Du Khalifa International Stadium, Doha (Qatar)
Arrivée à Doha depuis Genève mercredi après-midi – escale naturelle avant les Mondiaux de relais à Yokohama (Japon), où elle sera alignée pour la Suisse aux côtés de Fanette Humair, Yasmin Giger, Cornelia Halbheer, Lea Sprunger et Veronica Vancardo –, Sarah Atcho a pris le pas de commencer sa saison tôt, à l’occasion du meeting d’ouverture de la Diamond League, son premier hors des frontières suisses. Un choix qu’elle détaille alors qu’elle assure avoir fait le déplacement sans pression et sans arrière-pensée. Elle y prépare tout de même ses prochains Mondiaux qui auront justement lieu en capitale qatarie, au Khalifa International Stadium, de septembre à octobre.
Nombreux pensent qu’il suffit de donner le meilleur de soi-même pour abolir tout regret en cas d’échec. Et ils ont raison. Sarah Atcho l’a appris – cruellement – à ses dépends aux Européens de Berlin en août dernier. Incroyable d’imaginer qu’en ayant mis, ne serait-ce qu’un peu plus de gomme lors de sa demi-finale aux 200 mètres ce 10 août au soir, elle aurait pu se qualifier pour sa toute première finale continentale et défier les meilleures pointures de sa discipline sur une seule et unique course. La course de sa vie. Et pourtant, elle concède – par manque d’expérience mais aussi de témérité – ”04 à la Britannique Beth Dobbin (22”84), d’une année son aînée, le dernier sésame qualificatif automatique pour la finale. Ceci alors qu’elle avait tenu le demi-tour de piste au rythme de Dafne Schippers (1e en 22”69), qu’elle aurait pu, en réalité, battre tant elle se sentait bien sur ses jambes. Si bien que son record personnel (en 22”80) était plus abordable que jamais. Puissante sur ses appuis, la Lausannoise s’est finalement envasée sur le final à cause d’une gestion erronée et d’un mental défaillant. « Dans ces cas-ci, il n’est alors plus question de savoir si je peux physiquement battre Schippers, mais plutôt si je me l’autorise », détaille la jeune étudiante de (bientôt) 24 ans, assise dans le hall de son hôtel quelques heures avant l’ouverture de la saison en plein air à Doha. « C’est incroyable de ne pas se permettre l’exploit; j’ai commis ce soir-là une très grande erreur stratégique: suivre la meneuse au lieu de la disposer. » Une des nombreuses (premières) occasions dans la carrière d’une jeune athlète qu’il est toujours – mentalement – difficile de saisir. Plusieurs – à l’aune de Dobbin, son adversaire directe – y sont pourtant parvenues. Sarah, pour sa part, aura au contraire besoin d’un peu plus de temps, d’une préparation nouvelle et d’un esprit de combattante rénové. « À Berlin, comme en plusieurs autres occasions, je n’ai pas eu la juste mentalité, je n’ai pas eu envie de tout casser comme certaines le prétendent, je n’ai pas été assez violente envers mes adversaires. C’est comme si je m’excusais d’être là sur les pistes, à prétendre un résultat qui ne me correspondrait pas. Or, il faut l’accepter: quand l’on gagne, c’est qu’on l’a mérité, bon sang. » À cet instant, la jeune femme comprend ce qui l’a réfrénée ces derniers mois, ces dernières années. Elle connaît désormais les raisons qui l’ont éloignée des places d’honneur lors des dernières sorties internationales.
« À Glasgow, je me demandais surtout ce que je faisais là. Je n’avais pas la tête à cela. Tous les conseils que me prodiguait Laurent [Meuwly] me frustraient »
Sarah Atcho, sprinteuse suisse du 100m, 200m et 4x100m
Elle connaît surtout aujourd’hui les nouvelles bases qui seront les siennes pour – au moins – les deux prochaines années à venir. Après le départ de son entraîneur Laurent Meuwly pour les Pays-Bas – où il entraînera les filles du 4x100m –, Sarah a surtout cherché à prendre un nouveau départ; au terme d’une désillusion continentale à Berlin et après des championnats européens indoor fantomatiques en Écosse (éliminée en demi-finales des 60 mètres en 7”41), elle construit déjà le renouveau à l’aube de la nouvelle saison en plein air, notamment marquée par les championnats du monde qui auront lieu à Doha fin septembre. La mine grisâtre de Glasgow semble lointaine; peu inspirée, elle n’y avait certainement pas donné le meilleur de soi-même. La tête chargée et le cœur emballé, elle peinait à se faire à l’idée de ne plus partager les entraînements avec son coach Laurent Meuwly. « C’est terrible, la seule personne qui croit en toi en ces instants a choisi de partir sans vraiment regarder ce qu’il se passait derrière », confie alors Sarah Atcho. « Cela s’est ressenti à Glasgow, je me demandais surtout ce que je faisais là. Je n’avais pas la tête à cela. Tous les conseils que me prodiguait Laurent me frustraient. J’ai donc passé la semaine de compétition sans véritable âme. » Partant de là, Sarah Atcho assure être, aujourd’hui, pleinement satisfaite des choix qui ont été faits; son spleen semble envolé, même si, tantôt, il semble errer pas bien loin d’elle. La période de transition accuse – et accusera encore quelques temps – des entrées timides lors des grandes compétitions internationale qu’elle sera amenée à disputer prochainement.
À Doha – justement – à l’occasion de sa première Diamond League hors-Suisse, elle s’est simplement contentée d’annoncer présence, sans plus. 8e en 23”89 (à plus d’une seconde de son PB!) sur les 200 mètres, elle a pris ses premières marques dans le stade des prochains Mondiaux; mais ses notes – en guise de rapport informatif destinés aux athlètes de la Fédération – sont grinçantes: « L’ambiance au départ est calamiteux; le bruit y est insoutenable. Le faux départ [ndlr, de Shannon Hylton] n’a pas aidé non plus », lâche-t-elle en zone mixte. « Je n’étais mentalement pas prête à combattre aujourd’hui et les facteurs environnants, même si pas déterminants, n’ont pas aidé. Il est horrible de se forcer de penser à des choses positives quand on y est vraiment pas. » Le climat, couplé au tout nouveau système d’air conditionné à l’intérieur du stade fut, de ce fait, hautement pénalisant pour la jeune femme: « On passe de 37 degrés dehors à moins d’une vingtaine à l’intérieur, c’est insoutenable. Malheureusement, la seule chose positive que je retiens, c’est que le stade est magnifique. Au-delà, il faudra se préparer à ces conditions de course difficiles. »
Développer une véritable culture de la “gagne”
En capitale qatarie, Sarah semblait tout de même témoigner d’un tout autre visage, moins crispé, plus lisse, plus souriant. Accompagnée par le patron d’Athletissima Jacky Delapierre, elle assure être en bonne compagnie, ne craignant que les fortes chaleurs de l’extérieur. « Je me concentre simplement à occuper mes journées de manière intéressante. Doha est une ville charmante mais l’on ne peut assurément pas pointer le bout de son nez dehors avant 18 heures », plaisante-t-elle avant de préciser: « Je le notifierai à la Fédération; il me semble inutile de prévoir un départ trop précoce pour les Championnats du Monde si c’est pour passer le plus clair de la journée renfermée à l’hôtel [rires]. » Pour sa première expérience dans l’organisation de la plus grande compétition itinérante d’athlétisme au monde, la Vaudoise tempère: « L’expérience est belle, certainement. Même si l’on se sent rapidement seule sans manager, ni personne pour accompagner. Mais j’ai vu ce qu’impliquait le monde plus concret, le monde pro », assure-t-elle au terme de sa course. Seule, elle ne l’était en réalité probablement pas; Jacky Delapierre semble lui avoir assuré bonne compagnie, tant lors du voyage depuis Cointrin qu’à l’arrivée à l’hôtel central de l’Intercontinental. « Jacky m’a prise sous son aile et j’en suis très reconnaissante. Il est venu à Doha pour d’autres raisons, mais je suis ravie de le côtoyer en ces moments », explique-t-elle avant de poursuivre: « Il est proche des athlètes suisses, il a une vision de long terme pour l’athlétisme suisse et certainement que cela nous porte grandement. » Désormais, depuis Doha, la Vaudoise de 24 ans s’apprête à retrouver son cercle d’amies – dont Lea Sprunger – à l’occasion des Mondiaux de relai à Yokohama, au Japon, prévu les 11 et 12 mai prochains. « Il est bien d’avoir pu courir à haut niveau avant Yokohama. Je me rends compte qu’il peut être très avantageux de se confronter à une très grande concurrence plus tôt dans la saison et vivre auprès d’athlètes que l’on a pas l’habitude de côtoyer souvent », explique-t-elle. « J’arrive au Japon libre. Les relais sont des épreuves souvent joyeuses sans grande pression. Peut-être que le fait que je n’ai pas été rapide sur 200m m’aidera pour les 400m », sourit-elle aussitôt.
« Il reste cinq mois avant les Mondiaux, c’est l’équivalent d’une saison entière. C’est simple, je ne saurais dire où j’en suis actuellement dans ma préparation »
Sarah Atcho, sprinteuse suisse du 100m, 200m et 4x100m
Invitée dans le Moyen-Orient en ce début de mois de mai, Sarah Atcho a cueilli l’occasion de se mesurer à la haute compétition, à un moment où tous les paramètres n’étaient pas nécessairement ajustés au mieux. Qu’importe; le but était de commencer, coûte que coûte, la saison. Ici ou là, au Qatar ou au Japon, la différence n’en est que minime. Mieux, « l’escale à Doha faisait sens car cela permettait de couper le voyage jusqu’au Japon en deux », ajoute-t-elle. De fait, pour l’instant, la saison de la sprinteuse lausannoise se limite à un simple “wait and see” ou “wait and progress”, sans véritable ambition réelle de résultat. C’est pourtant une toute autre mentalité qu’il conviendra d’adopter pour les prochaines échéances mondiales car en soumettant leur début de saison à de moins rudes conditions de travail, quitte à en augmenter le rythme les quelques semaines précédant les grands rendez-vous, les athlètes suisses se risquent à une préparation en sous-ton, vis-à-vis de leurs concurrents américains, britanniques ou même africains. « Notre philosophie, en Suisse, n’est pas très compliquée, c’est vrai », témoigne Sarah Atcho. « On ne recherche pas grand chose en début de saison. Ce qui nous importe, en revanche, c’est d’être prêts – au top – le jour J. Il reste cinq mois avant les Mondiaux, c’est l’équivalent d’une saison entière. C’est simple, je ne saurais dire où j’en suis actuellement dans ma préparation. » Au vue des résultats: le constat est pourtant mathématique: il faut améliorer le chrono de Doha d’une seconde, voire plus. En 5 mois.
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Assurément, les athlètes suisses se révèlent souvent discrets lors des premières échéances de niveau planétaire de la saison. Mujinga Kambundji et Kariem Hussein en étaient justement allés de leur expérience à Doha en 2018; les deux ont connu des courses mitigées, qui sur le sprint roi – remporté en 10”85 (meilleure performance mondiale de l’année 2018) par l’Ivoirienne Marie-Josée Ta Lou –, qui sur les 400 mètres haies dominées à l’époque par le fantasque Qatarien Abderrahman Samba en un canon 47”57, respectivement. En 2018, par ailleurs, Samba était parvenu à baisser son chrono sous les 47 secondes (en 46”98) en meeting à Paris en juin, à deux dixièmes du record du monde de Kevin Young, une immensité. Preuve faite qu’être compétitif dès les premiers instants de la saison nouvelle accorde un avantage mental conséquent sur la concurrence. Un luxe qu’aucun athlète en Suisse ne s’accorde, aussi car cela signifierait de faire des choix drastiques, à l’image du sprinteur américain Noah Lyles qui a préféré sauter l’entière saison indoor de manière à apparaître compétitif en plein air. D’autres, s’assurent simplement de quadrupler l’intensité et la fréquence de leurs entraînements, au prix – et au risque également – d’une plus grande fatigue physique et mentale en fin d’année.
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La Britannique Dina Asher-Smith, championne européenne sur les 100m et 200m à Berlin en 2018, fait partie de ceux-ci. « Elle commence toujours la saison très tôt et à très haut niveau. C’est incroyable », partage Sarah Atcho avant de continuer: « Aux USA, comme parmi les meilleurs en Europe, les athlètes ont une mentalité différente de la nôtre [ndlr, en Suisse]. Ils tiennent absolument à commencer la saison très fort et à tenir le même rythme jusqu’à son terme. En Suisse, l’on est actuellement incapable de penser ainsi. C’est quelque chose que l’on ne s’imagine même pas, tant cela semble improbable. C’est ce qui fait, qu’aujourd’hui [ndlr, vendredi matin], je puisse ressentir beaucoup moins de pression à m’aligner en Diamond League que d’autres athlètes », à l’aune particulièrement de la Néerlandaise Jamile Samuel (2e à Doha en 22”90) ou encore la Nigériane Blessing Okagbare (3e en 23”14). Asher Smith, quant à elle, a dominé la concurrence en 22”26, non loin de la barre hautement symbolique des 22 secondes. C’est dire la divergence de préparation entre la championne d’Europe et ses concurrentes du continent. Et il n’est question, là, que de mentalité.
« Les nouveaux rankings feront certainement changer les choses en Suisse. Il nous feront adopter un peu plus les conditions de préparation auxquelles se soumettent depuis longtemps les Américains »
Sarah Atcho, sprinteuse suisse du 100m, 200m et 4x100m
« La mentalité suisse va changer », assure d’un ton décidé Sarah Atcho. « Les nouveaux rankings de l’IAAF feront certainement changer les choses en Suisse. Il nous feront adopter un peu plus les conditions de préparation auxquelles se soumettent depuis longtemps les Américains. » Ces nouveaux rankings, basés sur un système proche de celui de l’ATP et de la WTA en tennis, souhaitent la constitution d’un classement de référence pour tout athlète au niveau mondial, en fonction des présences et surtout en fonction des résultats obtenus au niveau planétaire. Ceux-ci, dans l’absolu, sont censés offrir plus d’informations aux entraîneurs et athlètes, autant qu’ils motivent la plupart d’entre eux à un pointage plus accru au sein des plus grands plateaux internationaux que sont – entre autres – les 14 (bientôt 12) meetings de la Diamond League. « Nous croyons fermement que la mise en place de nouveaux classements mondiaux (“World Rankings”) est la meilleure manière pour les athlètes de se qualifier pour les championnats majeurs en athlétisme. Ils stimuleront davantage chaque athlète à se dépasser au sein de leurs propres disciplines », assurait le Président de l’IAAF Sebastian Coe. « Même si nos meetings locaux sont très bien disposés et dotés d’une belle compétitivité, il faut admettre qu’entre la Diamond League, Macolin et La Chaux-de-Fonds, il y a un petit fossé », poursuivait pour sa part Sarah Atcho. « Nous devons travailler désormais sur le mental et faire nos marques. Lea Sprunger et Alex Wilson [ndlr, les deux médaillés de Berlin en août] l’ont déjà compris. Cela fait plaisir parce que ce sont deux personnes avec qui je communique très facilement; Alex m’appelle souvent pour me conseiller. Il sait parfaitement d’ailleurs que je n’ai pas encore le mental pour gagner des courses au très haut niveau. Mais il me soutient. »
![Atcho-4 « Nous devons travailler désormais sur le mental et faire nos marques. Lea Sprunger et Alex Wilson [ndlr, les deux médaillés de Berlin en août] l'ont déjà compris. Cela fait plaisir parce que ce sont deux personnes avec qui je communique très facilement », affirme toujours volontiers Sarah Atcho. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Doha]](https://vivisantangelomultimedia.files.wordpress.com/2019/05/atcho-4.jpg?w=309&resize=309%2C206&h=206#038;h=206)
De Lausanne à Saint-Gall, un changement « bénéfique et ressourçant »
Laurent Meuwly exprimait avoir lié des liens de grande proximité avec les athlètes qu’il entraînait et entraîne encore – pour certains. Si Lea Sprunger, Kariem Hussein et Ajla Del Ponte continuent l’aventure avec le Fribourgeois depuis Amsterdam, d’autres – à l’aune de Salomé Kora et Sarah Atcho – ont dû se réorienter dans leur carrière. Sous Meuwly, Atcho a dernièrement été sacrée championne de Suisse sur les 200 mètres (23”75, devant Riccarda Dietsche et Samantha Dagry). Mais il n’empêche qu’elle a connu des instants meilleurs; pour elle, une page – et avec elle, le pan entier de son début de carrière professionnelle – se tourne. Meuwly était un homme de vocation qui a su fédérer l’ensemble des athlètes suisses qu’il a côtoyés au sein d’un programme très ambitieux. Sa capacité à transmettre sa haute connaissance de la discipline, le tout en soignant ses relations avec les athlètes et les autres entraîneurs de son environnement, était fortement reconnue. Assurément, son départ ne constitue pas la meilleure nouvelle pour Swiss Athletics à une année des Jeux Olympiques à Tokyo, même si les échappatoires restent nombreuses au vue du talent et des ressources que prodigue l’encadrement suisse. Si Lea Sprunger, tout particulièrement, n’a pas souhaité modifier son entourage le plus proche à l’imminence de l’échéance olympique, d’autres ont rapidement convenu qu’il fallait se résigner à une voie de secours.
« En tant physiothérapeute de formation, Christian [Gutgsell] est capable de préparer un programme physique adapté à chacun et chacune des athlètes qu’il côtoie. Ce qui n’était pas le cas de Laurent [Meuwly] »
Sarah Atcho, sprinteuse suisse du 100m, 200m et 4x100m
Aujourd’hui, Sarah Atcho – justement – s’entraîne à Saint-Gall sous l’encadrement de Christian Gutgsell, un homme qui a longtemps été proche de Laurent Meuwly ces dernières années en tant que physiothérapeute. Au vrai, ainsi, le groupe d’entraînement de Sarah Atcho n’a pas été grandement altéré, sinon qu’il a simplement migré du Léman aux profondeurs de Saint-Gall. « J’adore cette ville », a crié la Lausannoise, toujours assise dans le hall de son hôtel à Doha. « J’ai un appartement au centre-ville, bien situé, qui m’assure de maintenir un niveau de vie confortable. » Sous-entendu, en filigrane, un niveau de vie meilleur comparé à un groupe d’entraînement hors de Suisse. « Il me semblait important, en effet, de rester m’entraîner au pays. Il y a un côté sécuritaire qui me rassure; je me sens nettement mieux auprès d’un groupe d’entraînement au sein duquel j’ai un statut, plutôt que me retrouver dans une structure où je ne suis qu’une athlète parmi d’autres. » Dans son enthousiasme perceptible, il y sied un sentiment d’accomplissement nouveau; la jeune femme semble désormais avoir trouvé son allant, son rythme de croisière dans sa nouvelle structure. « J’y ressens des différences par rapport à avant. Christian [Gutgsell] a des qualités qui lui sont propres. En tant physiothérapeute de formation, il est capable de préparer un programme physique adapté à chacun et chacune des athlètes qu’il côtoie. Ce qui n’était pas le cas de Laurent [Meuwly] qui appliquait un seul et même programme, celui qui a – en réalité – toujours fonctionné auprès de Lea [Sprunger]. Christian sait davantage cibler les forces et les faiblesse de chacun. »
« Aujourd’hui, je pense bénéficier d’un programme qui me corresponde plus, avec un renforcement musculaire ciblé et des entraînements plus aboutis », complète-t-elle toujours. Ayant pourtant toujours pris le pas de réaliser un stage annuel à Potchefstroom en Afrique du Sud auprès de Laurent Meuwly, Sarah Atcho a, cette année, fait des choix plus forts, plus forts que les raisons du cœurs. En s’éloignant de son “ancien” environnement, elle a su pointer ses priorités. « Je ne pouvais pas partir, je ne le sentais pas après l’annonce que Laurent nous avait faite. Tout le monde allait de son ressenti, tout le monde avait des remarques à faire, parfois des interrogations qui restaient sans réponse… Je sentais le besoin de m’éloigner de tout cela. Et je sais que j’ai bien fait », assure la Vaudoise qui, désormais, devra s’en inspirer pour grandir sur les pistes du monde entier. À Yokohama, pour commencer ?