Au rugby à VII, un objectif commun de promotion pour les Suissesses

Lionel Perrin est arrivé dans le giron du rugby suisse en février dernier après avoir notamment été conseiller technique pour la FFR dans la région administrative d’Auvergne-Rhône-Alpes, ancien manager au centre de performances national de Marcoussis et ancien coach de l’équipe nationale U17 et de la formation universitaire française de rugby à VII. Un cadre de renom, dira-t-on. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Neuchâtel]

Lionel Perrin s’y est pris tôt cette année; les 25 et 26 janvier, l’entraîneur national a rassemblé une première sélection de 18 joueuses à Neuchâtel en vue du renouveau continental, alors que la Nati évoluera dans la troisième division européenne cet été prochain. En effet – une première depuis plusieurs années –, la Suisse n’est pas parvenue à se maintenir dans la division supérieure (Europe Trophy) en juin dernier; onzième d’un classement qui comprend douze équipes, elle a immanquablement été reléguée. Mais la promotion directe – et sans délai – ne sera pas hors de portée en Serbie, faut-il encore que la sélection se révèle prête à relever le défi.

Dans une brume épaisse, le temps se veut maussade. Incertitude d’un temps, elle rend la vision longue difficile, abattant l’ensemble d’un complexe connu mais indécelable à simple vue d’œil. Pourtant, dans cette éclatante image d’apocalypse grise, tout ne reste pas inerte ; une vingtaine de jeunes filles s’activent au contre d’une adversité froide. Rien n’en vient soumettre leur volonté de retrouvailles heureuses à la rude épreuve d’un ciel capricieux ; elles affichent un sourire, s’échauffent et pratiquent un rugby juste, même si encore légèrement rudimentaire. En réalité, en cette fin janvier, il est surtout question de fonder la cohésion d’un groupe (inclusif de jeunes nouvelles individualités) et les orienter vers un avenir commun et fédérateur. Si bien que reléguées de l’Europe Trophy l’été dernier, la voie à suivre – désormais – ne peut être que celle d’une perspective de promotion dans cette échelle de compétition continentale – une première depuis de nombreuses années passées dans la deuxième division européenne.

C’est bien de rugby à VII dont on parle, et c’est de ce constat de déception – plus que d’échec véritable – que l’ensemble du groupe formé et entraîné par Lionel Perrin repart de pied ferme. Sauf que dans l’innocuité de cette sombre météo, les composantes athlétiques de la discipline sont rendues difficiles, si bien qu’en définitive – dans les affrontements à sept contre sept –, ce sont surtout les automatismes du rugby à XV que l’on perçoit indéniablement : sans débordements de vitesse, ni longues passes. C’est finalement une toute autre logique d’entraînement qui se met en place et c’en est tout aussi bien. « Ce n’est pas un temps idéal, certes, mais j’ai connu des situations bien pires, sous la pluie chaude en Australie ou à Dubaï. Encore qu’ici, nous nous sauvons par l’absence de neige. Finalement, c’est aussi un bon moyen pour les filles d’apprendre à s’adapter ensemble aux conditions », nous confie le sélectionneur sur le court trajet qui relie le terrain aux vestiaires. Une impression également partagée par l’ensemble des joueuses convoquées : « Il y a une nouvelle dynamique, un nouveau sélectionneur, de nouvelles joueuses, une nouvelle philosophie de jeu, on recrée un collectif dans le but de performer dans les compétitions », soutient la championne de Suisse en titre et arrière des Mermigans Laure Testenière (classe 1990) avant de préciser : « Il y a beaucoup de nouvelles têtes sur ce stage, cela fait plaisir de voir que l’investissement en Équipe de Suisse est le concert de plus en plus de joueuses. On sent une dynamique de renouvellement et toutes connaissent déjà le programme qui nous attend ces prochains mois. »

« Ce qui m’intéresse dans le projet, c’est la volonté de travailler et de pousser les filles à gagner l’expérience du circuit européen »

Lionel Perrin, sélectionneur de l’Équipe de Suisse féminine de rugby à VII

Pourtant, si l’équipe fait quasiment peau neuve ­– par ses abondantes nouvelles intégrations –, faut-il préciser que le staff qui la conduit n’a été renouvelé qu’au début de l’année 2019, dans une continuité choisie par la Fédération Suisse de Rugby ; tous les sélectionneurs des équipes nationales féminines sont de nationalité française et encadrés par un staff composé de représentants de clubs suisses, ceci dans l’optique d’engager une meilleure expérience vécue des joueuses auprès de personnalités réputées expérimentées.

C’est à ce titre que Lionel Perrin est arrivé dans le giron du rugby suisse en février dernier après avoir notamment été conseiller technique pour la FFR dans la région administrative d’Auvergne-Rhône-Alpes, ancien manager au centre de performances national de Marcoussis et ancien coach de l’équipe nationale U17 et de la formation universitaire française de rugby à VII. Un cadre de renom, dira-t-on, qui assure depuis lors une mission d’importance : un retour aux affaires majeur du seven dans le calendrier saisonnier du rugby en Suisse. « Ce qui m’intéresse dans le projet, c’est la volonté de travailler et de progresser chez les filles que je rencontre. J’aime leur donner envie de faire toujours plus et de les pousser à gagner l’expérience du circuit européen. » Un rôle sensiblement différent – dans l’intensité – de celui qu’il occupait pendant plusieurs années de l’autre côté de la frontière. Si bien que la différence entre la France et la Suisse en ressort (logiquement) encore perceptible. « Ce n’est pas un secret, ni une frustration mais il est vrai qu’il existe une différence notoire de structures mais aussi de potentiel chez certaines joueuses, lesquelles sont pour la plupart professionnelles en France, ce qui n’est pas le cas ici en Suisse », entonne-t-il alors.

« La différence est dans la fréquence des rassemblements et cela fait déjà beaucoup. Je dénote un réel potentiel chez certaines filles ici [ndlr, au stage organisé à Neuchâtel lors du dernier week-end de janvier] mais toutes manquent encore d’un encadrement suffisant pour réellement réussir – une ou deux séances par mois reste très maigre. Pour cela, il faudrait au moins augmenter le temps consacré aux compétitions, en plus d’autres choses [lire plus bas]. » Mais il n’est jamais fait honneur de critiques, la Suisse possède une organisation propre et fonctionnelle et elle le démontre saison après saison.

« L’objectif commun de promotion peut s’avérer fédérateur »: Lionel Perrin

« Ce dont j’ai réellement envie pour la bonne tenue de l’équipe, c’est un bon tournoi de Conference [ndlr, la troisième division européenne] cet été en Serbie. Il y a, en quelque sorte, un devoir de digestion de notre désillusion de l’année dernière », assure d’emblée la manager lausannoise Juliette Saint qui entrevoit dans cette nouvelle expérience continentale une opportunité sérieuse de fédérer une équipe à travers un objectif commun. En effet, il n’est pas toujours évident de déceler chez chaque jeune fille un alignement précis de leurs attentes sportives avec celles de leurs coéquipières plus (ou moins) expérimentées et versées depuis plus (ou moins) longtemps dans l’entourage de l’équipe nationale. « Il a pu arriver que les plus jeunes individualités de l’équipe n’aient pas réellement pris conscience que la Suisse avait réussi à se maintenir depuis plusieurs années dans le Trophy et que cela constituait un exploit retentissant », poursuit alors Juliette. « Il est certain que la déception de l’été dernier n’a pas été la même pour toutes, le sentiment d’échec n’a pas été vécu de la même manière par toutes. Mais ce qui est sûr, c’est qu’elles ont ensemble vécu une relégation et qu’elles pourront ensemble ambitionner une promotion. Ce sont ces moments qui nous font rebondir. »

Sans compter que le constat d’échec n’a jamais fait séance de fatalisme ; si la Suisse n’est pas parvenue à tenir le rythme face aux grandes nations que sont l’Allemagne, la Roumanie ou encore la République Tchèque, c’est aussi – et surtout – parce que le niveau de jeu faisait office d’un écart palpable. « Si la relégation était – sportivement parlant – dure, elle était malheureusement logique. Nous ne disposions pas des mêmes conditions d’entraînement que l’ensemble de nos adversaires », précise alors Lionel Perrin. « La déception est certes indéniable mais il faut avouer que nous n’avons pas eu une lourde préparation et que sur ces formats de matches très courts et rapides, nous étions régulièrement condamnées à ne produire qu’un jeu de défense, ce qui n’est pas toujours agréable », ajoute l’ailière du Rugby Club Bern Marina Leimgruber (classe 1993) qui a vécu l’expérience du Trophy à Budapest, puis Lisbonne en 2019.

« J’appartiens à ce groupe de filles qui constituent une charnière entre les joueuses fraîchement arrivées et celles de pure expérience. Je joue ce rôle de transition et je m’en satisfais »

Laure Testenière, Équipe de Suisse féminine de rugby à VII

Laure Testenière, quant à elle, avait dû faire l’impasse sur la compétition après l’avoir disputée une première fois en 2018 ; sous couvert d’année de qualification olympique pour les Jeux de Tokyo, seules pouvaient être alignées les joueuses possédant la stricte nationalité helvétique. En attendant, du haut de ses 29 ans, l’ancienne joueuse du Stade Olympique de Chambéry fait partie – tout comme Marina Leimgruber – de ces jeunes femmes qui ont fait le déplacement à Neuchâtel pour le premier stage de l’année. Et si les deux ne se présentent pas comme de parfaites novices, elles précisent toutefois ne pas faire partie des personnalités les plus expérimentées du contingent. La première, d’origine française, a commencé le rugby il y sept ans – débuté en France et continué en Suisse ces cinq dernières années. Elle avait alors débuté au Rugby Club Bern en 2014 avant de rejoindre les Mermigans en janvier 2019. Son expérience dans le seven n’est pourtant pas si large : « C’est plutôt nouveau pour moi, même si j’ai suivi plusieurs entraînements épisodiques ces deux dernières années. Ce qui est sûr, c’est que je n’étais absolument pas éligible pour l’équipe nationale à mon arrivée en Suisse », explique-t-elle alors. Puis précise : « Je pense aujourd’hui faire partie de ces joueuses qui constituent une charnière entre les filles fraîchement arrivées et celles de pure expérience. Je joue ce rôle de transition et je m’en satisfais ; c’est une belle manière d’apprendre et d’assimiler les choses de manière plus rapide. »

Marina Leimgruber (plus jeune, 26 ans) a, elle, une expérience du rugby plus entrecoupée ; elle l’a débuté à l’âge de 18 ans avant de l’arrêter quelques années pour se consacrer davantage à ses études, quand bien même il lui est arrivé de le pratiquer lors de son échange au Canada il y a de cela plusieurs années. Au vrai, cela ne fait que depuis 2016 que la Bernoise s’y est remise avec plus ample intensité ; au XV surtout, très peu au VII – dont elle a connu son premier entraînement avec la Nati en 2018, juste avant l’arrivée de Lionel Perrin. Mais l’affinité avec la discipline y est : « J’ai fait du seven à mes débuts il y a huit ans mais il faut avouer que nous le pratiquons très peu au sein des Redzones [ndlr, entente regroupant les clubs de Berne, Thoune, Soleure et Fribourg]. Le XV et le VII sont des moments parallèles et j’aime vraiment les deux, même si je serais ravie de pouvoir faire davantage du VII. Nous essayons d’organiser quelques tournois mais cela s’avère souvent difficile », exprime-t-elle alors.

Marina Leimgruber (plus jeune, 26 ans) a une expérience du rugby plus entrecoupée ; elle l’a débuté à l’âge de 18 ans avant de l’arrêter quelques années pour se consacrer davantage à ses études, quand bien même il lui est arrivé de le pratiquer lors de son échange au Canada il y a de cela plusieurs années. Au vrai, cela ne fait que depuis 2016 que la Bernoise s’y est remise avec plus ample intensité ; au XV surtout, très peu au VII – dont elle a connu son premier entraînement avec la Nati en 2018, juste avant l’arrivée de Lionel Perrin. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Neuchâtel]

Claire Pagnot, à l’image d’une transition générationnelle

Claire Pagnot avait déjà pris sa retraite, avec l’équipe nationale à XV. Mais elle vise encore une réussite de prestige cet été en Conference ; ce qui pourrait être son dernier grand tournoi international avec la Nati. Sans nul doute, le changement opère déjà, avec une nouvelle génération de joueuses qui viennent donner le change à la précédente. Au plus simple de son visage frêle – elle qui avoue avoir une expérience encore trop menue dans la division du Trophy –, Marina Leimgruber ne cache nullement l’attrait qu’elle porte au partage avec des joueuses de meilleure maturité rugbystique. « J’ai toujours dit qu’il y avait une très belle ambiance dans la sélection malgré le fait que l’on se retrouve parfois à jouer auprès de filles qui ont déjà dix, voire parfois vingt ans d’expérience dans le rugby. C’est assurément un exemple de mixité générationnelle, culturelle mais aussi linguistique et c’est ce que nous cherchons lors de stages d’entraînement comme ceux-ci à Neuchâtel, où la priorité est d’autant plus donnée à la cohésion d’équipe plutôt qu’au perfectionnement strictement plus technique de notre jeu. »

« Il y a une bonne ambiance et un partage de compétences entre les plus jeunes et les filles qui ont déjà dix ou vingt ans d’expérience dans le rugby. C’est un exemple de mixité générationnelle, culturelle et linguistique »

Marina Leimgruber, Équipe de Suisse féminine de rugby à XV et à VII

Le discours reste d’ailleurs le même chez Lionel Perrin : « Il y aura toujours un partage entre les plus jeunes et les plus expérimentées. Ce sens d’émulation est nécessaire pour qu’une équipe puisse se comprendre et jouer ensemble. Et le fait que certaines filles vont sans doute vivre leur dernière sélection cet été peut ajouter plus de profondeur au projet que nous sommes en train de mettre en place. » À l’entendre ainsi, l’on pourrait pourtant y déceler une urgence, une volonté de profiter de ces instants aussi uniques que déterminés par le temps qui passe. Mais il n’en est rien. « Il n’est pas question de brûler les étapes. Si l’expérience est importante, il faut surtout que ce soit l’entier du groupe qui gagne en maturité. »

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Aussi, c’est le cœur de la réussite : l’engagement. La manager de la sélection Juliette Saint tient d’ailleurs un discours des plus clairs sur le processus de sélection ; seules les plus assidues et les plus engagées dresseront l’Edelweiss sur leur poitrine. « Pour représenter la Suisse en compétition, il faut bien sûr des qualités sportives et athlétiques mais rien ne remplace jamais l’engagement. Et celui-ci se mesure par la présence aux entraînements », précise-t-elle dès lors. Mais qu’on le taille d’emblée, le régime n’a trait en rien au militaire, surtout pour un groupe de jeunes filles pour qui le rugby ne reste qu’une passion au derrière d’engagements personnels, familiaux et professionnels. « En réalité, la priorité unique de l’expérience n’existe pas, c’est surtout la cohésion qui doit être valorisée. C’est pourquoi manquer un entraînement n’est pas grave mais ne jamais en pratiquer un seul de toute la saison est clairement rédhibitoire, même pour une joueuse de qualité et cadre depuis plusieurs années », poursuit la Lausannoise qui officie aussi auprès de l’Albaladejo Rugby Club. Avant de sourire et d’ajouter : « Mais cela n’arrive jamais, même si les premières séances sont surtout très ouvertes et dédiées aux plus novices. Nous pensons toujours au futur et les plus jeunes doivent aussi se sentir mises en avant. » La transition générationnelle est alors souhaitée, même si jamais forcée à tous prix…

Un repère de quarante joueuses potentielles

À l’occasion du premier rassemblement de Neuchâtel les 25 et 26 janvier derniers, plusieurs cadres de l’équipe nationale – à l’aune notamment de Nicole Gerber Imsand ou Anne Thiébaud – étaient (naturellement ou exceptionnellement) absentes. Et il s’y trouve une logique. « Sur la quarantaine de joueuses sur lesquelles nous pouvons compter actuellement, seules 17 sont présentes aujourd’hui [ndlr, samedi 25 janvier]. Nous avons décidé d’ouvrir largement ce premier stage à des joueuses moins en vue mais cela n’empêche qu’un vrai processus de sélection verra le jour lors des prochains rassemblements, au plus proche des dates de compétition », précise alors Lionel Perrin. « La sélection nationale appartient de fait à tout le monde. La sélection est ensuite opérée en fonction de la philosophie de jeu que nous souhaiterons appliquer. Cela n’empêche donc pas que de nouvelles filles peuvent s’intéresser et participer aux stages de détection et espérer intégrer l’équipe nationale. » Au vrai, sur 40 filles repérées, les entraînements seront progressivement resserrés autour d’un groupe présélectionné ; elles seront entre 18 et 20 en mars, puis réduites à 14 à quelques jours de l’entrée en compétition en Serbie en juin. Ainsi, la philosophie globale de la Nati est aussi au soutien d’une crédibilité nécessaire.

« Il faut vraiment essayer d’alléger le calendrier des compétitions parce que les filles ne peuvent pas se donner au rugby chaque week-end de l’année »

Juliette Saint, manager de l’Équipe de Suisse féminine de rugby à VII

De fait, en réalité, la crédibilité d’une équipe nationale passe surtout par le professionnalisme dispensé et l’enrégimentement disposé par les différents clubs du pays. « J’échange beaucoup avec les différents entraîneurs de club. Après chaque stage, ils sont tous informés par voie de compte-rendu précis. L’échange y est fréquent et c’est ce que j’aime en Suisse ; il y a cette philosophie de coopération entre les équipes nationales et les clubs », aiguillonne Lionel Perrin. À vrai dire, c’est surtout par ces derniers que passe le développement du rugby en général, maillon sans doute incompressible du développement toujours plus soigneux du rugby à VII. « Il serait exagéré de parler de professionnalisation de la discipline mais l’on observe une montée du niveau général et l’on espère toujours plus pouvoir développer une meilleure culture du seven. Il y a en tout cas la volonté – avec des idées variées – de créer une ligue de rugby à VII. Celle-ci pourrait éventuellement s’amorcer en parallèle des ligues nationales à XV] qui se développent toujours plus avec l’arrivée de nouveaux clubs – à l’image de Neuchâtel qui intégrera la LNF-B en septembre prochain – et de nouvelles joueuses au potentiel (futur) indéniable » assure Juliette Saint. « Personnellement, je note une nette différence du niveau de l’équipe par rapport à il y a six ans. Sans compter que l’on sent, auprès de Lionel, l’établissement d’objectifs clairs et précis », soutient à son tour Marina Leimgruber.

Mais le chemin est encore long ; avec l’ajout d’un match supplémentaire pour le XV de l’Edelweiss dans la saison, en mai – avec l’intégration de la Suède dans le Trophy –, le calendrier s’en retrouve toujours plus saturé. « Difficile de placer un tournoi de VII au milieu de tout cela », d’autant plus que la plupart des filles – sinon toutes – se sont aussi bien révélées avec la nationale à XV qu’avec sa variante. Et les filles qui font “doublon” (engagées avec les deux équipes nationales) sont légion : « Si l’on veut s’en sortir, il est illusoire de penser que nous n’aurons plus besoin de “doublons”. Ce n’est pas une solution de court terme ; il faut vraiment essayer d’alléger le calendrier des compétitions parce que les filles ne peuvent pas se donner au rugby chaque week-end de l’année », précise toujours Juliette Saint avant de concéder : « Nous n’essayons pas dans l’immédiat de forcer les filles à choisir entre les deux disciplines. Nous cherchons de développer les deux de la même manière. Ensuite seulement, un choix s’opérera de façon tout-à-fait naturelle pour chacune, en fonction de leur plaisir et de leur volonté de jouer au rugby plus ou moins intensivement. » Il n’empêche que pour cela – comme pour de nombreuses autres réalités –, il faille savoir faire preuve d’une patience robuste. Tout finit par arriver, en définitive…