Pamphlet pour (ou contre) les IA dans la photographie

L’avènement des intelligences artificielles fait peur. Mais il y a au moins trois façons de se forger un avis sur ces nouvelles technologies. 

Il y a d’une part le point de vue philosophique, auquel s’ajoutent une compréhension plus historique, et enfin juridique à la question. Je ne suis pas un expert dans l’ensemble de ces domaines; c’est pourquoi je vous renvoie à l’article ci-contre pour en apprendre un peu plus.

Je ne fais pas de la photo – ou du moins certainement pas seulement – par passion, ni même par profession. Mais par un besoin personnel de documenter le monde après en avoir visité chaque recoin tout au long de ma vie.

Et je peux vous assurer que documenter notre réalité, en photographie, est l’antithèse propre de l’action qui consiste simplement à l’illustrer. Cette dernière sent d’ailleurs le rance; elle réduit le photographe à un ouvrier de basse compétence.

Or découvrez plutôt le ou la photographe sous sa qualité parfois trop dissimulée d’artisan et d’artiste. On nous apprend ci-contre que la façon de produire du visuel a grandement évolué ces 40 dernières années, d’un point de vue technologique surtout. Mais le photographe a toujours été forcé de garder le même devoir d’exemplarité et de créativité pour parvenir à se distinguer sur le marché de l’image. 

Je laisse ici de côté le gnan-gnan de la rhétorique qui consiste à dire qu’une image produite par un photographe professionnel, quel que soit l’appareil ou la méthode utilisé, est un vecteur essentiel d’émotion et d’expérience. C’est vrai, mais certains se refuseront toujours à le croire. Surtout parce que cela dessert leur souhait peu compréhensible de voir un nouveau métier artistique disparaître. Alors j’ai tenté d’entrer dans le coeur de l’outil qui leur sert aujourd’hui d’exutoire.

Il m’a fallu une nuit entière pour comprendre comment créer une image qui ressemble vraiment à quelque chose sur Midjourney. Au-delà des incohérences visibles dans la composition, le sens de la lumière, la profondeur de champ, les détails de l’arrière-plan, et j’en passe, cet outil me fait comprendre à quel point la technique de production d’une image ne diffère en rien de l’époque où nous travaillions encore avec une Polaroïd. Car il s’agit pour le créateur d’indiquer, au travers de codes parfois tout simples, quel rendu il souhaite voir s’afficher sur son écran. Et pour cela, il faut déjà un certain métier.

Ainsi, même quand il est amené à travailler avec l’intelligence artificielle, le photographe doit mettre à profit ses propres connaissances techniques pour guider la technologie vers du résultat. 

Le seul grand changement, en revanche, pour y parvenir, c’est la pénibilité. Ce qu’on produisait pendant des heures dans les chambres obscures en 1990, sans garantie de résultat, et en quelques minutes sur les logiciels informatiques, ne peut désormais prendre que quelques secondes grâce aux IA.

Alors ne faites pas l’erreur de croire que tous les photographes disparaîtront, c’est une lubie. En revanche, une partie d’entre eux seront laissés sur la touche par le simple fait qu’ils rejettent catégoriquement l’idée d’apprendre à utiliser les IA, s’en servant comme adversaire plutôt que comme allié. 

Les moins curieux risquent ici, tout particulièrement, de subir le décalage. Un décalage qui ira bien au-delà du défi générationel qui nous attend.

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