À force de cohésion, l’Équipe de Suisse continue d’écrire son histoire

Le XV helvète a des qualités indéniables, certes, mais le voir sous cette seule lunette occulte une réalité insoupçonnable pour le commun rationnel outre-sarin. Ce succès suisse n’est pas porté à la simple rigueur physique, du moins pas seulement, mais tient dans l’intelligence d’une préparation épisodique et ciblée. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Heidelberg]

du FRITZ-GRUNEBAUM-SPORTPARK, HEIDELBERG (ALLEMAGNE)

Elle sera peut-être (et à nouveau) parmi les trente meilleures équipes au ranking mondial à son retour d’Allemagne ; en disposant de la Mannschaft 20-33 sur terrain extérieur, l’Équipe de Suisse a frisé la perfection à Heidelberg. Elle s’offre, de fait, une – réelle – finale face aux Pays-Bas le 14 mars prochain à Plan-les-Ouates, barrages de promotion dans le viseur. Frustré en novembre après une défaite de petite circonstance 20-23 devant la Pologne, le XV de l’Edelweiss se prend – tout au contraire – désormais le droit de rêver. Le groupe et son staff le méritent pleinement.

« Il y a deux possibilités : soit l’Allemagne restera dans un état d’esprit similaire à ses deux précédents matches, c’est-à-dire dans une spirale négative conséquente à sa relégation, soit elle retrouvera l’orgueil de la grande nation qu’elle est », dressait Olivier Nier, contacté par téléphone quelques jours avant la rencontre. Quatre-vingts minutes de jeu plus tard, on ne va pas se le cacher ; les Allemands ont flirté avec le néant samedi après-midi. Au potentiel des grands d’Europe, la Mannschaft a esquissé les mines des bas jours, celles où la fierté n’a guère de tranchant, celle où l’excessive rationalité de leur analyse les disputait à une réalité de terrain beaucoup plus crue. C’est l’âme d’une équipe en pleine souffrance, bâtissant dans une reconstruction de moyen – à défaut du court – terme qui s’est éteinte sur le pré carré d’Heidelberg. « Comment peut-on livrer pareille prestation ? Nous n’étions pas dedans. C’est dit. C’est dû », livrait, amer, le sélectionneur Melvine Smith. « Nous avons passé une entière première période à dormir », caricaturait à son tour le capitaine Jörn Schröder. C’est que l’écart séant entre les deux sélections arrimait volontiers une différence inaltérable de potentiel ; cela faisait plusieurs décennies, d’ailleurs, que la Suisse n’affrontait plus l’Allemagne en compétition officielle. « Longtemps, nous avons accusé une différence de niveau avec les Allemands. Les battre sur leur terrain peut aujourd’hui relever de l’exploit », nous confie toujours Olivier Nier. « C’est un jour heureux pour la sélection suisse », soutient le capitaine Cyril Lin, part de la confidence également.

Pourtant – il n’empêche –, le terme “exploit” fait tout de même grincer quelques molaires ; la Suisse a transmué la nature de son propre orgueil, acquise à hauteur d’apogée. Comme quand, la veille, le Rhein-Neckar Zeitung en venait curieusement à douter que le contingent national allemand soit réellement à même hauteur de talent que le groupe suisse, qu’il jugeait d’excellente valeur. Le XV helvète a des qualités indéniables, certes, mais le voir sous cette seule lunette occulte une réalité insoupçonnable pour le commun rationnel outre-sarin. Ce succès suisse n’est pas porté à la simple rigueur physique, du moins pas seulement, mais tient dans l’intelligence d’une préparation épisodique et ciblée. Voilà tout l’attrait – à complément de performance – que la Mannschaft a sous-estimé à l’entame de son match. « Il y a toujours eu, dans l’air ici, que l’Allemagne est, quoi qu’il arrive, supérieur à la Suisse. Dans tous les sports. Mais plus que la performance, parfois, c’est l’histoire d’un collectif, l’histoire d’une nation qui compte », soutient le sélectionneur suisse. « Nous avons réalisé une entame de match à la pleine hauteur de nos espérances. Nous les avons pris à leur propre jeu, les avons privés du ballon, avons mené 0-3, puis 0-10. Leur surprise a constitué notre butte de cible, aussi simplement que cela puisse paraître. »

« Nous avons préparé le match de la meilleure des manières. Nous avons montré toute notre intransigeance, au pair de notre professionnalisme depuis quinze jours »

Cyril Lin, capitaine de l’Équipe de Suisse

« Nous avons préparé le match de la meilleure des manières. Nous avons montré toute notre intransigeance, au pair de notre professionnalisme depuis quinze jours », lâche alors Cyril Lin. Arrivés jeudi dans l’après-midi sur les rives du Neckar, le groupe a, en effet, pris le temps de parfaire certains aspects de son jeu, mais pas que. Car ce n’est pas uniquement par sa technique, par sa vitesse – à mesure de conquête – que la Suisse a renversé son adversaire, mais par un travail de discipline très précis. « Savoir produire un jeu de discipline est parfois ce qui permet de garder la main sur la partie. C’est là tout l’intérêt – et la chance que nous avons – de compter un arbitre parmi notre staff », rappelle le sélectionneur.

Pas un rocher de Sisyphe, son père Éole point décisif

Yann Benoît est en effet, auprès d’Olivier Nier et Mathieu Guyou, l’une des pièces centrales du concert national de l’équipe ; c’est lui qui, en premier lieu, vit le match dans sa plus plate formalité. Alors que la Suisse menait d’une courte tête 20-26 dans le cours de la 64e minute, l’arbitre international lié à la Fédération suisse de rugby se tourne vers l’assistance, soupire et lâche d’un regard vif : « C’est stressant, hein ? » À cet instant précis, la Suisse remporte un maul pénétrant et aplatit vigoureusement dans l’en-but allemand. Vincent Vial venait de porter l’estocade finale dans une rencontre que le XV de l’Edelweiss a mené de bout en bout, n’en changeront quelque chose les deux essais successifs en contre, et en fin de première période, du troisième ligne Johannes Schreieck (24e) et du trois-quart centre Luke Wakefield (31e). « C’est un autre point sur lequel il est possible que les Allemands nous aient sous-estimés ; nous avons joué à XV les 80 minutes de la rencontre et avons concédé très peu de pénalités », soutient Olivier Nier. « Yann intervient sur le terrain à chaque entraînement et c’est ce qui fait la différence. Par ses explications, il en vient à changer vers le juste la mentalité des joueurs, il leur apporte une meilleure sérénité sur les moments chauds des matches. » Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela s’est vu. « La victoire apparaît toujours comme la meilleure récompense quand l’entier d’une équipe respecte les consignes de son staff au pied de la lettre », accorde à son tour l’ailier Liam Kavanagh qui en était à sa douzième sélection avec la Nati à Heidelberg.

« Nous étions tous très concentrés sur le terrain ; c’est en sortant en fin de match que j’ai ressenti la pression que le public pouvait ressentir, vu de l’extérieur »

Liam Kavanagh, ailier de l’Équipe de Suisse

Ceci dit, c’est bien dans le sérieux des joueurs que les bases d’une telle réussite ont pu être formées. Sur le terrain, les 23 joueurs – autrement dit tous ceux qui ont été sélectionnés et qui ont fait le déplacement en Allemagne – ont fait preuve de grande prodigalité, déversant l’énergie – à plus qu’il n’en fallait – nécessaire à la performance majuscule à laquelle ils ont abouti. Loin la pression du succès, le XV de l’Edelweiss a su pleinement la rejeter sur les épaules des quelques supporters suisses présents. « De l’extérieur, on vit le match différemment que sur le terrain. Nous sommes tous restés très concentrés sur notre jeu sans ne jamais nous laisser distraire par l’adversaire ou l’enjeu. C’est en sortant [ndlr, à la 75e minute] – une fois que tout s’est relâché  – que j’ai commencé à stresser pour l’équipe », raconte toujours Liam Kavanagh, repositionné sur l’aile à Heidelberg, lui qui est surtout arrière dans son club de Servette en Fédérale 3.

L’Équipe de Suisse a alors semblé réaliser un exploit avec toute la légèreté sportive qui, d’habitude, ne lui réussit pas aussi bien. En rappelle le court revers concédé à la Pologne à Yverdon-les-Bains le 23 novembre dernier – à la 74e minute sur une pénalité pleine axe du demi d’ouverture Jędrzej Nowicki (20-23, score final). Cette fois, le haut fait d’Heidelberg n’avait rien du rocher de Sisyphe auquel la délégation helvétique s’attendait ; ils (les joueurs et le capitaine en premier lieu) ont eu l’intelligence de composer avec les facteurs du temps, et du vent ! « Il y a eu un concours de circonstances qui a fait que nous avons tout de suite trouvé nos marques d’entrée de jeu », entonne alors Olivier Nier. « Nous avions la volonté de mener le plus rapidement possible, priver nos adversaires du ballon et prendre les devants sur chaque action. C’est l’un des points principaux sur lesquels nous avons ensemble insisté durant notre préparation. Mais pour cela, il nous fallait aussi compter sur les conditions de jeu, climatiques particulièrement. En prenant le vent à notre encontre en première période – ce qui fut possible en remportant le toss – et en parvenant à jouer un jeu agressif dès le début, nous avons pris les Allemands à leur propre jeu. Ils s’en sont retrouvés surpris. » Puis d’insister : « Le vent – la volonté d’Éole – a littéralement choisi son vainqueur. »

Yann Benoît [à gauche, sur l’image] est en effet, auprès d’Olivier Nier et Mathieu Guyou, l’une des pièces centrales du concert national de l’équipe ; c’est lui qui, en premier lieu, vit le match dans sa plus plate formalité. « Yann intervient sur le terrain à chaque entraînement et c’est ce qui fait la différence. Par ses explications, il en vient à changer vers le juste la mentalité des joueurs, il leur apporte une meilleure sérénité sur les moments chauds des matches », rappelle Olivier Nier [à droite]. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Heidelberg]

Jeunes joueurs en LNA, ils peuvent intégrer l’équipe nationale

La famille du rugby suisse ne cesse de s’agrandir ; à chaque sortie, Olivier Nier assure de porter de nouveaux jeunes joueurs dans le giron de l’équipe nationale. Une volonté personnelle, puis collective qui a passé le cap des simples promesses depuis très longtemps. À Heidelberg, certains jeunes – à l’aune notamment du Lausannois Axel Goudet (deuxième sélection après le match contre la Lituanie à Schaffhouse en avril 2019) – ont pu vivre une nouvelle aventure prestigieuse avec la Nati. Et ils y ont eu droit à force de talent « et de motivation que leur a procurée leur première sélection. Un travail énorme a été dispensé personnellement à l’entraînement », précise dès lors Olivier Nier. D’autres, encore plus précisément, ont pu jouer leurs toutes premières minutes avec l’équipe pour leur toute première convocation officielle ; l’arrière de Grasshopper Leo Luginbühl (entré à la 72e) et le pilier du LUC Alexandre Grillon (77e) pénétraient de pied ferme, en Allemagne, dans le grand bain de l’équipe nationale. Derrière, enfin et de façon plus douce, d’autres jeunes pousses ont tout de même pu vivre un tout premier stage de détection le 15 février dernier dans un contingent élargi de 42 joueurs, tous provenant de LNA, « dont certains que nous voyions pour la toute première fois, à l’exemple d’un jeune venant de Lyon et un autre de Romans », poursuit le sélectionneur.

« Notre rôle est de réaliser un entier travail de confiance avec les clubs suisses. Il ne peut pas y avoir l’équipe nationale d’un côté et les clubs de l’autre »

Olivier Nier, sélectionneur de l’Équipe de Suisse

C’est prouver par le fait qu’une sélection nationale ne se révèle jamais exclusive, bien au contraire. « Construire l’ossature de Suisse A est primordial », poursuit le sélectionneur. « Notre rôle est de réaliser un entier travail de confiance avec les clubs suisses. Il ne peut pas y avoir l’équipe nationale d’un côté et les clubs de l’autre. C’est le sentiment que j’avais eu, au tout début quand j’ai pris les rênes de la sélection. Nous avions justement invité tous les entraîneurs à participer au stage avec nous sur le terrain. La détection de nouveaux talents est l’essence même de l’existence d’une équipe nationale. » Cette émulation est d’autant plus permise que c’est une entière délégation de rugbymen et rugbywomen qui ont essaimé les 5h30 de train entre la Suisse romande et le Bade-Wurtemberg. Mais avec des destins différents : l’équipe nationale féminine s’est inclinée 15-5 face à aux représentantes du club local d’Heidelberg, tandis que la sélection U18 helvétique s’est souverainement imposée 7-27 contre le club espoir de la région. La dynamique en ressort, quoi qu’il arrive, soutenue. « L’élan était d’autant plus incroyable de voir, quelques minutes plus tôt, l’équipe réserve de Suisse A s’imposer sur le terrain annexe. La volonté partagée avec le DTN [ndlr, le Directeur Technique National Sébastien Dupoux] de rassembler toutes les équipes nationales lors de nos déplacements produit vraiment un effet bienveillant et formateur. »

« Quand on affronte des joueurs qui évoluent dans les différents championnats de France, comment pouvons-nous décemment rester aussi passifs que ça ? Le combat voulu au rugby, nous ne l’avons pas mis en pratique. » À entendre le capitaine allemand s’exprimer au terme de la rencontre, il est un élément de justesse qui marque la démarcation entre le volontarisme suisse et le pragmatisme adverse. La différence sied surtout dans la mentalité ; Dominic Gorman à Saint-Claude, Vincent Vial à Vienne, Ludovic Peruisset et Johnatan Wullschleger à Annecy, Nicolas Moustiès à Provence, Simon Perrod et Antoine Cazot à Drancy, Jules Porcher à Bergerac, Julien Perruchoud à Gex, Erwan Meudic à Mérignac, Maxime Luçon à Tournon et surtout Corentin Brändlin en Pro D2 à Montauban jouent, en effet, en France. Plus, Liam Kavanagh qui évolue en Fédérale 3 avec Servette.

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Certes, il s’agit de 13 joueurs sur une liste de 23. « Ça compte mais cela ne fait pas tout », même face à une formation qui n’aligne que des joueurs jouant dans le propre championnat d’Allemagne. « Jouer de l’autre côté de la frontière est une chose, savoir transcender une équipe de 23 joueurs à leur entrée sur le terrain en est une autre. Nous sortons de moments de déception (face à la Pologne) mais la dynamique de notre histoire continue par le collectif, par la prise de pouvoir des jeunes aux côtés de joueurs plus expérimentés et les novices qui se révèlent en quelques secondes », poursuit le coach. « Quand un joueur entre sur le terrain, il faut qu’il respecte les leaders de jeu et s’associe à celui de ses coéquipiers. Le talent individuel ne compte que s’il repose sur un esprit d’équipe solide. »

Deux joueurs de Top 14 pour leur première sélection le 14 mars ?

C’est l’annonce – ou plutôt, là aussi, la confidence – faite par Olivier Nier samedi en soirée ; il est en contact avec Pierrick Günter (troisième ligne de la Section Paloise) et Stéphane Clément (pilier du Stade Français) et tous les deux pourraient, à leur tour, rejoindre l’Équipe de Suisse le 14 mars prochain pour affronter les Pays-Bas, pour la “finale” du Trophy. Ils n’en seraient que trois, avec Corentin Brändlin, à évoluer au plus haut niveau du rugby tricolore, deux Top 14 pour un Pro D2. « Pierrick et Stéphane viennent justement de m’envoyer un message pour nous féliciter de notre victoire ici, en Allemagne », sourit le sélectionneur. « L’Équipe de Suisse, c’est aussi de grands joueurs qui se mettent à la disposition de notre groupe, le respectent et vivent, eux aussi, leur première sélection. »

Stéphane Clément vit des jours difficiles à Paris, où le SF vient de s’incliner contre Toulon (19-18) et conserve la dernière place du classement de Top 14 avant trois semaines de trêve internationale ; soit l’occasion, sans doute, de lancer son aventure avec le maillot de l’Équipe de Suisse et contre une nation aussi redoutable que puissante. Pierrick Günter, quant à lui, revient d’une période passée hors des terrains, suite à une rupture du ligament postérieur du genou gauche survenue lors d’une partie de Challenge Cup sur la pelouse de Welford Road à Leicester. Il avait déjà passé une année 2019 en alternance entre l’infirmerie et les terrains après une blessure aux cervicales. En réalité, depuis le 16 novembre dernier, il n’a joué que deux seules minutes. S’en sont suivis quatre mois de repos forcé. C’est que le rugby demande de la rigueur et du mental ; ces deux gaillards possèdent et l’un, et l’autre. Et – selon les dires d’Olivier Nier – ils détiennent ce qui fait l’essence du XV suisse ; ils savent faire preuve d’une authentique abnégation. Tout comme Corentin Brändlin, actuellement treizième de Pro D2 avec Montauban. « Si je prends l’exemple de Corentin, il a cette humilité indéniable qui le caractérise quand il rejoint le groupe. C’est lui qui a tapé dans l’épaule d’Alexandre [Grillon, pour sa première sélection], l’a soutenu et lui a donné ses conseils de pro. Cette solidarité entre les cadres et les nouveaux est magique. Corentin – quand il vient en équipe nationale – se révèle bon soldat. Il a cette intelligence de jeu qui compte plus que tout. »

« Il n’y a qu’en équipe nationale que ce genre de côtoiement est possible ; avec des joueurs comme Corentin, on a vraiment l’opportunité de grandir »

Alexandre Grillon, pilier du LUC et première sélection en équipe nationale

Le principal concerné, Alexandre Grillon, quant à lui, savoure ces moments de partage uniques qu’il ne ressent possibles que dans le cadre d’un complexe national aussi resserré que celui de la Suisse : « Il n’y a qu’en équipe nationale que ce genre de partage et de côtoiement est possible ; avec des joueurs comme Corentin, on a vraiment l’opportunité de grandir », affirme-t-il alors. « En plus, ce n’est pas comme si j’arrivais dans un groupe où tous les mecs étaient nettement plus forts et plus expérimentés que moi et qu’ils ne faisaient rien pour m’intégrer. Ici, c’est tout l’inverse ; les grands habitués de l’équipe nationale ont tout fait pour me faire sentir l’un des leurs. » Là aussi, provient tout l’attrait des stages de détection – l’intégration de nouveaux joueurs est progressive et parfois même incrémentale. Pour tous les novices, l’appréhension des premières fois est, somme toute, assez logique. Surtout lors des instants – voulus solennels – de la remise des maillots le jour de match. « C’est une épreuve de débarquer dans le groupe. Il y a une envie de ne pas décevoir. En quelque sorte, on génère de l’attente, même si le niveau de la LNA est plus faible et que je ne m’attendais pas à avoir la chance d’entrer en jeu », poursuit le pilier du LUC qui n’en revenait pas de constater que son moment était arrivé lorsque Mathieu Guyou lui demandait de se préparer et que Yann Benoît l’invitait à lui tourner le dos pour tâter son numéro 23. À la 77e minute, il remplaçait alors Vincent Vial.

« Je pense que si le match était plus tendu, il m’aurait été difficile qu’Olivier prenne la décision de me faire entrer. C’est toujours comme ça, les remplaçants doivent sans cesse espérer les meilleures conditions pour entrer et se révéler sur le terrain. Cela ne dépend pas toujours – et pas uniquement – de nous-mêmes », lâche-t-il avant de conclure : « C’est tout de même un paroxysme (quand on y pense) que je puisse être appelé au moment où l’Équipe de Suisse jouait son match le plus important de la saison et développait le meilleur niveau de jeu de son histoire. On le sait, être repéré en LNA est plus compliqué qu’en France, c’est pourquoi je m’estime vraiment chanceux aujourd’hui. » Reste à savoir qui parlait encore de plafond de verre sous le ciel pluvieux d’Heidelberg samedi…