De la Teulière A à la division Honneur, le Servette Rugby Club s’impose dans les hauts rangs du rugby territorial lyonnais

Matthieu Husson et Mohamed Dermouni sont depuis quelques mois les éducateurs de l’équipe U16 du Servette Rugby Club. Leur rôle est parmi les plus centraux du projet du club Grenat, lequel s’attelle à former – en premier lieu – les jeunes pousses du rugby genevois, suisse et – à fortiori – français. À quelques jours de la finale de Promotion Honneur pour l’équipe première à Roanne, samedi 21 avril 2018, leMultimedia.info est parti en immersion une journée, à Vessy, au cœur de l’équipe U16. Les jeunes garçons affrontaient alors le Grenoble Université Club lors de la deuxième journée de Challenge Sud-Est (regroupant les équipes non qualifiées pour le Championnat de France). Les Grenat l’ont emporté 45-15, après avoir notamment été menés 5-15.

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« Cela fait depuis quatre ans que nous nous engageons auprès des jeunes. » À 24 heures de jouer sa demi-finale retour au Stade de Genève face à Veyle-Saône, le demi de mêlée Jonathan Torossian n’eut pas manqué de soutenir la relève samedi après-midi au centre sportif de Vessy. Responsable de la formation au club, le jeune homme de 30 ans sait le chemin parcouru depuis plusieurs années; en 2014, les Grenat renaissaient, en quatrième série du Comité du Lyonnais et polissaient leur marque avant de l’étendre dans les méandres des divisions territoriales françaises. Depuis lors, cinq promotions plus tard et un engagement croissant auprès de la jeunesse du rugby genevois, suisse et à fortiori français, la première équipe poursuit toujours aussi allègrement sa marche vers les divisions Fédérales, dans l’anti-chambre de la Pro D2 et du Top 14. Et derrière, les équipes des jeunes suivent la bonne dynamique. Les U18 et les U16 côtoient, eux aussi, le meilleur niveau au sein du rugby de l’Hexagone. « Ça fait quatre ans – donc – et notre projet ne s’est jamais détourné de la formation. Nous soutenons les jeunes passionnés en les mettant sous le conseil et la houle d’éducateurs diplômés. Il y a quatre ans, il nous était difficile de créer une seule équipe junior et aujourd’hui, nos équipes cadettes sont dans le meilleur niveau français, en Balandrade pour les U18 et en Teulière A pour les U16. » Matthieu Husson fait partie – avec Mohamed Dermouni – de ces éducateurs diplômés. Ensemble, ils ont pris la charge de mener les U16 du club vers leur juste destin. Rêvant tous un jour d’intégrer l’équipe première dans les hautes sphères du rugby français, aucun d’entre eux ne nie la chance et les conditions d’entraînement qui se voient proposés – ni même dénie l’école dispensée – par le club. « Il nous faut reconnaître les super conditions de jeu – d’entraînement et de match – qui s’offrent à nous. Nous sommes baignés dans les meilleures prédispositions à la réussite », soutien Alexy Mathieu, trois-quart centre des U16 du Servette Rugby Club. « On s’entend tous très bien, il y a une bonne ambiance et cela aide à la cohésion et au jeu d’équipe », soutient-il encore.

« C’est indéniablement un club qui partage et véhicule des valeurs profondes et justes »

Louis-Alexandre Chavanon, capitaine et pilier du Servette Rugby Club U16

En France, comme au sein du club Grenat, une part importante de la progression des jeunes passe par la compétition. En Suisse aussi, plusieurs personnalités à l’image du Président de l’Association Cantonale Genevoise de Rugby (ACGR), Gianni Di Martino, privilégient les tournois aux séances d’entraînement commun. Toujours est-il, que derrière la frontière, une ligne de continuité est, sans équivoque, tracée entre le développement et l’épanouissement de la jeunesse au travers de championnats étendus sur plusieurs mois. Pour les équipes jeunes de clubs non – ou pas encore – professionnels, des niveaux Balandrade (U18) aux Teulières A et B (U16), plusieurs challenges et volets de championnats sont organisés dans le courant de la saison. Il y a d’abord la phase régulière du championnat territorial, de septembre à mars. Les équipes engagées sont ensuite divisées en fonction de leurs résultats; les mieux classées sont qualifiées pour le Championnat de France, alors que les autres sont reversées dans une compétition mineure, le Challenge Sud Est, qui comprend, en 2018, 51 équipes réparties en dix poules. À ce titre, les U16 du Servette Rugby Club appartient à celles-ci. Du 7 au 28 avril, les hommes du duo Husson-Dermouni s’en iront donc affronter les quatre concurrents de leur groupe sur un seul match aller, dans l’optique de la dominer et de se qualifier, en conséquence, pour les phases finales à jouer dès le 19 mai prochain. « C’est un peu dur au début, l’on en convient. Mais, de manière générale, cela permet aux jeunes de progresser et surtout de les préparer pour leur future insertion en Balandrade dans un ou deux ans, puis – pourquoi pas – la réserve et l’équipe première », détaille Matthieu Husson. Le tout dépend encore et toujours de la structure du club. « On pourra véritablement se rendre compte du chemin parcouru quand ces jeunes vont atteindre l’équipe première – soutient également Jonathan Torossian – D’ici là, nous donnons et donnerons de notre mieux pour que cela puisse être possible. »

Le développement à la Lyonnaise

Aucun système de promotion-relégation, donc. Juste un objectif de développement sur le long terme. C’est le format privilégié par le Comité du Lyonnais et la Fédération Française de Rugby (FFR). Une rigueur pleinement partagée par le club Grenat. « J’ai commencé le rugby dans un club suisse, puis je suis passé au Servette. C’est indéniablement un club qui partage et véhicule des valeurs profondes et justes. Jouer dans les championnats français – à la différence des suisses – laisse constater la différence de niveau. À notre hauteur, à ce niveau, ça aide véritablement les joueurs », précise, sensible, Louis-Alexandre Chavanon, capitaine du Servette Rugby Club et international suisse U16. Servette reste ainsi irréfragablement bercé par le système de développement prôné par le Comité du Lyonnais et la fédération française dans son ensemble. Dans sa matrice, le triptyque entre le développement, la formation et la compétition constitue parfaitement l’essence du club genevois. « Justement pour cela, Servette a un projet de formation intéressant. Pour le staff, c’est un plaisir de suivre la feuille de route et de contribuer à ce projet », témoigne Mohamed Dermouni, éducateur des U16. « La priorité du club restera toujours la formation. C’est pour cela que nous sommes tous très heureux de faire partie du club – poursuit Matthieu Husson – Certes, les résultats sont parfois lents à venir mais il faut certainement laisser le temps au temps. Il y a trois ans, il n’y avait pas de cadets en Teulière A. Aujourd’hui, on peut véritablement dire que le projet de formation est cohérent en misant justement sur le long-terme. Les résultats ne sont pas les plus importants aujourd’hui, le plus important est la relation de long terme entre les joueurs et le club. » Cette relation, Matthieu Husson en parle en parfaite connaissance de cause; désormais cadre de l’équipe réserve – également qualifiée pour sa finale à Roanne le 21 avril –, il a également vécu sa première sélection en équipe première à 39 ans lors de la dernière journée de la phase régulière à Vessy face à Pont-de-Cheruy (95-0). Il est donc un élément porteur du lien qui lie “ses” jeunes de 16 ans à l’équipe première, aujourd’hui dirigée par Gabriel Lignières. « Le lien se fait naturellement – aiguillonne l’intéressé – Les joueurs que je coache sont contents de venir me voir jouer. Ils viennent plus volontiers voir les seniors depuis lors. Que je joue en équipe première est secondaire dans le projet qui nous occupe, mais il est vrai que l’on a besoin de ce lien entre l’élite et les jeunes formés. C’est toujours agréable de pouvoir partager l’expérience avec nos jeunes. Cela devient un élément de discussion lors de nos séances d’entraînement. »

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Parmi les informations pratiques, la formation de Matthieu Husson et Mohamed Dermouni vient, depuis la semaine dernière, d’engager son Challenge Sud Est. Les U16 auront donc encore deux adversaires à défier après la défaite à Rumilly le 7 avril – pour cause de sous-nombre, dû à de trop nombreux joueurs partis en vacances pascales – et la victoire ce samedi 14 à Vessy face au Grenoble Université Club (45-15). Dans tous les cas, la formation rencontrée à Vessy ce week-end parfait son image de la motivation et du talent qui leur sont inhérents. De futurs champions en Fédérales, peut-être.