Les huitièmes de finale aller de la Champions League n’auront pas manqué de prestige ce mardi soir. Au Parc Saint-Jacques, le FC Bâle subissait nettement la loi du rouleau compresseur anglais et leader de la Premier League, Manchester City. Dans ce match qui s’annonçait compliqué, les hommes de Raphaël Wicky n’auront pas démérité malgré le score, sévère certes, mais justifié en faveur des Citizens (0-4).
Fidèles à leur style de jeu, les Bâlois auront prouvé ce soir qu’ils étaient capables de tenir tête à toutes les équipes qui se présenteraient devant eux, peu importe la compétition. Malgré une résistance qui n’eût duré que 14 minutes. Pour ce match aller, pas question pour Raphaël Wicky de changer sa philosophie, il assouvit sa volonté d’innover. Basée sur l’offensive et la contre-attaque, l’intention du FC Bâle était claire : surprendre les hommes de Pep Guardiola avec les mêmes armes déployées lors de la venue de Benfica (5-0) et de Manchester United (1-0) au Parc Saint-Jacques. Mais le pari n’était pas si évident à relever, les Rhénans étant obligés de relancer la machine après une trêve hivernale de deux mois et une reprise récente en Super League. Contraint de retoucher sa composition suite au mercato, Raphaël Wicky a dû faire des choix et opérer à des changements. Altérations évidentes en défense avec l’arrivée de l’international suisse Léo Lacroix et au milieu de terrain avec les retours au bercail de Fabian Frei et Valentin Stocker. Même si le schéma tactique était le même sur le terrain, le réalisme des Bâlois n’était pas au rendez-vous ce soir. Éclipsé par la supériorité technique individuelle et collective de Manchester City, certaines décisions forcées sont venues s’ajouter à la détresse bâloise : « Nous avons dû changer Balanta [ndlr, blessé] pour [Taulant] Xhaka à la dernière minute et le système de jeu n’était pas encore rodé avec ces changements au sein de l’équipe », lâche Raphaël Wicky en conférence de presse, justification qui pourrait également expliquer une des raisons de la Bérézina au terme de cette première manche.
Quand talent et réalisme s’allient…
Malgré de bonnes intentions et une entame de match calquée aux précédents matches de la compétition continentale, les Bâlois n’auront pas su venir à bout des Citizens, dont la supériorité fut certaine. Même si l’arbitre, le Suédois Jonas Eriksson, aura omis de siffler un pénalty flagrant sur Dimitri Oberlin (12e) – qui aurait pu modifier le cours des choses –, la suite de la rencontre n’aura laisser planer aucun doute sur la physionomie de la rencontre. C’est d’ailleurs İlkay Gündoğan qui, sur un corner millimétré de Kevin de Bruyne, s’est chargé de remettre les pendules à l’heure (0-1; 14e). Dans la foulée, Bernardo Silva se presse d’alourdir l’addition en parvenant d’un coup de patte magistral à surprendre Tomáš Vaclík, impuissant. Sa frappe lobe le portier bâlois – légèrement avancé sur sa ligne – permettant ainsi aux Anglais de mener 2-0 (18e). Nul doute, l’omission arbitrale du début de rencontre, suivi des deux buts anglais, n’auront que miné la prestance de la modeste Bâloise. Déstabilisée et surclassée, elle finira par subir la magie de Sergio Agüero, oublié aux abords des seize mètre quelques minutes plus tard. L’Argentin, totalement démarqué par le capitaine Marek Suchý, en profite pour fusiller d’une frappe puissante la cage du FC Bâle et inscrire le 3-0, faisant ainsi plier tout espoir des Suisses de se relancer dans l’affrontement (23e). Finalement, au retour des vestiaires, c’est à nouveau Gündoğan qui parachèvera l’œuvre d’une frappe enroulée inatteignable pour Vaclík (53e).
« À la pause, je n’ai pas beaucoup parlé dans le vestiaire. J’ai juste dit à mes joueurs de continuer à se battre et d’aller gêner le plus possible Manchester City »
Raphaël Wicky, entraîneur du FC Bâle
Habitués à prendre le taureau par les cornes d’entrée de jeu, les intentions rhénanes se sont cette fois-ci évaporées à peine la première demi-heure de jeu dépassée. « C’était un match très difficile et il sera de même à oublier. [Manchester City] a su concrétiser ses occasions. C’est la loi du football, ils ont été plus forts et il faut l’accepter – affirme Geoffroy Serey Dié, de retour aux affaires en Champions League avant de poursuivre – Évidemment, quand on regarde la première mi-temps, nous ressentons beaucoup de frustration. Si nous ne rations pas toutes nos occasions, l’on aurait vu un match bien différent ce soir. » Propos également partagés par l’unique pointe de l’attaque bâloise Dimitri Oberlin quelques instants plus tôt : « Dans le football il y a des moments positifs et négatifs. Et ce soir, malheureusement, rien n’a fonctionné comme nous le souhaitions, même si pour moi, le pénalty était clair et aurait pu changer la rencontre. Ou du moins l’issue de la première mi-temps. » Malgré la certaine frustration des joueurs après le match – dont peu se sont d’ailleurs arrêtés pour livrer leurs impressions en zone mixte –, Raphaël Wicky aura tout de même apporté une analyse plus conséquente sur la déroute de son équipe : « Nous avons bien commencé le match, mais les trois buts de Manchester ont été radicaux. Nous n’avons malheureusement pas su faire un match parfait et nous avons perdu très justement. Après le 3-0, face à une équipe aussi forte, c’était trop dur pour nous. À la pause, je n’ai pas beaucoup parlé dans le vestiaire, j’ai juste dit à mes joueurs de continuer à se battre et d’aller gêner le plus possible Manchester City. Maintenant, si l’on regarde de plus près, les deux premiers buts n’ont rien avoir avec le système de jeu, car le premier c’est un coup de pied arrêté et le second c’est une erreur de notre part sur une touche. Mais de toute façon, les joueurs ont su montrer un bon esprit d’équipe et ils ont su prendre du plaisir même si en face, ils étaient nettement supérieurs. » En face, c’était un autre monde, dirons-nous.
İlkay Gündoğan s’offre un doublé
Au milieu de terrain, l’international allemand aura été intraitable et un véritable calvaire pour les Bâlois. « Il nous a beaucoup apporté avec son doublé. On sait que c’est un joueur avec de grandes qualités et c’est un milieu de terrain fantastique qui sait se projeter vers l’avant. Il a cet instinct de buteur et aujourd’hui, je suis content pour lui et pour l’équipe car il nous a permis de ramener un bon résultat pour le match retour », lâche le tacticien espagnol Pep Guardiola. Le milieu de terrain citizen aurait même pu s’offrir un triplé si le portier bâlois ne s’était pas interposé sur une frappe passablement décidée, proche des onze mètres (74e). Quoi qu’il en soit, le match était déjà plié et la rente emportée par les hommes de Pep Guardiola devrait être largement suffisante au vue d’un match retour qui à fortiori devrait rester à suspense nul. « Nous avons beaucoup de respect pour le FC Bâle, mais nous avons gagné à l’extérieur et c’est le plus important – consent l’ancien entraîneur du FC Barcelone et du Bayern de Münich en conférence de presse avant de continuer – Dans les premiers instants, c’était très disputé et Bâle s’est montré très dangereux, mais au bout de vingt minutes, nous avons su concrétiser nos chances avec de beaux buts et un score parfait de 3-0 avant la mi-temps. Nous avons su faire une bonne performance et cela même après la longue absence de certains joueurs. »
« [Bâle] a prouvé pouvoir très bien jouer à ce niveau et surtout à ce stade de la compétition en UEFA Champions League »
Pep Guardiola, entraîneur de Manchester City FC
Nul doute, « nous avons bien su jouer ce match et probablement qu’aujourd’hui, nous avons déjà un pied en quarts de finale. L’on ne s’attendait peut-être pas repartir avec un score aussi large mais grâce à notre talent, nous y sommes parvenus. Nous aurions même pu marquer davantage mais il faut dire que le FC Bâle a su se montrer coriace, surtout en deuxième mi-temps. Ils ont prouvés qu’ils peuvent très bien jouer à ce niveau et surtout à ce stade de la compétition en UEFA Champions League, chose qui n’est pas donnée à tout le monde », flatte même l’Espagnol. Alors quoi ? « Remontada » le 7 mars prochain ? La tâche s’annonce pour le moins utopique, mais le rêve est néanmoins permis. Au moins cela à l’Etihad Stadium.
Les faits de match: FC Bâle v Manchester City FC, 0-4 (0-3) Composition du FC Bâle: Tomáš Vaclík, Léo Lacroix, Taulant Xhaka, Marek Suchý ©, Blás Riveros, Michael Lang, Geoffroy Serey Dié, Fabian Frei, Valentin Stocker (71e Albian Ajeti), Mohamed Elyounoussi (85e Kevin Bua) et Dimitri Oberlin. Entraîneur: Raphaël Wicky. Composition de Manchester City FC: Ederson, Nicolás Otamendi, Vincent Kompany ©, Kyle Walker, Fabian Delph, Fernandinho, Kevin De Bruyne (63e David Silva), İlkay Gündoğan, Bernardo Silva, Raheem Sterling (57e Leroy Sané) et Sergio Agüero (85e Danilo). Entraîneur: Josep Guardiola. Buts: 14e Gündoğan (0-1); 18e Bernardo Silva (0-2); 23e Agüero (0-3); 53e Gündoğan (0-4). Notes: Sankt-Jakob Park, Basel. 36'000 spectateurs (sold-out). Bâle sans Germano Vailati et Éder Balanta (blessés). Manchester City sans Benjamin Mendy et Gabriel Jesus (blessés). Arbitre: Jonas Eriksson (SWE).