La cinquième défaite du FC Lugano coïncide, en ce lundi de Pâques, avec le premier succès de l’année 2018 pour le FC Lausanne-Sport. Les Vaudois ont cependant battu les Tessinois sans la manière et sans satisfaire – en rien – leur entraîneur Fabio Celestini. Malgré les réussites d’Enzo Zidane (21e) et de Gonzalo Zarate (66e) – les deux meilleurs éléments de l’effectif cet après-midi –, le LS aura fait montre d’une étonnante vacuité dans le jeu. Très loin d’un FC Lugano qui aura produit et fait le jeu pendant plus d’une heure (8 tirs contre 1 en première période), mais sans trouver la voie du but, au-delà de la réussite de Carlinhos (34e). Au classement, Lausanne agrippe la septième place à égalité de points avec Grasshopper et son adversaire du jour (31). Sion reste quant à lui dernier, à six unités des Lausannois avant le derby romand de dimanche prochain à la Pontaise.
La manière n’aura pas plu à Fabio Celestini, vraiment pas. Malgré la victoire 2-1 – l’une des plus importantes de la saison face au FC Lugano – l’entraîneur lausannois avait la mine grave en conférence de presse. « J’ai perdu tous les arguments possibles pour commenter certains mauvais matches », argumente-t-il. « Lugano était meilleur en tout. C’est seulement après l’expulsion [ndlr, d’Andrea Maccoppi à la 55e] que l’équipe a commencé ce qu’elle devait faire dès la première minute. » En convienne, la première période fut des moins abouties et pourtant, le LS y est parvenu à ouvrir le score sur une conclusion d’Enzo Zidane – la seule des premières 45 minutes de jeu –, parfaitement servi sur une remise de Benjamin Kololli (21e). En face, Lugano aura bien tiré huit fois auprès du but de Thomas Castella, dont trois fois insidieusement dans le courant des dix premières minutes avec Mario Piccinocchi (2e) et Domen Crnigoj, à chaque fois sur un bon service de Jonathan Sabbatini (5e et 7e). Nul doute, à en croire les statistiques, c’est le FC Lugano qui a mené la danse, dominé les débats et – accessoirement – mérité de gagner. « Nous avions tout pour prendre les trois points cet après-midi. Nous avons perdu à cause de quelques ingénuités mais la prestation me conforte – aiguillonne l’entraîneur tessinois en conférence de presse – Je suis très embarrassé vis-à-vis des statistiques qui ont été les nôtres. Nous avions effectué plus de tirs, plus de possession de balle, plus de corners. La défaite n’était pas la nôtre cet après-midi. C’est frustrant de commenter cette cinquième défaite de suite. » Pour l’équipe de Lugano, nul doute, la série est loin d’être faste; quand bien même, ce lundi de Pâques, les conditions pouvaient pleinement jouer en leur faveur. Au-delà de l’égalisation de Carlinhos, sur un centre parfait de Crnigoj (34e), à onze contre dix, les Tessinois ont encore eu leurs occasions de prendre l’avantage (ou d’égaliser, à nouveau). Crnigoj y était par ailleurs parvenu d’un tir lointain avant que Nikolaj Hänni ne lui siffle une position de hors-jeu, une minute avant que Gonzalo Zarate ne trouve à son tour la voie du définitif 2-1 peu après l’heure de jeu (66e). Derrière, c’est encore Davide Mariani (70e), le jeune Carlo Manicone (classe 1998, 77e) et le latéral gauche Fabio Daprelà (81e) qui trouvèrent voie pour une conclusion, trop lente pour le premier, trop excentrée pour le second, trop étouffée pour le troisième.
« Trois tirs et deux buts et nous, nous avons trop galvaudé »
Pierluigi Tami, entraîneur du FC Lugano
En revanche, au-delà de la réussite de Zarate, seul Zidane avait eu une nouvelle occasion dans le courant du second acte, un tir dévissé pourtant de très bonne position (51e). Voilà qui harasse tant Fabio Celestini que Pier Tami. « Trois tirs et deux buts. Et nous ? nous n’avons que trop galvaudé. Nous avons eu tant d’occasions pour prendre les commandes mais au final c’est seulement ce qui se passe dans l’aire de réparation qui compte au football. Et pour nous, il nous manquait d’assise dans les 30 derniers mètres, ce n’est pas assez pour véritablement contraindre l’adversaire à la faute », consent l’entraîneur de l’équipe tessinoise. « Je m’attendais à un autre état d’esprit – confirme le Vaudois – Surtout en première mi-temps, que je ne saurais qualifier. C’est une victoire que j’ai bien de la peine à digérer. Si l’on continue à jouer ainsi, l’on va se mettre gravement en danger. » À une semaine de recevoir, lors du derby romand, le FC Sion à la Pontaise, la manière ne rassure en rien les individualités. Pourtant, mathématiquement parlant, « recevoir Sion avec six points d’avance c’est nettement mieux que trois. C’est vrai que c’est autre chose. » Psychologiquement surtout.
Un onze lausannois (encore) altéré
Certains préciseront que Francesco Margiotta a déjà occupé le rôle d’ailier gauche contre le FC Bâle, quelques minutes, en fin de match. D’autres resteront quelque peu surpris de voir l’Italien occuper une position aussi excentrée, aussi loin de ses cordes habituelles. « Je n’ai pas vraiment le souvenir d’avoir véritablement occupé ce poste auparavant. Mais le Mister m’a essayé dans cette position toute la semaine. Je fais bien ce qu’il me dit de faire, mieux vaut jouer à droite que rester sur le banc », précise l’avant-centre italien avant de relativiser: « Le plus important reste la victoire. Celle-ci nous permet de nous détacher des dernières positions au classement. Nous avons tous produit un travail remarquable à l’entraînement et cet après-midi nous avons réussi à gagner avec du cœur. Peut-être que cette victoire peut amorcer une série positive. » Sans doute, oui. Après sept rencontres sans victoire, la huitième peut en effet ouvrir de nouvelles sensations, ce que convient également Thomas Castella: « Nous avons connu une superbe semaine d’entraînement. Bien sûr, il nous manquait de la volonté, un bon état d’esprit, un manque de confiance dans la jouerie en première période. Mais nous étions les acteurs sur le terrain. Nous avions une seule chose à faire après le 2-1 (et l’expulsion de Maccoppi), c’était défendre. Ce sont trois points au final qui vont nous permettre de respirer. C’est la victoire qu’il nous manquait pour amorcer une série, oui. »
« Je souhaiterais féliciter Gonzalo [Zarate] pour son attitude »
Fabio Celestini, entraîneur du FC Lausanne-Sport
À nouveau, le FC Lausanne-Sport est apparu sur la pelouse de la Pontaise sous une autre veste. Un 3-4-2-1 qui propose (à nouveau) une défense à trois – les habitués Loosli, Monteiro et Rochat – mais qui dessine une toute autre composition offensive. Portant toujours sa confiance à Simone Rapp, Fabio Celestini a néanmoins décidé d’augmenter le nombre d’acteurs offensifs sur le terrain, en reléguant – donc – Margiotta sur le flanc gauche, où il aligne une charnière médiane avec Andrea Maccoppi (qui a remplacé Alexandre Pasche, sorti sur blessure à la 14e), Dominik Schmid et Benjamin Kololli. Joël Geissmann et Enzo Zidane ont, quant à eux, soutenu la pointe. Mais, n’en reste qu’avec une blessure survenue dans le courant du premier quart d’heure, un carton rouge arrivé peu après la mi-temps et trois changements opérés avant même l’heure de jeu, la composition tactique ne fut pas des plus aisées pour Fabio Celestini, qui a pourtant soutenu tout du long la position de Margiotta sur l’aile. Mieux, après l’expulsion de Maccoppi, l’entraîneur lausannois a même inséré Gonzalo Zarate dans l’autre couloir, se retrouvant alors, pendant quelques minutes, avec cinq attaquants sur le terrain, faisant bloc à la fois en défense (en 4-4-1) et surnombre en contre. Une formation qui aura dès lors plus de véritable milieu de terrain mais une armada offensive fournie. « Quatre attaquants sur le terrain, je ne peux pas en mettre plus », commentera même plus tard l’entraîneur lausannois, agacé du sous-nombre d’occasions procurées dans le tour des 90 minutes. Cependant, séduit par l’attitude de quelques unes de ses individualités, Celestini n’a pas omis d’en féliciter quelques unes. Un en particulier: « Je suis très content pour Gonzalo [Zarate] qui avait besoin de retrouver un peu de confiance [ndlr, après avoir passé le début du deuxième tour blessé]. Je veux le féliciter pour son attitude ce soir. » Alors que d’autres – à l’image d’Andrea Maccoppi, absent sur les terrains depuis le premier match du second tour à Lucerne en février (défaite 2-1) – auront très nettement manqué de rythme. Tout comme Alexander Fransson et Yeltsin Tejeda qui n’ont plus fait leur apparition depuis désormais 180 minutes. Quant à Leandro Marin, voilà deux matches qu’il n’est même plus sur la feuille de match. Au moins, les choix de Fabio Celestini sont tranchés.
« Le public lausannois ne soutenait pas son équipe avant le carton rouge »
Des paroles prêtes à nouveau à faire grincer les dents de l’entraîneur vaudois. Pourtant, cette fois-ci, ce n’est pas Celestini qui les a prononcées, mais bien son homologue, surpris de constater que le public de la Pontaise ne semblait pas soutenir l’équipe lausannoise. « Il s’est passé quelque chose de bizarre aujourd’hui. Le public [de la Pontaise] sifflait son équipe alors qu’ils étaient encore à onze contre onze. Il y avait une dynamique positive pour nous, nous avons livré une très bonne prestation jusqu’à l’expulsion. Nous n’avons pas su en profiter. Après le carton rouge, en effet, le public lausannois a commencé à soutenir ses joueurs et nous, nous avons perdu le fil rouge », témoigne alors à la presse tessinoise Pierluigi Tami avant de poursuivre: « Nous perdons véritablement notre match là. » Une situation qui ressemble de près à une rencontre Lausanne-Sion le 26 février 2017 au Stade de la Pontaise, où un carton rouge direct à Elsad Zverotic (56e) avait davantage guindé les Sédunois (à dix) plutôt que les Lausannois, impuissants malgré la supériorité numérique. Alors capitaine du LS, Olivier Custodio avait affirmé: « Nous avons pensé à tort que l’infériorité numérique de Sion allait nous ouvrir la voie. Or, nous avons perdu toute la fluidité de notre jeu ». Un sentiment que partage aujourd’hui pleinement Pier Tami. « La supériorité numérique n’aurait pas dû altérer tant notre jeu. Aucun changement n’avait alors encore été opéré, il ne pouvait pas y avoir de changement tactique sur le terrain de notre part. Nous nous sommes tout simplement laissés surprendre », lâche-t-il sincère avant de poursuivre: « Ce qu’a fait [Gonzalo] Zarate à son entrée, nous n’avons pas été capables de le faire. C’est bien sur le comportement individuel qu’il faut changer quelque chose. »
« Pas un problème d’intimidation, un problème de réalisme »
Pierluigi Tami, entraîneur du FC Lugano
Pierluigi Tami a alors poursuivi son discours, dans les même cordes que celles déjà tenues par son homologue lausannois: la prestation avant le résultat. « Nous étions bien sur le terrain, nous avons réussi à mettre en difficulté Lausanne. C’est le deuxième match consécutif où nous livrons une très belle performance – c’est très bien – mais si l’on ne concrétise pas derrière, cela reste largement insuffisant », aiguillonne-t-il avant de conclure: « Nous devrons relever la tête. Aujourd’hui, il n’y avait aucun problème d’intimidation, sinon mes joueurs n’auraient pas proposé ce type de match, ce type de jeu. Seulement un problème de réalisme. »
Les faits de match: FC Lausanne-Sport v FC Lugano, 2-1 (1-1) Composition du FC Lausanne-Sport: Thomas Castella, Alain Rochat ©, Elton Monteiro, Noah Loosli, Francesco Margiotta (60e Nicolas Gétaz), Dominik Schmid (54e Gonzalo Zarate), Alexandre Pasche (14e Andrea Maccoppi /55e), Benjamin Kololli, Joël Geissmann, Enzo Zidane et Simone Rapp. Entraîneur: Fabio Celestini. Composition du FC Lugano: Joël Kiassumbua, Fabio Daprelà, Vladimir Golemic, Fulvio Sulmoni, Steve Rouiller, Mario Piccinocchi (68e Davide Mariani), Cristian Ledesma (68e Marc Janko), Jonathan Sabbatini ©, Domen Crnigoj, Carlos Antonio De Sousa et Alexander Gerndt (76e Carlo Manicone). Entraîneur: Pierluigi Tami. Buts: 21e Zidane (1-0); 34e Carlinhos (1-1); 66e Zarate (2-1). Notes: Stade de la Pontaise, Lausanne. 3'872 spectateurs. 55e Expulsion d'Andrea Maccoppi (double avertissement). Lausanne sans Jérémy Manière et Maxime Dominguez (blessés), Leandro Marin, Tiago Escorza, Mersim Asllani, Diego Berchtold et Adilson Cabral (non convoqués). Lugano sans David Da Costa, Stefano Guidotti, Mattia Bottani (blessés), Jetmir Krasniqi (suspendu), Marco Padalino, Alexander Muci, et Koffi Guy Yao Eloge (non convoqués). Arbitre: Nikolaj Hänni.