Une femme au sommet qui n’a pas fini d’en gravir

De retour du Népal après avoir franchi le Manaslu le 26 septembre dernier, Sophie Lavaud s’est accordée quelques jours de repos avant d’entamer sa préparation hivernale en vue de ses futures expéditions. Celle que l’on surnomme désormais “the 56’000 Lady” s’est entretenue avec leMultimedia.info afin d’évoquer la beauté et la complexité de sa discipline.

Le Shishapangma, le Cho Oyu, le Makalu ou encore le Broad Peak, ces noms ne vous disent certainement rien et pourtant… Pourtant, ces massifs montagneux font partie des quatorze sommets de plus de 8’000 mètres d’altitude du monde avec, comme tête d’affiche, l’Everest. Le point commun pour sept d’entre eux ? Ils ont été gravis par Sophie Lavaud, himalayiste de renom qui est devenue la première Suissesse et première Française à avoir effectué cet exploit. Le dernier en date n’est autre que le Manaslu qui culmine à plus de 8’163 mètres ! « Toutes mes expéditions ont été spéciales » nous confie la nouvelle “56’000 Lady” de la discipline. « J’avoue néanmoins qu’être sur le toit du monde, le sommet le plus haut de la Terre est une émotion unique et intense ». Ce toit n’est autre que l’Everest, le rêve de tout amateur d’alpinisme qui se respecte, culminant à plus de 8’848 mètres d’altitude et franchi par Sophie Lavaud en 2014. Son ascension a d’ailleurs pris des allures hollywoodiennes avec le film “On va marcher sur l’Everest” qui retrace et qui narre les péripéties et les facettes de cette expédition. Une première collaboration avec le cinéaste et guide de montagne François Damilano qui va donner lieu à une seconde avec le film “K2, une journée particulière” retraçant cette fois-ci la tentative infructueuse du K2 au Pakistan, le deuxième sommet le plus haut du monde [ndlr : Un film qui sera diffusé à Genève le 11 novembre prochain dans le cadre des Rencontres et Découvertes du cinéma de Montagne à Chêne-Bourg].

Un travail d’équipe

Les montagnes, Sophie Lavaud les a fréquentés toute sa vie. Déjà grande amatrice de ski et de randonnées dans ses plus jeunes années, la Franco-Suisse a commencé à faire ses armes sur le massif du Mont-Blanc, culminant à plus de 4’000 mètres. Voyage après voyage, sommet après sommet, la Genevoise s’est alors aventurée dans les hauteurs de la Cordillère des Andes. Progressant de palier en palier, l’alpiniste s’est alors élevée à des altitudes de plus de 7’000 mètres. C’est en 2012 qu’elle décide de tenter le défi de l’Himalaya avec l’un de ces fameux quatorze massifs de plus de 8’000 mètres d’altitude entre le Pakistan, le Tibet et le Népal. « C’est devenu un peu ma seconde maison » rigole-t-elle. Après avoir franchi successivement le Shishapangma et le Cho Oyu à onze jours d’intervalles, Sophie Lavaud est entrée de la meilleure des manières dans la discipline de l’himalayisme. « C’est un terme générique qui découle de l’alpinisme mais qui dissocie les régions, on parle d’himalayisme et d’andinisme par exemple » explique Sophie Lavaud qui se retrouve toujours bien entourée à chaque expédition au Népal ou au Pakistan: « Je passe par une agence locale pour coordonner la logistique et les permis d’ascension. Je collabore également avec les mêmes sherpas ». Les “High Altitude Porter”, plus communément appelés sherpas, aident au portage du collectif et participent sur les voies dites « normales » à la pause des cordes fixes. Sophie Lavaud l’avoue volontiers : seule il n’y aurait pas d’ascensions.

Une passion qui se travaille

Le succès de ces dernières se révèle dans la complémentarité des compétences de chacun. Un travail d’équipe qui, par analogie se retrouve dans le monde de l’entreprise. Ancienne cadre dirigeante dans les secteur du luxe, de l’hôtellerie et de la finance, l’himalayiste propose aujourd’hui des conférences, dont elle tire l’essence de ses ascensions en lien avec les problématiques des organisations. La rigueur du travail, Sophie Lavaud l’applique dans sa vie de tous les jours. « Les gens me disent souvent que j’ai de la chance de vivre de ma passion mais c’est surtout du travail, des choix et des sacrifices au quotidien ». En effet, outre le travail de planification des expéditions ou de logistiques, l’athlète doit se livrer à une préparation physique minutieuse. L’essentiel de l’entraînement s’effectue en hiver dans les Alpes afin d’être prête au printemps, saison propice aux premières expéditions au Népal. « J’essaye en moyenne d’être deux jours par semaine en montagne en variant les disciplines, ski de randonnée, cascade de glace, alpinisme hivernal et en complément, un programme établi par mon coach sur des points spécifiques comme le renforcement musculaire » nous livre la Genevoise, qui se charge également d’alimenter ses réseaux sociaux et son site internet. Une expédition en altitude atteignant également de hauts sommets financiers, Sophie Lavaud peut heureusement compter sur l’appui de partenaires financiers et matériels fidèles.

Déjà tournée vers l’avenir

« Gravir les quatorze sommets n’est pas un objectif en soi mais un projet dans sa globalité ». Seules trois femmes ont réussi cet exploit mais pas question d’aborder la question des records dans une discipline dans laquelle il n’est ni question de classement ou de compétition. D’ailleurs, l’himalayisme demande dorénavant des preuves, comme des photos, afin de légitimer l’ascension. « Je fonctionne à l’envie. La santé et la motivation sont les aspects les plus importants » insiste Sophie Lavaud. Une envie et un plaisir qu’elle n’hésite pas à partager avec l’ONG Norlha. Cette organisation basée à Lausanne, dont l’activité est de venir en aide aux populations himalayennes, jouit d’une grande visibilité de par les ascensions et les expéditions de sa marraine. Une marraine qui sera le dimanche 12 novembre au salon de la Montagne à Palexpo. Sophie Lavaud participera à une table ronde sur le thème de “L’Everest et les Genevois” aux côtés de Jean-Jacques Asper et Yves Lambert. Ensuite, l’himalayiste cherchera certainement à épingler un huitième sommet de plus de 8’000 mètres en 2018, reste à savoir lequel…

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