Une revanche européenne plus que méritée pour l’Atlético à Tallinn

Le capitaine de l'Atlético de Madrid soulève la Super Coupe d'Europe mercredi soir à l'Arena A. Le Coq de Tallinn, capitale de l'Estonie. L'Atlético l'a emporté 4-2 après prolongations face au Real Madrid. © Lukas Schulze - UEFA/Getty Images
De l'A. Le Coq Arena, Tallinn (Estonie)

À l’occasion de la Super Coupe de l’UEFA, Tallinn accueillait pour la première fois une finale entre clubs européens. Ce ne fut pas une finale comme les autres; derby entre deux clubs d’une même ville, Madrid. Après s’être disputé la gloire lors de l’UEFA Champions League en 2014 et 2016, ce fut au tour de l’Atlético de Madrid de l’emporter sur son grand rival, le Real Madrid (2-2 ; 2-4 ap).

La saison européenne aura été lancée de la plus belle des manières dans la capitale estonienne de Tallinn. Ce derby madrilène s’annonçait plutôt caliente après les départs fugitifs de Zinédine Zidane, suivie de celle de Cristiano Ronaldo. Et le spectacle était au rendez-vous. Du côté madrilène, après une pré-saison remarquable, le premier grand test était d’envergure. Le départ de la star portugaise vers la Juventus de Turin laissait planer les premiers doutes sur l’avenir de l’équipe entraînée par Julen Lopetegui. Quant aux Colchoneros, c’était l’occasion de pouvoir venger les frustrations des finales perdues à Lisbonne (2014) et à Milan (2016) face à l’éternel rival, comme l’a laissé sous-entendre en conférence de presse le coach de l’Atlético de Madrid, Diego Simeone : « Le Real n’avait plus perdu de finale depuis l’année 2000 et de notre côté nous avons perdu nos finales sur des détails. Cela nous donne une force nouvelle que nous devons célébrer et nous sommes fiers de cette victoire car nous l’avons méritée », avant de poursuivre « Des cinq finales disputées face au Real Madrid, nous n’avons gagnés que sur le plan national. Sur la scène européenne c’est la première fois que l’on y parvient et cela nous réjouis pour la suite. Nous n’avons pas réussi à remporter les finales de la Champions League, c’est un fait et on ne peut rien y faire, c’est de l’histoire ancienne à présent. C’est une belle victoire c’est sûr, mais dans le football, l’instant se regarde uniquement à travers le dernier match et maintenant nous sommes concentrés sur le début du championnat prévu ce week-end face à Valence ».

« Perdre un joueur de la taille de Ronaldo ne peut être que négatif pour nous, mais ce n’est pas pour autant que nous allons arrêter de gagner des titres »

Sergio Ramos, capitaine du Real Madrid

Si nous sommes qu’au début de saison et qu’il est encore tôt pour amener des conclusions sur certains aspects, il y a des choses qui ne peuvent passer inaperçues. Le Real sans Ronaldo, survit certes, mais perd son poids lorsqu’en face l’adversaire est de taille. Le Real conscient, avec son absence ce n’est pas moins de cinquante buts par saisons qui se perdent et cela n’est jamais bon, comme a tenu à le souligner en conférence de presse le capitaine madrilène Sergio Ramos : « Perdre un joueur de la taille de Ronaldo ne peut être que négatif pour nous, mais ce n’est pas pour autant que nous allons arrêter de gagner des titres. Notre histoire a vu passer énormément de grands joueurs et même comme cela nous avons continué à gagner. Il faut aller de l’avant et quoi qu’il arrive, le Real n’arrêtera pas de gagner. Ronaldo a décidé de changer d’air et de tourner la page, c’est son choix et on le respecte. On ne peut que lui être gratifiant pour tout ce qu’il a fait pour le Real Madrid, même si ce sera compliqué de palier son absence sur certains moment clés de la saison. »

« Zidane a fait un travail extraordinaire en gagnant énormément de titres »

Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour voir le Real contre les cordes et découvrir l’ampleur de la “Cristiano-dépendance” pointer le bout de son nez côté madrilène. Fidèle à leur philosophie de jeu, c’est un Atlético bien positionné et pressant très haut sur le terrain qui s’est présenté à Tallinn. Cette pression et cette agressivité constante afin de récupérer le ballon aussitôt perdu a été une des clés du titre: « La clé de ce match a été le travail que l’on a réalisé durant la pré-saison et l’humilité que nous avons affichée. Le Real est une équipe qui, avec peu d’occasions, peut te mettre un but et ça été le cas, mais nous étions assez ordonnés et concentrés sur le terrain et cela représente bien notre philosophie de jeu: être concentré et ordonné pour gagner les matchs et pousser l’adversaire dans ses limites ». En effet, le concept de limite soulevé par le joueur de l’Atlético de Madrid, Diego Costa, avait déjà été mentionné par Julen Lopetegui lors de la conférence tenue la veille. Ce qui montre bien que le Real s’attendait à voir venir son rival sur cet aspect-là, un duel rugueux, combattif et intense : « Zidane a fait un travail extraordinaire en gagnant énormément de titres, mais ça ne sert à rien de regarder en arrière, il faut avancer avec une nouvelle idée pour pouvoir consolider encore davantage l’histoire du club et pour cela nous devons essayer d’être une équipe qui se doit de s’améliorer sur toutes les facettes du jeu. Nous devons nous tourner vers le futur et aller de l’avant avec confiance et travail. Demain, ce sera un match qui nous poussera vers nos limites puisque l’Atlético, par son jeu, nous obligera de passer par là. Cela demandera donc la meilleure version de chacun. »

Quand l’émotionnel s’impose sur le talent

Si le Real Madrid semblait contrôler le match après l’égalisation à un partout puis après le penalty de Ramos qui redonnait l’avantages aux siens, lors des prolongations l’Atlético de Madrid s’est surpassé, mené par un public déchainé et venu en nombre en pleine période estivale. La communion était des plus belles. Quand les jambes ne suivent plus, le cœur et les sentiments parfois parviennent à reprendre le relai et c’est ce qui fait toute la beauté du football. Attaquer chaque ballon comme si c’était le dernier, c’est une véritable euphémisation de la bataille que nous avons pu vivre ce mercredi soir à Tallinn. Après deux désillusions colchoneros en 2014 et 2016, l’heure de la revanche était enfin arrivée. Les supporters n’ont jamais cessé de croire en les capacités de leurs joueurs. L’effet du douzième homme s’est réellement fait sentir permettant ainsi d’éteindre les quelques supporters madrilènes présents dans les tribunes. Ne jamais cesser de croire et poursuivre ces objectifs saison après saison constitue donc bel est bien la force de cette équipe entrainée par Diego Simeone et le football se devait de lui rendre la pareille : « Je suis heureux d’avoir gagné ce match puisqu’en 2016 je n’ai pu disputer que certaines minutes de cette finale. Le football est parfois injuste mais il nous devait un titre face à notre grand rival. Nous y avons cru pendant les 120 minutes et nous avons gagné de manière méritée. J’espère que par la suite nous pourrons jouer d’autres finales européennes face au Real parce que ces matches-là vont au-delà d’une simple finale, car c’est l’orgueil qui est en jeu ». Pour Lopetegui, le côté émotionnel est partagé. Cela a été pour lui le facteur clé et la force de l’Atlético pour dénouer cette finale de l’UEFA Super Coupe : « Le football se base sur des réussites et des erreurs, c’est une évidence et cela te puni ou te récompense. Mais dans notre cas, je crois que sur la première prolongation, physiquement nous étions bien mais le troisième but nous a fait mal. Dès cet instant, d’un point de vue émotionnel, l’Atlético nous a surpassé, leur détermination et leur envie nous ont fait perdre le contrôle et dès cet instant nous avons désespérément tout tenté pour égaliser mais nous n’y sommes pas parvenus ».

Les faits de match:
Real Madrid CF v Club Atlético de Madrid, 2-4 ap

Composition du Real Madrid CF:
Keylor Navas, Sergio Ramos ©, Raphaël Varane, Marcelo, Dani Carvajal, Casemiro (76e Dani Ceballos), Toni Kroos (102e Borja Mayoral), Isco (83e Lucas Vázquez), Marco Asensio (57e Luka Modrić), Gareth Bale et Karim Benzema. Entraîneur: Julen Lopetegui

Composition du Club Atlético de Madrid:
Jan Oblak, Diego Godín ©, Stefan Savić, Lucas Hernández, Juanfran, Rodri (71e Vitolo), Saúl Ñíguez, Koke, Thomas Lemar (91e Thomas Partey), Antoine Griezmann (57e Ángel Correa) et Diego Costa (109e José María Giménez). Assistant Coach: Germán Burgos.

Buts: 1e Costa (0-1); 27e Benzema (1-1); 63e Ramos (P)(2-1); 79e Costa (2-2); 98e Saúl Ñíguez (2-3); 104e Koke (2-4).

Notes: A. Le Coq Arena, Tallinn (Estonie). 15'000 spectateurs (sold-out).
Arbitre: Szymon Marciniak (POL).