L’Olympisme c’est aussi une histoire de solidarité

Petit-Couronne, France

Les Jeux Olympiques de Paris auront lieu dans un peu plus d’une année. Mais le gotha du sport mondial est loin d’investir la seule région francilienne. Pour mieux comprendre la portée de l’événement, nous avons plongé en immersion dans le centre de préparation de Petit-Couronne, en Normandie, qui accueille depuis près de dix ans la solidarité olympique.

Un article complémentaire centré sur la préparation d’un judoka nigérien à Petit-Couronne est disponible dans l’édition du mois de juin du Regard Libre.

Depuis la capitale Paris, il nous faut un peu de patience pour relier en train la commune de Petit-Couronne. La ville est en réalité un lieu de vie loin de toute turbulence; à notre arrivée aux alentours de dix heures un jeudi matin, les rues paraissaient désertes sous le chant des oiseaux. Les drapeaux français flottaient au vent sur les rampes du balcon de la mairie et les commerces alentours étaient si calmes qu’ils paraissaient, à cet instant, n’être fréquentés par personne d’autre que les seuls vendeurs et vendeuses qui avaient renoncé à se joindre au mouvement syndical de grève débuté il y a peu au centre de Rouen, la métropole la plus proche. Les premiers bourdonnements qui nous parvenaient provenaient d’un petit bar-tabac au coin d’une rue où une dizaine de personnes s’y étaient entassées pour siroter leur boisson matinale. Au bout de dix minutes en pleine montée pour rejoindre la rue JF Kennedy, nous parvenons au CRJS, le seul centre référencé pour la solidarité olympique en France.

La solidarité olympique est un dispositif qui a vu le jour pour la toute première fois dans les années 1960. Le tout premier Comité d’Aide Internationale Olympique (CAIO) avait été créé dans ce sens en 1962 par le comte Jean de Beaumont, un ancien tireur sportif parisien, vice-champion olympique lors des derniers Jeux de Paris en date, en 1924. Homme d’affaires à succès et fortement engagé en politique sous l’ère du général de Gaulle, il est élu président du comité olympique français en 1967, avant de servir en tant que vice-président du CIO de 1970 à 1974. C’est sous son impulsion que voit le jour en 1971 le programme historique Solidarité Olympique, dont le dessein est de favoriser le développement des athlètes, la formation des entraîneurs et des dirigeants sportifs et la promotion des valeurs olympiques au sein des comités nationaux olympiques qui en ont le plus besoin.

Une impulsion qui, à l’époque, faisait particulièrement sens, alors que plus d’une cinquantaine de comités nationaux olympiques avaient été fondés dans les années 1960 et 1970 à la suite des prises d’indépendance de plusieurs pays, dont la grande majorité provenait d’Afrique. Ces nations disposaient de représentants sportifs de talent, mais dont les structures sportives nationales ne parvenaient pas à offrir les conditions de soutien nécessaire.

Ce programme fait certes bénéficier une large majorité des comités nationaux olympiques du continent africain mais pour en obtenir le droit, les écueils restent nombreux: plusieurs échelons de contrôle, servant tous de garde-fous à d’éventuelles candidatures peu sérieuses. « Le processus de candidature est très sélectif », témoigne un jeune judoka de 26 ans, originaire du Centrafrique. Sur présentation du dossier monté par le comité national olympique de son pays, c’est à un comité de révision formé spécialement au sein du dispositif de la solidarité olympique que revient la décision de lui faire bénéficier d’une bourse d’athlète. Cette décision est habituellement basée sur des exigences physiques et sportives qui restent à la discrétion du CIO.

La salle de musculation et de réathlétisation située dans les sous-sols du centre de Petit-Couronne. © leMultimedia.info / Yves Di Cristino [Petit-Couronne]

Les raisons historiques de la solidarité olympique en Seine-Maritime

En France, il n’y a donc qu’un seul centre d’accueil pour la solidarité olympique: le CRJS, le centre régional jeunesse et sport de Petit-Couronne, abondamment arrosé d’argent public. Nous y avons d’ailleurs donné rendez-vous à plusieurs représentants. Parmi eux, Christophe Cornilleau, son directeur et Hervé Goujon, l’élu municipal en charge de la structure. Celle-ci s’étend d’ailleurs sur un large terrain entièrement géré par la commune. Sur place, un stade d’athlétisme, un dojo, un court de tennis couvert, une piscine olympique, une salle d’entraînement dédiée au tennis de table, deux gymnases mitoyens principalement servis pour les entraînements de basket, ainsi qu’une piste pour le BMX. À cela, on ajoute l’ensemble des lieux de vie utiles et nécessaires à tout athlète de haut niveau: une salle de musculation, un dispensaire de santé et de bien-être, ou un réfectoire – souvent le théâtre heureux d’une très forte mixité sociale. Christophe et Hervé nous accueillent dans cette grande cafétéria soutenue par d’épais murs d’un vert jade et dont le carrelage en travertin tambouriné semblait tout juste avoir été assaini. Nous prenons place, quelques cafés chauds en main, sous une verrière qui laissait filtrer une légère lumière zénithale.

Les deux représentants commencent par nous expliquer que si le CRJS accueille aujourd’hui les boursiers de la solidarité olympique, c’est à la fois pour des raisons historiques mais aussi pour leur expertise à la préparation du sport de très haute performance. Le rapprochement entre le centre de Petit-Couronne et le CIO a pris vie en amont des Jeux Olympiques de Londres en 2012, vingt ans après la naissance du CRJS. La proximité entre la région Normandie et l’Angleterre a été un premier levier d’action. « Certaines délégations ayant eu l’idée de séjourner, en base arrière, dans notre région à l’approche des Jeux a naturellement facilité les contacts, détaille Christophe Cornilleau. C’était sur la demande du département de Seine-Maritime que nous avons été désignés comme centre d’hébergement. Le département souhaitait s’impliquer mais, seule, elle n’avait pas le métier nécessaire pour s’occuper des athlètes visant le très haut niveau. »

La question de la proximité avec l’épicentre des Jeux Olympiques est ainsi redevenue naturelle à l’annonce de la mission octroyée à Paris d’organiser les Jeux de 2024. Plus que du CRJS – structure dont la mission de service public est évidente -, c’est avant tout des autorités départementales que provient l’élan de poursuivre l’aventure avec Solidarité Olympique. « Le département a eu envie de profiter de l’opportunité d’avoir des sportifs étrangers qui viennent de manière régulière sur notre territoire, complète Hervé Goujon. Cette relation fonctionne et il nous paraîtrait aujourd’hui illogique de ne pas reconduire notre partenariat avec le CIO pour les JO de Los Angeles en 2028. La solidarité olympique est désormais partie intégrante de l’ADN du CRJS. »

L’hébergement de la solidarité olympique (SO) semble d’ailleurs rejaillir à l’échelle de la commune. « Lorsque les représentants du dispositif de SO sont venus resigner la convention de partenariat, beaucoup ont exprimé leur fierté, à Petit-Couronne comme ailleurs, explique Hervé Goujon l’air satisfait. Nous sommes une petite localité de 9000 âmes et grâce à notre engagement, nous sommes reconnus au niveau national. » La relation d’image compte beaucoup, surtout des points de vue politique et touristique. « Si 1% de la population française a connaissance de la ville grâce à la solidarité olympique, cela peut facilement représenter des centaines de milliers de personnes finalement, poursuit le président du CRJS. Le dispositif est exceptionnel, à tel point que la presse relaie désormais aussi les résultats de nos boursiers. »

« Je dirais qu’on est connus au niveau national surtout dans le giron sportif, y compris au niveau de l’association nationale des élus en charge du sport au sein de laquelle je représente la commune. Il est d’ailleurs vrai que quand je vois mes collègues quelques fois en visio et une fois par an durant notre congrès, la solidarité olympique reste un thème central. » Hervé Goujon n’était d’ailleurs pas pressenti pour présider le CRJS. Le centre étant enregistré comme une association au nom de la loi française de 1901, les statuts désignent de raison le maire de la ville à assumer la charge de présider le CRJS. Mais l’actuel maire, Joel Bigot ne se sent pas sportif dans l’âme. « C’est pourquoi depuis trois mandats maintenant, c’est à moi que revient le devoir de représenter le centre dans toute la France », explique le délégué aux sports, qui doit en partie sa mission à son passé d’ancien basketteur de haut niveau.

Le CRJS de Petit-Couronne est, faut-il le préciser, labellisé depuis 2018 Grand Insep, une distinction qui prime les centres les plus performants de France. « Le label reconnaît notre capacité à nous occuper d’un sportif de haut niveau donc on est reconnu pour faire ce travail là, que ce soit avec un jeune qui sera éventuellement un basketteur de haut niveau, qu’avec un sportif étranger qui n’aura pas le même niveau », détaille M. Goujon. Seules 30 communes dans l’Hexagone abritent un centre labellisé Grand Insep – et une seule d’entre elles héberge la solidarité olympique: un motif évident de fierté. « Précisons toutefois que la labellisation Grand Insep et la solidarité olympique sont indépendantes l’une de l’autre, tonne à son tour Christophe Cornilleau. Il n’y a ni plus-value, ni moins-value à héberger les boursiers de la solidarité olympique dans le processus de labellisation Grand Insep. »

Petit-Couronne, Terre de Jeux 2024

La commune de Petit-Couronne est, parmi une centaine d’autres en France, labellisée Terre de Jeux par le comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris. Cela signifie qu’elle contribue, à sa manière, à la promotion et au rayonnement des JO sur son territoire. Grâce à ce label, cette petite ville d’un calme olympien figure sur le catalogue des territoires hôtes distribué à toutes les délégations nationales qui prévoient de séjourner dans les différentes régions de France durant les Jeux. Une distinction considérée comme un privilège pour certains, comme un accessit honorifique pour d’autres. Réputé pour son professionalisme, le CRJS est d’ailleurs reconnu comme l’un des meilleurs centres de préparation que la France dispose pour la très haute performance; le complexe sportif y est complet et les installations modernes. Naturellement, le comité d’organisation l’a inscrit parmi les lieux privilégiés pour en faire un quartier général durant toute la durée de la manifestation et des Jeux Paralympiques en septembre. Mais à la tête de l’institution, on joue la prudence.

« Le CRJS est une permanence, pas une intermittence », précise Christophe Cornilleau. Le directeur du centre cache difficilement son inimitié pour les stages temporaires et les réceptions d’athlètes pour une durée déterminément courte. Par le passé, le CRJS a offert l’hospitalité à plusieurs délégations nationales qui souhaitaient préparer leurs Jeux de la meilleure de façons possibles et en utilisant les structures sportives les plus réputées, là où elles se trouvent dans un périmètre assez proche de l’épicentre de la manifestation. « Nous avons accueilli l’équipe paralympique du Qatar lors des JO de Londres, parce que c’était une période où notre créneau permettait de les accueillir, explique le directeur. Nous avons actuellement une demande pour accueillir un stage de la délégation de para-athlétisme du Maroc dès la fin juin de l’année prochaine. S’il y a de la place, nous les accepterons. Sinon, nous serons contraints de décliner. »

« Le CRJS n’a pas pour objectif affiché d’accueillir des délégations nationales, tempère Christophe Cornilleau. Nous sommes des travailleurs du quotidien et cela ne m’intéresse pas plus que ça d’héberger des stages qui vont durer au mieux un bon mois. » Le CRJS étant un centre de formation à l’année, il fonctionne sur le modèle de l’internat. Il offre aux plus jeunes sportifs, intéressés par une carrière internationale – et qui en ont le niveau -, l’occasion de résider la semaine à Petit-Couronne et de se préparer au plus haut niveau. « Ce sont de jeunes sportifs entre onze et 17 ans qui sont entraînés à suivre un cursus de développement différent des autres enfants de leur âge, poursuit le directeur. Nous les accompagnons dans tout le processus de développement jusqu’à ce qu’ils parviennent à se démarquer dans leur propre discipline. » Ainsi, à défaut de parcourir le monde, ces futurs carriéristes parcourent la France pour y disputer des compétitions. Certains seront probablement présents aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028, mais aucun ne sera prêt – ni même n’aura l’âge – de figurer à Paris. « Notre engagement en faveur du mouvement olympique se porte ainsi sur le plus long terme, complète l’adjoint au maire Hervé Goujon, président de la structure.

Le Français Teddy Riner, qui vient de décrocher un onzième titre de champion du monde à Doha, en est d’ailleurs le meilleur exemple; formé par le CRJS de Petit-Couronne au début des années 2000, il est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs athlètes de l’histoire de son sport. Accueillir des champions, c’est bien; les forger, c’est encore mieux – le positionnement semble intransigible. Mais d’autres centres de la région ne partagent pas la même vision.

La salle de musculation et de réathlétisation située dans les sous-sols du centre de Petit-Couronne. © leMultimedia.info / Yves Di Cristino [Petit-Couronne]

Une pure mission de service public

Le CRJS de Petit-Couronne a vu le jour selon un vieux principe de territorialité. Bien avant la réforme qui a vu un regroupement majeur de plusieurs régions en France sous la présidence de François Hollande, la Normandie était séparée en deux territoires administratifs distincts: la Haute et la Basse Normandie. La Haute-Normandie, dans laquelle était intégrée toute la métropole de Rouen et ses périféries, comprenait les départements de Seine-Maritime et de l’Eure. À l’époque, aucun CREPS – pour centre de ressources, d’expertise et de performance sportive – n’existait sur ces territoires. C’est donc pour palier à ce manque que plusieurs CRJS ont été fondés au début des années 1990. Cinq existent toujours à ce jour.

« Au fil du temps, les CRJS ont évolué dans des directions différentes, explique Christophe Cornilleau. Certains, comme le nôtre, sont restés sur la mission initiale, qui était de permettre à des jeunes désignés d’avoir un accès privilégié au sport de haut niveau. D’autres ont plutôt évolué vers une structure d’ordre privé, avec des missions d’intermittence et de stages. » Christophe Cornilleau lui défend bec et ongle sa mission de service public. Engagé auprès du ministère des sports, il est titulaire d’un diplôme universitaire d’accompagnateur de la performance auprès de la faculté de Brest. Son titre est aussi en lien avec l’école nationale de voile de Quiberon. Convaincu des structures et des moyens alloués par l’État pour faire avancer la cause des athlètes de haut niveau, il commande le CRJS avec sa vision qui ne souffre d’aucune hésitation. « Les structures d’ordre public et d’ordre privées ne soumettent plus aux mêmes métiers, ni aux mêmes devoirs, explique M. Cornilleau. Ceux qui s’orientent vers des fonds privés sont dans une démarche plus orientée vers le commercial et se sont, à mon sens, déconnectés de leur mission de préparation au haut niveau. »

Dès lors, l’accueil de délégations nationales n’est pas compatible avec le cahier des charges d’un CRJS régi par un cadre d’État? « Bien sûr que c’est compatible, corrige le directeur, Mais ce n’est pas une priorité. » Sur l’ensemble des semaines scolaires que compte le calendrier, la structure est complète, précisera plus tard Hervé Goujon. Soit les deux-tiers de l’année. « Je ne m’imagine bien sûr pas renvoyer nos jeunes permanents qui résident à la semaine au CRJS pour succomber à la tentation de faire venir des athlètes venus d’autres pays. Alors certes, Petit-Couronne est une commune labellisée « Terre de Jeux ». On va donc aider des athlètes de pays émergents à se préparer dans le cadre de la solidarité olympique et, pour nous, notre mission aura été remplie. » Le dispositif Solidarité Olympique étant par essence de la permanence, la cohérence de la politique du CRJS reste intacte.

Actuellement, ils sont douze boursiers admis par la commission de la solidarité olympique basée à Lausanne. Ils étaient même 18 en amont des Jeux Olympiques de Tokyo. En 2021, sur les 18, 14 étaient allés au bout de leur engagement. Et sur ces 14, la moitié a réussi à se qualifier pour les JO. « C’est une bonne moyenne, assure Christophe Cornilleau. Je suis heureux si on parvient à un résultat similaire pour Paris. »

Pour faire valoir le sérieux de sa démarche, le directeur n’en reste pas moins alerte sur les dossiers qu’il reçoit de la part de la solidarité olympique. S’il assure que très peu de dossiers sont refoulés une fois avoir passé l’écueil de la commission de décision à Lausanne, il affirme aussi que son travail – et celui de ses collaborateurs – est aussi d’assurer une homogénéité au sein des groupes d’entraînement. « Notre aval est le dernier maillon d’une très longue chaîne, explique Christophe Cornilleau. Quand un dossier arrive sur mon bureau, il a déjà franchi les 95% du chemin. » Pour illustrer la situation: sur la quarantaine de dossiers reçus durant toute la période de qualification pour les dernières Olympiades au Japon, seuls deux n’ont pas passé la rampe. Le travail de sélection n’est donc pas astreignant mais il reste toutefois nécessaire.

Le processus de sélection repose alors sur trois personnes engagées par le CRJS. Ces trois personnes se composent essentiellement des entraîneurs attitrés pour les différentes disciplines représentées au sein de la structure. L’un d’entre eux est Guillaume Cole, entraîneur en chef pour le judo. « Son travail est quasi-quotidien, rappelle le directeur. Il n’y a pas une journée où il n’a pas quelque chose à faire, que ce soit pour des papiers à remplir pour la préfecture, que ce soit pour l’organisation des déplacements vers les lieux de compétition ou pour des raisons relatives à l’hébergement des athlètes. » Le monde sportif international étant en mouvement permanent, il arrive que certains dossiers soient retardés, voire bloqués à cause d’une erreur administratif. « Ces situations adviennent soit parce que l’affaire était mal gérée par le porteur du dossier – certains CNO font parfois n’importe quoi. Soit parce que la gouvernance au sein des comités nationaux olympiques changent de bord. Certains dossiers que nous avions validé ont coincé ensuite pour des raisons essentiellement politiques internes au pays. Cela arrive de temps en temps. »

Quand la solidarité olympique favorise la mixité sociale

Au-delà de la course à la performance pure, l’autre privilège de la solidarité olympique se tapit dans les relations quotidiennes qu’entretiennent les boursiers et les jeunes internes entre eux. Dans une structure qui s’étend sur la même surface d’un campus universitaire de taille raisonnable, le vivre-ensemble y est grandement exacerbé. Les internes sont, pour une immense majorité, des mineurs; les boursiers de la solidarité olympique ont, eux, une dizaine d’années, en moyenne, au-dessus de l’âge de la majorité. Les jeunes sont pour la plupart au bénéfice d’une nationalité française, les boursiers africains au bénéfice d’un visa longue durée. Et tous cohabitent dans les mêmes espaces communs, indépendamment de leur spécialité. « Nous avons des judokas, des nageurs, des pongistes, des joueurs de tennis ou encore des spécialistes multiples de l’athlétisme, détaille Hervé Goujon. Certains sont valides tandis que d’autres concourrent dans des catégories handisport. Tout cela fait que nous sommes un lieu où la mixité sociale et sportive y est naturellement forte. » Les parcours de vie sont aussi différents. Certains boursiers expliquent avoir quitté leur famille ou abandonné leurs études pour bénéficier de l’expertise du CRJS, souvent à plusieurs milliers de kilomètres de chez eux. D’autres racontent leur première expérience au coeur de précédents Jeux Olympiques – à l’image du judoka nigérien Ismael Alhassane qui avait perdu son combat du premier tour à Tokyo en 2021.

Les jeunes font aussi part de leur ressenti – « comme celui de mal accepter la distance imposée avec son téléphone portable, qui est aussi leur seul moyen de garder contact avec les parents. » Les tourments ne sont pas les mêmes. Et pourtant, ils partagent toutefois le plus petit dénominateur commun: le manque de la famille. À la différence près, que les boursiers de la solidarité olympique vivent comme des adultes autonomes (qu’il sont) dans leur appartement meublé au coeur de la commune. « En tant qu’élu et en tant que président, je pense que c’est plutôt bénéfique pour nos jeunes d’être en mesure d’accueillir ici des athlètes africains affirmés, constate Hervé Goujon. Cela donne une certaine idée de ce qu’il faut parfois endurer pour atteindre ses objectifs. »

« Et puis il y a des volées plus exceptionnelles que d’autres, confirme à son tour Christophe Cornilleau. Le gros groupe qu’on a eu pour les Jeux Olympiques de Tokyo nous a permis d’impliquer plus spécifiquement nos boursiers. » Un après-midi d’un hiver froid, le directeur avait pris tous les représentants de la solidarité olympique de cours en leur priant d’organiser un repas pour l’ensemble de la communauté du CRJS. « On leur avait demandé un repas international de fin d’année et ça avait provoqué quelque chose de fort dans la salle. Ces expériences font aussi la préparation vers une carrière internationale. » Apprendre à respecter ses adversaires passe aussi par là.

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