Le rugby suisse sera à l’arrêt jusqu’au terme de la présente saison. C’est la Fédération Suisse de Rugby (FSR) qui l’a annoncé sur les réseaux sociaux vendredi matin. Si la décision est unanimement acceptée par l’ensemble des acteurs du rugby suisse, il n’empêche qu’elle met au cœur des discussions le destin de plusieurs clubs qui s’apprêtaient déjà à vivre un été de promotion. C’est le cas de l’équipe féminine des Switzers, actuellement première de LNF-B. Leur entraîneur Gianni Di Martino, également Secrétaire Général de l’Association Cantonale Genevoise de Rugby (ACGR), pointe les enseignements qu’une telle situation livre sur le rugby actuel à Genève, et chez les filles.

Ils sont frère et sœur, partagent la même passion pour le rugby et sont tous deux capitaines de leurs clubs respectifs. Arnaud (20 ans) et Anne Thiébaud (25 ans) vivent une saison à destin croisé entre Stade Lausanne et l’Albaladejo. Quid du plus expérimenté, de la mieux préparée, de leur évolution respective dans les cadres variés de l’équipe nationale suisse ou de leurs ressentis sur les terrains de rugby, leur histoire (de famille et d’amitié) est racontée par ceux qui l’ont côtoyée au plus près… et par eux-mêmes.

Le XV féminin de l’Edelweiss est décidément dans le coup au niveau européen. Les Suissesses ont largement dominé les débats lors de leur affrontement face à la Finlande samedi après-midi au stade municipal d’Yverdon-les-Bains – cinq essais, aucun subi (32-0). Il faut dire que depuis la prise en main, à l’été dernier, du management de l’équipe par Aurélie Lemouzy et le travail de qualité auprès des instances supérieures initié par Veronika Mülhofer, la condition du XV féminin national a grandement évolué. D’une vingtaine de filles concernées par l’équipe nationale au début de l’année 2018, elles sont désormais plus de 70 dans les rangs à espérer un jour une sélection avec le maillot de l’Équipe de Suisse. Une immensité, en réalité. « Sur ces 70, seules 35 ont été sélectionnées pour les rencontres du mois de novembre, ce qui constitue une nouveauté pour le contingent de joueuses en Suisse », assure Aurélie Lemouzy. « Auparavant les 23 filles présentes sur les feuilles de match étaient – à très peu près – les seules aptes et disponibles à une sélection avec l’équipe nationale. Aujourd’hui, pour les coaches, il s’agit de faire des choix. » Et des choix gagnants…

Au gré de leur victoire sur le vert du stade municipal d’Yverdon-les-Bains, l’équipe féminine de la République Tchèque est ainsi repartie en possession de la Konektor Cup, ce trophée long de 160 centimètres qui perpétue la rivalité entre les équipes féminines de rugby de Suisse et leurs homologues tchèques. Pour leur retour au jeu en Suisse dans une compétition européenne, les filles de Manu Revert ont concédé la mise sur le fil face à leurs adversaires (5-10), subissant un essai dans les ultimes secondes de la rencontre.

Les filles de Nyon, Monthey et de la Haute-Broye ont gagné en puissance ces dernières années en LNF-A. Depuis le début des années 2010 que l’Entente existe, la situation sportive de celle-ci s’est considérablement améliorée. Aujourd’hui, les Mermigans sont fièrement pensionnaires de la première division nationale et savent pleinement concurrencer face aux meilleures équipes de Suisse. Elles sont, pour l’heure, en bonne position pour se qualifier en playoff parmi les quatre meilleures équipes du championnat, même si le niveau actuel des Cern Wildcats et des Luzern Dangels leur paraît encore supérieur. Mais l’on saura compter sur les Mermaids ces prochaines saisons…

Au centre sportif des Vergers de Meyrin, les Wildcats ont poursuit leur bonne marche en championnat face aux filles de l’Albaladejo. Dernières au classement de la LNF-A, les Lausannoises ont eu beau résister toute une première demi-heure face aux championnes en titre cernoises mais elles n’ont jamais réussi à concrétiser leurs meilleures opportunités devant la ligne d’en-but, encaissant 24 points sur l’ensemble des deux mi-temps. Pour les capitaines des Wildcats Laurijn Draaisma et sa remplaçante Juliette Pera, ce nouveau succès est la preuve de la très bonne santé du club franco-suisse.

Le XV atomique a été contraint de courber l’échine à deux reprises face à Stade Lausanne. En Excellence A, les Stadistes – qui ont pu bénéficié d’un réel coup de poker avec les quatre essais d’Henry Pharaony – l’ont emporté 10-40 face à CERN avant de dominer sur le fil la première équipe en LNA 15-19. Pas de meilleur augure pour les hommes de Yann Mauvoisin. En revanche, Mario Bucciarelli respire à une semaine de recevoir Hermance sur le terrain de Chavannes-près-Renens.

En LNF-B, les projets évoluent à leur rythme. À Avusy, ce week-end, avait lieu le tout premier derby genevois entre deux équipes féminines de rugby. Une première pourtant quelque peu gâchée par un forfait technique imposé aux Switzers pour un oubli de demande de surclassement pour la jeune joueuse Talya De Cleene (16 ans), auteure par ailleurs de trois essais au stade communal d’Athénaz samedi après-midi. Avusy qui avait alors concédé le match sur un lourd score de 0-63, prend alors les quatre points de la victoire, plus un bonus (30-0). Une décision qui, si elle paraît juste, manque quelque peu de subtilité selon le Président de l’ACGR et entraîneur des Geneva Switzers Gianni Di Martino. Cela n’empêche – pourtant – que les deux clubs poursuivent leur objectif (commun): faire évoluer le rugby féminin tout autant que le niveau de la LNF-B. Et ils y parviennent non sans un certain brio.