«Les résultats des sœurs Kambundji sont source de fierté pour Berne»

Le 31 juillet dernier, la conseillère municipale en charge de la formation, des affaires sociales et du sport de la ville de Berne, Franziska Teuscher (Les Verts) a inauguré la nouvelle piste d’athlétisme, remise aux normes, du stade de Wankdorf. Financée grâce à un budget de près de quatre millions de francs alloué par la ville, la remise à niveau des infrastructures permet désormais de qualifier le stade pour la tenue de compétitions nationales et internationales. Avant le début des travaux, la fédération suisse d’athlétisme avait autorisé la tenue de compétitions nationales que jusqu’au mois de juin 2023.

Nous nous trouvons ici dans l’enceinte du stade d’athlétisme de Wankdorf à Berne. Si vous y êtes aujourd’hui, c’est parce que vous avez inauguré le nouveau revêtement de la piste après plusieurs mois de travaux de remise à niveau. Pourquoi ces travaux avaient-ils été rendus nécessaires?

La piste d’athlétisme ne répondait plus aux critères internationaux pour organiser des compétitions. Et nous voulions continuer à organiser des compétitions de nature internationale, comme le meeting CITIUS, dans la ville de Berne. C’est pourquoi nous avons débloqué un budget raisonnable pour rénover la piste, tout en profitant de l’occasion pour améliorer les autres installations utiles à la pratique de l’athlétisme. Mujinga et Ditaji Kambundji s’entraînent ici au stade du Wankdorf. C’est leur stade d’origine et il est donc évident que nous voulons mettre à leur disposition une bonne infrastructure. Il est tout aussi important d’organiser des compétitions nationales et internationales. Ils ont besoin d’une bonne piste pour continuer à obtenir de bons résultats. D’autre part, cette piste et toutes les installations sont également utilisées par la population, les clubs et les écoles. C’est pourquoi il est toujours bon pour la ville de Berne de remettre en état ses installations sportives afin qu’elles puissent être utilisées à bon escient.

Vous mentionnez les soeurs Kambundji: on sent une fierté de pouvoir les compter comme ambassadrices de la ville, non?

Mujinga a été sacrée championne d’Europe et du monde en salle, et a remporté une médaille d’argent aux derniers championnats d’Europe à Münich. Ces résultats sont évidemment source de fierté pour la ville de Berne. C’est formidable d’avoir de si bons sportifs dans notre ville, et c’est pourquoi nous veillons naturellement à ce que les jeunes talents disposent eux aussi de bonnes possibilités d’entraînement. Mais nous veillons aussi toujours à ce que le sport de masse puisse également profiter des installations sportives, car la ville de Berne compte de très nombreuses personnes qui aiment faire du sport. Et nous ne voulons pas seulement permettre aux athlètes de haut niveau d’en profiter, mais aussi à tous ceux qui aiment pratiquer un sport.

Dans vos rangs, on entend souvent que le sport favorise l’inclusivité et rassemble à large échelle. Mais d’un autre côté, votre parti s’oppose aussi volontiers au niveau national à l’organisation de grands raouts sportifs comme les Jeux Olympiques. Combiner un engagement en faveur du sport de haut niveau, permettre la tenue de grandes manifestations sportives dans les milieux urbains et militer pour le respect du climat, c’est devenu contradictoire?

Permettez-moi de répondre à votre première observation d’abord. Je pense que le sport rapproche les gens d’une manière positive. C’est aussi le cas pour la population. Quand on pratique un sport d’équipe, qu’on évolue en équipe, on se retrouve avec des personnes qu’on ne connaîtrait pas autrement, mais dont l’intérêt est le même. Et je pense que dans le sport international également, c’est bien que des peuples de différentes nations se rencontrent. Le sport est une possibilité mais je pense que nous avons beaucoup d’autres possibilités en ville de Berne, où des gens de différentes nations et de différents horizons peuvent se rencontrer. Nous vivons dans un monde globalisé et il est important que tout le monde puisse se comprendre.

Donc, dans le partage de ces valeurs, sport et protection du climat peuvent donc cohabiter…

Bien entendu, mais il ne faut se tromper de combat. Nous exigeons des promoteurs des événements que nous organisons dans la ville de Berne qu’ils respectent la durabilité, selon différents critères. Je trouve que ce sont des impératifs, tout le monde doit le faire, mais ce n’est généralement pas matière à discussion, parce que les organisateurs sont habitués à cela de nos jours. Mais il faut bien dire que c’est aussi un peu un domaine de tension, car les sportifs internationaux viennent de loin, ils arrivent en avion, et l’avion n’est pas un moyen de transport très écologique. Ce sont certainement des concessions que nous devons faire.

«Il y a un grand nombre de demandes émanant d’organisateurs qui souhaitent organiser leur manifestation à Berne»

Franziska Teuscher, municipale verte en charge de la formation, des affaires sociales et du sport de la ville de Berne

Justement, Berne a organisé beaucoup d’événements sportifs internationaux ces dernières semaines…

Il y a un grand nombre de demandes émanant d’organisateurs qui souhaitent organiser leur manifestation à Berne. C’est évident, Berne est la capitale et on souhaite aussi être présents. À Berne néanmoins, nous veillons aussi toujours à ce que l’événement nous convienne, car nous ne pourrions pas organiser de trop grandes manifestations par exemple, car nous n’avons pas de stades gigantesques. C’est pourquoi nous essayons toujours de faire en sorte que les manifestations soient adaptées à la population, que les gens s’intéressent à l’événement, mais aussi que nous prenions parfois en compte des manifestations de disciplines sportives qui ne sont pas très connues, comme l’escalade.

Les EuroGames, qui ont rassemblé près de 2000 sportifs issus de la communauté LGBTQIA+, ont été un de ces événements. C’est une manifestation que vous avez soutenu au niveau de la ville?

Nous n’avons pas encore fait de bilan, car ils ont eu lieu la semaine dernière et la cérémonie de clôture a eu lieu samedi dernier. Ceci dit, j’ai perçu les EuroGames comme une excellente initiative. Il y avait beaucoup de manifestations autour, et beaucoup de gens de la ville de Berne y ont participé. C’était vraiment un mélange de sport, de rencontres, de gens de différentes nations. Et je trouve que cet événement correspondait très bien à la ville, de par sa taille et son orientation. Je pense que c’était une formidable manifestation.

Pourtant, cela n’a pas été exempt de certaines polémiques. Avoir brandi les drapeaux arc-en-ciel dans les rues piétonnes du centre-ville n’a pas plus à tout le monde. Disons que quelques uns, y compris dans certains rangs politiques, n’avaient ni compris les raisons, ni approuvé le procédé. Comprenez-vous que certaines personnes aient pu se sentir désorientés?

Je ne comprends pas que les drapeaux LGBTIQ aient pu déranger, parce que c’est le reflet de cette communauté et que cela reste légitime. Et nous, la ville de Berne, avons délibérément accroché ces drapeaux, parce que nous affirmons que la ville et ses habitants forment une société diversifiée. Et la communauté LGBTIQ en fait partie. Et à ces personnes qui disent que cela n’a rien à faire, je me permets de leur demander pourquoi elles ne se sont pas opposées à l’accrochage des drapeaux des Young Boys lorsque l’équipe a remporté le championnat suisse de football? C’est aussi Berne, c’est un club de sport, un club de football très populaire. Nous sommes tous égaux et c’est pourquoi il était essentiel d’accrocher ces drapeaux LGBTIQ.

«Je pense qu’il doit y avoir des directives dans le domaine du dopage, parce que c’est dommage que le sport doive en passer par là»

Franziska Teuscher, municipale verte en charge de la formation, des affaires sociales et du sport de la ville de Berne

Dévions un peu du sujet. Vous êtes aussi municipale en charge des Sports. Vous avez même siégé plus de deux décennies au Conseil national. Selon votre expérience, comment la politique doit-elle réellement s’engager dans le domaine du dopage? La Confédération veut sanctionner davantage le dopage par le biais du droit pénal. Est-ce à la politique d’assumer une telle décision?

Je pense qu’il doit y avoir des directives dans le domaine du dopage, parce que c’est dommage que le sport doive en passer par là. Et dans certains endroits, on dit que cela fait partie du sport. Je ne suis pas d’accord. Et c’est pourquoi il faut une réglementation légale. Et le mieux est bien sûr que celle-ci soit nationale, parce qu’elle s’appliquera alors à tous équitablement.

Et est-ce que les villes jouent, ou peuvent jouer, un rôle dans ce domaine?

Je ne pense pas que le thème du dopage doive être abordé en priorité au niveau des villes, car nous pratiquons en premier lieu le sport dans des clubs, à des niveaux où il n’y a pas de dopage. Dans le sport des plus jeunes, je ne suis pas sûre que le dopage soit un sujet brûlant. C’est pourquoi je ne considère pas cela comme une priorité. Mais je pars naturellement du principe que tous les clubs sportifs et toutes les fédérations que notre ville accueille abordent ce sujet avec leurs athlètes, car la tentation est peut-être grande pour certaines personnes de s’améliorer grâce au dopage. Aussi, je crois qu’il faut aussi expliquer aux gens que ce n’est pas une solution. Et je pense toujours que les sportives de haut niveau que nous avons rencontrées aujourd’hui, Mujinga et Ditaji Kambundji, sont en réalité les meilleurs modèles à suivre.

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