Triathlon de Lausanne, une édition qui promet son lot d’émotions

Nicola Spirig ne se positionne – comme d'habitude – pas en favorite de l'épreuve mais « elle a ses chances », assure Mike Aigroz. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Lausanne]

À huit jours du début de la 26e édition du triathlon de Lausanne qui prendra cette année le nom d’ITU World Triathlon Grand Final Lausanne, les organisateurs de l’événement ont mis les petits plats dans les grands pour cette fête du triathlon mondial et populaire. Avec des parcours sélectifs mêlant nouveautés et traditions, les spectateurs assisteront à un spectacle inédit. La grande finale des Championnats du monde de triathlon réunira notamment un plateau mondial d’exception.

« Merci ». Si l’on devait retenir qu’un seul mot de la conférence de presse d’avant course du triathlon de Lausanne, « merci » est certainement celui qui restera dans la tête de toute l’assemblée. Le municipal en charge des sports de la ville de Lausanne, Oscar Tosato, tenait d’ores et déjà à rendre hommage à la ville de Lausanne, le Canton de Vaud ainsi que les bénévoles pour leur aide immensément précieuse apportée lors de l’organisation d’un tel événement. Julien Finkbeiner et Mike Aigroz, respectivement directeur et directeur sportif du comité d’organisation, ne pouvaient que lui emboiter le pas pour remercier les membres de leur équipe qui effectuent un travail conséquent au quotidien pour que tout soit parfait le jour J. Un travail plus que titanesque, car comme l’a si bien imagé Pascal Salamin, président de Swiss Triathlon, « le triathlon est une discipline gigantesque à organiser et ce parce qu’il y a trois sports avec des règles et des parcours différents. » Cause à effet, cela nécessite ainsi trois fois plus de travail, trois fois plus de bénévoles et donc trois fois plus de mercis.

Des chiffres hallucinants

Des remerciements que l’ont peut déjà amplement qualifier de mérités au vue des chiffres ahurissants énumérés pendant cette conférence. Pour ces troisièmes championnats du monde organisés dans la capitale olympique, le comité d’organisation a misé sur un budget de 2,5 millions de francs dont 250’000 francs investis par la ville de Lausanne. « En plus de cette somme, plus de 2’000 personnes seront mobilisées en comptant les 600 bénévoles, les 30 membres du comité d’organisation, les 100 médias accrédités ou encore les personnes en charge de la sécurité » énumère Julien Finkbeiner. À cela s’ajoute encore les 5’500 sportifs qui prendront part aux 9 épreuves organisées pendant les trois jours de compétitions, dont 660 qui s’élanceront dans la catégorie populaire. Deux nouvelles épreuves feront également leur entrée au programme de ce week-end qui s’annonce riche en émotions. Le paratriathlon, une variante du triathlon pour les personnes souffrant d’un handicap physique, va attirer plus de 122 participants pour sa première sur les bords du Léman, ce qui réjouit évidemment les organisateurs : « C’est l’une des plus grosses courses de paratriathlon organisées au monde » précise le directeur sportif du comité d’organisation Julien Finkbeiner, « Nous avons d’ailleurs le même nombre de participants que l’épreuve de pré-qualification à Tokyo la semaine dernière. »

Le Team Relay, une nouvelle épreuve par équipe olympique mêlant suspens et spectacle avec quatre mini-triathlons courts et nerveux, clôtura à merveille les trois jours de fête du triathlon de Lausanne. Notre équipe nationale, vice-championne d’Europe à Glasgow l’année dernière, aura une très belle carte à jouer notamment grâce à sa leader Nicola Spirig. La figure de proue de l’équipe de Suisse revient en effet très fort sur le devant de la scène mondiale, quatre mois et demi seulement après avoir accouché de son troisième enfant.

Une course à pied décisive

Si les chiffres du triathlon de Lausanne mettent déjà l’eau à la bouche, les parcours promettent quant à eux de faire mal aux jambes des athlètes et ce n’est pas la championne et vice-championne olympique Nicola Spirig qui dira le contraire : « Je connais bien Lausanne et j’ai hâte de concourir devant le public romand mais la course à pied s’annonce compliquée pour moi. » Présente en duplex depuis St-Moritz où elle s’entraine avec son équipe et son entraineur Brett Sutton, la sextuple championne d’Europe a bien écouté Mike Aigroz qui dressait le portrait des quelques nouveautés et difficultés qu’a réservé son équipe d’organisation aux athlètes : « Tant du côté des populaires que des professionnels, nous nous sommes adaptés à la physionomie de la ville de Lausanne. Il y aura donc du dénivelé, notamment une petite pente de 5% à l’Avenue d’Ouchy que les athlètes professionnels auront à gravir à quatre reprises. ». D’un rire malicieux, l’ancien triathlète professionnel qui est aujourd’hui directeur sportif du comité d’organisation précise que « la course à pied aura vraiment un rôle de tournant pour le titre mondial. Bien gérer cette montée sera la clé pour l’emporter et celui qui s’imposera sera vraiment le meilleur des meilleurs. »

En plus de ce parcours mortel en course à pied, une petite descente en forme de « S » viendra s’ajouter au parcours traditionnel de vélo qui plaît tant aux spectateurs fidèles de la compétition. Les triathlètes qui voudront décrocher le titre de champion du monde devront donc être impérativement à l’aise en vélo. Nicola Spirig fait heureusement partie de cette catégorie.

Malgré son accouchement en avril dernier, la sportive suisse de l’année 2012 a déjà sa stratégie en tête : « 6-7 athlètes vont se détacher en natation, mon but sera de rouler le plus vite possible en vélo pour les rattraper et creuser le plus d’écart possible malgré les deux montées du parcours. » Le vélo aura un rôle primordial pour la mère de famille, c’est la discipline dans laquelle elle se sent le plus à l’aise depuis son retour aux affaires : « Mon accouchement et l’allaitement rendent difficiles la pratique de la natation et de la course à pied, je me suis donc focalisée sur le vélo. Grâce à mes entraînement à St-Moritz, je me sens bien et j’ai de bonnes sensations ».

Mike Aigroz: « Le triathlon a beaucoup évolué »

Ancien triathlète professionnel et sixième des mythiques championnats du monde d’Ironman d’Hawaï en 2011, le désormais directeur sportif du comité d’organisation de l’ITU World Triathlon Grand Final Lausanne Mike Aigroz nous a livré avec passion ses impressions sur le triathlon de Lausanne ainsi que les chances des Suisses de briller dans la compétition qui débute…

Des ressentis confirmés par ses résultats ces deux derniers mois : la championne olympique 2016 s’est offert le triathlon de Zürich et le duathlon de St-Moritz. Sur le plan international, la championne d’Europe en titre peut tourner la tête du côté du pays du Soleil-Levant et de sa capitale. Son Top Ten en juillet à l’ITU World Triathlon Series d’Hamburg lui permet en effet d’obtenir son sésame pour les prochains Jeux Olympiques (du 24 juillet au 9 août 2020). Malgré sa victoire en Coupe du monde l’année passée à Lausanne, la triathlète qui participera à ses cinquièmes Jeux olympiques à Tokyo ne se mouille pas trop au moment de dresser ses objectifs : « Je ne pense pas au podium, un Top Ten serait super », conclut une Nicola Spirig qui doit retourner à son entrainement de course à pied. Langue de bois ou non, vous pouvez venir l’encourager au parcours à vélo, là où elle se détachera probablement de ses adversaires pour le titre mondial.