Stade Lausanne a vaillamment combattu lors de son premier match de la nouvelle saison de LNA à domicile. Les hommes de l’entraîneur italien Mario Bucciarelli se sont inclinés face aux Grasshopper de Zürich 7-38 après avoir notamment mené 7-0, puis 7-3 jusqu’à la première demi-heure. Les Stadistes ont perdu leur concentration et leurs nerfs en deuxième période. Pourtant, Stade Lausanne peut compter sur son excellente formation, le club appartient notamment aux trois formations lausannoises alimentées par l’École de Rugby de Lausanne (ERL) et compte, depuis cet été, l’arrivée d’une entière (très jeune) génération prête à se faire valoir sur les terrains de l’Excellence A et de LNA. « C’est encore une année de transition mais cette formation esquisse de très belles promesses d’avenir », assure alors Jérôme Goudet, président de la Commission Technique de la Jeunesse (CTJ) à la FSR et père d’Axel et Oscar, tous deux stadistes de la première heure.
La reprise a peut-être fourni quelques grands regrets aux joueurs de Stade Lausanne, réduits d’entrée de match par la blessure de leur capitaine André Pharaony. Pourtant, ils connaissent l’environnement qui est le leur; une équipe jeune, sans doute encore quelque peu inexpérimentée mais portée par l’excellente formation dont ils bénéficient, notamment par l’École de Rugby de Lausanne (ERL), justement présidée par le capitaine stadiste. La preuve de leur excellent regain de forme est notamment passée ce samedi après-midi par la victoire fort encourageante de la deuxième équipe en Excellence A face à la réserve de GC (10-7). Une première victoire pour leur première sortie de la saison qui veut bien enterrer l’exercice précédent terminé sans la moindre victoire au compteur. Sans nul doute, Stade Lausanne est un club qui vit, qui évolue et qui n’a pas peur d’aller de l’avant avec sa plus tendre jeunesse à disposition. Cet été, assure Jérôme Goudet, président de la Commission Technique de la Jeunesse (CTJ) à la Fédération Suisse de Rugby (FSR), plusieurs jeunes de classe 1998, 1999 et 2000 (tous issus de l’ERL) sont arrivés gonfler les rangs de la réserve du club lausannois. Mieux, certains, à l’image d’Oscar Goudet et d’Henry Pharaony ont même pu goûter, pour leur toute première fois, au niveau de la LNA. « Difficile mais on ne peut plus formateur », assure alors ce dernier, fils du capitaine André Pharaony. « L’ossature du club, que ce soit pour l’équipe réserve ou la première, est indéniablement composée par de très jeunes joueurs, formés en Suisse, ce qui est un élan très positif pour le rugby national », aiguillonne alors Jérôme Goudet, saluant l’excellente dynamique positive que véhicule le club. « Stade Lausanne est encore dans une pleine année de transition face à des équipes qui apparaissent plus sénior qu’eux. Mais la promesse d’avenir est bien présente. » Il est sans doute encore trop tôt pour voir le club de Chavannes dominer pleinement les grands cadors du championnats suisse, à l’image des Genevevois de Plan-les-Ouates, d’Hermance ou encore du RC Nyon. La défaite du jour face à Grasshopper en a offert une première indication mais tous, dans l’entourage du club, assurent que Stade Lausanne a les armes pour réaliser une saison convaincante. « Aujourd’hui [ndlr, samedi après-midi], il manquait sans doute un meneur d’expérience dans l’équipe – assure alors André Pharaony après être sorti sur blessure en cours de rencontre – Il manquait un leader qui puisse éviter de commettre certaines grossières erreurs stratégiques que nous avons commises, surtout à la fin de la première période. »
« Il y a un plaisir immense à jouer avec l’ensemble de la génération 2000. Et le plaisir est d’autant plus grand de jouer avec mon frère. Il doit y avoir quelque six ou sept fratries au sein du club et cela n’est pas prêt de changer! »
Axel Goudet, ailier du Stade Lausanne Rugby Club
Le manque d’expérience, pourtant, n’a pas altéré la fougue d’une jeunesse portée par la passion et l’envie. Aussi jeunes soit-ils, portés par leur grande première au premier plan national et quelques Millenials restés quasiment en infériorité dans les deux sélections qui ont affronté GC en Excellence A et en LNA, la génération du nouveau millénaire a adouci le visage du club tout en lui apportant la promesse d’une croissance certaine, tant au niveau sportif qu’en dehors. « Nous sommes vraiment une bande de potes, nous savons que nous ne sommes pas seuls quand nous entrons sur le terrain », témoigne alors l’un des nouveaux bizuts du groupe, Oscar Goudet (classe 2000) qui a joué pour la toute première fois avec son frère Axel dans l’élite nationale. « Nous sommes tous montés de l’ERL et cela fait longtemps que l’on joue tous ensemble. Il y a encore beaucoup d’expérience à gagner mais la dynamique et la motivation à l’intérieur du groupe ne sont pas entamées », poursuit alors justement Axel Goudet (classe 1998) avant de poursuivre: « Il y a un plaisir immense à jouer avec l’ensemble de la génération 2000. Et le plaisir est d’autant plus grand de jouer avec mon frère. Il doit y avoir quelque six ou sept fratries au sein du club et cela n’est pas prêt de changer! » « L’esprit de jeu ne peut être que sain dans de telles situations, puisque le groupe entier est basé sur une amitié de longue date. Tous les joueurs se soutiennent entre eux », assure alors pour sa part Jérôme Goudet, pas peu fier de voir ses fils ensemble à l’œuvre toute une deuxième mi-temps à Chavannes.
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Mais la famille Goudet n’est pas la seule très bien représentée au sein du contingent stadiste; au-delà des Lugeon (Maxime et Nicolas), alignés ce samedi face à Grasshopper, il y a aussi les Pharaony. Henry (18 ans) y a également découvert la puissance et la rudesse du championnat national. Mais il y a aussi surtout étrenné sa première titularisation aux côtés de joueurs de sa jeune génération: « À Stade, tout le monde se connaît. Au-delà du fait que nous soyons tous de la même région, j’ai personnellement été en cours (à l’école) avec beaucoup de joueurs qui ont joué aujourd’hui. Nous avons tous grandi ensemble. » Un environnement qui est alors loin de dépayser, d’autant plus que le garçon aura la possibilité de jouer – pour la toute première fois également – avec son frère Louis (20 ans) et son père André (capitaine) lors du second match de la saison au quartier lac du campus universitaire de Dorigny samedi 22 septembre face au LUC. Ceci même si Pharaony père se remet de sa douleur musculaire à la cuisse contractée au début de rencontre face à GC. Cela n’empêche néanmoins que le moment soit attendu avec une certaine impatience. « Je ne connais personne actuellement qui puisse raconter avoir déjà joué avec son frère et son père ensemble lors du même match », lâche alors le jeune Henry. Preuve alors que les épisodes familiaux sont légion à Chavannes.
![StadeGC_096 André Pharaony, Président de l'École de Rugby de Lausanne (ERL), capitaine de Stade Lausanne et père de Louis et Henry, tous deux stadistes de la première heure, est l'un des témoins directs de l'émergence d'une nouvelle génération talentueuse à Lausanne... et en Suisse. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Chavannes-près-Renens]](https://vivisantangelomultimedia.files.wordpress.com/2018/09/stadegc_0961.jpg?w=623&resize=623%2C416&h=416#038;h=416)
Des parcours différents, un destin de champion en commun
Axel et Oscar Goudet, Louis et Henry Pharaony sont indéniablement à l’image du renouveau. Qui est parti en Angleterre, qui en Australie, qui autre souhaite s’exporter au Kenya, tous sont témoin d’un parcours de vie sportif unique et pourtant tous partagent un destin lié; au-delà même du club de Stade Lausanne, ils ont tous fait leur classe à l’ERL avant de figurer dans les sélections nationales M18 à 7, mais aussi à XV. « Louis et Henry, mais c’est aussi le cas pour bon nombre de joueurs qui ont été formés à l’ERL, ont figuré dans toutes les équipes nationales à 7 et à XV », explique alors André Pharaony avant de continuer: « Cela prouve que nous sommes capables de former d’excellents joueurs à l’ERL, surtout quand la plupart savent qu’il est important de ne manquer aucun entraînement. C’est le cas de mes fils qui sont entrés tous les deux directement dans la première équipe de Stade Lausanne. » Oscar Goudet, quant à lui, a bien débuté samedi avec l’Excellence A avant d’entrer en seconde mi-temps avec la première, mais son parcours rugbystique appartient de cette génération talentueuse qui débarque en force en LNA. « Ces jeunes, qui ont aussi été sacrés champions d’Europe de deuxième division en Hongrie, ont véritablement le niveau pour permettre aux séniors qui les accueillent en première équipe de grandir à leurs côtés », confirme pour sa part Jérôme Goudet. Tous aussi, par la “rageante” défaite face à Grasshopper 7-38, ont aperçu le niveau à atteindre dans un futur proche. « Nous avons vu tout l’écart qui nous sépare de joueurs expérimentés et à grands gabarits comme ceux de Grasshopper. Toujours est-il que nous étions proches de les battre en fin de saison dernière [ndlr, 28-21 le 6 mai dernier à Zürich]. Aujourd’hui [ndlr, samedi], tout s’est joué au niveau mental avec des mauvais choix opérés », aiguillonne alors Axel Goudet.
« Je me suis prouvé en jouant à 7. Je suis très heureux d’avoir gagné un titre de cette envergure, il a été un vrai booster de confiance et m’a aidé à trouver ma place en club »
Henry Pharaony, trois-quart centre du Stade Lausanne Rugby Club
« L’envie et la détermination sont peut-être un peu retombées en deuxième mi-temps, nous n’étions plus vraiment dans le match. Nous avons commis de petites erreurs qui ont causé de grands problèmes. Aussi, tout le monde sait que le mental est intimement lié au physique. Et certainement que l’écart physique avec les joueurs de Grasshopper nous ont un peu miné le moral », explique alors pour sa part Henry Pharaony, qui ne s’était peut-être pas encore tout à fait adapté au passage du rugby à 7 – qu’il a entraîné tout le mois de septembre à l’Europe Trophy d’Esztergom avec l’équipe nationale M18 – au XV durant toute la semaine de préparation. « Il est vrai qu’Henry avait gardé des automatismes de rugby à 7 lors des deux derniers entraînements », rigole alors André Pharaony. « Et il en a encore eu quelques uns en match », surenchérit même Jérôme Goudet. Cela n’empêche pourtant bien évidemment pas que le jeune homme soit devenu, ces dernières semaines, un titulaire indiscutable du contingent stadiste. Et le jeune homme en a pris conscience: « [Face à GC], c’était un match un peu difficile pour moi car, d’habitude je joue en 13 [ndlr, il a joué avec le numéro 12 samedi après-midi]. Mais je ne pense pas avoir eu des problèmes d’adaptation après le titre européen en Hongrie. J’ai vraiment l’impression de pouvoir passer de l’un à l’autre [ndlr, du 7 au XV] assez facilement. Cela n’est qu’une question d’organisation », assure-t-il alors avant de poursuivre: « Mieux, je me suis prouvé en jouant à 7. Je suis très heureux d’avoir gagné un titre de cette envergure, il a été un vrai booster de confiance et m’a aidé à trouver ma place en club. »
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« C’est un titre magique que nous n’imaginions pas gagner au début de la compétition », assurait également Oscar Goudet. Aussi, en-deça du titre européen et des moments passés à l’École de Rugby de Lausanne, chacune de ces jeunes pousses ont connu (ou souhaitent vivre) un parcours de vie et de sportif bien particulier. Ceci est d’autant plus vrai pour Louis Pharaony et Oscar Goudet, lesquels n’ont pas hésité ces dernières années à s’exporter dans les milieux les plus anglophones de la planète, là où le rugby y est d’autant plus vécu et ressenti qu’en Suisse. « Louis est parti en Angleterre dans une très bonne école de rugby. Il s’y sent très bien et s’est bien implanté dans l’environnement du coin », affirmait alors son père André. En toute vraisemblance, son retour est programmé dans la semaine, durant laquelle il prendra part aux entraînements avant de disputer le derby lausannois face au LUC.
« Tous ces grands moments passés ces derniers mois et ces dernières semaines avec le titre européen en Hongrie m’ont vraiment poussé à montré mes talents. C’est génial de venir jouer au Stade avec mon frère, j’ai attendu ce moment depuis longtemps »
Oscar Goudet, ailier du Stade Lausanne Rugby Club
Ce “retour”, Oscar Goudet, l’a déjà réalisé cette présente semaine. Lui qui a évolué toute la saison passée en Australie, où il a pris le temps de se renforcer physiquement et mentalement, a souhaité depuis quelques temps retrouver les terrains suisses, et au niveau qu’on lui prédispose: en LNA. « J’ai retrouvé l’osmose de mes débuts au sein de l’ERL. J’attendais avec impatience de pouvoir revenir jouer avec mes amis Axel, Arthur [Donzé] et les autres à Lausanne. J’y ai retrouvé mes repères », lance alors le jeune homme fraîchement majeur au terme de la rencontre face à GC. Il faut dire qu’en Australie, il a grandi aux côtés de jeunes hommes qui vivent le rugby dans la peau. « J’y ai fait des apprentissages énormes. Je m’y suis véritablement amélioré et l’objectif était de revenir en force en Suisse, et de jouer avec mon frère. Tous ces grands moments passés ces derniers mois et ces dernières semaines avec le titre européen en Hongrie m’ont vraiment poussé à montré mes talents. C’est génial de venir jouer au Stade avec mon frère, j’ai attendu ce moment depuis longtemps », concluait-il alors Oscar, très souriant. Quant à Henry Pharaony ? « Il souhaite partir au Kenya pour y enseigner le rugby dans une école. C’est une volonté qu’il exprime depuis quelque temps », annonce alors son père André. Une chose est sûre dès lors, le rugby chez ces jeunes gens, est une véritable religion de vie. Et personne ne leur enlèvera cette passion.
![StadeGC_099 La famille Goudet (les frères Axel, Oscar et leur père Jérôme, à droite) ont témoigné le bonheur d'évoluer ensemble dans un cadre rugbystique sain. C'était la première fois que les deux frères jouaient ensemble en LNA à Stade Lausanne. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Chavannes-près-Renens]](https://vivisantangelomultimedia.files.wordpress.com/2018/09/stadegc_0991.jpg?w=623&resize=623%2C416&h=416#038;h=416)
Les faits de match: Stade Lausanne Rugby Club v Grasshopper Club Zürich Rugby, 7-38 (7-10) Composition du Stade Lausanne Rugby Club: 1 Seonghoon Choi, 2 Christophe Rafie, 3 Rolando Portillo, 4 Stelio Parmigiani, 5 André Pharaony ©, 6 Maxime Lugeon, 7 Arnaud Thiébaud, 8 Nicolas Lugeon, 9 Jean Morard, 10 Fabio Venturelli, 11 Axel Goudet, 12 Henry Pharaony, 13 Arthur Donzé, 14 Noham Lamssirine, 15 Benjamin Harries. Remplaçants: 16 Bruno Trivelli Alvear, 17 Emmanuel Parriaux, 18 Guillaume Graf, 19 Kadahi Ludunge, 20 Carlos Lopez, 21 Oscar Goudet, 22 Martin Cambolin et 23 Keiran Collis. Entraîneur: Mario Bucciarelli. Composition du Grasshopper Club Zürich Rugby: 1 Ekim Saraçlar, 2 Andri Koeferli, 3 Samuel König, 4 Christian Röhrig, 5 Graham Patterson, 6 Yannick Liechti, 7 Tim Vögtli, 8 James Pickering ©, 9 Alexandre Ramon, 10 Thomas Mcmann, 11 Dayron Campos Cuza, 12 Yared Ketema, 13 Jess Roberson, 14 Finlay Small, 15 Jemba Bull. Remplaçants: 16 Henry Estermann, 17 Yannik Messerli, 18 Ueli Galli, 19 Diego Favre et 21 Raphael Hamze. Entraîneur: Alexandre Ramon. Essais: 13e A. Goudet / 39e Röhrig; 54e Saraçlar; 56e Small; 72e Campos Cuza; 80e Ketema. Transformations: 13e H. Pharaony / 39e, 54e, 56e, 72e et 80e Mcmann. Pénalités: - / 26e Mcmann. Notes: Centre sportif de Chavannes-près-Renens. Stade Lausanne sans Louis Pharaony (Angleterre). Grasshopper sans Sylvain Hirsch.