Le dopage est parfois vecteur d’un simple mais arrachant cri du cœur, la dépression touchant sévèrement plusieurs athlètes kényans, souvent les mêmes qui se révèlent spécialistes des épreuves aujourd’hui attaquées par les nouvelles régulations de World Athletics en Diamond League. Parfois ces déprimes profondes résultent d’une sévère mise au ban, parfois par pur dépit. Et si l’on admet que la course d’endurance est vie pour bon nombre de ces athlètes concernés, l’on peut aisément admettre que la diminution de la considération portée à leur(s) discipline(s) impacte lourdement sur leur moral et leurs performances. Voilà pourquoi les épreuves de fond (sur piste) doivent continuer à être valorisées dans les plus grands meetings internationaux.

S’il fallait pointer un élément embarrassant et perturbant dans la préparation de Julien Wanders pour les Mondiaux de Doha, cela serait très certainement la difficile mainmise sur les minimas mondiaux des 10’000 mètres. Nécessitant un temps de qualification inférieur à 27’40 minutes, la mesure est pleinement atteignable pour le prodige suisse mais c’est toujours sans compter sur les petits imprévus de la vie d’athlète: une course à Stockholm “décevante” fin mai (où il a tout de même établi le nouveau record de Suisse dans des conditions gâtées) et une qualification à repasser pour un cheveu (27’44”36). En résulte alors un agenda quelque peu bouleversé, car recourir de force un 10’000m s’apparente à un véritable goulet d’étranglement dans le programme estival préfixé par le jeune talent de 23 ans. Mais l’étape lausannoise ce vendredi soir semble lui avoir ouvert la voie à une deuxième partie de saison totalement relâchée. Tant mieux!

À quelques jours de la 43e édition d’Athletissima, Julien Wanders se sent prêt à chasser ses démons sur la piste du stade de la Pontaise. Contraint à l’abandon, il y a un an, le fondeur du Stade Genève a une revanche à prendre sur lui-même sur le cendré des Plaines-du-Loup. Son année d’entraînement et de mise en route aura été riche et probante sur les parcours entre Iten, au Kenya, Saint-Moritz et sa ville Genève. Ses résultats en compétition, pourtant, à Oordegem, Oslo ou encore au meeting CITIUS de Berne, ne lui procurent pas autant de satisfaction.

En ce week-end de la mi-juin, le calendrier de l’athlétisme suisse connaîtra une nouvelle étape, au sein même de sa capitale fédérale. Le meeting CITIUS de Berne a vu le jour ce jeudi après-midi à l’occasion de sa conférence de presse d’ouverture en compagnie de quatre des meilleurs athlètes du pays, Julien Wanders, Alex Wilson, Lea Sprunger et surtout la locale de l’étape, la Bernoise Mujinga Kambundji. Cette première édition marquera aussi le retour de l’athlétisme international à Berne, après plus de 29 ans d’attente. Un événement d’importance pour la ville, tout autant que pour bon nombre d’athlètes prêts à se mesurer à la concurrence de la piste de Wankdorf. Pour les Romands Lea Sprunger et le fondeur Julien Wanders, leur participation leur constitueront de test sur des disciplines de mesure (le relai 4x400m pour la Nyonnaise et les 1500m pour le Genevois, spécialiste des 5000, 10’000 mètres et du semi-marathon). Quant aux Alémaniques Mujinga Kambundji et Alex Wilson, ils auront l’occasion de se confronter à une concurrence certaine sur leurs disciplines de prédilection (les 100m pour la Bernoise et les 200m pour le Bâlois).

Les Suisses ont été présents à l’occasion du 42e meeting d’Athletissima jeudi soir à la Pontaise. À Lausanne, Sarah Atcho et Mujinga Kambundji se sont satisfaites de leur chrono face aux meilleurs coureuses mondiales aux 200 mètres, Selina Büchel a connu un baisse de régime aux 800 mètres, alors que l’espoir genevois Julien Wanders a été contraint d’abandonner aux 5000 mètres. Autre résultat, très encourageant, la victoire et le record national détrôné au 4 x 100 mètres féminin en bout de meeting.

Une année après sa décevante prestation sur la piste du Stade de la Pontaise et une dernière place mal négociée d’entrée de course, Léa Sprunger retrouve Athletissima avec un état d’esprit nettement meilleur. Après un début de saison enrichissant tant sur les 300 mètres d’entraînement que sur les 400 mètres plat, distance sur laquelle elle a décroché la meilleure performance nationale dimanche, la Vaudoise sent pouvoir accomplir une course satisfaisante sur le tapis des Plaines-du-Loup sur 400 mètres haies. Une performance qui devrait pouvoir appréhender un temps en-dessous des 54 secondes dans un futur proche: « J’ai les jambes pour mais il faut m’avoir des conditions particulières réunies. Mais j’ai de grandes chances d’y parvenir, sinon cette saison, la prochaine », avouait-elle en conférence de presse 24 heures avant le meeting. Interview.