Vendredi saint au Nox Orae

Nox Orae... La nuit tombe sur les rives du lac Léman au large de la Tour-de-Peilz. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Pour la soirée d’ouverture de sa huitième édition, le Nox Orae proposait une affiche alléchante : Service Fun en ouverture, les Californiens de Foxygen en première tête d’affiche suivis par le très attendu Slowdive. Enfin, Moon Duo pour clôturer cette première soirée réussie. La revue.

Il est de ces festivals qui bénéficient d’une aura mystérieuse. Expériences singulières, on peut les compter sur les doigts d’une main. C’est une sensation physiologique qui ne trompe pas : il s’est passé quelque chose d’étrange, ce vendredi dernier, au Jardin Roussy. Peut être parce que cet emplacement privilégié parvient à faire se côtoyer, l’espace d’un weekend, les tilleuls, marronniers et séquoia géant avec des festivaliers dans une alchimie surprenante. Ou peut-être, la lune ascendante et ses reflets ondulant sur les rives du lac ont des pouvoirs insoupçonnés… Quoiqu’il en soit, il ne fallait pas manquer l’expérience de l’une des perles rares de cette fin d’été.

Une programmation qui tient ses promesses

Hélène Brunet, la présidente du comité d’organisation du festival, nous avait vanté l’importance de faire monter sur l’unique scène présente des groupes pouvant assurer une très bonne performance live. Promesse tenue dès l’arrivée de Services Fun. La formation helvétique nous offre une très belle entrée en matière avec leur musique décalée. Vintage dans leur musique comme dans leurs vêtements, Marc Méan, Luca Manco, Laurent Méteau et Gabriel Goumaz cultivent une image qui sent bon les eighties. À l’image de leur titre Harissa, dont le refrain est repris en cœur par les festivaliers, leur musique enthousiaste et dansante a su offrir une très jolie entrée en matière pour la soirée, en proposant un univers qui diffère des deux têtes d’affiches de vendredi soir, excepté sur l’énergie. Le groupe qui prévoit de sortir un album d’ici la fin de l’année peut continuer sur sa lancée. La nuit descend sur la Tour-de-Peilz, alors que Foxygen s’apprête à prendre possession de la scène. Chapeau, lunettes de soleil et veste ouverte sur un torse luisant, Sam France, à mi chemin entre Bowie et Manson, soigne son arrivée sur scène. Le groupe révélé en 2013 avec leur deuxième album, We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic, a su mettre en avant sa capacité à se réinventer. Du psychédélique des sixties au music-hall, les virages entrepris par le Californien et son complice Jonathan Rado déroutent et surprennent en bien. Pour Hang, leur dernière mouture, les deux compères se sont entourés d’un orchestre symphonique. Cette pluralité, on la retrouve sur scène : neuf musiciens se partagent la scène, dont trois joueurs de trombone. Pour interpréter America, l’un des titres phare de leur dernier album, France se change et endosse une combinaison à paillette : « American, American oxygene ». Puis, vient le tour des convoités Slowdive. Les Britanniques nous rappellent que la dream pop, bien avant le succès récent des Cigarette After Sex, ne date pas d’hier. Ressuscité par la reformation du groupe depuis 2014, le retour du groupe emblématique du shoegazing est gagnant et se concrétise par un album éponyme, sorti cette année. Le son planant et aérien qui se répercute harmonieusement dans le Jardin Roussy enrobe les festivaliers à travers des mélodies ouateuses, tantôt chuchotées, tantôt claires et visant juste. Moon Duo, dernier à monter sur scène, assure la transition et délivre un beau final.

Au terme de la première soirée…

La scène romande peut se réjouir d’avoir en ses terres un festival d’une telle qualité. On comprend le désir des organisateurs de vouloir pérenniser l’infrastructure du festival à taille humaine, comme ils aiment le répéter. Condition assurément sine qua non de la qualité de la manifestation, il faut y ajouter une programmation qui tient toutes ses promesses en live. Tout concorde vers un équilibre subtil, une alchimie réjouissante, dans l’espoir de la retrouver l’année prochaine, sans nul doute, pour sa neuvième édition.