Le dopage est parfois vecteur d’un simple mais arrachant cri du cœur, la dépression touchant sévèrement plusieurs athlètes kényans, souvent les mêmes qui se révèlent spécialistes des épreuves aujourd’hui attaquées par les nouvelles régulations de World Athletics en Diamond League. Parfois ces déprimes profondes résultent d’une sévère mise au ban, parfois par pur dépit. Et si l’on admet que la course d’endurance est vie pour bon nombre de ces athlètes concernés, l’on peut aisément admettre que la diminution de la considération portée à leur(s) discipline(s) impacte lourdement sur leur moral et leurs performances. Voilà pourquoi les épreuves de fond (sur piste) doivent continuer à être valorisées dans les plus grands meetings internationaux.
Championnats du Monde
Envoyé spécial à Al Corniche, Doha (Qatar)
Leninisa Desisa est seulement le deuxième Éthiopien à remporter le marathon dans un championnat du monde. Avant sa victoire, Gezahegne Abera restait le seul de son pays à être parvenu sur la plus haute marche du podium à Edmonton en 2001. À Doha, finalement, le marathon hommes s’est déroulé dans des conditions sensationnellement plus favorables que celui des dames; le seul Suisse engagé, Tadesse Abraham, l’a vécu calmement. Peut-être même un peu trop sur les 35 premiers kilomètres. En accélérant la cadence un peu plus tôt, il en va de conviction qu’il aurait pu décrocher une deuxième médaille suisse dans la discipline après celle de Viktor Röthlin à Osaka en 2007. Nous avons rencontré ces deux marathoniens du pays au Qatar.
Envoyé Spécial au Khalifa International Stadium, Doha (Qatar)
Pour sa première finale mondiale, Mujinga Kambundji a créé un sensationnel exploit en s’adjugeant la médaille de bronze sur 200 mètres en 22”51, derrière l’intouchable Dina Asher-Smith et l’Américaine Brittany Brown. Ce podium est d’autant plus marquant que les trois athlètes qui l’ont foulé n’ont jamais obtenu la moindre médaille individuelle dans une grande compétition internationale auparavant. Pour la Britannique, plus particulièrement, ces Mondiaux de Doha sonnent comme une sonnante révélation; en plus d’un statut de favorite assumé, elle a abaissé sa marque nationale sur les deux disciplines reines du sprint, sur 100m (10”83) et 200m (21”88), devenant même la première Britannique à être sacrée sur le demi-tour de piste.
Envoyé Spécial au Khalifa International Stadium, Doha (Qatar)
Le saut à la perche helvétique est actuellement le théâtre d’un changement de génération; entre Nicole Büchler (35 ans), tenante du record de Suisse en 4,78 mètres, et la jeune Angelica Moser (22 ans) le témoin est passé, à vrai dire. La jeune athlète binationale née au Texas est la seule Suissesse, pour l’heure, à avoir figuré en finale d’une discipline dans ces championnats du monde de Doha (Qatar). Elle y a conclu son concours avec trois essais manqués à 4,70 mètres, ce qui aurait constitué son meilleur résultat en carrière. Mais celle-ci est encore longue pour la jeune femme qui en est déjà à ses troisièmes Mondiaux élite après Beijing 2015 et Londres 2017. Épisode 2.
Envoyé Spécial au Khalifa International Stadium, Doha (Qatar)
En 9”76 – sixième meilleur temps de l’histoire du 100 mètres –, Christian Coleman (23 ans) est devenu le nouveau roi du sprint mondial. Controversé après avoir été épinglé par l’USADA, l’agence américaine antidopage, pour avoir manqué à trois reprises un contrôle de routine dans les douze derniers mois, l’Américain a finalement eu gain de cause auprès des autorités sportives. Mais cela n’a pas suffi à empêcher la polémique d’enfler. Désormais champion du monde, il se dit excédé de devoir se justifier… pour rien, ni personne. Plus loin derrière, en revanche, homme de sa même génération, Filippo Tortu a réalisé une performance de premier choix en réintégrant la figure de l’Italie parmi les huit meilleurs sprinteurs au monde. 7e à Doha, le Milanais rêve désormais d’une finale olympique.
Envoyé spécial à Al Corniche, Doha (Qatar)
Au marathon mondial de Doha, lieu peu adapté aux records, sinon aux titres, Ruth Chepng’etich l’a emporté en 2h32’43”, devant la championne sortante Rose Chelimo et la Namibienne Helalia Johannes. La course s’est tenue dans des conditions dantesques et sous une chaleur étouffante – 29,5 degrés et 73,3% d’humidité (selon la Wet Bulb Globe Temperature, principal indicateur de température privilégié par l’IAAF, la Fédération internationale d’athlétisme). Soit un climat par lequel le staff médical de la Fédération recommande des mesures strictes de sécurité. Par chance, elles ont toutes été dûment appliquées, et ce d’autant plus avec l’abandon successif de 28 athlètes sur les 69 en lice. Une énormité, en réalité.
Championne d’Europe de triathlon longue distance et médaillée de bronze aux Mondiaux de Nice samedi dernier, Imogen Simmonds n’a cessé de gravir les échelons de son sport pour devenir une athlète professionnelle qui cumule les progressions et les succès. Depuis désormais cinq ans et le début de sa carrière sportive, rien ne semble perturber la pente ascendante de la Suissesse. Une ascension qui va la conduire à Hawaï (USA) le 12 octobre prochain pour ses premiers championnats du monde d’Ironman.
Récemment nommée ambassadrice des Jeux de la Jeunesse 2020 à Lausanne, Sarah Atcho est actuellement en pleine saison (sur les 200m surtout) en vue des Championnats Suisses d’athlétisme à Bâle (23 et 24 août), avant les Mondiaux de Doha du 27 septembre au 6 octobre en Qatar. Si la Lausannoise peine à se révéler sur les pistes en individuel cette année, c’est avec le sourire qu’elle assume sa mauvaise préparation, son épanouissement avec le relai national, ses objectifs pour Tokyo et enfin son engagement en marge des JOJ de Lausanne dès le 9 janvier 2020. (Longue) rencontre.