« C’est un bon match que nous avons disputé mais malheureusement, nous n’avons pris qu’un point. » Le buteur Simone Rapp relativise sa joie, aussi à quatre jours d’affronter le FC Thoune à la Stockhorn Arena dimanche après-midi, lors de la confrontation directe de la 26e journée de Super League. Pourtant, le FC Lausanne-Sport revient de loin face à un FC Bâle à mille lieues de son plus haut niveau. Les hommes de Fabio Celestini ont cueilli, avec le courage de circonstance, le point du 1-1 grâce à une réalisation de Rapp à la 89e minute. Une renaissance ? Peut-être.
Voilà six matches que le LS n’a plus gagné. Certains s’arrêteront là. D’autres diront que ce Lausanne-Sport fut l’un meilleurs entrevus cette saison sur le terreplein de la Pontaise. Il y a un peu des deux dans l’air. Il est vrai, que les hommes de Fabio Celestini ont globalement – et grandiosement – dominé le FC Bâle, terni, noyé sous le doute et un manque patent de confiance. Il est aussi vrai, à décharge, que ce LS méritait mieux; ce LS méritait la victoire, les trois points et le salut qui manque aux Lausannois depuis le début de la nouvelle année. Mais, dans l’ensemble, ce résultat du match en retard de la 23e journée de Super League ouvre de grandes opportunités à Fabio Celestini à quelques jours de la confrontation directe face au FC Thoune. D’abord parce que la défense à trois défenseurs semble convenir à l’ensemble de l’équipe. Elle libère de l’espace à Noah Loosli sur son côté droit, elle ouvre un champ de possibilités pour Nicolas Gétaz sur la gauche – où il n’oppose plus concurrence à Benjamin Kololli – et permet à l’équipe de mettre davantage de pression sur l’adversaire, aussi grâce au très bon très bon travail de sape de Joël Geissmann et Enzo Zidane, révélé pour la première fois depuis son arrivée aux Plaines-de-Loup. Nul doute, Fabio Celestini est revenu – en quelque sorte – aux fondamentaux. Cette fois, il a pourtant relégué en tribunes Leandro Marin, jugé trop instable, aussi au gré de sa mauvaise performance du week-end face au FC Saint-Gall et a fait confiance à Simone Rapp, les 90 minutes durant. Bien lui en a pris; le transfuge du FC Thoune a sauvé la mise en égalisant dans les derniers instants de la partie sur un centre précis de Francesco Margiotta (89e). Aussi, c’est dans la verticalité que Fabio Celestini a orienté le jeu; un jeu rapide, précis et long, à la recherche des pointes offensives, tantôt Rapp, tantôt Zidane, puis dès la 72e minute vers Francesco Margiotta et finalement également vers Gonzalo Zarate – de retour de blessure après un début d’année 2018 passée en convalescence – dès la 81e. C’est aussi un jeu qui a failli fonctionner à diverses reprises. Au-delà du but salvateur de la fin de match, l’on dénombre pas moins de six grandes occasions en faveur des Lausannois tout au long de la partie. Par deux fois, c’est Kololli qui a mis le feu aux poudres, la première fois de tête sur un coup-franc parfaitement trouvé par Dominik Schmid (24e), puis sur un coup-franc qu’il a lui-même botté un quart d’heure plus tard où le ballon imprime sa pleine empreinte sur la barre transversale de Tomáš Vaclík (38e). Entre-temps, c’est Enzo Zidane, sur un très bon service par la droite de Joël Geissmann, qui manqua le cadre, de peu (33e). Nul doute, c’est avec envie et détermination que les Lausannois ont entamé la rencontre. Une attitude oubliée depuis plusieurs minutes maintenant à la Pontaise. « Plus que le résultat, je retiens surtout la performance – en convient le capitaine Alain Rochat avant de poursuivre – Nous avons encore fait quelques erreurs, la prestation n’était pas parfaite. Néanmoins, nous avons vu une différence par rapport aux matches précédents: nous avons eu dès le début cette volonté d’aller bousculer l’adversaire. Lors de nos derniers matches, nous étions trop attentistes, cela n’allait pas. »
« Le FC Bâle reste (quand même) le FC Bâle »
Thomas Castella, gardien du FC Lausanne-Sport
Nombreuses furent les occasions d’égaliser, puis de prendre l’avantage, en seconde période. C’est sans doute ici que le capitaine Rochat voit encore à retravailler. Dans les faits, personne ne peut réellement lui donner tort, tant les occasions de but lausannoises furent sérieuses. Après les trois grandes occasions de la première mi-temps, après un quart d’heure de relâchement – permettant par ailleurs au FC Bâle d’inscrire le premier but (60e) –, le LS a trouvé à nouveau l’opportunité d’agresser la cage adverse. En deux minutes, après l’heure de jeu, deux très bons centres raz-terre de Benjamin Kololli venant de la droite auraient pu profiter à Nicolas Gétaz, le second surtout, le numéro 30 lausannois écrasant sa reprise sur la barre transversale (64e) – à nouveau. Puis, juste avant le but de Rapp, c’est une conclusion de Francesco Margiotta qui se voit déviée in extremis par Tomáš Vaclík (87e). Une occasion promptement partie des pieds d’Andi Zeqiri, lesquelles entrées sont souvent porteuses de belles surprises. Surprenant par ailleurs que Fabio Celestini le réserve toujours pour les fins de rencontre. Tout autant pour Andrea Maccoppi qui vient de vivre les deux dernières rencontres sur le banc de touche. Preuve, en somme, que la place étaient réservée pour l’exploit ce mercredi soir. « C’est pas grave, le FC Bâle reste quand même le FC Bâle », répondra Thomas Castella en zone mixte. « Contre Bâle, il faut être sans cesse intensif. Aujourd’hui, nous pouvons être contents, nous avons défendu avec l’énergie qu’il fallait », ajoutera même Alain Rochat. « Ce match nul est largement mérité et récompense l’équipe pour l’ensemble des efforts qu’elle a fournis ces dernières semaines. C’est sans doute l’un de nos matches références cette saison », aiguillonne pour sa part Alexandre Pasche.
Morne, le FC Bâle laisse filer le titre
Il y a ceux qui se contente volontiers du point pris; d’autres le regrettent amèrement. Raphaël Wicky ne pouvait être que déçu par l’issue de la rencontre « C’est un match nul qui a le goût d’une défaite. » Déjà distancé par les Young Boys de 17 points avant la rencontre de ce mercredi, les Rhénans ont manqué une de leurs deux occasions de recoller. Cette énième résultat mitigé sonne sans doute le glas pour l’octuple tenant du titre. Pourtant, jamais l’équipe n’eût donné l’illusion de maîtriser la partie à Lausanne; la mollesse de nombreuses individualités – certaines bien connues du public lausannois – auront bien eu raison de la victoire. Aussi, la suspension de Marek Suchý n’aura pas vraiment aidé les Bâlois, en cruel manque de créativité une bonne heure durant, jusqu’à l’éclair – l’unique pratiquement – de Michael Lang, profitant d’un angle fermé pour inscrire le 1-0 à la 60e. De plus, la titularisation de Samuele Campo n’aura pas eu l’effet escompté, oublié derrière les épaules d’un trio offensif trop passif pour créer le moindre danger. Derrière pourtant, la défense – mis à part d’énormes manquements dans les ultimes instants de la partie, lors desquels le FC Bâle aurait même pu perdre le point du match nul – ne fut pas mauvaise. La position centrale de Fabian Frei, assisté, sur une ligne de trois également, par Blás Riveros et Léo Lacroix, a tenu quelques bonnes promesses. Pourtant pas assez pour éviter la chute. « Je ne peux qu’être désappointé, très déçu du résultat de ce soir. Nous étions venus avec la ferme intention de nous imposer et malheureusement, la réalité du terrain a été plus dure », lâchait alors l’entraîneur rhénan en conférence de presse de fin de match.
« C’est comme ça; il y a toujours des moments plus difficiles dans un match et Lausanne les a mieux gérés que nous »
Raphaël Wicky, entraîneur du FC Bâle
Curieux de parvenir à dominer Manchester City à l’Etihad Stadium (2-1 à Manchester) il y a de cela une semaine et perdre le fil de la raison quelques jours plus tard en championnat. Toutefois, l’ambivalence des résultats cette saison pour ce FC Bâle est à l’image des quelques pas timides que le duo d’entraîneur Raphaël Wicky et Massimo Lombardo ont mené à la tête de l’une des plus grandes formations du pays. Leur courage est à saluer; leur talent et leurs idées également. Ensemble, ils ont réussi à tenir la barre en Champions League avec une prestigieuse qualification pour les huitièmes de finale et un bagage d’expérience rempli de très bons souvenirs. Mais au-delà des résultats sur la scène européenne, c’est la bravoure et le cran d’avoir renouvelé les rôles au sein de l’équipe. La saison prolifique de Michael Lang (qui a inscrit son cinquième but en Super League cette saison) est l’œuvre directe du remaniement de Raphaël Wicky, à qui l’on doit entre autre la révélation du jeune Raoul Petretta – lancé un soir de Champions League, face à Benfica, dans le bain de la compétition, la grande. Puis, Raphaël Wicky a dû innover, sans cesse. Lorsque Manuel Akanji a quitté les rangs du FC Bâle, c’est un déséquilibre qu’il a fallu colmater d’urgence, à l’intersaison. Un déséquilibre que les retours au bercail des anciens Bâlois Fabian Frei et Valentin Stocker auront eu du mal à combler lors des premiers rendez-vous de l’année 2018. Finalement, c’est une nouvelle belle idée que de reculer Fabian Frei sur la pleine charnière défensive à trois. Encore une fois, des trouvailles qui firent leur preuve en Europe, à Manchester notamment, mais qui ont du mal à prendre sur le sol suisse; preuve que le FC Bâle est en pleine reconstruction, preuve que le FC Bâle doit se renouveler, et repartir sans doute du point zéro. Zéro, comme le nombre de titres que le club rhénan remportera cette année, une première depuis 2009. Place au renouveau.
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De retour à Lausanne, en somme, la prestation fut insuffisante. « Nous avons contrôlé le jeu, nous aurions pu inscrire le 2-0 mais malheureusement, nous n’y sommes pas parvenus – concluait Wicky en conférence de presse à la Pontaise – C’est comme ça; il y a toujours des moments plus difficiles dans un match et Lausanne les a mieux gérés que nous. Surtout en fin de match, où ils ont attaqué jusqu’au bout, finissant par égaliser alors que nous étions alors fort mal à l’aise sur le terrain. » Il y eut, en convienne avec l’entraîneur rhénan, quelques occasions pour laquelle le FC Bâle aurait pu clore les débats, la plus insidieuse étant sur un coup-franc de Luca Zuffi, parfaitement dévié par Thomas Castella à la 84e minute. Mais globalement, la réussite ne fut pas de leur côté. Devant, en effet, le trio offensif a largement déçu; Dimitri Oberlin, Mohamed Elyounoussi et Albian Ajeti – préféré à Ricky van Wolfswinkel – n’ont eu que très peu de voix au chapitre. Signe que le moral est perdu, à Bâle.
« À Thoune, le match le plus important »
« Aujourd’hui, nous avons vu ce que nous devons faire pour nous sauver en Super League. » Ces paroles viennent directement du protagoniste de la rencontre, Simone Rapp. L’ironie du sort que ce soit justement l’ancien du FC Thoune à prononcer ces paroles, et à trouver – enfin – la voie du but à quelques heures d’affronter le FC Thoune dans le match de la (dernière ?) chance. Sur le but, l’attaquant d’1,93 mètres concède: « Un attaquant vit de buts. C’est bien sûr très bon pour moi de cueillir cette réussite ce soir. Je suis heureux du dénouement ce soir. Mais il faut continuer le travail, sinon cela ne sert à rien. » Sur sa place au sein de l’équipe lausannoise, il poursuit: « J’ai eu la malchance de ne pas avoir encore pu trouver ma véritable place depuis le début de l’année et ce match ne fut des plus faciles pour moi, où il a fallu que l’on se batte beaucoup sur des duels. Mais quoi qu’il arrive, j’essaie à chaque fois d’appliquer sur le terrain les volontés du coach. » Puis – incontournable alors –, sur le FC Thoune, son prochain adversaire, il répond: « C’est mon ancien club. Mon ancien, même si j’ai passé deux ans et demi là-bas. Maintenant, je suis intégré à Lausanne et je vais essayer de faire au mieux mon travail avec le LS. » Puisse ce but libérer Simone Rapp, en difficulté certaine depuis son arrivée à Lausanne. En tous cas, cette réussite récompense aussi la confiance que lui porte son entraîneur Fabio Celestini, preuve en est que la patience est mère de toutes les vertus. Désormais, face au FC Thoune, il faudra pourtant confirmer.
« Nous devrons reproduire cette performance et pas seulement face au FC Bâle »
Alexandre Pasche, milieu de terrain du FC Lausanne-Sport
Ce mercredi soir, le LS a montré la voie de son propre succès. « Nous avons décidé d’être compétitifs et d’être une équipe – affirme Fabio Celestini en conférence de presse – Nous avons été techniquement très impressionnants, certains ont produit leur meilleur match depuis qu’ils sont au club. » Une mention certainement spéciale à Enzo Zidane, lesquels volonté et plaisir de jouer ont primé sur le reste. Puis, l’entraîneur lausannois continuait: « Il aurait été très injuste de perdre ce match-ci. Nous avons véritablement cueilli ce résultat par la manière et l’état d’esprit. » Une intervention que corroborait quelques minutes plus tôt Alain Rochat: « Nous avons fourni une grande énergie dans cette rencontre. Il nous faut continuer ainsi et certainement, que nous prendrons appui sur ce match pour fournir un dernier effort face au FC Thoune avant la pause internationale. À nous de cultiver notre niveau de jeu. » Alexandre Pasche acquiesçait à son tour: « Nous avons montré que nous pouvons rivaliser avec une équipe comme le FC Bâle. Nous devrons en conséquence reproduire cette performance et pas seulement contre le FC Bâle. À Thoune, déjà, c’est la confrontation directe la plus importante de notre calendrier. » Enfin, sans doute, la plus grande garantie de ce LS reste sa persévérance: « Nous aurions pu nous effondrer après le but de Bâle. Or, nous avons continué à jouer en équipe », concède encore Celestini. Voilà alors exposé le cadre d’action à porter haut à la Stockhorn Arena dimanche après-midi.
Les faits de match: FC Lausanne-Sport v FC Bâle, 1-1 (0-0) Composition du FC Lausanne-Sport: Thomas Castella, Alain Rochat ©, Elton Monteiro, Noah Loosli, Dominik Schmid (81e Gonzalo Zarate), Joël Geissmann (78e Andi Zeqiri), Alexandre Pasche, Nicolas Gétaz (72e Francesco Margiotta), Enzo Zidane, Benjamin Kololli et Simone Rapp. Entraîneur: Fabio Celestini. Composition du FC Bâle: Tomáš Vaclík, Léo Lacroix, Fabian Frei, Blás Riveros, Michael Lang ©, Taulant Xhaka, Luca Zuffi, Samuele Campo (74e Geoffroy Serey Dié), Dimitri Oberlin (60e Valentin Stocker), Mohamed Elyounoussi et Albian Ajeti. Entraîneur: Raphaël Wicky. Buts: 60e Lang (0-1); 89e Rapp (1-1). Notes: Stade olympique de la Pontaise, Lausanne. 3'159 spectateurs Lausanne sans Jérémy Manière, Maxime Dominguez (blessés), Leandro Marin, Tiago Escorza, Mersim Asllani, Diego Berchtold et Adilson Cabral (non-convoqués). Bâle sans Germano Vailati, Éder Balanta, Raoul Petretta, Davide Callà (blessés), Marek Suchý (suspendu), Noah Okafor, Pedro Pacheco, Afimico Pululu, Martin Liechti, Signori Antonio, Jozef Pukaj et Gion Fadri Chande (non-convoqués). Arbitre: Pascal Erlachner.