« Nous laissons une plus grande place aux jeunes et au spectacle en 2019 »

« En n’étant pas soumis à la réalité olympique, nous attirons ainsi plusieurs nageurs qui souhaitent davantage terminer la saison en légèreté et se concentrer pour l’année olympique dès janvier. Certains viennent donc à Mon Repos, d’autres se reposent après une saison chargée ; ce qui est aussi partie intégrante de la préparation d’un athlète. » Nicolas Balthasar, Président de la Lausanne Swim Cup sait le challenge de réunir les meilleurs nageurs au monde à six mois des Jeux Olympiques de Tokyo. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Lausanne]

La Lausanne Swim Cup a déjà quatre ans ; en ce mois de décembre 2019, comme chaque année depuis 2016 à la piscine de Mon Repos, la compétition réunit – en bouquet de la saison en petit bassin – les nageurs et nageuses parmi les plus en forme du moment. Ou plutôt les athlètes ayant favorisé une fin d’année plus “festive” à quelque six mois des Jeux Olympiques à Tokyo à l’été prochain. Cette année encore, un peu moins d’une vingtaine de nations (17 au dernier pointage) sera représentée, à la sortie des championnats d’Europe de Glasgow tenus au début du mois. Parmi elles, la Suisse compte plusieurs jeunes espoirs, heureux de se confronter au plus haut niveau mondial deux jours durant. « C’est assurément une opportunité pour eux, depuis que la Swim Cup existe, de disputer une compétition relevée en Suisse et contre des athlètes de renommée qu’ils n’auraient pas l’occasion de croiser ailleurs, car pas assez robustes pour se qualifier dans les plus grandes compétitions du circuit », précise alors Nicolas Balthasar, Président du comité d’organisation.

La nouvelle n’a pas été communiquée d’emblée, à l’ouverture du point presse jeudi matin à l’Hôtel Alpha Palmiers, mais l’on sent qu’elle éveille un sentiment de déception non négligeable auprès des organisateurs de la Lausanne Swim Cup. La Suissesse Sasha Touretski est forfait pour la double journée de compétition à la piscine de Mon Repos ; la nageuse du Lausanne Natation, née en Australie et arrivée en Suisse en 2004 (25 ans), s’est blessée à l’épaule à l’entraînement mardi dernier. Alors, certes, pas de quoi remballer l’ensemble de la riche programmation de la manifestation qui, cette année encore, enrôle de très grandes personnalités des bassins internationaux – le retour du Brésilien Nicholas Santos, frais recordman du monde sur 50 mètres papillon en petit bassin, aux côtés de l’Ukrainien Andriy Govorov, recordman du monde sur la même discipline sur la distance olympique et du jeune Britannique de 24 ans James Guy suffit déjà à élever l’importance et la passion qui émane des organisateurs à 24 heures du début des courses –, mais la figure de la jeune Touretski manquera à tous car, en locale phare de l’étape, elle aurait fait figure d’élue favorite dans le cœur du public.

« Cette année, comme chaque année, les conditions du calendrier international font que nous pourrons laisser une plus grande place aux jeunes nageurs. C’est une satisfaction car nous souhaitons toujours les mettre en avant », entonne alors le Président du comité d’organisation Nicolas Balthasar. La plateforme est en effet attrayante pour les moins rompus à l’exercice des plus grandes compétitions. Sinon Touretski, le groupe des espoirs suisses reste parfaitement représenté à Lausanne ce week-end, en comptant la présence d’Alex Ogbonna (classe 1999), Elena Onieva (2001), Nina Kost (1995), Lisa Mamié (1998), Nicolas Zoulalian (1996), Maël Allegrini (2001) et Manuel Leuthard (1998). C’est que cette génération contient des talents inestimables pour la natation helvétique, si bien qu’ils éveillent déjà, dans leurs rêves futurs, la possibilité d’accéder au plus haut niveau mondial de leur sport. Certaines et certains l’ont déjà goûté à plusieurs reprises (Kost et Mamié ou encore le grand espoir genevois Roman Mityukov), d’autres l’appréhendent en silence dans les bassins du pays.

« Il est important d’offrir des possibilités aux Suisses. Notre pays est encore modeste en natation et ce n’est qu’en se confrontant à de grandes personnalités de ce sport que les plus jeunes parviendront à se situer dans le bain de la compétition internationale »

 Nicolas Balthasar, président de la Lausanne Swim Cup

C’est que la Suisse compte, ces dernières années – entre les Européens de Glasgow en 2018, les Mondiaux de Gwangju en juillet dernier et les Européens en petit bassin de Glasgow (à nouveau) en ce mois de décembre –, des résultats qui laissent entrevoir une progression fulgurante sur le plan international ; l’or européen et l’argent mondial de Jérémy Desplanches sur 200 mètres quatre nages eurent désenclavé la Suisse de son plafond de verre. Les médailles de bronze en 2018 et celle d’argent cet automne, conquises sur le plan continental sur la même discipline par Maria Ugolkova, ont ensuite prolongé le sentier. Mais les deux seront absents de la Swim Cup à Lausanne cette année ; le premier est engagé aux championnats de France à Angers, la seconde participera à la Swim Cup (en grand bassin) d’Amsterdam pour préparer au mieux et au plus tôt les prochains Jeux Olympiques de Tokyo cet été. Ce sont leurs choix.

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Dès lors, si la Suisse reste une nation émergente dans la natation, elle force plutôt bien son destin. Il n’y a, de fait, qu’à se souvenir des mots prononcés par le chef de performances de Swiss Swimming Markus Buck au terme des Mondiaux cet été en Corée du Sud : « Je crois que nous avons vu à Gwangju la meilleure équipe de Suisse depuis plus d’une décennie. Cette équipe deviendra une génération en or ces prochaines années. Non seulement nous y avons pulvérisé nos attentes mais en plus nous pouvons être fiers d’y être parvenus dans des conditions (décalage horaire et climat difficiles) qui préfigureront les prochains Jeux Olympiques au Japon », lesquels, dans les faits, certains athlètes sont déjà assurés de disputer (Ugolkova sur 200 mètres quatre nages et Lisa Mamié sur 200 mètres brasse). En plus de Jérémy Desplanches, fort naturellement.

Déjà qualifié pour les JO de Tokyo en 2020, le Belge Pieter Timmers s’accorde une dernière compétition sur petit bassin pour conclure la décennie. « C’est ma quatrième fois à Lausanne et je sais qu’il y a toujours eu une très belle atmosphère dans la piscine. On y entend vraiment bien le public nous soutenir et c’est plaisant. » © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Lausanne]

Préparer les Jeux ou terminer une saison en relative légèreté ?

À coup sûr, les trois athlètes de renom qui ont donné voix lors du point presse jeudi matin à Lausanne n’ont qu’un point de mire pour l’année 2020. Tout comme le reste de la natation mondiale de fait. Mais les stratégies de conditionnement ne sont pas les mêmes pour toutes, ce qui explique – en grande partie – que plusieurs athlètes aient pu préférer Amsterdam à Lausanne. Ou plus logiquement, leurs propres championnats nationaux à la Swim Cup à Mon Repos. « Il y a, en réalité, beaucoup de championnats nationaux qui ont été organisés en même temps que la Swim Cup, et l’ensemble de ces dates sont sorties après que nous ayons révélé les nôtres », évoque alors Nicolas Balthasar, faisant notamment référence, entre autres, à la Hongrie, l’Italie et la France. C’est la raison principale qui justifie l’absence notoire des grands athlètes de ces pays – Katinka Hosszú, Piero Codia, Charlotte Bonnet, Jérémy Stravius entre autres. Les Japonais marquent aussi leur absence en 2019 ; ils étaient présents en 2017 avant de devoir renoncer en 2018, en raison de la trop grande proximité avec les championnats du monde à Hangzhou, en Chine. Cela marque également les plans variés auxquels se prête l’ensemble des nageurs de haut niveau à quelques mois de l’échéance olympique. « À six mois des Jeux, on ne parle bien évidemment que des Jeux », assure Nicolas Balthasar. « Certains préparent donc les JO, tandis que d’autres se préparent à jouer leur qualification pour les JO. Ce qui fait que tout le monde pense à la manière optimale pour se conditionner à l’année 2020. »

« L’Amsterdam [Swim] Cup est un vrai tournoi de préparation et de qualification pour les JO. Tout le contraire de ce que nous sommes »

 Nicolas Balthasar, président de la Lausanne Swim Cup

À Amsterdam, ce week-end – suivi de deux autres Swim Cups à La Hague, puis Eindhoven –, il est fait réunion de belles personnalités déjà tournées vers la saison en grand bassin ; en plus des nombreux représentants des Pays-Bas – menés par la triple médaillée d’or aux JO de Londres en 2012 Ranomi Kromowidjojo –, sont également présents quatre Suisses. Outre Maria Ugolkova, Antonio Djakovic, Yannick Käser et Roman Mityukov ont également fait le déplacement. « Sans nul doute, l’Amsterdam [Swim] Cup est un vrai tournoi de préparation et de qualification pour les JO. Tout le contraire de ce que nous sommes », précise toujours le Président de la compétition lausannoise. « En n’étant pas soumis à la réalité olympique, nous attirons ainsi plusieurs nageurs qui souhaitent davantage terminer la saison en légèreté et se concentrer pour l’année olympique dès janvier. Certains viennent donc à Mon Repos, d’autres se reposent après une saison chargée ; ce qui est aussi partie intégrante de la préparation d’un athlète. »

Philip Heintz (Allemagne), Nicholas Santos (Brésil) et Pieter Timmers (Belgique) étaient à disposition de la presse jeudi matin à Lausanne, à la veille du lancement de la quatrième édition de la Swim Cup. « C’est excitant de concourir contre les nageurs les plus rapides de ma discipline dans un bassin – lui aussi – très rapide. Pour ma première fois en Suisse, je suis heureux d’y être », saluait alors le Brésilien. « Je suis heureux d’être de retour après une saison 2018 manquée pour cause de blessure », ajoutait, pour sa part, l’Allemand. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Lausanne]

Les vice-champions olympiques 2016 à Rio Pieter Timmers (Belgique) et le Britannique James Guy, ainsi que le Lituanien Danas Rapsys font partie de ceux qui veulent encore se dégourdir en piscine, en sortie de Glasgow. Déjà assurés de figurer dans leurs délégations nationales respectives en partance pour Tokyo, ils s’assurent – en ce mois de décembre – de terminer l’année sur une note plus relâchée. « J’ai fait ma saison en 2019 [ndlr, demi-finale sur les 100 mètres nage libre à Gwangju et finaliste sur les 50m à Glasgow] et j’attends le début de l’année prochaine pour me remettre sur la distance olympique lors des FINA Series », expliquait alors ce jeudi matin le Belge qui en est à sa quatrième participation à Lausanne. « En discussion avec mon entraîneur, nous avons convenu qu’il serait intéressant de terminer l’année en petit bassin, aussi car il est intéressant de disputer un autre meeting après une grande compétition. »

« Notre but est d’être à la sortie des grandes compétitions. Il y a toujours beaucoup de pression après un Euro ou un Mondial qu’il faille savoir “fêter” un peu plus les jours qui suivent »

 Nicolas Balthasar, président de la Lausanne Swim Cup

La Lausanne Swim Cup s’est justement établie dans une logique de “récupération” festive après les grands rendez-vous de la saison en petit bassin, que ce soit un championnat du monde ou d’Europe, en alternance un an sur deux. « Notre but est d’être à la sortie des grandes compétitions, même s’il est toujours difficile de trouver la bonne date dans un calendrier très pris. Il y a toujours beaucoup de pression après un Euro ou un Mondial qu’il faille savoir “fêter” un peu plus les jours qui suivent. C’est un concept relativement nouveau mais il semble séduire les nageurs depuis quelques années », assure alors Nicolas Balthasar. Dans une ambiance animée par des jeux de lumières et la musique, la Swim Cup réussit, à chaque coup, son pari de réunir une centaine d’athlètes parmi les plus en forme du moment, bien qu’elle ne soit pas à proprement parlé une compétition estampillée FINA (même si elle reste soutenue par la Fédération Internationale de Natation). « Pour beaucoup d’entre eux, les vacances sont courtes. Ils n’ont donc pas une nécessité absolue de participer à ce rendez-vous mais ils l’apprécient tout de même », poursuit le Président. Preuve que la Lausanne Swim Cup séduit en dernier meeting de l’année sur petit bassin. N’en reste que le prestige de la compétition saurait gagner en attractivité lors de sa prochaine édition – en 2020 – à la Vaudois Aréna, dans un format sans doute changeant mais pas encore arrêté. Suivant la date, il se pourrait même que la Swim Cup se tienne, cette prochaine décennie, sur bassin olympique, les infrastructures à Malley laissant libre choix aux organisateurs. Musique de très proche avenir…