Neuchâtel Xamax met la pression sur le FC Zürich. Dominant le FC Schaffhouse 2-0 à domicile, les rouges et noirs renforcent leur position de dauphin de la Brack.ch Challenge League avec sérénité et assurance. Cap sur le FC Sion désormais.
Neuchâtel Xamax est à la croisée des chemins. Vainqueur 2-0 du FC Schaffhouse, les hommes de Michel Decastel maintiennent toujours leur invincibilité à la Maladière. Et c’est peu dire. Outre une performance de grande qualité (surtout en seconde période), c’est un esprit sain – et la simplicité qui le caractérise – que compose l’entier du contingent xamaxien. « Nous avons un état d’esprit irréprochable et c’est ce qui fait la différence sur la pelouse. On se sent forts ici et on a beaucoup de plaisir à jouer. Nous courons vraiment les uns pour les autres », avance, sans logorrhées, Kiliann Witschi en zone mixte. Et cela ne tient pas uniquement des grands résultats sportifs obtenus – quand bien même ils sont excellents — mais avant tout de la capacité et la forte inclination à faire confiance aussi bien aux cadres de l’équipe qu’à ses jeunes sur le terrain. Et à ce titre, l’on ne s’étonnera pas de voir Cédric Zesiger porter les couleurs de Grasshopper. Issu de la fondation, il a su démontrer l’ensemble de ses qualités avant de quitter la Maladière. Mais il n’est pas le seul joueur à se distinguer dans la première équipe de son club formateur. À Neuchâtel, on compte aussi beaucoup sur les très jeunes Adrien Zbinden, Pedro Teixeira ou encore Dilan Qela, buteur-sauveur à nouveau ce samedi soir (92e). Et son entrée sur le synthétique de la Maladière n’a rien de hasardeux. En sortant Samir Ramizi pour Qela à la 82e minute, Michel Decastel était sûr de sa manœuvre ; sortir un buteur pour un autre, cela ne relève d’aucune exubérance. Bien au contraire, il est à saluer le flair de l’entraîneur xamaxien qui a su mettre en valeur (et ce, au bon moment) les jeunes talents de son effectif. Et à vrai dire, cela compte énormément et marque toute la sincérité d’une formation qui ne souhaite que la progression technique et sportive de ses propres membres. Parti de là, Neuchâtel Xamax FCS a toute les cartes en mains pour évoluer aussi bien en dehors que sur les terrains. Le club l’a une nouvelle fois prouvé face au FC Schaffhouse.
Une première période timide
Trop peu agressif, c’est comme tel qu’est entré sur le terrain Neuchâtel Xamax : « Nous avons eu une première période très laborieuse. Nous ne parvenions pas à presser car nous reculions sans cesse quand Schaffhouse avait la possession du ballon », explique Michel Decastel en fin de rencontre. Et puis, l’équipe ne parvenait pas à se projeter efficacement vers l’avant. Faute à une organisation et une construction de jeu imparfaite ; trop de longs ballons imprécis et un manque de coordination dans la dernière zone. De plus, les rouges et noirs ont souvent négligé la perspective de leur aile gauche. En témoigne cette occasion avortée à la 42e minute ; Samir Ramizi reçoit un ballon insidieux dans l’axe, cherche obstinément à l’entrée de la surface de réparation le contact avec Gaëtan Karlen et ignore l’ouverture sur le flanc gauche où réclamait, esseulé, le ballon Azad Odabasi. Une construction de jeu niée qui témoignait alors un manque d’organisation offensive des Neuchâtelois, trop passifs et inaptes à maintenir la possession du ballon. Faut-il préciser toutefois que le FC Schaffhouse était physiquement endurci et « techniquement au point », comme en convient Michel Decastel. Auteurs d’une première période très solide, les hommes d’Axel Thoma ont proposé tout du long un jeu déluré et relativement précis. Et ce, particulièrement en phase de contre-attaque. Grâce à une ligne défensive inébranlable dans la première heure de la rencontre, le FC Schaffhouse a parfaitement su réduire les espaces et resserrer le jeu afin d’étouffer l’activité offensive xamaxienne. « Nous savons qu’il est toujours très difficile d’affronter Schaffhouse. Leurs résultats sont dans la lignée de leur saison passée. Ils sont très dangereux mais je suis content de voir que nous ne leur avons concédé que très peu d’occasions », se rassure Kiliann Witschi. « Ils ne nous ont gêné que sur coups de pied arrêtés, sinon ils ne nous ont pas vraiment inquiétés », complète l’entraîneur xamaxien. Et c’est vrai. Rendus dangereux qu’à une seule véritable reprise à la 17e minute de jeu – servi dans le dos de la défense rouge et noire par Gianluca Frontino, Karim Rossi galvaude son occasion d’enfiler le premier but en face-à-face avec Laurent Walthert – le FC Schaffhouse ne s’est plus vraiment exprimé à l’encontre de la cage neuchâteloise. Une preuve de belle résistance pour Neuchâtel Xamax FCS qui les a portés au cinquième succès de leur saison en Challenge League : « Seuls les trois points ont compté ce soir – ajoute, pragmatique comme à son habitude, Michel Decastel avant de poursuivre – Nous avons mérité cette victoire comme nous la méritions face au FC Zürich ». Un FC Zürich que Xamax s’offre encore et toujours le luxe de talonner au classement.
Un réajustement tactique à la pause
D’entrée de seconde période, le ton est donné. Sur une longue contribution de Raphaël Nuzzolo, Samir Ramizi parvient à se retrouver seul, une première fois, face à Franck Grasseler (53e). Pas de but (encore) mais déjà un esprit combattif ravivé. Neuchâtel Xamax accélère sensiblement la cadence, à tel point que Ramizi parviendra, dès l’heure de jeu, sur un nouveau centre de Nuzzolo, d’enfiler de la tête le premier but de la rencontre. Le cran est définitivement présent. Le jeu en profondeur s’améliore, les solutions offensives se dessinent et le FC Schaffhouse – Faruk Gül en tête – s’épuise et concède. Et puis, l’on se rend compte de toute l’implication de Nuzzolo dans la réussite de l’équipe neuchâteloise dans une organisation de jeu quelque peu modifiée : « En deuxième mi-temps, nous avons opéré à un réajustement tactique, ce qui nous a permis de nous projeter davantage vers le haut », témoigne le défenseur Kiliann Witschi. Une tactique revisitée qui permit à Neuchâtel Xamax de se lancer dans ses « vingt à vingt-cinq minutes de pressing », comme l’affirme Michel Decastel. Initialement lancés en 4-3-2-1 avec Gaëtan Karlen en pointe, soutenu par Ramizi et Nuzzolo, le positionnement tactique des Neuchâtelois s’est rafraîchi offensivement en dévoilant, d’entrée de seconde fraction, un 4-3-1-2, dans lequel Nuzzolo se mue en efficient meneur de jeu pour un duo d’attaque plus percutant. Un duo par ailleurs copieusement soutenu et ravigoté aussi bien par l’entrée d’Astor Kilezi (77e) que de Dilan Qela (82e). D’autre part, pour le FC Schaffhouse, l’entrée du Portugais João Vilela restaure quelque peu les ambitions des hommes d’Axel Thoma, mais les efforts seront vains, validant un nouveau succès casanier pour les rouges et noirs. « Nous avons d’abord été patients, puis nous avons serré des dents », avoue Kiliann Witschi. Une belle preuve de solidarité qui fait foi d’une belle efficacité sur le terrain. Reste à savoir si ce sera suffisant pour éliminer le FC Sion en seizièmes de finale de la Coupe de Suisse dimanche prochain : « C’est la cerise sur le gâteau. Nous jouerons crânement notre chance », avance le défenseur neuchâtelois. « Tout est possible », conclut pour sa part Decastel. En effet, tout est possible.