Ancienne heptathlonienne, Dafne Schippers s’en va au sprint pour une quatrième saison à Doha

Dafne Schippers va lancer, elle aussi, sa saison à Doha sur les 100 mètres. Elle s'envolera ensuite pour Shanghai, où elle sera alignée cette fois sur les 200 mètres. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino
Du Marriot Marquis Hotel, Doha (Qatar)

La Hollandaise Dafne Schippers et la Jamaïcaine Elaine Thompson, spécialistes du sprint – et alignées toutes deux sur les 100 mètres au Qatar Sports Club de Doha – ont été les premières à se présenter à la presse jeudi matin à l’hôtel des médias, au cœur de la capitale qatarie. Chacune démarrera sa saison en extérieur avec des ambitions et des projets qui leur sont propres. Pour la Néerlandaise, ce sont les championnats d’Europe de Berlin qui demandent la principale attention. En revanche, pour la Jamaïcaine, la volonté sera simplement de faire « une bonne saison », lors de laquelle aucun championnat relevant (mondial ou Jeux Olympiques) ne seront agendés pour les Américains.

Dafne Schippers, la Hollandaise qui s’entraîne toujours au pays, va elle aussi ouvrir sa saison extérieure à Doha. Mais mercredi matin, au Marriot Marquis Hotel de Doha, c’est d’un futur plus lointain qu’elle a accepté de discuter avec les journalistes, et surtout sur les championnats d’Europe qui auront lieu à Berlin du 7 au 12 août prochain. Une compétition qui marquera un sérieux point d’orgue à l’exercice 2018. « Je suis très excitée, c’est toujours une occasion spéciale de se distinguer et je compte rentrer chez moi avec la médailler d’or. » Et à la question des priorités, elle n’en tranche aucune; Dafne court pour empocher les meilleures distinctions, quelque soit la compétition: « Personnellement, je ne perçois aucune différence entre les championnats du monde et d’Europe; les deux sont des compétitions qu’il vaille la peine de disputer et de remporter. Ça reste le plus grand sport au monde », affirmait-elle alors en point presse, en petit comité, à l’hôtel des médias. Car en effet, en Hollande, Dafne Schippers traduit les meilleurs espoirs du pays; tant dans les compétitions de niveaux national et continental, que sur les épreuves internationales. Et à ce titre, au-delà des 14 meetings de la Diamond League cette année, il reste toujours, dans un petit coin de la tête, la référence aux Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo. Y pense-t-elle réellement à l’heure de débuter sa saison au Qatar ? « En réalité, je garde les yeux rivés sur les meetings du printemps, pas beaucoup plus loin. Mais il est vrai qu’en 2020, il y aura une année chargée avec les Jeux Olympiques à Tokyo et les championnats d’Europe à Paris. Si je suis apte à enchaîner les deux ? C’est une bonne question. Je pense qu’il est bon d’avoir de la compétition dans les jambes avant les Jeux Olympiques, même si un peu moins après. Mais je pense qu’il est parfaitement possible que j’aligne les deux compétitions. On verra bien », sourit-elle alors.

« Il sera intéressant de voir ce dont je suis capable demain. Je compte faire une très belle course et surtout réaliser un bon départ »

Dafne Schippers, spécialiste hollandaise du 100 et 200 mètres

En attendant, c’est pour le meeting de vendredi qu’elle réserve ses meilleurs atouts, avec sans doute un objectif de descendre au-dessous des 11 secondes sur la ligne droite du Qatar Sports Club. « C’est mon premier meeting en extérieur cette année, alors je n’ai aucun point de référence. Il faut franchir plusieurs étapes dans ma condition physique pour ensuite me faire une idée précise au cours des prochains meetings. En tous cas, il sera intéressant de voir ce dont je suis capable demain. Je compte faire une très belle course et surtout réaliser un bon départ », confirme-t-elle. Face à elle, une concurrence des plus relevée avec les Ivoiriennes Murielle Ahouré et Marie-Josée Ta Lou, en plus de la Jamaïcaine Elaine Thompson qui en sera à sa deuxième fois sur la piste cendrée de Doha. Pour elle, et pour toutes les athlètes non européennes, les compétitions cette année apparaîtront sans doute moins acharnées, puisque pour celles-ci, ce sera une année sans Jeux Olympiques et sans championnats du monde: « Mon but est de faire une bonne saison – toujours – et de continuer ma préparation pour les prochaines grandes échéances à venir, en 2019 et en 2020 », lâchera, plus réservée, Elaine Thompson. La Jamaïcaine est par ailleurs championne olympique (à Rio) et double tenante du titre en Diamond League (championne en 2017 pour la deuxième fois consécutive). Du beau monde, en somme.

Un (dés)avantage pour les Européens ?

C’est en tout cas une belle année pour les Américains consentira Christian Taylor, sextuple champion de la Diamond League en 2017, triple champion du monde et double champion olympique du triple saut: « Il me faudra prendre du plaisir sur la piste, être dans l’action sur le sautoir. En cette année sans championnats, nous devons tous nous maintenir en forme, nous entraîner mais avec moins de pression », affirmera-t-il plus tard en conférence de presse, dans la matinée de jeudi au City Center Mall. Pour Dafne Schippers, du moins, cette situation n’est pas vécue comme un handicap. Bien au contraire: « Un désavantage ? En aucun cas – tranche-t-elle avant de continuer – C’est toujours une très bonne chose parce que les compétitions continentales sont toujours un point d’orgue important dans une saison. Pour ma part, je veux donner le meilleur de moi-même pour me donner les meilleures chances de remporter l’or à Berlin. »

« Je m’alignerai peut-être un jour en saut en longueur, mais je ne reviendrai pas dans l’heptathlon »

Dafne Schippers, ancienne championne d’Europe junior de l’heptathlon en 2010

Aussi, faut-il rappeler que la Néerlandaise est une fille aux ambitions grandes et physiquement entraînée. Jeune, à 18 ans, elle se révèle aux championnats du monde de Moncton, au Canada, en empochant l’or en heptathlon. Une discipline avec laquelle elle a gagné plusieurs médailles (un bronze aux championnats du monde de Moscou en 2013 et deux bronzes aux Hypo-meetings de Götzis en 2013 et 2014 qui viennent s’ajouter à l’or européen en juniors, gagné en 2011 à Tallinn en Estonie). Mais très vite, c’est dans les disciplines du sprint qu’elle se distingue (encore plus). Aux championnats d’Europe en 2014, elle remporte l’or aux 100 et 200 mètres, devenant ainsi l’une des rares sprinteuses à aligner un doublé dans les deux disciplines lors d’un championnat d’Europe. Aujourd’hui, sa préparation est tout aussi soutenue mais – sa volonté actée de se concentrer sur les disciplines du sprint depuis quatre ans – plus légère, affirme-t-elle. « Je me sens peut-être plus légère dans la préparation puisque l’heptathlon demande un mass work tant sur le plan personnel que physique. Tout cela prend plus de temps. Ce qui est sûr, c’est que je n’ai jamais choisi de me spécialiser dans le sprint parce qu’il s’agit d’une discipline populaire et plus rentable. » Y a-t-il néanmoins une possibilité de la retrouver sur d’autres disciplines dans le futur ? « C’est possible que je m’aligne un jour en saut en longueur, mais je ne reviendrai pas en heptathlon », éveillait alors à la fin du point presse la championne du monde en titre du 200 mètres. C’est par ailleurs sur cette distance qu’elle s’alignera le 12 mai prochain à Shanghai.