d’une équipe de Super League. Certes brillant en prêt au FC Schaffhouse en début de saison, Đorđe Nikolić avait réussi, en ce début d’année, à s’imposer là où Francesco Ruberto (24 ans) était solidement implanté depuis le mois d’août 2017. Mais sans grande conviction. Son indisponibilité face au FC Lausanne-Sport aura au moins permis de (re)questionner la concurrence au poste de gardien. Et à ce jeu, l’expérimenté Guillaume Faivre (31 ans) a saisi – à nouveau – sa chance. « J’ai passé une période désertique lors du premier tour. J’ai connu des soucis de santé [ndlr, angines à streptocoques répétées, puis une opération des amygdales en décembre] qui m’ont empêché de tenir mon rang. J’ai essayé de revenir, j’ai retrouvé l’équipe en janvier puis j’ai été à nouveau blessé [ndlr, lors d’un match amical face à Sion] et j’ai dû lutter pour tenter de retrouver les sensations du terrain. J’ai cueilli avec grande envie cette titularisation. »
« Nous en avons discuté avec Francesco [Ruberto] et sans doute que cela était la meilleure solution pour la rencontre d’aujourd’hui »
Marc Schneider, entraîneur du FC Thoune
Pourtant la blessure de Nikolić aurait pu remettre sur selle Ruberto, resté dans l’ombre depuis décembre. Mais là encore, son état ne prêtait pas assez de garantie pour Marc Schneider. C’est pourquoi, le choix de l’entraîneur semblait arrêté dès le retour aux entraînements lundi. « Ruberto n’était pas en forme. Au vu des entraînements, j’ai décidé de donner à nouveau sa chance à Guillaume Faivre. Nous en avons discuté avec Francesco et sans doute que cela était la meilleure solution pour la rencontre d’aujourd’hui », concédait alors en conférence de presse le chef de l’équipe bernoise. D’autant plus que le Neuchâtelois se sentait fin prêt. « J’ai certainement beaucoup de fraîcheur en plus dans la tête. J’ai par ailleurs essayé de l’amener toute la semaine aux entraînements et c’est, je pense, ce qui a (et aurait pu) faire la différence aujourd’hui », aiguillonne alors Guillaume Faivre. Un renouveau pour lui ? La trêve internationale saura porter la bonne réflexion à Marc Schneider, qui a par ailleurs toujours les faveurs du directeur sportif Andres Gerber et ce, malgré les déconvenues à répétition.
La performance avant le résultat…
Fabio Celestini n’en démord pas. Le résultat de 0-0 ? « Ce n’est franchement pas le plus important », clame-t-il à nouveau en conférence de presse à la Stockhorn Arena. Ce qui compte, c’est bien la performance. « Toujours. La performance est ce qui permet de réussir au football. En tant qu’entraîneur, on ne peut pas se permettre de mettre exagérément une importance sur le résultat. On ne peut pas ne penser qu’aux résultats. Du moins, je m’efforce de ne jamais faire ça. Je suis davantage heureux après ce match face à Thoune qu’après celui que nous avons produit contre Grasshopper [ndlr, 0-0 le 3 mars dernier]. Je dirais même que si l’on avait gagné 1-0 ce match en ayant mal joué, nous aurions été tous plus loin du maintien que maintenant. » Des propos également tenus plus tôt par Simone Rapp: « Le plus important est de faire de belles performances, que l’on perde ou que l’on gagne. » Pourtant, ce dimanche après-midi, rien n’a été plus éclatant que le pénalty manqué de la 49e. La première période a nettement manqué de saveur, de rythme, de situations chaudes. Et ce, malgré une transversale de Matteo Tosetti (le serial passeur de Thoune, 10 assists cette saison) à la 2e minute ! Derrière, tout a manqué de brillance, de précision, d’agressivité, de témérité. Néanmoins, pour Lausanne, la première bonne nouvelle fut de ne pas subir (à nouveau) un but dans les premiers instants de la rencontre – c’en fut pourtant moins une. « Je note qu’à chaque fois que l’on ne prend pas un but dans les vingt premières minutes du match, l’on parvient à produire un bon match et à éviter la défaite », confie encore Fabio Celestini.
« Jusqu’au pénalty, nous avons su être compétitifs et à reproduire le jeu que nous avons fait contre le FC Bâle »
Fabio Celestini, entraîneur du FC Lausanne-Sport
Pour le coach vaudois, l’équilibre fut pourtant satisfaisant: « Jusqu’au pénalty [de Kololli], nous étions compétitifs dans la continuité du jeu produit face au FC Bâle [ndlr, mercredi 14 mars, 1-1]. Nous avons très peu concédé, même si nous ne nous sommes pas beaucoup créé d’occasions. Toutefois, j’ai vu une équipe qui a joué un très bon football jusqu’aux 30 mètres. » Une réalité que corrobore à sa façon Marc Schneider: « Ce n’était pas du tout facile ; Lausanne a produit un très bon match. Jusqu’au pénalty, c’était un match qui n’avait pas donné signe d’un grand jeu. C’est seulement ensuite que nous avons pu nous procurer nos meilleures chances, notamment sur la double occasion de Dejan Sorgić [70e]. » Car, en effet, au-delà de la barre transversale trouvée par le joueur tessinois (par ailleurs champion du monde M17 en 2009 aux côtés de certains Granit Xhaka et Haris Seferovic), le FC Thoune a aussi failli emporter la mise en fin de rencontre. Les occasions plus éclatantes furent au crédit de l’avant-centre Dejan Sorgić; une double frappe que Thomas Castella repousse à deux reprises, coup sur coup. Quelques minutes plus tôt, c’est même Grégory Karlen qui avait eu une belle opportunité d’ouvrir la marque, alors que le portier lausannois était déséquilibré, mais son tir a complètement dévié en tribunes (66e), comme nombre de tirs bernois durant la partie. Aussi, de manière générale, couvant une certaine fébrilité, la défense vaudoise aura pleinement pu se reposer sur les accomplissements de Thomas Castella. Une belle journée pour les gardiens, en somme. C’est par ailleurs ce qui pousse l’autre portier, Guillaume Faivre, à affirmer: « Nous n’avons pas perdu les trois points, mais il nous faudra maintenant retrouver cette efficacité offensive qu’il nous manque. » Sans cela, le FC Thoune risque de subir le reste du championnat, quand bien même le potentiel y est.
Les faits de match: FC Thoune v FC Lausanne-Sport, 0-0 Composition du FC Lausanne-Sport: Thomas Castella, Nicolas Gétaz, Elton Monteiro, Alain Rochat ©, Noah Loosli, Dominik Schmid (69e Andi Zeqiri), Alexandre Pasche, Enzo Zidane (84e Francesco Margiotta), Joël Geissmann, Benjamin Kololli et Simone Rapp. Entraîneur: Fabio Celestini. Composition du FC Thoune: Guillaume Faivre, Mickaël Facchinetti, Sandro Lauper, Nicola Sutter, Sven Joss (15e Nelson Ferreira), Dennis Hediger ©, Grégory Karlen, Marvin Spielmann (69e Nuno Da Silva), Moreno Costanzo, Matteo Tosetti et Dejan Sorgić (86e Nicolas Hunziker). Entraîneur: Marc Schneider. Notes: Stockhorn Arena, Thun. 5'586 spectateurs. 49e Pénalty manqué par Benjamin Kololli. Lausanne sans Maxime Dominguez, Jérémy Manière (blessés), Tiago Escorza, Mersim Asllani, Diego Berchtold (M21) Adilson Cabral et Leandro Marin (non convoqués). Thoune sans Đorđe Nikolić, Miguel Rodrigues, Nicolas Bürgy, Roy Gelmi, Kevin Bigler, Stefan Glarner, Elia Alessandrini, Dominik Schwizer (blessés), Chris Kablan (suspendu) et Felix Hornung (M21). Arbitre: Stephan Klossner.