Cross de la Riviera: une course pour le moins surprenante

Photo d'illustration: © Pavol Stredansky | Dreamstime.com

Alors que tous les fans de sport avaient les yeux rivés en direction de PyeongChang, les amateurs de course à pied s’étaient pour leur part donnés rendez-vous à Chailly-sur-Montreux (VD), pour le traditionnel cross de la Riviera synonyme de Championnat vaudois. Pour sa 62e édition, le cross peut se targuer d’avoir réuni un plateau d’exception avec quelques belles surprises à la clé.

« Tous les coureurs sont priés de se présenter à l’appel sur la ligne de départ. » Cette demande du speaker de la course venant briser le silence et la concentration des coureurs dans la campagne de Montreux, témoigne d’une tradition disparue dans les courses romandes. Ce fameux appel d’avant départ représente bien les valeurs du Cross de la Riviera. Un cross traditionnel tant familial que compétitif, qui se fête toute la journée dans une ambiance toujours chaleureuse. Cet appel donc, fait rarissime au départ des courses d’aujourd’hui, permet à l’organisation de vérifier et de confirmer que tous les coureurs inscrits soient bel et bien présents mais il permet également à ces derniers d’identifier et d’observer leurs concurrents. À l’annonce du nom des coureurs phares de la région à l’instar des Bouzon, Courtois, Wyss ou encore Gilliéron, un nom a fait frémir le dos des compétiteurs plus que le vent, celui de Lebœuf. Ancien membre de l’équipe canadienne de biathlon, le Vaudois d’adoption est plus connu dans la région pour ses multiplies victoires, ses places d’honneurs lors des grands événements mais surtout pour sa participation aux Championnats du monde de course de montagne. En l’absence du tenant du titre, un certain Adrien Briffod, François Leboeuf faisait évidemment figure d’épouvantail pour la victoire.

Une course à suspens

Au coup de pistolet signifiant le départ, plus de 50 coureurs chevronnés se sont donc élancés pour plus de 6,3 kilomètres, divisés en cinq boucles, afin de se disputer les breloques vaudoises. Sur un parcours des plus boueux, les trous et la gadoue ne laissant guère le luxe d’appuis stables et solides aux coureurs, les performances vont répondre présentes. François Lebœuf s’est vite détaché en compagnie de quelques concurrents dans le premier tour avant de se faire rejoindre par un certain Nicolas Kipfmuller, coureur au Lausanne-Sports Athlétisme, qui a alors rattrapé l’échappée dans le début du deuxième tour. « Pourtant je n’avais pas de bonnes sensations à l’échauffement », confiait-il à notre rédaction à la fin de sa course. Malgré ce manque de feeling, le jeune étudiant, retrouve très vite ses jambes sur les deux difficultés du parcours. Au bout de quelques minutes, les deux hommes vont définitivement prendre la poudre d’escampette pour reléguer leurs adversaires. L’outsider lausannois et le grand manitou québécois vont alors se livrer un mano a mano palpitant. « J’avais un peu un complexe d’infériorité, je n’osais pas prendre le lead », avouait avec beaucoup d’humilité Nicolas Kipfmuller. Néanmoins, le garçon sent qu’il a une belle carte à jouer et va alors prendre la tête de la course à deux tours de l’arrivée pour ne plus la lâcher. Le spécialiste des courses de montagnes n’est pas n’importe qui et résiste pourtant dans le sillage de son challenger. Imprimant un rythme d’enfer, l’ultime descente du parcours va alors faire figure de juge de paix. Dans cette dernière, une énième attaque du coureur bleu et blanc va alors avoir raison des espoirs de titre du coureur domicilié à Aigle.

« Je n’ai repris l’entraînement que la semaine passée. Du coup il me manque encore la vitesse nécessaire pour ce type de course mais c’est un bon entrainement »

François Lebœuf, deuxième du Cross de la Riviera 2018

Deuxième mais pas rancunier, François Lebœuf avait le sourire aux lèvres à l’heure du décrassage partagé avec son adversaire du jour: « Je n’ai repris l’entraînement que la semaine passée. Du coup il me manque encore la vitesse nécessaire pour ce type de course mais c’est un bon entrainement ». Plus qu’un titre de champion vaudois de cross 2018, Nicolas Kipfmuller peut se targuer d’avoir devancé l’une des figures de proue de la course à pied suisse. « C’est mon deuxième titre de champion vaudois, j’en ai déjà remporté un sur 200 mètres 4 nages en natation », rigole l’habitant du Mont-sur-Lausanne qui commence gentiment à faire son nid dans le gratin des coureurs romands. Le podium vaudois est complété par le triathlète Colin Wyss victime de problèmes au genou pendant la course.

Les principaux résultats

Il n’y avait pas que la course de la catégorie « Hommes long » aujourd’hui. Chez les femmes, Maude Matthys, vainqueur du Marathon de la Jungfrau et de Morat-Fribourg en 2017, n’a pas fait défaut à son statut de favorite pour s’imposer dans la catégorie « Dames long » devant la tenante du titre, la spécialiste d’Ironman Maya Chollet. À noter que seuls les coureurs vaudois ou licenciés dans un club du canton pouvaient prétendre à une médaille vaudoise. Néanmoins, les cinq meilleurs coureurs de chaque catégorie pouvaient prendre part aux cérémonies protocolaires. Le grand gagnant du jour est évidemment le Footing-Club Lausanne avec notamment le titre de Christophe Gilliéron dans la catégorie des « Hommes vétérans II » ainsi que le triplé dans la catégorie inférieure des « Hommes vétéran I » avec la victoire de Pellegrino devant Marmillod et Akoa.

NDLR: l’article a été écrit avant la parution et l’officialisation des résultats.