Neuchâtel Xamax et Servette se partagent l’enjeu dans le derby au sommet (1-1)

Neuchâtel Xamax FCS a dû lutter pour protéger le point du match nul face au Servette FC à la Maladière. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino

La situation est éminemment meilleure pour les Rouges et Noirs qui trouvent le point du match nul face au Servette FC lors du troisième et avant-dernier derby romand au sommet de la Challenge League ce lundi soir au Stade de la Maladière (1-1). Avec onze unités d’avance, les hommes de Michel Decastel maintiennent leur destin en leurs pleines main pour les 15 dernières rencontres encore à disputer dans le présent exercice. Si les mauvaises surprises sont encore possibles, la tendance se dessine déjà passablement pour la présidence de Neuchâtel Xamax FCS qui avouait déjà avoir « trois orteils en Super League ». Mais le championnat n’est pas encore terminé, rappellera prudent Michel Decastel.

Voir également: Le derby romand au sommet de la Challenge League en 100 images

La situation n’est pas compliquée à analyser. Le statu quo favorise évidemment le mieux loti; Neuchâtel Xamax ne pourra pas se vanter d’avoir enlevé le troisième derby romand de la saison mais pourra se satisfaire – pour une fois – du “minimum”. À plusieurs égards, le match nul (1-1) emploie une force qui renforce la dynamique rouge et noire vers la Super League. D’abord parce que les hommes de Michel Decastel ont réussi à produire, une fois de plus, un score utile dans leur Maladière, puis parce que l’écart entre les deux formations n’est pas du tout entamé. Il reste toujours onze points entre Xamax et Servette; un monde, quand bien même les Grenat auront encore à récupérer un match en retard à Wohlen mercredi 28 février prochain (18h30). Autant dire que le mental des Genevois, aussi prompt et revigoré au début de match, s’est fortement décomposé au terme de la rencontre; après 90 minutes de pure bataille, les hommes de Meho Kodro n’ont pu égratigner qu’une seule unité à leurs adversaires. Un bien faible butin pour une poursuivante aussi pugnace que l’équipe de Servette. Pourtant, au début de la rencontre – tout autant que dans les 25 dernières minutes de la partie –, la teneur du jeu Grenat y était. Une mise sous pression constante comme aucune équipe n’était jamais parvenue à la réaliser sur le synthétique de la Maladière, pas même le FC Schaffhouse lors de sa victoire face aux Rouges et Noirs en début de saison (0-1). La copie servettienne était parfaite, sous tous ses aspects; tirant d’autant plus puissance de ses renforts de l’intersaison, Paolo De Ceglie et Mychell Chagas, que renversant l’adversaire par sa complémentarité extraordinaire entre les piliers et les nouveaux, entre l’avant et l’arrière. La complétude fut servie ce lundi soir, transitions minutieuses et mouvements latéraux – tout autant que transversaux – percutants. Aucune occasion à l’emporte-pièce, Servette a construit sa domination du début jusqu’à la fin. Le match plein, c’est bien les Grenat qui l’ont livré. En face, Neuchâtel Xamax n’a fait que contrer l’orage, le contenir, brillamment soit-il.

« C’est loin d’être fini mais, disons-le, il nous sera très difficile de revenir »

Alexandre Alphonse, attaquant du Servette FC

Servette a fait ce que le football attendait de lui, soit faire le jeu, son unique raison de maintenir l’espoir de promotion. Par là, le club a réussi son pari, ou presque. Car derrière, l’effort n’a pas trouvé sa juste récompense comptable. « Nous avons parfaitement entamé le match et je pense que nous avons fait 90 minutes plus que correctes. Mais face à Neuchâtel Xamax, cela ne suffit pas », lâche en fin de match le capitaine servettien Anthony Sauthier. Pourtant, la séance de rattrapage après les deux premiers (courts) échecs avait été dûment révisée. Tout avait parfaitement fonctionné, de la garde au corps sur Raphaël Nuzzolo, à l’agression constante et pressante du moussaillon Imeri et de ses aînés Stevanovic et Lang. À eux trois, c’est toute la qualité servettienne qui a été relevée à son juste niveau au Stade de la Maladière. Une réalité qui ne console que très petitement les esprits au terme de la partie; Alexandre Alphonse, entré à vingt minutes du terme (71e), et Anthony Sauthier eurent difficilement les mots pour commenter une situation au plus proche du désespoir. Depuis le dernier derby de la Praille (défaite 1-2 à la 95e minute), Servette s’avançait à petits pas sur une fine couche de glace, puis, ce soir, est venue une première débâcle. « C’est loin d’être fini mais, disons-le, il nous sera très difficile de revenir », concède en zone mixte l’attaquant français de Servette Alexandre Alphonse avant de relativiser: « Nous pouvons nourrir de grands regrets mais la réalité du football est aussi celle-ci. Nous avons néanmoins réussi à prouver que nous sommes une grande équipe. » « Nous avons fait une très grosse prestation, nous pouvons être satisfaits de ce que nous avons produit ce soir. Malheureusement, cela ne fait qu’un point », complète encore Anthony Sauthier.

« J’ai été tout de même surpris mais ce sont les choix du coach »

Sébastien Wüthrich, milieu de terrain du Servette FC

Il est toutefois une décision du staff servettien qui n’a pas manqué de surprendre Neuchâtelois comme Genevois. La mise à l’écart de l’ancien Xamaxien Sébastien Wüthrich a laissé de marbre bon nombre de prédicateurs et commentateurs, d’autant plus qu’elle reste inexpliquée par le principal intéressé: « J’ai appris cet après-midi que je n’étais pas sur la feuille de match, sans aucune explication. L’on m’a dit que nous aurions, avec le coach, une discussion demain. Cela m’a tout de même surpris mais ce sont les choix du coach », concède-t-il de retour dans les vestiaires. Non pas que Dalibor Stevanovic ou encore Fabry Castro aient produit un match décevant, mais la mise sur la touche du numéro 10 servettien a de quoi questionner, à majeure raison que Servette n’a pas trouvé le coup de grâce ce lundi soir à Neuchâtel. Le doute persistera encore quelques heures. Mais pour ses coéquipiers, le bilan est autre: « Nous n’avons plus notre destin entre les mains. Ce qu’il nous reste à cette heure est de continuer à tenir tête ensemble et jusqu’au bout », conclut Alphonse.

Un duel de latéraux ?

Les deux équipes avaient des plans bien pensés, à l’image de la logique même du football. Chacune, à sa manière, a su se rendre dangereuse, à la fois sur balles arrêtés ou sur de rapides débordements latéraux. Du moins, c’est ce que l’on a essayé de faire de part et d’autre, avec plus ou moins de réussite. Nul doute, dans les premiers instants de la partie, Servette a eu le meilleur mot, manquant de peu d’ouvrir le score d’une tête insidieuse de Nathan sur un coup-franc parfaitement botté par Miroslav Stevanovic (3e). La réussite ne tarde pourtant pas; sur un corner du même Stevanovic, c’est finalement le transfuge de la Juventus Paolo De Ceglie qui trouve l’ouverture du score trois minutes plus tard (6e). Le jeu semblait alors plus rôdé, plus joué chez les hommes de Meho Kodro, alors qu’il apparaissait plus ébréché en face. Pas les meilleures conditions d’aborder ce match au sommet: « Tout ce que Servette accomplissait était fait avec une certaine agressivité qui nous a mis en difficulté. Ils ont fait tout ce que nous voulions faire et que nous n’avons pas fait; un jeu dans la diagonale rapide et précis », commente alors en zone mixte l’entraîneur de Neuchâtel Xamax FCS, Michel Decastel. Des deux côtés, l’atout principal venait bien d’une dénivellation entre la vitesse et les espaces trouvés sur les ailes du terrain. En témoignent, les grands apports offensifs trouvés tant par Anthony Sauthier que Paolo De Ceglie sur les deux flancs. La mise à niveau a pourtant été plus lente chez les Rouges et Noirs; il a fallu, ironiquement, la blessure de Mustafa Sejmenovic et la rentrée prématurée de Steve Lawson peu avant la demi-heure de jeu (26e) pour trouver sur les couloirs une nouvelle impulsion. C’est par ailleurs sur sa bonne contribution, un assist, quelques minutes plus tard que Geoffrey Tréand a pu égaliser d’un tir décidé (29e). « Nous avons un peu analysé la situation à mon entrée en jeu. J’ai aussi eu la chance de me trouvé là au bon moment », débute l’international togolais avant de poursuivre: « L’on s’entraîne toujours pour jouer. Mais je dois dire aussi que la blessure de Mus’ [Sejmenovic] ne nous fait aucun bien. C’est un pilier nécessaire à notre défense. Son absence n’est pas une bonne nouvelle. » Une réalité qui n’était pas sans inquiéter non plus Michel Decastel: « Je crains une clavicule cassée et une indisponibilité de six semaines. » Le chef de l’équipe peut néanmoins être rassuré sur la durée d’indisponibilité de son défenseur; un communiqué du club publié quelques minutes après le match révèle une luxation acromio-claviculaire – « ce qui correspond à une entorse du ligament dans l’épaule », explique la note qui annonce une absence d’au moins deux semaines pleines.

« Je suis tout de même content pour le point obtenu »

Michel Decastel, entraîneur de Neuchâtel Xamax FCS

La partie n’a pas révélé une domination sans concession des Grenat, non plus. Les Rouges et Noir ont eu maintes occasions également de renverser la rencontre à leur avantage après l’égalisation. Raphaël Nuzzolo, d’un tir lointain sur une phase de contre-attaque, aurait aussi pu donner l’avantage au score aux siens une minute seulement après le 1-1 (30e). Mais les estocades ne furent pas légion du côté du portier David Gonzalez, ce qui n’a pas empêcher de ternir les réjouissances (relatives) de Michel Decastel: « Je suis tout de même content pour le point obtenu. Nous avons eu quelques occasions mais nous n’avons pas réussi à les concrétiser. Servette tentait beaucoup de long ballons et sur les têtes, ils avaient l’avantage. Ces erreurs se payent aussi, d’une certaine manière. » Donc, l’on se contente du résultat ? « Bien sûr, c’est un très bon point ! – s’exclame Steve Lawson avant de continuer – Notre objectif était d’éviter qu’ils nous rattrapent, d’autant plus que Servette compte un match en retard. »

Lire également: À Neuchâtel, l'attente du derby se fait doucement sentir
Lire également: Neuchâtel Xamax renverse Servette à la 92e minute

Pourtant, encore et toujours – une situation pourtant prêtée à éviter –, Neuchâtel Xamax a une nouvelle fois concédé l’ouverture au score avant de reprendre (un peu) la main. Un scénario désormais pleinement attendu depuis plusieurs rencontres à la Maladière: « Nous avons vu de la détermination et de la volonté, comme toujours », commente Decastel. « Rien ne relève du hasard », lâche encore Steve Lawson avant de poursuivre : « Il y a une équipe qui mène et l’autre qui se démène à la rattraper. Nous avons – et nous le savons – ce caractère qui peut faire la différence à tout instant. » Une réalité est pourtant incontestable, jamais Neuchâtel Xamax n’a connu pareille pression exercée par un adversaire, mais cela ne fait aucune différence puisque pour les acteurs de la rencontre, « l’essentiel a été assuré. » « Certes, Servette a joué haut mais nous ne nous sommes jamais laissés aller. À chaque match, nous cherchons la possession du ballon et nous nous battons pour. Certains matches sont seulement plus compliqués que d’autres. Comme ce soir, nous avons dû faire le dos rond et ne rien concéder de plus », aiguillonne Lawson. Encore que, rappelle l’entraîneur rouge et noir, rien n’est encore pleinement acquis: « Il y a encore beaucoup de matches à jouer et ils seront tout aussi compliqués. Il nous faudra les gagner, même à l’extérieur. » Car oui, à sa manière, Neuchâtel Xamax n’a plus droit à l’erreur au risque de se compliquer la tâche au terme d’une saison déjà très intense. Servette ne manquera pas de le leur rappeler, à compter jusqu’au prochain derby à jouer à la Praille lors de la 30e journée, fin avril.

De Ceglie, l’ancien international transalpin qui aurait pu faire la différence

À l’aube de la nouvelle année, il a levé au ciel ses nouvelles couleurs. Dès lors, il a intégré le groupe relevé des quelques Italiens ayant tenté l’expérience au Servette FC. L’on rappellera Lorenzo Cinque, Alberto Libertazzi, Mickaël Ratta, Mirko Quaresima, entre autres Massimo Lombardo, Lionel Pizzinat ou encore l’ancien AC Milan des années 1990 Stefano Nava. De ceux-ci, Paolo figure sans doute parmi les noms les plus expérimentés de la rose servettienne; à 31 ans, il a connu le haut niveau de pied en cap, aussi bien en Serie A (144 matches disputés sous les couleurs de Sienne, Genoa, Parma et plus particulièrement de la Juventus de Turin) qu’en Ligue 1 avec quelques apparitions (7) sous le maillot de l’Olympique de Marseille. Avec les Grenat, il vient déjà de jouer son deuxième match, après les 59 premières minutes jouées au Lipo Park de Schaffhouse (victoire 1-0). Ce lundi soir, il a même joué les 90 minutes de jeu, en inscrivant même son premier but en Challenge League (6e). Pourtant, lui-même avoue ne pas être au meilleur de sa préparation physique: « Je ne suis pour sûr pas aux 100% de ma forme, il m’aurait fallu encore quelques jours d’acclimatement pour disputer un premier match en Challenge League », consent-il avant de préciser: « Je n’aurai déjà pas dû jouer la semaine dernière. » Cela prouve bien tout l’apport que le transalpin est susceptible d’apporter à cette équipe. Meho Kodro ne semble pas vouloir le ménager plus longtemps, au contraire de Wüthrich, tant son expérience livre un certain vécu de la compétition et des moments délicats. Avec De Ceglie, le Servette FC veut certainement trouver, dans son ombre, les préceptes d’une équipe qui dispose d’une certaine maturité. Ce qu’elle a déjà, à vrai dire, avec un contingent qui compte pas moins d’une petite dizaine de joueurs au plus proche des 30 ans, à l’image notamment des (déjà) trentenaires Sally Sarr, Dalibor Stevanovic, Matias Vitkieviez ou encore Alexandre Alphonse. Dans ce cadre, il n’empêche toutefois en rien la progression certaine et constante de De Ceglie avec le contingent servettien; mais le temps doit aussi jouer en sa faveur. « Je veux continuer à m’intégrer dans ce groupe et contribuer à un objectif commun. Mais il me faut encore trouver les justes repères au sein de l’équipe », confie-t-il en zone mixte.

« Nous sortons la tête haute de la Maladière, ce soir »

Paolo De Ceglie, latéral gauche du Servette FC

L’expérience de la Serie A, notamment, lui porte aussi la foi nécessaire dans le combat qui est aussi le sien avec le Servette FC, soit la promotion en Super League. « Lors des dernières années passées en Italie, j’ai toujours appris que les grands retards peuvent se combler jusqu’à la dernière journée de championnat », assure-t-il à la Maladière. En 2011, le Servette FC – tout autant que le FC Lausanne-Sport – y était par ailleurs déjà parvenu en comblant un déficit de près de 14 points (sur le FC Lugano et le FC Vaduz) à quelques journées de la fin de l’exercice. Une remontée fulgurante au classement qui n’est pas restée sans souvenir dans les mémoires Grenat. Les espoirs sont alors encore vifs: « Onze points est un déficit difficile à rattraper, mais nous le savons depuis le début. C’est notre défi actuellement d’y parvenir. Si nous parvenons à reproduire la prestation de ce soir lors des prochains matches, nous réussirons peut-être à revenir sur Neuchâtel Xamax FCS – affirme Paolo De Ceglie avant de conclure – Ce soir, je suis content de ce que nous avons produit, même si un peu moins pour le résultat. Mais il est certain que l’écart de potentiel entre les deux équipes ne vaut pas onze points. Nous avons réussi un très grand match et nous sortons la tête haute de la Maladière. Il nous faut nous raccrocher sur nos possibilités, même fines, de remonter au classement. Nous avons un match en retard et encore une confrontation directe à affronter. Tout est encore possible. » C’est dans l’esprit que Paolo De Ceglie aide aussi les siens. « Il nous inculque une philosophie de la gagne, il a l’expérience, même s’il a vécu une période très difficile l’année dernière [ndlr, aucune apparition avec la Juventus en Serie A] », confie encore Alexandre Alphonse. Certainement, l’envie de se relancer pourra être bénéfique pour l’entière formation servettienne…

Les faits de match:
Neuchâtel Xamax FCS v Servette FC, 1-1 (1-1)

Composition de Neuchâtel Xamax FCS:
Laurent Walthert ©, Mike Gomes, Mustafa Sejmenovic (26e Steve Lawson), Igor Djuric, Janick Kamber, Pietro Di Nardo (57e Max Veloso), Thibault Corbaz, Charles-André Doudin, Marco Delley, Geoffrey Tréand (77e Gaëtan Karlen) et Raphaël Nuzzolo. Entraîneur: Michel Decastel.

Composition du Servette FC:
David Gonzalez, Anthony Sauthier ©, Nathan Pelae, Sally Sarr, Paolo De Ceglie, Kastriot Imeri, Dalibor Stevanovic (76e Boris Cespedes), Fabry Castro, Steven Lang (65e Willie Barbosa), Miroslav Stevanovic et Mychell Chagas (71e Alexandre Alphonse). Entraîneur: Meho Kodro.

Buts: 6e De Ceglie (0-1); 29e Tréand (1-1).
Notes: Stade de la Maladière, Neuchâtel. 4'741 spectateurs.
Neuchâtel Xamax sans Loïc Jacot, Arbenit Xhemajli, Dilan Qela, Astor Kilezi, Bruno Mota, Elvis Bratanovic et Frédéric Nimani (non convoqués). Servette sans Léo Lécureux, Robin Busset, William Le Pogam, Christopher Mfuyi (blessés), Timo Ribeiro, Sébastien Wüthrich et Alexis Antunes (non convoqués).
Arbitre: Nikolaj Hänni.