Loin de son meilleur niveau, pas nécessairement sous son meilleur habit, Neuchâtel Xamax FCS aura finalement résolu sa partie face à Rapperswil-Jona ce samedi soir au Stade de la Maladière. Dans un match fermé tout du long, les hommes de Michel Decastel ont pu bénéficier d’un pénalty transformé par Raphaël Nuzzolo à la 72e minute et ainsi s’imposer au forceps 1-0 lors de la 26e journée de Challenge League. Pour Xamax, la route vers la Super League se concrétise toujours plus, alors que 18 points séparent encore l’équipe de la consécration.
« Il faut parfois savoir faire le dos rond et gagner sans forcément y mettre la manière. C’est aussi ce qui nous permet de rester humble en vue de la promotion », lâchait Laurent Walthert au terme de la rencontre remportée coûte que coûte face à Rapperswil-Jona ce samedi soir à la Maladière (1-0). Les hommes de Michel Decastel ont cueilli la mise pleine grâce à un pénalty de Raphaël Nuzzolo, parfaitement provoqué par Samir Ramizi (72e); le numéro 14 neuchâtelois en est bien à son 22 but sous les couleurs rouge et noir cette saison et cette nouvelle réalisation tient son importance au vue d’une rencontre globalement maîtrisée par Rapperswil et sauvée à maintes fois par Laurent Walthert, notamment sur un tir décidé d’Aldin Turkes (32e) ou encore en début de seconde période sur une conclusion rapprochée de Valon Fazliu (50e). Autant le dire ainsi: la victoire de Neuchâtel Xamax a tenu à très peu, probablement à un rien. Un coup de pouce du destin sans doute. En attendant, à Neuchâtel, le compte à rebours a été mis en marche; avec cette 12e victoire conquise en 16 rencontres, les Xamaxiens ne sont plus qu’à 18 points d’une radieuse promotion en Super League, six ans après leur inévitable et périlleuse chute. Ce samedi soir, alors, le mérite aura plus été l’affaire d’une saison entière, dominée tant par le courage que le mental. Peu importe que ces trois points prennent l’apparence du parfait hold-up, la (dernière) ligne droite en direction de la Super League est plus qu’engagée à l’heure actuelle et Neuchâtel Xamax a désormais six pleines rencontres pour la matérialiser. « Nous avons gagné ce soir avec une occasion et demie ? cela ne fait rien. Même comme cela, ça marche parfaitement. Ça marche même quand l’on n’est pas à 100%. Peu importe où, quand ou comment, seuls les trois points nous intéressent à chaque match. Un point ce soir ne nous aurait pas suffi », assure Thibault Corbaz. « Nous prenons tout ce qui est bon à prendre. » « Il manque encore plusieurs ingrédients pour véritablement atteindre le niveau de la Super League mais les joueurs qui sont rentrés au bercail [ndlr, Geoffrey Tréand et Raphaël Nuzzolo] nous aident, travaillent dur et surtout, font juste sur le terrain », continue pour sa part le capitaine Laurent Walthert.
« J’étais un peu tendu au début du match à cause de mon indisponibilité ces derniers temps à cause de mon pouce. Mais mon rôle, comme celui de toute l’équipe, est de sauver des points. Individuellement, tout s’est bien passé »
Laurent Walther, gardien et capitaine de Neuchâtel Xamax FCS
Dans un match très fermé, la victoire est sans doute revenue au plus audacieux. Au plus impertinent peut-être. Pourtant, au retour de la trêve hivernale, la remise en condition n’aura pas été des plus aisées pour toutes les individualités. « Ce match a procuré un grand plaisir pour nous tous. J’étais personnellement un peu tendu au début du match, aussi à cause de mon indisponibilité ces derniers temps à cause de ma blessure au pouce – lâchait encore le portier Laurent Walthert avant de poursuivre – Mais mon rôle, comme celui de toute l’équipe, est de sauver des points. Individuellement, tout s’est très bien passé. » Autre point d’importance, Neuchâtel Xamax n’a subi aucun but, pour la troisième rencontre de rang. « Un jeu sérieux et appliqué, sur le long terme, cela compte énormément. C’est aussi ce qui nous permet d’aligner trois blanchissages d’affilée », aiguillonne encore Walthert, artisan véritable du succès du jour face à “Rappi”.
Stéphane Houcine Nater, le (nouvel) homme fort de Rapperswil-Jona
Certes, Rapperswil-Jona a perdu son meilleur buteur à l’intersaison; Mychell Chagas a traversé la Suisse pour rejoindre en janvier le Servette FC. Mais loin de là, les hommes d’Urs Meier ont perdu de leur superbe. Avec un sans faute depuis le début de l’année 2018, les Zürichois font régulièrement preuve d’intelligence tactique, en plus de se référer à des bases techniques évidentes. Habitués à aligner une double ligne de quatre depuis la reprise (en 4-1-4-1 ou en 4-4-1-1), Urs Meier a pris le pli de renforcer davantage son milieu de terrain pour y compasser davantage l’efficacité offensive, surtout dans l’axe. Organisée en 4-2-3-1, avec l’international tunisien Stéphane Nater en meneur de jeu, Rapperswil-Jona a su se doter des moyens nécessaires pour défendre en bloc et contrer avec une plaisante rapidité. Peu d’occasions concédées (Nuzzolo 55e, Corbaz 56e) pour autant d’occasions provoquées, mais autant dire que leur insidiosité aura prévalu sur l’entière rencontre. Alignant une presque équipe-type (le blessé Manuel Kubli laissant place à Fazliu dans l’entre-jeu), l’entraîneur natif de Zürich aura pleinement joué de l’expérience de plusieurs de ses individualités, telles que Jonas Elmer (104 matches en Super League entre 2007 et 2011 avec le FC Aarau et le FC Sion) ou encore – justement – Stéphane Nater. À sa 14e rencontre de Challenge League avec Rapperswil-Jona (1225 minutes), ce dernier aura pleinement contribué à l’animation offensive des siens, brouillant les relances adverses et se servant de sa stature pour servir entre les lignes défensives neuchâteloises. « Sans aucun doute, [Stéphane] Nater est celui qui nous a empêché de jouer – précisera même (les yeux brillants d’admiration ?) Michel Decastel en zone mixte – C’est définitivement un joueur qui vient du plus haut niveau en Suisse et ailleurs et qui mérite, encore maintenant, d’évoluer en Super League. C’est une certitude. » Si, en effet, à 34 ans, Stéphane Nater a encore une grande qualité à démontrer sur les terrains suisses, son âge pourrait bien être une claire-voie à sa promotion personnelle en Super League.
« À Neuchâtel la saison prochaine ? Je ne sais pas mais il faut reconnaître les qualités du garçon »
Michel Decastel, entraîneur de Neuchâtel Xamax FCS
« Nous avons joué un très bon match contre une équipe qui, par son niveau, doit évoluer en Super League. Mais Neuchâtel Xamax ne méritait pas les trois points ce soir. » Stéphane Nater a réagi après la défaite des siens à la Maladière, avec reconnaissance mais aussi clairvoyance. « Nous avons fait un très bon début de deuxième tour. Nous avons gagné cinq matches et nous connaissons notre première défaite ce soir [ndrl, de 2018] », concède-t-il avant de poursuivre: « Nous sommes très bien là où nous sommes, nous méritons notre place en Challenge League. Nous sommes tous très heureux de ce que nous produisons et on verra bien où la route nous mènera dans le futur. » Une chose est sûre, Stéphane Nater est un grand et fin connaisseur des deux plus hautes divisions suisses. Pour avoir commencé sa carrière professionnelle en Suisse – bien qu’il soit originaire de Tunisie et né à Troyes en France –, le relayeur (classe 1984) est sans aucun doute l’international tunisien (11 capes avec les Aigles de Carthage) le plus versé en matière de football helvétique depuis le début des années 2000 avec un certain Yassin Mikari, évoluant actuellement au FC Schaffhouse. Le trinational (suisse, français et – donc – tunisien) a débuté en Challenge League en 2002 à Vaduz. À 18 ans, il y apparaît deux rencontres avant d’être cédé par le club du Liechtenstein en 2004 en Première Ligue (l’ancienne troisième division), d’abord aux Grisons avec le Chur 97 de 2004 à 2007, puis au Tessin avec le GC Biaschesi de 2007 à 2008. C’est ensuite – après 53 matches (et un but) dans la division inférieure – que Stéphane Nater retrouve la Challenge League. En 2008, il rejoint le FC Schaffhouse pour deux saisons (53 matches joués) puis est transféré au Servette FC, club avec lequel il connaîtra une mémorable promotion en Super League en 2011 en dominant l’AC Bellinzona en barrages. Son histoire dans l’élite suisse sera longue de trois saisons (89 matches répartis entre les Grenat et le FC Saint-Gall de 2011 à 2014), avant qu’il ne rejoigne son pays natal, où il y militera trois nouvelles saisons en première division avec le Club Africain de Tunis de 2014 à 2016 puis l’Étoile sportive du Sahel jusqu’en juin 2017. C’est seulement en octobre 2017, à championnat pleinement entamé que Nater rejoint Rapperswil-Jona, avec une sérieuse envie de prouver qu’il peut encore porter un club à son meilleur niveau. C’est bien ce qu’il est en train de réussir dans la Ville des Roses, contre toute attente. Une possibilité de rebondir à Neuchâtel Xamax l’année prochaine ? « Je ne sais pas, mais il faut reconnaître les qualités du garçon », ajoutera même l’entraîneur xamaxien.
Non remaniée mais remodelée, l’équipe rouge et noire refonde ses automatismes
Neuchâtel Xamax aura à nouveau rejoué avec Mike Gomes en défense centrale suite à l’indisponibilité – encore – de Mustafa Sejmenovic qui a néanmoins pu faire son retour à l’entraînement la semaine après une blessure à l’épaule lors du match au sommet face au Servette FC (1-1). Seulement, ce samedi soir, Michel Decastel est allé plus loin dans le remaniement de la charnière défensive, titularisant Linus Obexer en latéral gauche et Steve Lawson sur la droite. Une première pour l’international togolais qui aura donc dû appréhender le couloir droit, un peu malgré lui. Autre refonte, Charles-André Doudin a lui aussi occupé le côté droit, permettant à Max Veloso de retrouver place dans l’axe au soutien du trio d’attaque. L’équilibre aura tenu quelques minutes avant d’exposer au grand jour quelques gros problèmes de coordination notamment… sur l’aile droite. « Cela n’allait pas en première mi-temps. Dans cette configuration, personne à part Raphaël [Nuzzolo] ne se présentait devant le but. Nous n’étions alors pas percutants », consentit Michel Decastel, lequel a été contraint d’opérer quelques modifications à la pause. « Nous avons remis en place plusieurs joueurs à la reprise. Charles [Doudin] a repris sa place dans l’axe et Max [Veloso] a pris le côté droit. Là aussi, ça a fonctionné un petit moment mais force est de constater que Rapperswil restait plus frais que nous sur le terrain. » Si, effet, l’équipe xamaxienne a globalement déçu sur son synthétique, plusieurs individualités ont de plus connu une baisse de régime, à l’image de Charles-André Doudin et Steve Lawson. Et ce, pour plusieurs raisons sans doute: « La trêve de quinze jours n’y est certainement pas étrangère – lâche Decastel avant de continuer – Charles a en plus été blessé à une cheville et ne s’est entraîné que sur les vélos la semaine dernière. Il a certainement manqué de rythme. Quant à Steve, il est parti avec l’équipe nationale [ndlr, du Togo pour deux matches amicaux face à Madagascar et la Côte d’Ivoire disputés en France les 21 et 24 mars] et il a certainement connu un petit dépaysement. » En revanche, sur son côté gauche, Linus Obexer a pleinement convaincu, souvent opposé au natif de Vaduz Dennis Salanovic.
« L’équipe a parfaitement joué à Wohlen [0-3] que j’ai voulu reproposer la même formation »
Michel Decastel, entraîneur de Neuchâtel Xamax FCS
À préciser, du moins, que le même onze de départ avait été aligné le 17 mars dernier à Wohlen, lors de la large victoire 3-0 des Rouges et Noirs. « J’ai voulu reproposer la même équipe qu’à Wohlen, là où elle avait plutôt bien joué. Je n’ai pas eu envie de changer une équipe qui gagne. C’est plutôt dans un choix tactique revisité que j’ai voulu la reproposer », consent Michel Decastel avant de relativiser: « Toujours est-il que ce soir nous avons aussi gagné et c’est bien une victoire de toute l’équipe et pas uniquement du coaching. La réussite vient en travaillant, elle se cherche. » Toujours est-il, qu’à neuf jours de défier Wil à l’IGP Arena et à J-13 de recevoir le FC Vaduz à la Maladière, la revue d’effectif se devra certainement d’être plus efficace, aussi car « tous les matches vont être compliqués jusqu’au bout. Il n’y a pas de petites équipes », rappelait encore le chef de l’équipe neuchâteloise. « Tout le monde doit continuer de faire passer les intérêts de l’équipe avant ses intérêts personnels. Tout les joueurs doivent continuer à se mettre au service de l’équipe. C’est comme cela que nous arriverons au bout de notre saison », conclut pour sa part Thibault Corbaz, par qui, inévitablement, l’esprit d’équipe passe.
Jeune est aussi l’arbitre, Luca Piccolo
Luca Piccolo (classe 1992), fiduciaire commercial de Bellinzona, a arbitré ce samedi à la Maladière son cinquième match en Challenge League. Après avoir pris la responsabilité d’une première rencontre la saison dernière, il a obtenu le droit d’officier davantage cette saison en deuxième division suisse. Pour la petite histoire, le Tessinois a également sifflé, pour la seconde fois (en 5 matches donc), un tir des onze mètres. La première fois, il avait concédé le pénalty lors du match Wil-Winterthur (2-0) de la 21e journée. Celui-ci avait alors été manqué par Luca Radice à la 21e minute. C’est aussi la deuxième fois qu’il arbitre Rapperswil-Jona cette année (24e journée, victoire 1-0 à Aarau). Son match, ce samedi soir, n’a été entaché d’aucune erreur grossière; il a sorti le carton jaune à six reprises; deux pour Neuchâtel Xamax (Pietro Di Nardo 31e et Max Veloso 74e) et quatre pour Rapperswil-Jona (Denis Simani 35e, Egzon Shabani 57e, Valon Fazliu 60e et Berkay Sülüngöz 72e sur l’action du pénalty). Aussi, Piccolo a engrangé une expérience intéressante au niveau inférieur suisse avec 2 matches dirigés en Coupe de Suisse, 46 en Promotion League et 77 en Première Ligue. Attendons-nous à le retrouver sous peu également au sifflet d’une rencontre de l’élite.
Les faits de match: Neuchâtel Xamax FCS v FC Rapperswil-Jona, 1-0 (0-0) Composition de Neuchâtel Xamax FCS: Laurent Walthert ©, Mike Gomes, Igor Djuric, Steve Lawson, Linus Obexer, Thibault Corbaz, Pietro Di Nardo (70e Marco Delley), Max Veloso, Geoffrey Tréand (70e Samir Ramizi), Charles-André Doudin et Raphaël Nuzzolo (87e Gaëtan Karlen). Entraîneur: Michel Decastel. Composition du FC Rapperswil-Jona: Diego Yanz, Denis Simani, Berkay Sülüngöz, Jonas Elmer ©, Mike Kleiber, Stéphane Nater, Simon Rohrbach, Valon Fazliu (76e Julio Texeira), Dennis Salanovic (76e Carlos Da Silva), Egzon Shabani (86e Illir Zenuni) et Aldin Turkes. Entraîneur: Urs Meier. Buts: 72e Nuzzolo (P)(1-0). Notes: Stade de la Maladière, Neuchâtel. 3'443 spectateurs. Neuchâtel Xamax sans Dilan Qela, Janick Kamber, Mustafa Sejmenovic (blessés), Liridon Mulaj (suspendu), Loïc Jacot, Astor Kilezi et Elvis Bratanovic (non convoqués). Rapperswil-Jona sans Egzon Kllokoqi, Manuel Kubli, Orhan Mustafi, Celien Wicht (blessés), Jaggy Kim, Francesco Amendola et Tomislav Vranjes (non convoqués). Arbitre: Luca Piccolo.