Nicola Spirig à nouveau au sommet de la concurrence à Lausanne

Nicola Spirig triomphe en Coupe du Monde à Lausanne, une semaine après avoir remporté l'or européen à Glasgow. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Ouchy]

La Suissesse Nicola Spirig a remporté la dixième étape de Coupe du Monde de triathlon samedi après-midi à Lausanne. Une semaine après avoir remporté l’or européen au Strathclyde Country Park de Motherwell, au large de la capitale écossaise Glasgow, la triathlète de 36 ans s’est à nouveau illustrée “chez elle” malgré une courte récupération. Sur la même distance olympique (1,5km de natation, 40,100km de vélo et 10,160km de course à pied), la voilà sacrée à nouveau en Coupe du Monde. Sa dernière victoire remontait à l’étape de Kitzbühel en Autriche il y a dix ans. Les autres Suissesses engagées peuvent, pour la plupart, s’afficher heureuses de leur résultat; Lisa Berger a terminé 20e, Estelle Perriard 21e alors qu’Alissa König a abandonné après quelques kilomètres de course à pied le long de la Place de la Navigation à Ouchy. Toutes concourent pour une place qualificative chère pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. À alors 38 ans, Nicola Spirig, double tenante du titre à Londres en 2012 et à Rio en 2016, pourrait encore disputer ses dernières Olympiades.

« Nager vite, rouler vite, courir vite. » Nicola Spirig semblait avoir bien ajusté sa tactique pour l’étape de Coupe du Monde à Lausanne, une semaine à peine après avoir décroché deux grandes médailles aux Championnats d’Europe à Glasgow (l’or en individuel et l’argent au relai mixte). Passée la récupération, le décalage des conditions atmosphériques, sous la chaleur suisse, la championne de 36 ans s’est révélée parmi les plus rapide sous l’eau (20 minutes rondes pour parcourir les 1500 mètres de natation) avant de prendre le reste du parcours terrestre à son compte à vélo, puis à pied. Elle a beau accuser un retard de 17 secondes après la première boucle de cyclisme, derrière l’Américaine Tamara Gorman et la Britannique Lucy Hall, que les écarts s’y révélaient bien insignifiants. Prenant la tête après un peu plus de 10km de course, la Suissesse ne s’est pourtant jamais échappée de son groupe de tête; patiente et quelque peu éprouvée, elle n’aura fait démonstration de son impressionnante superbe qu’au premier kilomètre de course à pied, où elle a détalé d’un pas aussi décidé qu’insurmontable. La native de Bülach (classe 1982) aura fait montre ainsi d’une résistance parmi les plus saisissantes du concours pour terminer avec 51 secondes d’avance sur l’Américaine Taylor Knibb, double championne du monde junior en 2016 à Montréal et 2017 à Rotterdam, et plus d’une minute sur l’Italienne Verena Steinhauser (+1’14). « J’avais des crampes lors des trois derniers tours en vélo. C’était difficile de les oublier mais je me suis mieux sentie après la nouvelle transition – confie alors Nicola Spirig au terme de sa course – Je pense que le parcours a été usant pour tout le monde. J’ai pu prendre un peu d’avance et j’étais bien contente de ne pas avoir eu besoin de sprinter à l’arrivée. Il me fallait d’entrée, à pied, creuser un écart et observer dès lors qui était véritablement apte à me suivre. Et il s’est avéré que j’étais seule dans l’échappée. Tant mieux, cela m’a permis de bien profiter de l’engouement au bout du parcours. » En 2h05’11”, la double championne olympique en titre a parfaitement marqué de sa personne l’étape lausannoise, assurant sa première victoire en Coupe du Monde depuis Kitzbühel en Autriche en 2008. Il faut dire que la Zürichoise s’aligne relativement peu en Coupe du Monde mais ce n’est pas pour autant qu’elle est transparente de la hiérarchie mondiale du triathlon.

« Après vingt ans dans le sport, je sais que chacun de ces moments de victoire doivent être savourés à leur juste valeur. Gagner à Lausanne, dans une ambiance typiquement suisse, c’est vraiment quelque chose que je sais devoir apprécier affectivement »

Nicola Spirig, championne européenne et double championne olympique en titre du triathlon

Il faut dire qu’après avoir déjà retourné l’ensemble de la concurrence européenne jeudi 9 août au Strathclyde Country Park – puis deux jours plus tard avec le relai mixte, accompagnée d’Andrea Salvisberg, Lisa Berger et Sylvain Fridelance –, il fut aussi surprenant de découvrir la facilité déconcertante avec laquelle la Suissesse a, à nouveau, disposé de ses adversaires sur le parcours olympique de Lausanne ce week-end. « D’une certaine manière, mes médailles m’ont largement portée, en ce qu’elle m’ont apporté le nécessaire de confiance dans les épreuves. Je suis en forme mais la récupération se porte très difficilement en une semaine après avoir assuré une médaille d’or sur des Championnats Européens. En l’état, je ne peux que me satisfaire de dominer la course cet après-midi », confiait-elle alors quelques minutes avant de monter sur le podium, sur la place de la Navigation à Ouchy.

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À penser néanmoins que le public s’est avéré particulièrement porteur: « C’était une très belle course mais c’était très dur. C’est une course que je dispute toutefois avec beaucoup de bonheur grâce à l’apport du public qui est somptueux, avec de nombreux Suisses venus me soutenir au bord des routes lausannoises. C’est génial de l’emporter dans de telles conditions », aiguillonnait-elle à nouveau avant de poursuivre: « Après vingt ans dans le sport, je sais que chacun de ces moments de victoire doivent être savourés à leur juste valeur. Gagner à Lausanne, dans une ambiance typiquement suisse, c’est vraiment quelque chose que je sais devoir apprécier affectivement. J’ai couru à Lausanne pour la première fois en 1998 lors des championnats du monde junior et je suis on ne peut plus heureuse de revoir ce tracé dans la ville encore 20 ans plus tard, et toujours avec le même plaisir. » Nul doute, la magie nationale a opéré, encore une fois. Ceci même alors que la capitale olympique se prépare et s’apprête à recevoir la Grande Finale des WTS (World Triathlon Series) du 29 août au premier septembre 2019 qui ne sera nul autre que le point d’orgue de la saison. Un rendez-vous incontournable, sans doute aussi pour Nicola Spirig.

Lisa Berger et Estelle Perriard en lice pour une qualification olympique

Dans l’immédiat, et cela peut paraître particulier à deux ans des prochains Jeux Olympiques, le halo des prochains JO émerge déjà intensément dans les esprits. Aussi, car la première période de qualification bat déjà son bon plein. Elle a débuté le 11 mai dernier et prendra fin le 10 mai 2019 et les sept meilleurs résultats acquis durant cette période peuvent déjà s’avérer déterminants dans la définition des places qualificatives, en général, mais aussi par fédération nationale. Disons, s’il semble acquis que la Suisse puisse bénéficier de deux dossards féminins pour Tokyo en 2020, les places se font chères. Deux périodes de qualifications sont entendues par les critères de sélection (la seconde du 11 mai 2019 au 11 mai 2020) et pour l’heure, la triathlète qui s’est démarquée ces deux dernières semaines à Glasgow puis à Lausanne est immanquablement Lisa Berger, deuxième suisse de la hiérarchie derrière… Nicola Spirig. Avec 113,67 points remportés par sa 20e place au classement de l’étape de Coupe du Monde à Lausanne ce samedi, la licenciée du club de Soleure a devancé, pour l’heure, la Zürichoise Julie Derron aux standings des qualifications olympiques de l’ITU. Mais derrière, les écarts sont, en réalité, minimes. Une fille – vaudoise de surcroît – s’est illustrée sur le parcours à quelque égard accidenté de la capitale olympique; terminant à 52 secondes de Lisa Berger, Estelle Perriard a réalisé un temps confortable, particulièrement porteur dans son élan de progression: « Je visais un Top 20 donc je m’avoue satisfaite de ma course, j’ai même pu profiter de l’arrivée. » La triathlète de Colombier-sur-Morges (classe 1995) n’est, dans les faits, pas loin de ses compatriotes; sa 21e place à Lausanne lui a notamment permis de faire son entrée dans le classement olympique et tout porte à croire que la course sera rude et longue ces deux prochaines années. La Vaudoise a par ailleurs, dans ses cordes, les armes pour s’établir dans le sillage de l’indémodable et impérissable Nicola Spirig, elle qui s’entraîne depuis plusieurs mois avec l’équipe d’élite d’ATLET (une association lémanique destinée aux espoirs du triathlon suisse). Mais pour atteindre son objectif, elle sait connaître encore un long parcours de progression et d’amélioration, notamment sur la course à pied.

« Il faut dire que le début en course à pied m’était un peu plus difficile parce que je suis arrivée très fatiguée à la transition. De plus, la course à pied reste mon point faible, la discipline sur laquelle je dois vraiment m’améliorer. J’ai essayé de garder un bon rythme et de me motiver mentalement »

Estelle Perriard, triathlète membre de la Team Élite ATLET

À Lausanne, il faut dire que la performance avait trait d’une certaine maîtrise, surtout sur l’épreuve cycliste, sa spécialité. Ayant tenu le rythme du groupe de chasse sur l’ensemble des sept boucles à vélo (40,100 km), restant à 1’40” du trio de tête composé par Spirig, Knibb et Steinhauser, Estelle Perriard fait partie des meilleures triathlètes à vélo de l’étape lausannoise; en 1h09’27”, elle a établi ni plus ni moins le septième meilleur temps de la classe. Preuve que la jeune fille peut parfaitement compter sur son épreuve de prédilection pour tenir les distances au sortir du lac. Lui reste à confirmer pourtant dans la course à pied. Descendre sous les 40 minutes sur les 10,160km seraient déjà un très bon pas en avant pour la Colombinoise. « Je savais de toute évidence que ça allait partir vite devant avec Nicola. Elle est vraiment très forte à vélo, elle a un niveau au-dessus de tout le monde. Et puis, il faut dire que le début en course à pied m’était un peu plus difficile parce que je suis arrivée très fatiguée à la transition. De plus, la course à pied reste mon point faible, la discipline sur laquelle je dois vraiment m’améliorer », aiguillonnait-elle alors en zone mixte au terme de sa course avant de poursuivre: « J’ai essayé de garder un bon rythme et de me motiver mentalement. Dernièrement, j’ai même travaillé avec une psychologue du sport qui m’a aidée à gérer ces moments intenses de compétition. C’est ce qui m’a permis de maintenir, au moins, un rythme constant jusqu’à l’arrivée. » La psychologie, c’est justement ce que la jeune triathlète étudie à Montpellier depuis quelques temps, ceci alors qu’elle peaufine ses entraînements entre le Léman et la Méditerranée.

« Je dois avouer avoir eu la chair de poule à certains instants de la course »

Estelle Perriard a certainement une certaine aisance sur le deux-roues et la natation, elle la pratique depuis son plus jeune âge. Seule la course à pied lui connaît quelques manquements, physiques surtout. Certes. Mais au-delà de tout cela, la jeune Vaudoise est aussi à la recherche de l’expérience des grands rendez-vous. Nul doute que pour cette étape de Coupe du Monde à Lausanne, l’espoir du Team Élites d’ATLET en a engrangé une particulièrement belle: « Le public de Lausanne soutient ses athlètes de manière très énergique. Je dois avouer avoir eu la chair de poule à certains instants de la course », avouait-elle alors avant de continuer: « Cela m’a rappelé une course que j’avais faite en 2015 à Genève et cela confirme le statut particulier de concourir en Suisse. J’étais toutefois un peu plus nerveuse avant le départ parce que, de toute évidence, l’on se produit devant un public connu et qui nous connaît, à l’image des licenciés de mon club [ndlr, ATLET], c’est pourquoi l’on souhaite d’autant plus réussir une bonne course. » Ceci même dans des conditions de course relevées. « La chaleur était encore tenable mais le parcours était vraiment exigeant. » Le parcours en vélo tenait, en effet, deux grandes montées particulièrement rugueuses. La montée de l’Avenue des Bains, après le rond-point au près de la piscine de Bellerive indiquait une pente de 12% alors que celle de l’Avenue d’Ouchy, jusqu’à Délices, était légèrement moins rude (10%).