Marie-Josée Ta Lou manque le titre en finale de Diamond League à Zürich

Marie-Josée Ta Lou termine sa saison à une troisième place lors de la finale des 100 mètres de la Diamond League à Zürich (11”10). Insuffisant pour un premier titre sur la scène internationale. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino [Zürich]

Celle qui a commencé l’athlétisme que très tard après avoir entamé une très courte expérience dans le football dans sa jeunesse dans la banlieue d’Abidjan, Marie-Josée Ta Lou (1,59m pour 50kg) a, à son tour, enfoncé au nom de l’entière Côte d’Ivoire la porte du cercle mondial de l’athlétisme, dans la lignée des performances déjà accomplies par sa compatriote Murielle Ahouré (31 ans) il y a quelques années, médaillée d’argent des Mondiaux de Moscou en 2013. Nul doute, au sprint avec Ta Lou et Ahouré, c’est l’Afrique qui vient taper à la porte du continent américain. L’aînée des deux a remporté sa première Diamond League sur les 100 mètres à Zürich, luttant contre un vent légèrement défavorable (-0,5m/s) alors que Ta Lou a dû, une nouvelle fois, se contenter d’une troisième place. La Suissesse Mujinga Kambundji a, quant à elle, terminé 4e (encore!) devant Dafne Schippers.

« C’est formidable, je suis trop contente. C’était une saison assez difficile pour moi mais par la grâce de Dieu, j’ai pu me remettre et j’ai gagné la course la plus importante de la saison qui est la finale de la Ligue de Diamant. » Ces mot ont été prononcés avec la vivacité et la joie de vivre qui caractérise pleinement l’Afrique. Murielle Ahouré a pris les devants sur tout le monde sur les 100 mètres de la première partie des finales de la Diamond League à Zürich. Avec sept centièmes d’avance, elle a littéralement coiffé les ambitions des deux femmes les plus rapides de la saison, la Britannique Dina Asher-Smith et – surtout – sa compatriote Marie-Josée Ta Lou. Et si cela paraît dans la logique des standings qualificatifs dans les meetings de la Ligue de Diamant – Murielle Ahouré a terminé première à 37 points devant Ta Lou (32) –, la situation omet volontiers de préciser la douleur qui fut la sienne au tournant du mois de juillet. Murielle Ahouré avait en effet été contrainte de manquer les Championnats d’Afrique à Asaba du 1er au 5 août à cause d’une violente et soudaine allergie conséquente à un régime alimentaire inadapté à Londres mi-juillet. Passée par les États-Unis, pour y recevoir des soins de première nécessité, elle avait rejoint l’Europe dans l’espoir d’y détrôner toute concurrence, y compris celle de sa compatriote sur le sprint roi. « C’était ma dernière course de la saison, puisque je vais rater la coupe intercontinentale. C’est dommage mais je ne regrette pas d’avoir pu terminer la saison en beauté, et avec le diamant. J’ai tout donné pour cela », temporisait-elle alors qu’elle était arrivée très tôt à Zürich, au début du mois pour y peaufiner sa préparation en vue de la Weltklasse. « Je vais maintenant prendre le temps de me remettre, repartir à la maison [ndlr, elle habite à Houston au Texas] et me reposer avant de repartir à l’entraînement en vue de la saison prochaine. »

Lire également: Les premiers 100 mètres de Marie-Josée Ta Lou de la saison à Doha en 10”85

Pour Marie-Josée Ta Lou, le souvenir d’une saison accomplie sera certainement suffisant pour atténuer les menus regrets d’une finale disputée au climax d’une année 2018 marquée par l’absence de compétition majeure (ni Jeux Olympiques, ni Championnats du Monde en outdoor). Il faut préciser néanmoins – et cela ajoute poids au mérite de l’Ivoirienne – que des huit prétendantes au titre, Marie-Josée Ta Lou (29 ans) est l’athlète qui a couru le plus vite cette saison, en 10”85 (son record personnel) – et le plus tôt! – à égalité avec la Britannique Dina Asher-Smith. Ce temps – établi lors du tout premier meeting de la saison en plein air à Doha (Qatar) le 4 mai dernier – fut la preuve d’une constance certaine, après une saison indoor achevée avec une médaille d’argent sur 60 mètres (7”05, son meilleur temps en carrière également). « Ma plus grande surprise était bien de débuter la saison avec un record personnel à 10”85 à Doha, suivi par l’ensemble de mes victoires sur les 100 mètres. Ce sont des moments que je savoure chaque jour; ce genre de choses qui n’arrivent qu’une seule fois dans l’année et dont il faut absolument profiter », convient-elle. À Zürich, en revanche, les années passent et se reproduisent pratiquement à l’identique pour la “reine du sprint”. Ce jeudi soir, elle disputait sa deuxième finale de la Ligue de Diamant au Letzigrund; et pour la deuxième fois, elle a terminé troisième après ses 200 mètres (22”09) en 2017 derrière la Bahaméenne Shaunae Miller-Uibo et la Jamaïcaine Elaine Thompson. Des résultats équivalents à cela près que sur les 100 mètres de la finale cette année, aucune adversaire outre-Atlantique n’avait tenu présence sinon la Trinidadienne Michelle-Lee Ahye (6e en 11”27). Peu importe; quelle que soit la concurrence, Marie-Josée Ta Lou a longuement prouvé avoir les capacités de rendre parfaite copie au cœur des épreuves internationales et intercontinentales.

« Ce n’est pas parce que l’on a la meilleure performance mondiale de l’année et que l’on a remporté toutes les courses en Diamond League de la saison sur les 100 mètres que l’on est assuré de remporter la finale. »

Marie-Josée Ta Lou, sprinteuse ivoirienne, troisième de la Ligue de Diamant 2018

La saison a malgré tout terminé comme elle le souhaitait, à la lutte avec les meilleures sprinteuses de la planète, même si la fatigue d’une entière saison lui a quelque peu entamé la pleine réussite de son début d’année, de Birmingham fin mars à Asaba début août aux Championnats d’Afrique. Quand bien même, elle assure avoir eu faible résistance sur la piste aux joutes continentales, au Nigéria, elle a toutefois assuré avoir eu la plus dévorante à Zürich: « Toutes les filles qui sont qualifiées en finale sont des athlètes talentueuses et très performantes, notamment Dina Asher-Smith qui a aussi couru les 10”85 à Berlin [ndlr, aux Championnats Européens]. C’est dire s’il y avait de la concurrence », aiguillonnait-elle alors avant de poursuivre: « Rien n’est mathématique; ce n’est pas parce que l’on a la meilleure performance mondiale de l’année et que l’on a remporté toutes les courses en Diamond League de la saison sur les 100 mètres que l’on est assuré de remporter la finale. Je me suis entraînée dur pour pouvoir en arriver là et je voulais terminer la saison comme elle a commencé. » Et en quelque sorte, elle y est parvenue. Marie-Josée Ta Lou a terminé son périple en Diamond League comme elle l’avait entamé: en mesurant pleinement son talent sur les pistes.

Une digne représentante d’un entier continent

Elle se sentait servie d’une mission, à la fois personnelle – consolider sa stature auprès d’une concurrence continentale moins conséquente – mais aussi globale, en ce qu’elle représente, pratiquement à elle seule (avec Murielle Ahouré) le sprint africain et ivoirien dans le monde. Avec ses deux médailles d’or aux Championnats d’Afrique (sur 100m et 200 mètres) à Asaba au Nigéria au début du mois d’août, Marie-Josée Ta Lou appréciait le retour que son entier pays lui faisait, reconnaissant de porter les couleurs ivoiriennes au faîte de la reconnaissance africaine. Cette mission, la sprinteuse de 29 ans l’a incarnée bec et ongle; elle s’est proprement dévouée, assumée dans un rôle qu’elle assure maîtriser depuis lors. Dans la grandiloquence de ses responsabilités, la jeune femme d’1,59 mètre s’est montrée à la pleine hauteur de ses espérances. « Le plus important était de ramener deux médailles d’or des Championnats d’Afrique; on ne se préoccupait pas du temps parce que l’on savait qu’il n’y avait pas beaucoup de concurrence. J’ai trouvé l’or à deux reprises et je suis qualifiée pour la coupe intercontinentale [ndlr, à Ostrava en République Tchèque les 8 et 9 septembre avec le sprinteur Arthur Cissé Gue, parmi une délégation africaine de 74 athlètes] et c’est le plus important », entamait-elle alors à Zürich avant le meeting Weltklasse.

« Ce n’est pas seulement le résultat qui compte. Il ne s’agit pas seulement de gagner ou perdre. C’est toute l’histoire que l’on est capable de raconter à chaque fois qui importe réellement. »

Marie-Josée Ta Lou, sprinteuse ivoirienne, troisième de la Ligue de Diamant 2018

Pourtant, elle savait les conditions difficiles qui furent les siennes avant son arrivée à Asaba; éprouvée physiquement à cause des nombreux voyages entre le Qatar, la Chine, les Amériques et l’Europe, elle avait livré l’entier de son énergie à la défense de ce qui apparaît, aujourd’hui et jour après jour, le patrimoine sportif de tout un pays. « Je suis consciente de la responsabilité que j’ai de représenter non seulement mon pays mais aussi mon continent. C’est un énorme poids, une charge émotionnelle qui pèse dans la manière avec laquelle l’on entre dans le stade. Je sens une obligation de bien faire quand je sors de la chambre d’appel, de tabler sur un podium, un Top 3 pour espérer satisfaire l’Afrique entière. Mais la pression que j’ai est une pression positive parce qu’elle me pousse à aller de l’avant, elle ne m’a jamais ralentie. Je donne donc toujours le meilleur de moi-même pour continuer à être une digne représentante de tout un peuple élargi », précisait-elle alors mercredi midi au restaurant Oval qui surplombe le Letzigrund. Aussi, publiquement et encore cette semaine à Zürich, si elle apparaît toujours sourire aux lèvres, nul doute que la meilleure performeuse mondiale cette année dissimule secrètement une fatigue bien installée, sans exclure son équipe de l’ombre, à l’image de son entraîneur Anthony Koffi. Mais, certaine de ses capacités et de sa force de résistance, Marie-Josée Ta Lou n’a jamais abdiqué. Quasiment jamais dans sa vie. Depuis moins de deux ans maintenant, et surtout depuis sa double médaille d’argent aux Mondiaux de Londres (toujours sur 100m et 200 mètres), les attentes de l’ensemble d’un pays et d’un continent entier lui entraînent la marche dans laquelle elle est alignée. Depuis qu’elle a commencé à tourner sur les meetings de la Diamond League en 2017, la reconnaissance croît jusqu’à atteindre ce jeudi soir l’apogée lors de la première moitié des finales en Suisse. Mais au-delà, bien évidemment, de la matérialité et de la couleur de la médaille atournée autour du cou, c’est une richesse nettement moins palpable que Marie-Josée Ta Lou promet à son peuple. « Ce n’est pas seulement le résultat qui compte. Il ne s’agit pas seulement de gagner ou perdre. C’est toute l’histoire que l’on est capable de raconter à chaque fois qui importe réellement – assurait-elle encore avant de poursuivre – Je suis heureuse quand on m’envoie des messages pour me dire ô combien ma persévérance paie pour mon pays et mon continent. » Et des messages, elle en a reçus parmi certains spéciaux; lors de la 6e édition de la Journée de l’Excellence à Abidjan, Marie-Josée Ta Lou s’était en effet vue remettre le Prix de l’Excellence sportive des mains du Président ivoirien Alassane Ouattara. Une marque de reconnaissance d’autant plus exceptionnelle que forgeuse.

Détrônée la concurrence américaine et jamaïcaine sur le sprint mondial ?

Pour Marie-Josée Ta Lou, la croyance est ferme que la spécialité du sprint mondial tend à échapper toujours plus aux représentants outre-Atlantique. Chez les dames, du moins. Car si les Noah Lyles, Ronnie Baker, Christian Coleman et Michael Rodgers dominent encore la sélection mondiale masculine sur les 100 et 200 mètres, les représentantes jamaïcaines et américaines, quant à elle, tendent à sombrer vers un discret mutisme. La native de Paroisse de Manchester Elaine Thompson (26 ans), bien particulièrement, semble ne plus tenir le niveau qu’elle affichait du temps de ses 10”70 explosifs sur les 100 mètres, il y a deux ans. Cette année, elle est abondamment restée au-dessus des 11 secondes, ne parvenant à les effacer qu’à deux seules reprises en 10 courses, à Doha (10”93) et fin mai à Eugene, dans l’Oregon (10”98), malgré un titre aux Championnats de Jamaïque à Kingston le 22 juin (11”01 en finale). Quant à l’Étasunienne Torie Bowie (28 ans), autre figure de proue du sprint continental américain féminin, elle s’était blessée au Prefontaine Classic d’Eugène, mettant ainsi prématurément un terme à sa saison. Mais cela ne veut pas pour autant dire que le sprint américain et jamaïcain sont destinés à subir le spectre d’un grand remplacement. Aux États-Unis surtout, l’on attend avec enthousiasme et impatience l’éclosion de la jeune Aleia Hobbs, auteure d’une saison fantastique sur le circuit universitaire national. Il faut dire qu’en six championnats disputés, elle n’a mordu au-delà des 11 secondes qu’à deux seules reprises cette saison et à chaque fois contre un vent quelque peu défavorable, à Baton Rouge en Louisiane (-0,4m/s) puis en finale du championnat de la division NCAA à Eugene (-0,7m/s). En outre, championne des États-Unis à Des Moines – en parallèle à son compatriote Noah Lyles – elle n’a cessé de titiller son record personnel établi l’année passée en… 10”85, la meilleure performance mondiale sur le circuit cette saison. Toutefois, à s’y laisser convaincre, les résultats récentes de Murielle Ahouré et Marie-Josée Ta Lou tendent volontiers à remélanger les cartes. Et ceci même si dans le palmarès actuel, aucune représentante du continent africain n’est encore parvenue à décrocher un or olympique ou mondial sur le sprint roi. Murielle Ahouré a alors ouvert la voie ce jeudi, Ta Lou la précédera bien tôt ou tard.

Lire également: Le sprint mondial reste une affaire d’Américains, ou presque

En revanche, la saison fut nettement mois belle sur les 200 mètres, où l’Ivoirienne de 29 ans avait terminé à une insignifiante 7e place à Birmingham (22”88) lors de la dernière volée des meetings réguliers de la Ligue de Diamant de la saison le 18 août dernier. Et à vrai dire, la prépondérance de la Bahaméenne Shaunae Miller-Uibo a souvent été évidente, rendant compte de l’ensemble d’un travail qu’il reste encore à accomplir au niveau mondial pour Marie-Josée Ta Lou et son entourage. « Je n’ai particulièrement pas réalisé de très grandes séances d’entraînement sur l’endurance – lâchait-elle alors à Zürich – J’ai eu quelques petits soucis, des petites blessures qui m’ont empêchée de parfaire mon entraînement. On le sait; les 200 mètres c’est savoir gérer à la fois la vitesse mais aussi l’endurance. C’est bien ce qui explique pourquoi mes 200 mètres étaient catastrophiques cette année. Il n’y avait pas de grande compétition majeure, ni Jeux Olympiques, ni Championnats du Monde – il n’y avait que les Championnats d’Afrique et la Diamond League –, c’est ce qui fait que j’ai ainsi pu gérer au mieux ma saison. J’espère bien sûr revenir en forme et m’entraîner au mieux pour les 200 mètres en 2019 », année des Mondiaux de Doha. Pourtant, en 2018, l’Ivoirienne s’était tout de même illustrée (mais pas suffisamment à son goût) sur le demi-tour de piste, en remportant le Golden Gala Pietro Mennea de Rome le 31 mai dernier et en terminant troisième au Meeting de Charléty à Paris. Mais bien connu, rien sinon l’or. Voilà donc pourquoi la saison vacillera encore (même timidement) entre le doute et l’espoir après sa finale de jeudi soir au Letzigrund. Mais sa détermination restera, quoi qu’il en soit sa principale qualité sur les pistes. C’est ce qui lui permet par ailleurs de maintenir le sourire qui la caractérise parfaitement: « Tout au long de l’année, l’on a d’emblée souhaité améliorer mon propre record sur 100 mètres, améliorer mon record sur 200m et dominer la meilleure marque africaine. Et comme on dit: l’on propose, Dieu dispose et il a préféré que je sois plus à mon aise sur les 100 mètres au dépens des 200m. Mais je ne pensais pas pouvoir être favorite en Diamond League, ni même d’être finaliste. C’est une surprise pour tout le monde, pour mon coach et pour moi; on va dire que le travail a payé et que nous l’avons achevé », assumait-elle alors pleinement.

Des années de doute et d’apprentissage entre la Chine et Dakar

Alors encore étudiante en médecine à l’Université d’Abidjan, à 20 ans en 2009, Marie-Josée Ta Lou avait bénéficié d’une bourse d’étude délivrée par la Fédération Ivoirienne d’Athlétisme (FIA); elle était alors partie en Chine dans l’espoir d’y cueillir un exotisme porteur. Pourtant, bien qu’engagée et assidue dans un travail d’autant plus théorique, sans assise en compétition, l’athlète a longtemps manqué de condition, de mise à l’épreuve. Et, en sus, l’accumulation des échéances entre examens et entraînements ne lui était plus viable. Elle avait littéralement perdu la forme, au-delà d’une bourse qui lui fut retirée deux ans plus tard. C’est donc après quelques mois compliqués sur le plan physique et mental qu’elle décida de revenir se ressourcer, d’abord au pays natal, puis au centre IAAF de Dakar au Sénégal dès septembre 2013. C’est bien là qu’elle débute un travail de remise en forme et en condition aux côtés de son actuel entraîneur Anthony Koffi, un homme d’expérience, droit et fin connaisseur d’un sport qu’il côtoie de très près par la confiance que lui porte la fédération internationale (IAAF), où il exerce sa fonction de directeur technique depuis 2003, en parallèle à son rôle d’entraîneur. Et autant dire qu’il a côtoyé des graines de star; au-delà de Marie-Josée Ta Lou et d’Arthur Cissé Gue, il a notamment suivi de près de très grands spécialistes des sprints longs ou courts, dont les Botswanais Isaak Makwala et Amantle Montsho, le Soudanais Ali Najmeddine ou encore la Sénégalaise Ndèye Fatou Soumah. Sans nul doute, Anthony Koffi a soutiré l’Ivoirienne d’une condition peu engageante. Aussi car les souvenirs de Marie-Josée Ta Lou au cœur plein de l’Empire ne lui reviennent pas agréables. « J’essaie de ne pas me remémorer de ma période en Chine parce que ce sont des moments difficiles que j’ai vécus – avouait-elle avant de continuer – Je dois dire que j’ai eu la chance de pouvoir revenir en Afrique, de m’entraîner et de pouvoir performer. Si j’étais restée en Chine, je n’aurais jamais pu accomplir sur les pistes ce que j’ai accompli ces deux dernières années. La Chine a été un passage obligé pour me forger mais je n’ai jamais eu un moral aussi haut, aussi fort, aussi constant que maintenant. Et cela change beaucoup dans la manière avec laquelle l’on appréhende les compétitions. »

« À chaque étape de ma vie, j’ai toujours eu des moments qui m’ont permis de forger mon moral et de le maintenir malgré la difficulté. J’ai toujours pu avancer dans mes projets et mes espérances sans avoir à reculer. »

Marie-Josée Ta Lou, sprinteuse ivoirienne, troisième de la Ligue de Diamant 2018

Aussi faut-il dire, depuis 2016 et son premier Top 8 mondial aux championnats indoor de Portland, la fulgurance est telle que la native de Bouaflé – une ville de 165’000 habitants au plein centre de la Côte d’Ivoire – s’est targuée de rompre le plafond de verre. Et elle met toujours plus son ambition à contribution; à Zürich, elle a couru parmi l’élite mondiale, la tiraillant jusqu’à manquer – de peu, à neuf centièmes de sa compatriote – de la dominer valeureusement deux ans seulement après avoir disputé ses premiers Jeux Olympiques à Rio en 2016 (4e aux 100m et 200m). Sa course, payée au prix d’un fantastique finish de Dina Asher-Smith sur la piste du Letzigrund en a pourtant offert l’une meilleure illustration; 2017 et 2018 lui auront été une année d’extrême richesse sur le plan personnel. Mais aussi sur le plan comptable avec une Ligue de Diamant (un total de 8 meetings remportés hors finales) et deux médailles d’or continentales. « À chaque étape de ma vie, j’ai toujours eu des moments qui m’ont permis de forger mon moral et de le maintenir malgré la difficulté. J’ai toujours pu avancer dans mes projets et mes espérances sans avoir à reculer. Je continue ma route malgré les douleurs et que ça passe ou ça casse. » Une chose est sûre, elle tiendra une juste préparation dans l’espoir de réaliser le meilleur casse de sa carrière aux Championnats du Monde de Doha en octobre 2019.