KAY JAM, un rock apaisé dans une tendre obscurité

Le chanteur et guitariste KAY JAM présente ce mercredi son tout premier clip vidéo “Light in the Dark”, réalisé par la réalisatrice lausannoise Mei Fa Tan. Le titre de l’artiste Julien Cambarau (de son vrai nom) avait déjà vu le jour en septembre dernier. Il s’agit alors là du tout premier projet en solo du jeune talent de 27 ans qui s’était illustré auparavant en tant guitariste et bassiste pour plusieurs groupes de la région romande. Après “Light in the Dark”, deux autres titres sont encore attendus prochainement en prévision d’un album et en vue d’une série de concerts prévus pour 2019.

KAY JAM est un rockeur. Un voile sur son personnage pourtant de nature si timide, du moins en apparence. Julien Cambarau, dans un de ses nombreux élans artistiques, a choisi la discrétion pour présenter son tout premier clip vidéo “Light in the Dark”, un morceau bien rock enroulé dans la soie, la pénombre et le mystère. Il y a, dans cet accomplissement la signature d’un artiste qui émerge avec la tempérance qu’on lui attribue volontiers; KAY JAM est un artiste qui se dévoile sans trop le vouloir, qui découvre les rouages de la scène en solo sans ne jamais tomber dans l’excès. Le style, le sien, reste justement très épuré. L’on ne risque pas de se faire bousculer par sa tendre humilité mais il est bien capable de réveiller l’assistance à coup de guitare électrique, celle qu’il dégaine dès les premières notes de son premier titre délivré au public. Aussi, il faut dire que le jeune homme a pris le temps de tout faire juste; resté en studio tout le mois d’août, il a donc sorti son premier morceau début septembre. À 27 ans, le jeune homme a sans doute pris le virage de sa carrière dans la musique. Ses premiers concerts, il les a bien tenus il y a de cela déjà dix ans mais il n’avait jamais pris l’habitude d’être seul sur scène. Il collaborait alors à la basse ou à la guitare avec de nombreux groupes du coin: les Lausannoises The SugaZz, la Genevoise Shana Pearson, le groupe franco-suisse Stevans, le Jurassien Sim’s ou encore le duo tessinois Make Plain.

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Julien vit donc sur scène depuis la fin des années 2000 et là aussi, il l’a découverte avec sa parcimonie caractéristique. Le véritable déclic en concert lui est véritablement apparu à son entrée à l’HEMU de Lausanne quelques années plus tard. Il y a par ailleurs suivi un véritable parcours jazz dont il s’est pourtant quelque peu détourné ces derniers mois à son retour en studio. Mais cela ne signifie pas qu’il n’en a pas gardé quelques stigmates dans sa manière – et sa sensibilité surtout – de composer ses propres musiques. « Ma formation dans le jazz me vient parfois de manière très inconsciente quand je compose. Mais il est sûr que je ne vais pas essayer à tout prix d’être très harmonieux dans mes accords. Il est toutefois évident que l’on est toujours influencés par ce que l’on a fait dans le passé », assure alors l’artiste, rencontré quelques jours avant la sortie officielle de son premier clip vidéo ce mercredi 31 octobre.

Une chose est sûre pourtant, le jeune homme a gagné en maturité depuis ses premières années passées sur scène. Timide de nature, il a pris le temps de s’ouvrir, de laisser éclore son talent personnel à la découverte du public, le sien, qui peut désormais parcourir l’étendue de son talent. Voilà l’une des nombreuses marques de sagesse du jeune artiste: sa patience parfois inconsciente. « Il est vrai que je me découvre un peu ces derniers temps. Il y a un peut-être un peu d’inconscience. » Un projet jeune ? « Peut-être, oui. Mais je sais que j’ai pris le pas dernièrement de véritablement présenter mes compositions au public. J’étais très réservé avant, je n’aurais jamais osé montrer mes compositions ou tout simplement de chanter », avoue-t-il alors. Il est alors vrai que le talent de 27 ans n’avait auparavant – avant 2018 –, jamais pris le micro pour délivrer sa voix. Resté à chaque fois dans l’arrière-scène, accompagné de sa basse, il n’avait que très peu pris le devant du plateau. « J’avais alors un complexe avec ma voix mais je commence à m’ouvrir ces derniers mois, d’abord avec quelques backing [ndlr, chant en chœur], puis véritablement aux vocals au début de cette année. »

« J’utilise mes chansons pour me pousser vers l’avant »

Julien Cambarau (alias KAY JAM), auteur, compositeur, interprète

Sans nul doute, la sortie de son clip “Light in the Dark” est alors à l’image de son parcours et de sa pleine personnalité. Le style y apparaît alors très épuré, dans une plus tendre simplicité entre la lumière et l’ombre. Un jeu de lumière blanche qui conduit alors l’œil au plus près de sa personne, cette même lumière qui semble le pousser toujours plus – au fil du clip – sur le devant de la scène. Ses traits, son allure et même parfois ses possibles imperfections – au contraste avec la présence “fantastique” de la nymphe à ses côtés – sortent progressivement de la pénombre. L’artiste émergeant apparaît alors définitivement au regard critique du spectateur. Dès lors, il n’est plus question de faire le chemin inverse, KAY JAM vient donc de faire un pas décider vers l’émancipation. « J’utilise mes chansons pour me pousser en avant », déclare-t-il alors avant de poursuivre: « Il y a dans cette chanson et dans ce clip un message d’encouragement qui s’adresse aussi bien à moi qu’à d’autres. C’est pourquoi, [ce clip] me correspond parfaitement. Il y a vraiment tout qui me parle dans ce clip. » Et ceci est d’autant plus fort que le mérite en revient aussi au fin talent de la réalisatrice lausannoise Mei Fa Tan, pas encore 30 ans mais une expérience bien fournie.

Le clip “Light in the Dark” de KAY JAM met en scène une nymphe, traduisant son clip vidéo dans une dimension purement fantastique. La nymphe est interprétée par la Nyonnaise Maya Von Ahnen. [Extrait caméra / Ludovic Matthey]

Une dimension fantastique de la séduction

« L’idée du clip est pleinement celle de Mei Fa Tan », assure dès lors Julien. « Elle a réussi à mettre des images sur ma musique. Je lui ai donné le sens du texte mais le scénario est pleinement le sien. » Mei Fa Tan a alors fait parler ses caméras. Dans les contraintes qui furent celles du temps et du budget, elle a parfaitement optimisé les ressources à disposition pour en sortir un clip très intelligent. Son travail est alors plus profond qu’il n’y paraît; elle parcourt le texte, l’interprète, le triture parfois tout autant qu’elle le dessine. D’une feuille blanche, la réalisatrice de 28 ans l’a noircie d’idées en très peu de temps pour illustrer à la perfection le sens premier du texte de “Light in the Dark”.

« La musique dédie ses messages à tout ce qui nous permet d’avancer dans la vie, elle rend pleinement compte de la pluralité des éléments qui nous permettent d’aller de l’avant, mais aussi ceux qui nous permettre de découvrir les personnes qui nous entourent », complète donc KAY JAM. Et c’est ici que l’apparence et l’image de la nymphe, interprétée à l’écran par la Nyonnaise Maya Von Ahnen, trouve son sens. Au-delà de traduire une pleine dimension fantastique dans l’univers rock de la guitare électrique, cette fille maquillée de peinture noire et de paillettes retire alors tout ce qu’il peut rester d’objectif dans la perception de la personne, de l’autre. Elle illustre également l’épreuve souvent complexe de la séduction, ces longs moments d’apprentissage et de connaissance de l’être cher. « La nymphe représente toute ce qu’il y a d’aveugle dans l’art de la séduction. C’est un clip qui assume toute une dimension séduisante où les regards changent à travers la personne », raconte Mei Fa Tan. Un miroir inversé, l’image du paradoxe et du contraire. « Il y a des contrastes de partout, aussi dans les costumes. Il ne faut pas regarder le clip de manière trop rationnelle. L’imagination doit y être très forte. Ce sont bien deux mondes qui se rencontrent, deux univers qui se croisent et parfois se clashent. À l’image de l’amour. La couleur noire de la peau, ici, n’a donc rien de naturel. Il nous fallait une couleur qui se rapproche de l’anthracite pour donner ce qu’il faut de fantastique dans l’histoire », continue la réalisatrice. L’on se rapproche alors du parfait beauty shot.

« Quand on veut faire visuellement simple, cela implique parfois des installations un peu plus complexes. Avec Ludo [Matthey], on voulait quelque chose d’assez doux avec les lumières sans trop de contre-jour »

Mei Fa Tan, réalisatrice du clip “Light in the Dark”

« Le dark n’est donc ici pas quelque chose de mauvais. Il traduit simplement l’inconnu, tout ce qu’il y a d’incertain dans le futur et dans la vie », complète alors Julien. Le tout, toujours, dans la simplicité que contient la musique de KAY JAM. « Tout devait bien sûr retracer la simplicité de son projet rock. Julien est quelqu’un de très discret. Il doit pouvoir se reconnaître plus tard dans ce clip à l’esthétique assez simple. Nous avons discuté de son projet, il est venu avec une certaine volonté, un message et une sensibilité et c’est ce qu’il me faut pour proposer ensuite un projet à l’artiste », assure alors Mei Fa Tan. Pourtant, pour recréer et parfaire la simplicité à l’écran, cela implique parfois des contraintes matérielles et techniques avancées. Pourtant, malgré l’exigence du temps à disposition – une journée de tournage aux Docks de Lausanne, dans une salle naturellement sombre où Julien se produira également dans le cadre du projet Proxima l’année prochaine –, la réalisatrice lausannoise est parvenue à boucler le projet, avec une dose de prise de risques qui n’apparaît alors visible que pour ses plus proches collaborateurs. « J’ai un regard plus extérieur au clip, ce qui fait que c’est plus facile pour moi d’arriver avec quelque chose de moins dangereux », assure alors Mei Fa Tan avant de continuer: « Mais il est vrai que quand on veut faire visuellement simple, cela implique parfois des installations un peu plus complexes. Avec [Ludovic Matthey, le directeur de la photographie, ndlr], on voulait quelque chose d’assez doux avec les lumières sans trop de contre-jour. » Voilà pourtant que cela n’a pas manqué d’attiser la curiosité et l’admiration parmi l’entourage du chanteur. Pourtant, hasard du temps, ce n’était pas la première fois que Julien Cambarau rencontrait Mei Fa Tan sur un tournage. « Je l’ai en effet rencontrée il y a plusieurs années – confirme alors KAY JAM – Je me suis retrouvé sur un tournage en tant que simple musicien lorsqu’elle avait réalisé un projet pour le batteur des Stevans. Mais je n’avais alors pas pris la pleine mesure du travail avec elle. J’ai donc pleinement découvert, et plus profondément, les tournages avec elle sur “Light in the Dark”. » Une expérience qui a pourtant bien abouti une année entière de travail pour KAY JAM, avant une série de concerts dans le courant de la prochaine année 2019.

La réalisatrice lausannoise Mei Fa Tan (tout à gauche) a réalisé un travail fort apprécié par l’entourage de l’artiste. En une journée de tournage aux Docks, elle est parvenue à mettre en place ses idées. © Tony Korrigan

De nouveaux titres prévus d’ici à 2019

« Une chose est sûre: la sortie du clip [ce] 31 octobre va poser les choses », lâche alors Julien Cambarau. C’est en effet le moment venu de la révélation. Pourtant, « je sais que je dois encore passer quelques tests avec ma chanson », continue alors l’artiste. Mais cela ne regarde pas nécessairement ses apparitions sur scènes prévues dans le courant de l’année 2019. Aussi, car il faut bien préciser que KAY JAM est déjà apparu à une quinzaine de dates seul sur scène (avec sa guitare) depuis février 2018, avant même la sortie de son titre “Light in the Dark” en septembre dernier. Ses prochaines échéances concernent alors plutôt la sortie d’un ou deux titres supplémentaires en prévision d’un album. L’artiste en reste encore passablement discret mais il le sait: cette prochaine année sera pleinement celle du passage à niveau, celle de la consécration peut-être. Et pour ce faire, Julien Cambarau a bien décidé de s’entourer d’une bande de musiciens qu’il connait bien pour avoir déjà collaboré avec eux. « Le batteur et le guitariste sont de très bonnes connaissances avec qui je suis également allé enregistrer en studio. Ils arrivent assurément à me suivre dans mes projets », assure alors l’artiste qui tient désormais à avancer avec rythme vers le futur, sans pour autant presser les choses.

« Je veux prendre le temps de la réflexion mais je veux avancer. Je souhaite simplement éviter de faire trop d’erreur en chemin. » Les fautes de parcours existent en effet et sont passablement fréquentes chez les jeunes artistes, mais KAY JAM n’est tout de même pas novice dans la musique. En dix années de scène (dont 7 qu’il a passées à composer – les deux dernières plus intensément toutefois), il eut le temps de prendre le pouls d’une carrière dans la musique. « Pour avoir collaboré avec mes précédents groupes, je sais ce dont j’ai envie pour moi. Mais je sais aussi ce que je ne veux pas, je sais éviter certains pièges. Je me sais de plus bien entouré », précise alors KAY JAM. L’artiste sait alors pleinement l’importance de « garder la tête sur les épaules tout en étant prêt à souffrir de quelques désillusions. » Un bon départ dans les projets qui sont les siens pour le proche avenir.


« On voit parfois passer de belles opportunités et l’erreur serait d’y sauter pieds joints aveuglément »

Le jeune artiste de 27 ans qui a plus ou moins toujours composé dans sa chambre voit désormais pointer un sentiment de liberté, même s’il n’a jamais oublié les bienfaits du partage. Toujours est-il qu’il a l’envie et l’ambition nécessaires pour parvenir à ses objectifs. Progresser, oui. Rapidement, certainement mais avec l’attention qui s’y prête dans certaines situations. « L’on voit parfois passer de très belles opportunités et l’erreur serait d’y sauter à pieds joints aveuglément. Je ne veux pas me leurrer mais je ne me mets aucune barrière. Je vais cueillir chaque occasion qui se présente avec beaucoup de sérieux mais je ne vais pas tout refuser non plus sous le simple prétexte qu’il faut faire attention. »

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