Envoyé Spécial au Khalifa International Stadium, Doha (Qatar)

En 9”76 – sixième meilleur temps de l’histoire du 100 mètres –, Christian Coleman (23 ans) est devenu le nouveau roi du sprint mondial. Controversé après avoir été épinglé par l’USADA, l’agence américaine antidopage, pour avoir manqué à trois reprises un contrôle de routine dans les douze derniers mois, l’Américain a finalement eu gain de cause auprès des autorités sportives. Mais cela n’a pas suffi à empêcher la polémique d’enfler. Désormais champion du monde, il se dit excédé de devoir se justifier… pour rien, ni personne. Plus loin derrière, en revanche, homme de sa même génération, Filippo Tortu a réalisé une performance de premier choix en réintégrant la figure de l’Italie parmi les huit meilleurs sprinteurs au monde. 7e à Doha, le Milanais rêve désormais d’une finale olympique.

Il n’a terminé que sixième avec un temps qui ne satisfera pas grand monde (20”40) mais il n’empêchera pas que le sprinteur suisse Alex Wilson (27 ans) a terminé sa saison avec un sentiment profond de travail accompli. Le Bâlois a tenu bon ses objectifs à Berlin, décrochant sa première grande médaille dans des championnats continentaux au prix d’un bronze sur les 200 mètres. Fier, c’est avant tout un grand tour d’honneur qu’il est venu réaliser “chez lui” à Zürich, déclassant notamment sur de son couloir numéro 7 le Britannique Nethaneel Mitchell-Blake. « Ma saison a été extraordinaire et elle m’aidera à envisager mes compétitions futures en 2019 », affirmait-il. Un temps au-dessous des 20 secondes et une finale aux Mondiaux de Doha en octobre feront bien partie de ses concrètes intentions à la prochaine année. En attendant, Noah Lyles et le désormais champion du monde et d’Europe Ramil Guliyev se sont disputés le titre à la Weltklasse. Le diamant est revenu pour la deuxième année consécutive à la faveur de l’Américain, frisant par ailleurs la meilleure performance mondiale de l’année à moins de deux centièmes de seconde.

Les États-Unis regorgent de talents et cela est difficilement dissimulable au panthéon des grands champions de l’athlétisme. Ces dernières années, les sprint mondial trouve sur ses pistes une relève extraordinairement engagée sur les plus grands plateaux internationaux. Rien qu’au dernier meeting de la Diamond League à Rabat, en capitale du Maroc, ils furent quatre Étasuniens à dominer la course avec des temps relativement intéressants. L’extraordinaire forme de Christian Coleman pour son premier rendez-vous après sa blessure au jarret a par ailleurs prévalu sur la dynamique de ses coéquipiers Ronnie Baker (2e), Noah Lyles (3e) et Michael Rodgers (4e). Et si l’on compte également le prometteur Michael Norman sur les 200 et 400 mètres, l’on voit flotter en grande et belle domination le drapeau étoilé américain sur le sprint planétaire, toutefois jamais dénué d’outsiders de diverses nationalités, à l’image de l’Antiguais Rai Benjamin. 

Du Qatar Sports Club Stadium, Doha (Qatar)

Le meeting de Doha a été, une nouvelle fois, porteur de très belles surprises. Le Qatarien Mutaz Essa Barshim a remporté la hauteur en 2,40 mètres, un très bon résultat en ouverture de la saison extérieure; le javelot a donné vie à une extraordinaire domination des athlètes allemands – Röhler, Vetter et Hofmann – tous trois ayant réussi, pour la première fois dans un meeting, à dépasser les 90 mètres. Enfin, le jeune Floridien Noah Lyles a remporté la course des 200 mètres devant Jareem Richards et le champion du monde Ramil Guliyev. Trois noms qui ont maintenu l’attention au sortir du Qatar Sports Club Stadium, qui était l’hôte du meeting pour la toute dernière fois.