Pour l’athlète humble, noble, emprunt de sagesse, de résilience et de caractère qu’il était. À 24 ans, Kelvin Kiptum a à tout jamais marqué l’histoire de l’athlétisme mondial en devenant, en 2023 à Chicago, le premier homme sous les 2h01 en marathon.
J’ai eu la chance de pouvoir le rencontrer à Monaco au moment où il recevait des mains du Prince Albert II de Monaco son trophée d’athlète de l’année 2023. Il n’était pas très loquace, une marque de fabrique qui lui permettait aussi de se protéger de tout ce qui l’entourait. Les caméras et les médias, leurs journalistes avec.
Pourtant, ce jeune homme avait déjà tant de choses à raconter, tant d’expérience à partager, y compris avec certains de nos athlètes suisses qui, depuis quelques temps, sont partis vivre sur les hauts plateaux kényans pour s’entraîner. Kelvin, comme Eliud Kipchoge, était un homme à part, qui a su prendre le temps lorsqu’on l’a convaincu très tôt qu’il deviendrait un grand champion. Il était bien conscient de ses capacités à dépasser les limites du corps humain, de démolir ces 35 secondes qui l’ont séparé du mur hautement symbolique des deux heures il y a quelques mois.
Je lui avais brièvement fait part de mes intentions de le rencontrer en d’autres circonstances, quelque part en Afrique, avant qu’il ne parte défendre les couleurs de son pays aux Jeux Olympiques. À Paris, il manquera une âme, un meneur, un combattant. Le combat des titans et des légendes face à Eliud Kipchoge, que tout le monde attendait avec une grande impatience aura lieu d’une toute autre manière, mais il aura à jamais le goût des larmes qui coulent.