Lausanne n’y arrive plus face à Young Boys à la Pontaise (1-4)

Enzo Zidane à l'échauffement durant la rencontre face aux BSC Young Boys. Il entrera à la 45e minute pour Benjamin Kololli, blessé. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino

Défaits 2-1 face au FC Lucerne samedi dernier, les Lausannois ont rapidement été déstabilisés face aux Young Boys ce dimanche après-midi. Les hommes de Fabio Celestini n’ont pu que contempler la supériorité des Bernois au terme d’une rencontre qui laisse encore entrevoir les nombreuses difficultés tactiques et techniques des Bleus et Blancs. Malgré leur détermination maintenue tout au long de la rencontre, les Lausannois se sont finalement inclinés sur le score de 4-1 à la Pontaise (4’200 spectateurs). Le LS chute à la huitième place du classement, à huit points du FC Sion, bon dernier.

En accueillant le leader de Super League, le FC Lausanne-Sport savait que le pari serait compliqué à relever, d’autant plus au vue de leur dernière prestation face au FC Lucerne (2-1). Mais les codes, ce LS les connaissait déjà; ils étaient déjà parvenus à atterrer Guillaume Hoarau et consort une première fois en octobre dernier (victoire 2-1 au finish). Les ambitions côté lausannois furent grandes, mais la réalité sur le terrain en fut tout autre. Une réalité confirmée dès l’entame de match puisque les Bernois se sont montrés plus entreprenants et mieux organisés sur le terrain. Supérieurs physiquement et exerçant un pressing plus notoire, les hommes d’Adi Hütter ont vite su concrétiser leurs occasions en frappant par deux fois en l’espace de dix minutes. L’ouverture du score est signée Miralem Sulejmani grâce à une bonne percée sur le flanc droit de Djibril Sow qui, d’une passe en profondeur, parvient à servir aisément l’international serbe (31e). Le second but, quant à lui, fut un peu plus sévère. Elton Monteiro bouscule Nicolas Ngamaleu dans la surface de réparation et l’arbitre tarde à designer le point de pénalty. Là encore, le critère arbitral reste vague mais le sang-froid de Guillaume Hoarau n’y fait rien; il trompe en contre-pied le gardien lausannois Thomas Castella juste avant la mi-temps (41e). « Nous avons essayé de bien rentrer dans le match mais très vite, nous avons senti la domination de Young Boys – lâche Alain Rochat avant de poursuivre – Nous avons eu quelques bonnes occasions mais malheureusement cela s’est à chaque fois conclu par un but pour eux. Avec un 2-0 à la mi-temps, c’était compliqué mais nous avons quand même bien repris après la pause même si nous ne sommes pas parvenus à revenir dans le match à temps. »

« Nous apprenons de chaque match et l’équipe s’est bien battue »

Enzo Zidane, milieu offensif du FC Lausanne-Sport

Si Lausanne s’est fait surprendre aussi rapidement c’est à cause de ses nombreuses erreurs défensives à répétition. En effet, les duels individuels dans les vingt derniers mètres ont permis aux Bernois de concrétiser leurs occasions de manière systématique: « En défense, nous perdions trop souvent nos duels directs et à l’inverse, offensivement, dès que nous avions de bonnes opportunités, il nous a manqué le dernier geste pour recoller au score et c’est ce qui explique notre résultat d’aujourd’hui », aiguillonne Alain Rochat, ensuite nuancé par Alexandre Pasche : « Aujourd’hui, nous avons clairement pêché dans la construction du jeu avec pas mal d’imprécisions dans les trente derniers mètres ce qui nous a empêcher de concrétiser nos occasions. Il nous faudra être plus précis à partir de maintenant si nous voulons prendre des points sur nos prochains matches. » Des erreurs, il y en a certes eu, mais face au leader, il n’y a rien d’inquiétant selon Enzo Zidane : « Ce n’est pas inquiétant, nous apprenons de chaque match et l’équipe s’est bien battue. Nous jouions contre le leader et on savait que ce serait un match difficile. Nous voulions décrocher les trois points à domicile mais cela n’a pas été possible malheureusement, même si l’on a rien lâché jusqu’à la fin. Maintenant, il faut penser au prochain match tout en gardant notre détermination intacte. »

Quand YB tue le match dès l’heure de jeu

Du côté de Young Boys tout a fonctionné comme prévu jusqu’à l’heure de jeu. C’est Guillaume Hoarau qui – d’une volée millimétrée – scelle virtuellement le score (66e). L’ancien international français, auteur d’un doublé, nous a livré en zone mixte la clef du succès de son équipe : « Lausanne est une équipe qui aime jouer au football. Mais comme toujours, nous avons l’habitude d’imposer notre propre jeu et de ne jamais s’adapter à celui de nos adversaires. Nous évoluions aujourd’hui à l’extérieur, donc il était de notre devoir de les empêcher de prendre confiance chez eux. Nous avons su marquer en premier, c’était la clef de notre réussite ». Néanmoins, Lausanne est parvenu à émerger quelques instants grâce à une belle percée d’Andi Zeqiri (73e). L’on voit donc bien toute l’importance accordée par Fabio Celestini à ses remplaçants, y compris Enzo Zidane, préservé des débuts de rencontre depuis son arrivée aux Plaines du Loup : « Je ne préserve personne – corrige cependant Fabio Celestini – Je fais jouer ceux qui me paraissent aptes à jouer. Les mêmes questions reviennent toujours mais les joueurs qui sont avec nous doivent aussi s’adapter. Ils sont tous jeunes; Enzo a 22 ans, il n’a plus joué pendant quasiment six mois en Segunda B à Alavés et il vient dans un nouveau pays pour se relancer. C’est le cas aussi d’Andi Zeqiri et Dominik Schmid (classe 1998) qui a très peu joué aussi en Super League. Enzo a joué les deux matches de la reprise, il nous a été fondamental et il nous le sera encore plus par le futur, comme Andi et Dominik, comme [Alexander] Fransson ou encore [Simone] Rapp. Ils vont tous être importants; pour moi, il n’y a ni titulaires, ni remplaçants. Ils sont tous ici pour apporter leur pierre à l’édifice. Aujourd’hui, les matches se gagnent dans la dernière demi-heure et j’ai besoin d’individualités qui nous font la différence dans ces derniers instants de la rencontre. C’est dire l’importance qui repose sur les joueurs qui entrent en cours de match, leur responsabilité est fondamentale. Enzo a fait deux bonnes entrées, on sent qu’il nous a apporté quelque chose. Andi est entré contre Bâle [ndlr, lors de la défaite 4-1 à domicile le 2 décembre dernier, but à la 80e] et a marqué, tout comme aujourd’hui. Schmid a aussi été d’un grand renfort avec son tempérament. Mais il faut leur laisser le temps de construire leur équipe, avec nos nouvelles recrues. C’est là tout le beau de mon métier, c’est de construire même si tout n’est pas parfait dès le départ. » Grâce aux deux entrées de Zidane et Zeqiri, le match aurait pu tourner. Mais pis, Ngamaleu clôturait les débats sèchement dans le temps additionnel (91e).

« Nous construisons une bonne équipe avec de jeunes joueurs, encore en mal d’expérience pour certains […] Mais je suis un peu inquiet pour Benjamin Kololli »

Fabio Celestini, entraîneur du FC Lausanne-Sport

Très certainement, la situation est déjà délicate pour les ambitions élevées des nouveaux dirigeants du FC Lausanne-Sport. À la veille du derby romand – face au FC Sion à Tourbillon, dimanche prochain à 16h – les risques sont légions, tant pour les expectatives que pour la stabilité de tout un groupe : « Nous avons eu une très bonne dynamique avant les vacances donc maintenant avec les nouveaux joueurs, nous essayons de les intégrer aussi pour tous aller de l’avant et ramener des points. D’ailleurs, le match contre Sion sera important pour creuser un peu plus l’écart et respirer un peu vis-à-vis de la barre. Nous ne sommes pas inquiets car nous connaissons nos erreurs et nous savons où travailler pour y remédier le plus vite possible, tout en gardant notre idée de jeu intacte. » Nul doute, le LS navigue en eaux troubles mais quelques certitudes existent toutefois pour le chef de l’équipe lausannoise : « Nous voulions voir un autre visage que celui que nous avons montré contre Lucerne et je crois que nous l’avons entrevu même si nous avons perdu. Je suis fier de ce que mes joueurs ont fait. Même si nous n’avons pas été parfaits, nous savons que nous avons joué contre la meilleure équipe du championnat actuellement et nous avons été battus par meilleur que nous – admet Celestini avant de conclure – Physiquement, tactiquement, ils ont été plus forts et lorsque l’on joue contre YB ou Bâle, pour gagner, il faut faire un match parfait. C’est donc de bonne augure pour le futur, parce que nous construisons une bonne équipe avec de jeunes joueurs, encore en mal d’expérience pour certains. » Dernier point noir de la soirée pour le camp lausannois, l’incertitude quant à la blessure contractée par Benjamin Kololli dix minutes avant la pause. Des examens plus poussés sont prévus pour lundi mais « nous sommes un peu inquiets », confie encore Celestini. La perte de l’international kosovare pourrait peser lourd dans une balance déjà fortement déséquilibrée.

Jordan Lotomba: « Heureux d’avoir le privilège d’affronter mon club formateur »

Il est un enfant du pays qui a retrouvé les siens, sa Pontaise, son “chez lui” ce dimanche après-midi. Parti de Lausanne au début de saison pour s’engager avec les BSC Young Boys, Jordan Lotomba a accompli du chemin, depuis le mois de juillet 2017 et la préparation à Bienne lors de la 53e Uhrencup. Le jeune Vaudois de 19 ans est sans doute, au fil des mois, devenu la révélation que tout le monde attendait, doté d’une rigueur technique et d’une très bonne lecture du jeu. Ce dimanche après-midi, entré à la 45e minute, il a dominé son couloir avec panache et sérieux. Pour lui, le pont entre Lausanne et Berne fut solide, outre l’opportunité qu’il permettait au jeune M21 de l’équipe nationale suisse. « Je suis parti sereinement de Lausanne, mais je suis aussi heureux de retrouver mes anciens coéquipiers et affronter mon ancien club formateur. C’est un sentiment heureux de pouvoir être aligné face au LS », concède-t-il à notre micro au terme de la rencontre. Avec Djibril Sow et Kévin Mbabu, il s’est justement distingué avec l’élégance, la fougue et le prestige de la jeunesse. Il a intégré une formation qui le met pleinement en valeur, l’intègre dans un cadre prospère et riche. Une aubaine pour le jeune homme et le grand espoir national qu’il est déjà. « Il faut dire aussi qu’à YB, je me suis très bien intégré, il y a beaucoup de Romands dans l’équipe, ce qui facilite grandement la communication. Nous sommes une vraie équipe, soudée et avec un très bon état d’esprit. C’est ce qui nous explique aussi en grande partie la très bonne saison que sommes en train de mener. »

« Nous cherchons à avancer sereinement dans le championnat »

Jordan Lotomba, latéral gauche des BSC Young Boys

Avec ce succès acquis au ponton lausannois, Jordan Lotomba partage une vision d’équipe ambitieuse. Le chemin vers le titre est tout tracé; à 19 ans (classe 1998), il peut rêver du titre national de champion suisse. Une virée dans une dimension qu’il n’avait même pas effleurée il y a de cela huit mois, à l’été dernier. « Nous cherchons à avancer sereinement dans le championnat, et cela passe par des victoires importantes aussi à l’extérieur, notamment ici à la Pontaise. Nous avons bien joué, mérité notre victoire et sommes prêts pour la suite », consent-il avec précaution. « Ce sont deux victoires essentielles [ndlr, la première face à Saint-Gall samedi dernier, 2-0], d’une part car il nous est important au moral de remporter nos matches, mais aussi car elles nous permettent une santé comptable satisfaisante. Nous devons toujours faire mieux que nos concurrents. » Le concurrent, c’est le colosse FC Bâle qui s’attèle en même temps à la réception de Manchester City mardi soir en huitièmes de finale de Champions League.

Guillaume Hoarau: « Notre réussite ne dépend de personne d’autre que nous-mêmes »

À côté – ou plutôt devant – Lotomba, c’est Guillaume Hoarau qui joue le métronome aux BSC Young Boys. Auteur de deux seules réussites avant son déplacement à Lausanne, l’ancien international français (5 matches avec l’Équipe de France entre 2010 et 2011) a doublé son total en se faisant l’auteur d’un doublé (41e sur pénalty et 66e). Deux réussites qui ont permis la bonne marche des Bernois en Super League: « Nous avons fait six points sur six depuis la reprise, l’année commence très bien pour nous. D’autant plus que nous ne volons pas nos victoires, elles sont construites, maîtrisées, jouées avec panache. Nous y mettons énormément d’effort, permis aussi par un travail conséquent la semaine. Nous avons un groupe très performant en ce moment. Il nous faut le garder jusqu’au bout », aiguillonne-t-il en zone mixte à la Pontaise. L’on a coutume de dire, dans la peau d’un (“fragile”) leader que les reprises en championnat – surtout après deux mois de trêve – sont particulièrement cruciales, et à quelques égards difficiles. Pas pour Hoarau: « Nous avons toujours su que notre réussite ne dépend de personne d’autre que nous-mêmes. Pas même le FC Bâle. Du moment que nous parvenons à trouver une certaine régularité dans notre jeu et dans nos performances, notre position devient à tous les égards intéressante. C’est toujours mieux de faire la course quand l’on est en tête, plutôt que de courir derrière les réussites des autres. Nous avons notre destin entre nos mains, nous le savons. C’est d’ailleurs pour cela que notre groupe vit très bien, avec une concurrence saine à tous les postes. Ce sont autant de ressors qui nous permettent de monter à chaque fois en qualité. »

« La pression est constante et partie intégrante du métier »

Guillaume Hoarau, avant-centre des BSC Young Boys

YB évolue sans pression dans le championnat ? Justement si, mais pas pour les raisons que le supporter moyen penserait. « Ce n’est pas Bâle qui nous met la pression; la pression est constante et partie intégrante du métier », concède Guillaume Hoarau avant de conclure: « Il en faut pour parvenir à des résultat dans le sport. Du moment, que l’on parvient à se transcender sur le terrain, c’est ce qui importe. À ce moment-là, autant qu’il y en ait plus. » Nul doute, les Bernois sont prêts à affronter une dernière ligne droite avec l’impassibilité et la stabilité qui les caractérisent, en tous points.

Article coécrit avec Yves Di Cristino
Propos recueillis par Mikael Mourelle Garcia et Yves Di Cristino

Les faits de match:
FC Lausanne-Sport v BSC Young Boys, 1-4 (0-2)

Composition du FC Lausanne-Sport:
Thomas Castella, Alain Rochat ©, Elton Monteiro, Leandro Marin, Benjamin Kololli (45e Enzo Zidane), Joël Geissmann (70e Andi Zeqiri), Alexandre Pasche, Alexander Fransson, Dominik Schmid, Francesco Margiotta et Simone Rapp. Entraîneur: Fabio Celestini.

Composition des BSC Young Boys:
Marco Wölfli, Steve von Bergen ©, Kasim Nuhu Adams, Loris Benito, Kevin Mbabu, Djibril Sow, Leonardo Bertone (86e Michel Aebischer), Miralem Sulejmani (45e Jordan Lotomba), Sékou Sanogo, Nicolas Moumi Ngamaleu et Guillaume Hoarau (78e Jean-Pierre Nsamé). Entraîneur: Adi Hütter.

Buts: 31e Sulejmani (0-1); 41e (P) et 66e Hoarau (0-3); 73e Zeqiri (1-3); 91e Ngamaleu (1-4).
Notes: Stade olympique de la Pontaise, Lausanne. 4'200 spectateurs.
Lausanne sans Jérémy Manière, Gonzalo Zarate, Maxime Dominguez (blessés), Diego Berchtold (M21) et Noah Loosli (non qualifié). Young Boys sans Roger Assalé (suspendu), Christian Fassnacht, David von Ballmoos (blessés), Marco Bürki, Dario Marzino et Taulan Seferi (non convoqués).
Arbitre: Pascal Erlachner.