Le Servette Rugby Club a terminé sur une note très positive la phase régulière de son championnat de Promotion Honneur face à Pont-de-Cheruy Rugby (95-0) à Vessy. Les hommes de Gabriel Lignières ont alors accompli un premier objectif capital pour la première saison de l’ancien joueur du RC Nyon à la tête de l’équipe première du club: les Grenat sont donc qualifiés pour les phases finales. Une voie qui devrait les mener – sauf grandes surprises – en finale à Roanne le 21 avril prochain. Leurs matches des demi-finales (aller-retour) face à Veyle-Saône débuteront dans deux semaines, en France.
Il ne fallait pas faire deux poids, deux mesures. Loin de son Stade de Genève, le Servette Rugby Club a conclu – sous un filet de soleil et sous une joie non dissimulée – la saison régulière de la division Promotion Honneur du Comité du Lyonnais. La 18e et dernière partie du second tour, face à Pont-de-Cheruy, aura sans doute été l’une des plus abouties disputée à cet échelon de la hiérarchie du rugby français, tant offensivement que défensivement (95-0). Avec 15 essais inscrits par dix marqueurs différents, les Grenat ont fait preuve d’une extraordinaire diversité, aussi car de nombreux joueurs ayant auparavant évolué en réserve tout au long de la saison ont trouvé la voie de la première équipe ce dimanche après-midi à Vessy. Et c’est peut-être parce que c’est à Vessy que la phase régulière a pris fin, qu’un vent de fraîcheur (et de sérénité) est venu se profiler tout au long des 80 minutes de jeu de la rencontre. Nul doute, entre Veyrier et le Bout-du-Monde, au bord de l’Arve, le centre sportif de Vessy s’est depuis plusieurs années habillé en Grenat, où le club de Servette s’y entraîne et y nippe son plus beau rugby, des formations plus jeunes à l’équipe première. Aussi, la résidence servettienne tout au long de la semaine se révèle d’une extraordinaire richesse verdoyante, et non seulement là où les crampons la remue. Bien que centre de convergence sportive, Vessy est avant tout aussi un coin de verdure agricole, où l’on y respire la vie, l’espoir, le renouveau peut-être (si besoin). Nul doute, la valeur patrimoniale du lieu-dit apaise, revigore, relance les derniers soupçons de force quand ceux-ci viennent à manquer. En somme, à le nommer ainsi lieu d’abondance, Vessy est bien un bercail symbolique de victoire pour le Servette Rugby Club. Pas (ou peu) étonnant que les hommes de Gabriel Lignières y aient livré leur meilleure performance saisonnière pour cette “dernière” (avec 95 points inscrits) face à l’équipe de Pont-de-Cheruy. Un score total qui ouvre alors tout le champ des possibles en vue des phases finales (une demi-finale aller-retour face à Veyle-Saône puis une finale à jouer le 21 avril prochain à Roanne). « C’est une victoire et un résultat qui comptent en ce qu’ils nous permettent de boucler la phase régulière du championnat invaincus à domicile. Le joli score est aussi intéressant puisqu’il nous permet de réviser avant les phases finales ; l’on y voit les quelques petits réglages qu’il reste à ajuster mais tout n’est que positif », lâche en fin de rencontre le troisième ligne Mathias Bernath-Yendt. Nul doute, après Bron en 2016 et Givors en 2017, la route en direction de Roanne est désormais pleinement tracée.
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« Le score reste quand même anecdotique. Le plus important étant que nous n’avons subi aucun essai – consent pour sa part Matthieu Husson, de retour sur un terrain de rugby après quelque dix années de “pause” – Cela veut dire que la défense est performante. C’est bien sûr une très bonne chose en vue des phases finales. Tout n’est pas encore parfait, il y a encore eu quelques petites erreurs sur la finition. Mais avec tous les ballons que nous avons eus à jouer, il peut sembler normal d’accuser quelques déchets. » L’on parle ici de quelques infimes imprécisions, quelques erreurs de mise en application, de mise en route mais rien de bien alarmant, bien sûr. Par ailleurs, le festival d’essais des Grenat a commencé très tôt, laissant derrière eux le souvenir âcre des premières périodes lentes à démarrer. Dès les premières minutes de la rencontre, ce sont bien deux internationaux suisses – Mathias Bernath-Yendt (3e et aussi 67e) et Florian Escoffier (18e, 23e, 28e et 40e) – qui animent les débats avec, à leur actif, cinq des neuf essais inscrits dans les premières 40 minutes de jeu. Entrecoupés par deux réussites du jeune Paul Davallet (7e et 21e), classe 1994, une de Paul Le Bourhis (26e) et une nouvelle de Vincent Darracq (31e), les Grenat menaient déjà de 55 points à la mi-temps. Une énormité quand l’on en vient à comparer les résultats obtenus tout au long de la saison par cette même équipe de Servette. Une performance à la fois rendue possible par des arrières prolifiques tout autant que solides sur leurs lignes en défense; la plénitude tant recherchée (et jamais autant atteinte) émerge alors au meilleur moment de l’année. Preuve une nouvelle fois que la jeunesse (et par conséquent les “espoirs”) ont tout aussi leur touche d’originalité à apporter à l’ensemble du contingent.
Un turnover parmi les plus riches de la division
Réduits même à 14 dans les premières minutes du second acte – carton jaune attribué à Pierre Topé (38e) –, les hommes de Gabriel Lignières n’ont même jamais fait montre d’un quelconque signe de faiblesse ou de mollesse. Dans l’intervalle, Servette a même trouvé la voie vers deux nouveaux essais, d’abord par Torossian (41e), puis par Louis Quillon (49e). « Nous avons tous très bien travaillé lors de la période de trêve. Nous avons démontré beaucoup de sérieux – la moitié du groupe, c’est toujours pareil [rires] – lâche, sourire aux lèvres, l’entraîneur Gabriel Lignières – Les gars ont vraiment décidé qu’ils se donneraient les moyen de gagner un ou plusieurs titres cette année, en faisant aussi preuve de sérieux en dehors du terrain. Nous avons un collectif qui monte sans cesse en puissance, aussi à y voir les résultats de l’équipe espoirs [ndlr, vainqueurs 94-0 en avant-match ce dimanche à Vessy]. Ensemble, nous ne pouvons partager qu’une volonté ; aller en finale, la remporter vaillamment et viser la promotion en division “Honneur”. Nous n’avons que ça en tête depuis le mois d’août dernier. » Les jeunes à la marque, de plus, il y en a eu jusqu’au terme de la rencontre. En effet, après l’heure de jeu, Sofiane Bouteiller (61e) – classe 1997 –, Rafaël Candotto (65e) – 1996 – ou encore Quentin Dessauvages (76e) – 1999 ! – ont tous aplati au cours de la partie, polissant le score sur un agréable 95-0, porteur de promesses aussi grandes que certaines. « Nous avions un objectif clair aujourd’hui qui était de – minimum – prendre un bonus offensif. Ne subir aucun essai, c’est très bien ; n’encaisser aucun point, c’est royal », commente alors encore Mathias Bernath-Yendt. Aussi faut-il noter le courage et la vaillance des opposants de Pont-de-Cheruy qui ont sans cesse privilégié le jeu au sol plutôt que les tirs au but, preuve – tant est également – d’une grande passion pour le jeu.
« Le résultat compte énormément aussi parce que, pour la rencontre, nous avons récupéré pas mal de blessés »
Gabriel Lignières, entraîneur du Servette Rugby Club
Faut-il le croire, le groupe servettien fut des plus fournis en cette dernière sortie de la phase régulière du championnat, une particularité qui soutient encore plus le succès du jour. « Le résultat compte énormément aussi parce que, pour la rencontre, nous avons récupéré pas mal de blessés », explique alors Gabriel Lignières. Mais au-delà de la disponibilité du plus grand nombre, parmi les individualités, comptaient également une grande partie de joueurs qui débutaient – tel Matthieu Husson, aussi en l’absence en ce jour de Louis Baudouin – ou qui retrouvaient après quelques minutes par ci, par là, la première équipe du Servette Rugby Club. Parmi les jeunes pousses qui ont (re)joué avec la première, l’on compte, entre quelques autres, Marius Chapel et Victor Charpentier (blessé ensuite à l’aine), en plus des déjà nommés Candotto, Dessauvages, Bouteiller ou encore Davallet. « La logique ne change jamais ; Servette est un projet de groupe et pas seulement d’équipe. Nous partageons nos gloires et nous donnons régulièrement l’opportunité à plusieurs membres des espoirs à prendre part aux matches de l’équipe première. Nous avons un turnover assez important, puisque à cette heure, 46 joueurs de notre club ont déjà joué avec la première, nous sommes les seuls à laisser une aussi grande opportunité – confirme Gabriel Lignières – Sans doute aucun autre club ne peut se le permettre. Cela prouve que nous avons un plan de jeu qui est respecté – et maîtrisé – par deux collectifs différents. Nous pouvons ainsi aussi ménager plusieurs joueurs. » Une réalité sur une entière revue d’effectif que partage, sans égal, Mathias Bernath-Yendt: « C’est plus qu’une revue d’effectif – évoque-t-il alors – Le staff travaille avec une grande efficacité, puisqu’il fait entrer des jeunes méritants qui évoluent habituellement en espoirs. Cela fait vraiment plaisir d’avoir de la relève derrière, des jeunes qui se donnent la peine pour porter l’équipe. Aux anciens de mettre les bouchées doubles désormais s’ils ne veulent pas finir dehors [rires] », plaisante-t-il encore. Une preuve nouvelle de la grandeur d’âme du club Grenat.
Matthieu Husson, un retour « programmé »
La présence de Matthieu Husson avec la première équipe du Servette Rugby Club ce dimanche à Vessy a été des plus remarquées. Aussi, car le Languedocien, aux origines marquées du sud de la France, en plus d’être reconverti en entraîneur depuis quelques années, a rechaussé les crampons après un arrêt de près de dix ans au plus haut niveau. Voilà qu’en ce mois de mars 2018, il réapparaît sous les couleurs Grenat à 39 ans (classe 1978), dans un lieu loin d’être étranger. En effet, Matthieu connaît parfaitement le centre sportif de Vessy pour y entraîner tous les mardis et jeudis soir les M16 du club servettien avec Mohamed Dermouni. Un ancrage des plus sérieux au sein d’une communauté qu’il connaît désormais depuis presque deux ans maintenant; il y est arrivé dans le courant de l’année 2017, après avoir notamment entraîné la toute nouvelle équipe féminine de l’Albaladejo Rugby Club de Lausanne aux côtés de l’alors joueur des Switzers Yannis Moullet.
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À l’aube de la reprise de la compétition pour les M16 début avril – avec la tenue d’une journée de stage le 7 avril et le début des matches dès le 14 avril (un reportage suivra sur leMultimedia.info) –, Matthieu Husson est pleinement conscient des enjeux qu’il soulève, à la tête d’une des nombreuses relèves du club Grenat. Nous le dirons aussi, le garçon a de l’expérience, lui qui n’a jamais eu peur de rien. Défenseur de formation – il a joué en numéro 12, au trois-quart centre face à Pont-de-Cheruy, son poste de prédilection –, Matthieu a tenu la résistance les 80 minutes durant face au cinquième club du championnat de Promotion Honneur, participant au blanchissage des siens en cette dernière journée de la phase régulière. « Notre défense est en place et agit un peu telle une assurance tout risque – précise Gabriel Lignières – Nous avons de la chance de maîtriser autant ce secteur. Toujours est-il que maintenant, nous commençons à le travailler à l’approche des phases finales, les grosses échéances, alors qu’avant les performances défensives n’entraient pas dans notre ligne d’objectifs. » Aussi, l’équipe de Servette n’a rien d’une équipe dissipée, à l’image aussi de Matthieu Husson. Celui-ci, soigneux et discipliné, a par ailleurs toujours suivi les consignes du coach, comme aujourd’hui, ceux de Gabriel Lignières. « Une seule défaite en 18 matches est un bilan éminemment positif – affirme-t-il avant de poursuivre – Il fallait surtout se rassurer aujourd’hui parce que c’était un match de reprise, après un mois d’absence de compétition. Il nous fallait respecter avant tout les bases ; la conquête, la patience et savoir écarter les ballons sur l’extérieur. Rien de plus. » Un témoignage qui parfait encore plus le sérieux du jeu servettien; savoir revenir au bases du rugby pour le perfectionner derrière. Une réalité d’autant plus importante en ces moments décisifs. « Les échéances fortes arrivent maintenant. Il semble évident que les exigences en terme de discipline, de conquête, de défense – les basiques de notre sport – soient respectées au maximum. Quand l’on veut être une grande équipe, la base reste la discipline », consent Gabriel Lignières. « Nous avons hâte des phases finales. Nous les avions dans un coin de notre tête depuis le début de la saison et évidemment, maintenant, nous allons y entrer de plein-pieds puisqu’elles arrivent dans deux semaines seulement. Nous allons bien travailler notre demi-finale (aller-retour) pour ensuite nous adjuger peut-être le titre en finale », poursuit pour sa part Mathias Bernath-Yendt.
« Je suis de toute évidence très fier d’avoir débuté en équipe première. Au fond de moi, j’ai un objectif et c’est le même que le club pour la fin de saison »
Matthieu Husson, trois-quart centre et éducateur des M16 du Servette Rugby Club
Il faut dire que les objectifs sont les mêmes pour tous, y compris pour Matthieu Husson qui a, par ailleurs, l’expérience des divisions fédérales et du très haut niveau au sein du rugby français. Ayant débuté à l’école de rugby de Nîmes, en actuelle Occitanie – étant passé par Châteaurenard et Béziers en sport études, ainsi qu’à un stage du XV de France à Pornic du 11 au 13 novembre 1998 –, il a ensuite poursuivi sa formation à La Rochelle pendant quatre années de 1995 à 1999, avant d’être transféré à Narbonne où il y joua deux ans au niveau professionnel, avec dix matches disputés en Top 16 – avant le passage du championnat de 16 à 14 équipes en 2005 – de 1999 à 2001. Il débuta dans l’Aude en août 1999 (à 21 ans) où il vit sa première titularisation lors d’un match remporté 12-8 à Auch. L’ironie du sort avait même voulu à l’époque qu’il joue son second match sur le canal de la Robine face à son club formateur, La Rochelle. De lointains souvenirs qui sont aujourd’hui marque d’un parcours extraordinaire dans les méandres des divisions du rugby professionnel français. Quittant ensuite l’élite en 2001, il s’engage en Fédérale 1 pendant près de 7 ans avec le club de Valence jusqu’en 2008. Il y prendra ensuite sa “retraite”, qui s’est alors avérée être plutôt une (très longue) pause, puisqu’il réapparaît ce dimanche avec le maillot Grenat. « C’est un retour “programmé”, avec les guillemets. Je suis de toute évidence très fier d’avoir débuté en équipe première. Au fond de moi, j’ai un objectif et c’est le même que le club pour la fin de saison. » Soit le titre en Promotion Honneur et un très beau parcours en Championnat de France, dont le meilleur est à espérer pour les Grenat.
Les faits de match: Servette Rugby Club v Pont-de-Cheruy Rugby Club, 95-0 (55-0) Composition du Servette Rugby Club: 1 Marius Chapel, 2 Loïc Otal, 3 Adrien Vigne-Donati, 4 Sébastien Theil, 5 Dylan Dene, 6 Mathias Bernath-Yendt, 7 Vincent Darracq, 8 Quentin Dessauvages, 9 Jonathan Torossian, 10 Maxime Tognon ©, 11 Florian Escoffier, 12 Matthieu Husson, 13 Paul Le Bourhis, 14 Paul Davallet, 15 Adams Tantot. Remplaçants: 16 Pierre Topé, 17 Louis Quillon, 18 Maxence Gisclard, 19 Victor Charpentier, 20 Rafaël Candotto, 21 Jilali Aïb et 22 Sofiane Bouteiller. Entraîneur: Gabriel Lignières. Essais: 3e et 67e Bernath-Yendt; 7e et 21e Davallet; 18e, 23e, 28e et 40e Escoffier; 26e Le Bourhis; 31e Darracq; 41e Torossian; 49e Quillon; 61e Bouteiller; 65e Candotto et 76e Dessauvages. Transformations: Torossian (8) et Tognon (2). Notes: Centre sportif de Vessy (GE). Servette sans Louis Baudouin. Carton jaune pour Pierre Topé (38e).