Bernhard Russi et Roland Collombin, les légendes suisses de la descente

Roland Collombin, l'ancien Président de la Confédération Adolf Ogi et Bernhard Russi lors de l'avant-première du documentaire consacré à leur mémoire sportive. © leMultimedia.info / Yves Di Cristino

Mardi soir, au Musée Olympique et devant une assistance relevée – dont l’ancien Président de la Confédération Adolf Ogi ou encore l’actuel Conseiller aux États Olivier Français – la RTS présentait l’avant première du film documentaire “Bernhard Russi & Roland Collombin, un duel au sommet” qu’elle a coproduite sous la réalisation de Pierre Morath et Florian Muller. Mêlant interviews actuelles avec les protagonistes et images d’archive inédites, le documentaire (de 55 minutes) a été pensé en véritable cadeau aux amateurs anciens et actuels du ski alpin. Aussi, diffusé sur SRF 1 le 7 février prochain, sur RTS Un le 8 février à 20h10 et sur RTS Deux le 9 février à 22h, la création conjointe avec la société de production CAB Productions rappelle également pourquoi l’initiative « No Billag » met en danger les valeurs immatérielles du souvenir et de l’émotion contenues dans les montagnes d’archives de la RTS.

Il y eut « La Colombe » et il y eut son aîné national sur les pistes, Bernhard Russi. À eux deux, le ski alpin suisse a atteint des cimes inimaginables, avec comme point d’orgue les Jeux Olympique de Sapporo en 1972 avec pas moins de dix médailles enlevées par la délégation suisse. Parmi celles-ci, il y eut l’or et l’argent des meilleurs ennemis. Un souvenir mémorable, même pour les plus jeunes générations qui les découvrent au travers de documentaires émouvants et édifiants sur la carrière de ces deux athlètes. Pourtant, à eux deux, le ski gardait de curieux secrets; une rivalité fraternelle mais bien réelle qui laissait courir sur les pistes un vent de grande compétition au sein même de l’équipe nationale. Ils furent, somme toute, dans leur carrière, deux jeunes sportifs suisses que tout a toujours opposé, depuis la première médaille d’or de Russi aux championnats du monde de Val Gardena de février 1970 à sa dernière victoire en carrière en descente à Morzine en 1977, en passant par les huit victoires en Coupe du Monde de Collombin entre 1973 et 1974, avant une lourde blessure qui lui marquera la fin de sa carrière. C’est une véritable opposition de style qui a pourtant marqué la décennie des seventies et qui grave, par la mémoire éternelle de l’archive, les plus beaux moments historiques du sport helvétique. Encore une fois, c’est une coproduction servie par le service public qui permet une telle remise à l’histoire de nos souvenirs actuels. Un partage sans égal de documents d’archives qui n’appartiennent qu’à la SSR, tournées de manière volubile et volatile par les caméras de l’époque. Une période vernie qui, depuis toujours, rappelle que le sport vécu est indissociable d’une institution telle que la RTS ou son homologue germanophone, la SRF.

Lire aussi: « No Billag est définitivement une initiative anti-suisse »

C’est ainsi que, ce mardi soir 30 janvier 2018, au Musée Olympique de Lausanne, de nombreuses personnalités sont venues rendre hommage à ce qui trace l’héritage du sport, la lignée des résultats historiques de partout sur la surface de la planète, de deux champions qui ont écrit la légende aussi parce que nombre de Suisses ont pu les suivre en direct au travers de leur téléviseur. Ainsi, le film “Bernhard Russi & Roland Collombin, un duel au sommet”, réalisé par l’ancien athlète et documentariste suisse Pierre Morath et son ami Florian Muller – diffusé en avant-première à Ouchy – présente un objectif double: commémorer la gloire de deux champions nationaux et réinscrire l’histoire et la légende de (leur) sport dans le développement certain du service public. Verser une larme sous le poids du souvenir, nostalgique ou à quelques égards douloureux (par moments), est un signe véritable que l’on garde – ensemble – le besoin de vivre au plus près de nos héros nationaux et l’envie de soutenir au mieux ceux qui rendent ce faire possible. Ce documentaire est en réalité un cadeau, pour Bernhard Russi et Roland Collombin, pour la collectivité, pour tous les amateurs de sports et la Suisse dans son intégralité, son originalité, son authenticité.

Des révélations croisées

Des destins exceptionnels, entrecroisés l’un dans l’autre; Bernhard Russi et Roland Collombin se sont longtemps livrés à une bataille sans concession sur les pistes. En descente, pourtant, ils n’eurent jamais la même vision, la même philosophie de jeu. Dans la préparation, il y avait le tactique, le technique, le savant, le méticuleux. En revanche, à côté, il y avait la tête brûlée. Le mauvais élève, le turbulent, l’agité, l’impatient. Le premier gagnait par sa persévérance, sa ténacité. Le second gagnait – et c’est peu dire – par son inconscience, son va-pour-le-tout, son esprit inconditionné, son courage à toute épreuve. Bernhard Russi se prémunissait; « La Colombe », elle au contraire, fonçait, sans concession, parfois même sans grand entraînement. Et pourtant, aussi différents qu’ils soient, ils furent au sommet de la hiérarchie dans leur sport. En Suisse, ils furent même érigés en véritables monuments. Nombreux furent les moments légendaires de leur rivalité, tantôt fraternelle, tantôt très acharnée. La première, inscrite dans la mémoire des jeunes de la nouvelle décennie, les Seventies, remonte immanquablement au 15 février 1970. Ce jour, dans les Dolomites, à Val Gardena, Bernhard Russi décroche un premier titre mondial aux championnats du monde. Une médaille d’or qui a, par ailleurs, accompagné celle de sa compatriote Annerösli Zryd. L’on remonte certainement au moment où le jeune, à ses 21 ans, prend conscience d’un potentiel qu’il ne pensait pas faire figurer de sitôt. L’Uranais se révèle au grand public – tout autant qu’à lui-même – et habite une fierté partagée, puissamment répandue en Suisse. Le nouveau champion du monde, or au cou, devient alors la coqueluche du ski suisse, à deux ans des Jeux Olympiques de Sapporo, au Japon. Il faut dire, aussi, qu’en deux ans, le jeune talent progresse et engrange quelques victoires dans le courant de l’année 1971: une Coupe du Monde, deux descentes à Megève et Sugarloaf dans le Maine et s’illustre aussi en géant à Mont Sainte-Anne dans la province de Québec. Les attentes deviennent celles des supporters de l’entière nation; Bernhard arrive à Sapporo dans un tout autre habit, celui d’un favori ? ou celui d’un espoir prometteur ? Cela n’a aucune importance: « Au Japon, c’était le titre olympique ou rien », entend-t-on alors prononcer dans le documentaire.

« Les plus grands adversaires sont tes coéquipiers. Perdre face à un compatriote, c’est aussi devenir le numéro deux de ta propre équipe »

Bernhard Russi, ancien skieur professionnel, spécialiste de la descente

Toujours est-il qu’en cette année 1972, l’heure est aussi celle d’une autre révélation. La révélation Collombin. Après avoir été titré champion d’Europe junior de descente, il entame des débuts remarqués entre 1970 (notamment à Val d’Isère en décembre) et 1972, lors desquelles années, par ses résultats, il parvient à glaner de justesse sa place aux JO. À quelques jours du début de la compétition, il n’y occupe pourtant pas les grands rôles et se réserve derrière l’ombre de Bernhard Russi. L’expérience nippone offrit pourtant de grandes surprises. À force de persuasion et de maîtrise sur ses skis, « La Colombe » talonne son précédent, pour terminer vice-champion olympique derrière son compatriote. De candidat remplaçant à la médaille d’argent, n’y-a-t-il qu’un pas ? pour Roland Collombin ce fut cela. Ce ne fut pourtant que le début d’une longue rivalité qui verra le plus jeune dominer un maître. Sapporo devint alors le nouveau théâtre des talents suisses, un point de renouveau qui figurera éternellement sur les fiches des plus férus. L’odyssée blanche du duo helvétique y trouva alors son berceau. Verni. C’est alors que l’Uranais se livre, pour le film, assis du haut de ses 69 printemps et avec un recul qui est celui des 40 ans qui le séparent de sa dernière course en professionnel: « Les plus grands adversaires sont tes coéquipiers. Perdre face à un compatriote, c’est aussi devenir le numéro deux de ta propre équipe. » Une situation que Bernhard Russi connaîtra passablement longtemps dans sa carrière.

Un chassé-croisé au tournant de l’année 1975

Depuis ses JO enchantés – où il nourrit avec le temps le seul regret de ne pas avoir dominé son compatriote sur la piste de Sapporo –, Roland Collombin se traduira dès l’année suivante en premier pourfendeur des espoirs de victoire de Bernhard Russi. En 1973, après un globe de cristal, le coureur romand remporte quatre descentes de Coupe du Monde à Val Gardena, Garmisch (I et II) et Kitzbühel. Derrière, Russi déchante – il termine sixième d’un général que Collombin termine sur la dernière marche du podium. Pourtant, « La Colombe » n’est pas aussi rigoureuse que son compatriote; il joue d’une indiscipline dans son travail et bafoue des séances d’entraînement que Bernhard suit scrupuleusement. Certes, Roland Collombin n’est pas un exemple d’application dans son travail, mais c’est bien lui qui s’adjuge le plus grand nombre de distinctions entre 1973 et 1974 (avec un deuxième globe de cristal et quatre nouvelles victoires en Coupe du Monde), dont la Streif de Kitzbühel, où son rival ne s’appelle même plus Bernhard Russi mais bien Franz Klammer, un local de l’étape, futur grand champion de son Autriche natale.

« Les défaites prennent le plus de place dans le sport. Perdre devient plus important que gagner »

Bernhard Russi, ancien skieur professionnel, spécialiste de la descente

Sans nul doute, des deux Suisses, « La Colombe » vit ses deux plus belles saisons sur le circuit mondial. Jusqu’à ce que son tempérament risque-tout ne manque de le perdre définitivement sur les couloirs blancs. Roland Collombin se blesse – une première fois – à Val d’Isère en fin d’année 1974. Il y est contraint – victime d’une fissure des vertèbres – de mettre un terme à une saison qui avait pourtant tenu de belles promesses. Une perspective qui ouvrit alors de belles voies à son coéquipier en équipe nationale; Bernhard Russi tenait là les meilleures occasions de se distinguer dans la discipline. Sa saison n’est pas des plus mauvaises, à l’heure où il arrive à Kitzbühel en janvier 1975. Dans des conditions idyllique, et un dossard qui le place en très belle posture, Bernhard Russi s’élance, confiant et conscient de son tour à jouer. Mais il en fait alors trop et tombe après une bosse. L’ensemble de l’émotion que contiennent alors les images d’archive permettent de rendre compte le désarroi qui est celui de l’Uranais au terme de la course; il venait de manquer sa meilleure occasion de remporter une victoire cette saison. C’est alors que, plusieurs années plus tard, il s’exprime: « Les défaites prennent le plus de place dans le sport. Perdre devient plus important que gagner. » Une réalité que n’était pourtant pas loin de corroborer Roland Collombin.

« C’est à ce moment-là que nos chemins se sont séparés »

Bernhard Russi, ancien skieur professionnel, spécialiste de la descente

À son retour sur le circuit, en décembre 1975, “La Colombe” est pourtant en grande forme. Il se pressent parfaitement pour les futurs Jeux Olympiques d’Innsbruck 1976. Mais sa quiétude ne durera pas; déconcentré, happé par la vitesse en entraînement sur la piste de Oreiller-Killy de Val d’Isère, il chute lourdement après une bosse mal négociée. Le bilan est alors des plus inquiétants; sorti sur civière, une fracture des vertèbres étant diagnostiquée, Collombin se retrouve au Centre pour paraplégiques de Bâle à quelques jours de l’ouverture des JO en Autriche. Il en ressortira bien sur ses deux pieds, ayant frôlé la paralysie, mais sa carrière s’arrêtera indéniablement là. « C’est le moment où tout a basculé, c’est à ce moment-là que nos chemins se sont séparés », rappellera alors Russi. Un moment charnière dans le ski suisse, qui voit dès lors mourir un duel national des plus passionnants. Bernhard Russi restera désormais seul sur les pistes à défendre les meilleurs espoirs helvétiques, tant aux Jeux Olympiques qu’aux championnats du monde. C’est un nouveau départ ? Peut-être. À Innsbruck, il compte parmi les meilleurs de la classe, parmi les plus rapides et les plus expérimentés. Mais de comme lui, il y en avait un autre: Franz Klammer. Médaillé à deux reprises aux championnats du monde de Saint-Moritz en 1974 (argent en descente et or en combiné), vainqueur de la Coupe du Monde de descente en 1975 (avec huit victoires), l’Autrichien figure, lui aussi, parmi les favoris de la descente olympique. C’est par ailleurs lui qui décrochera la médaille d’or devant Russi, en argent. C’est alors à ce moment que le documentaire de Pierre Morath et Florian Muller pioche des images d’une émotion certaine; le moment où Bernhard Russi, micro-casque sur la tête, s’adresse en direct à son ami Roland Collombin, toujours hospitalisé. « Tu ne peux pas t’en vouloir d’être derrière Klammer », lui adresse alors « La Colombe » sous l’acquiescement amical de l’Uranais. Oui, Franz a été le meilleur cette année-ci.

Une retraite dans l’apaisement des montagnes

Bernhard Russi connaîtra une dernière fois les beautés d’une victoire en Coupe du Monde. C’était dans les Alpes françaises de Morzines le 30 janvier 1977, alors que son rival Klammer, lui, enlevait six épreuves dont deux en Suisse à Wengen et Laax pour remporter, pour la troisième année consécutive, la Coupe du Monde de descente. Il en gagnera par ailleurs une quatrième de rang en 1978. Mais pour Bernhard Russi, les sensations de la victoire furent assouvies une dernière fois en cette fin de janvier 1977, quatre ans après sa dernière sur le mythique tracé d’Arlberg-Kandahar à Sankt Anton en 1973. L’Uranais semble être alors arrivé au bout d’une épopée belle et mouvementée. Il se classe 14e de son dernier championnat du monde à Garmisch en février 1978 et y mettra un terme à sa carrière, il y a de cela tout juste 40 ans. Depuis, Russi et Collombin ont appris à réapprivoiser la montagne, parfois même quand elle y est dénuée de toute neige, pas même une fine couche de poudreuse. Dans leurs chalets, la vie y prendra une toute autre saveur, peut-être celle de la raclette traditionnelle ou de la fondue, mais bien loin de la rivalité qui fut celle du début de la décennie 1970. Chacun a su se retrouver dans un après-carrière apaisé où régna une très grande tranquillité, une très grande quiétude. C’est par ailleurs à Martigny que Roland Collombin a ouvert son bar, appelé la « Streif » en référence à la piste de Kitzbühel, il y a de cela trois ans. Inauguré en présence de Franz Klammer en 2015, « La Colombe » n’a de nouveau pas pris le temps à la réflexion au moment de se donner à sa nouvelle activité. « Il va au pif, sur un coup de tête. Mais cela marche toujours », raconte par ailleurs sa femme dans le documentaire de Pierre Morath et Florian Muller. Nul doute, la montagne est leur maison, l’authenticité leur arme.

La force des archives

« Ce sont de très grands moments d’émotion qui deviennent d’autant plus forts avec la distance des années », lâche Bernhard Russi au Musée Olympique de Lausanne quelques minutes après la diffusion en avant-première du documentaire. « J’ai la chance d’avoir pu participer à tout cela. » Dans un tout autre registre, en parallèle, Roland Collombin, sourire aux lèvres, détend comme à son habitude la salle. Il lance un regard – qui révèle un certain ébahissement tout autant qu’une grande satisfaction ressentis – vers l’écran de diffusion et lâche: « Avec tout cela, on voit bien que je suis bien le plus chanceux de nous deux », provoquant le rire général dans la salle. Certainement, avec un recul certain de plus de quatre décennies, c’est bien par l’image que l’on rend parfaitement compte de la manière par laquelle les deux hommes ont guidé leurs skis et leur carrière. Le premier dans l’attention, le second dans l’ivresse. Pour le réalisateur Pierre Morath (né en 1970, imaginez), tout cela révèle en substance, « la puissance des archives. À l’époque, nous faisions vivre les caméras, dans un style qui est celui des Seventies. Cela est l’art propre à notre télévision. » Une réalité que corroborait alors également le directeur de la RTS Pascal Crittin. « Les archives sont au service de la promotion de la technologie moderne. C’est notre mémoire, votre Histoire. Elles rappellent le grand album de la famille suisse qui préservent les émotions vécues comme lors de la première fois. Nous avons le bénéfice de les avoir produites, conservées et numérisées. C’est un trésor national de plus de 200’000 heures, rien que pour la RTS. » Car à cela, ne faut-il pas oublier que la SSR travaille au service du bien national, matériel comme immatériel. Ce documentaire, au-delà de faire revivre les exploits de deux des plus grands héros nationaux de l’époque, renvoie aussi à l’histoire qui est celle du service public en suisse qui est parmi les seuls à proposer autant de sport en clair à la télévision. « Nous devons aussi garder à l’esprit – et cela personne ne le sait, ou très peu – que la RTS, lors des Jeux Olympiques, travaille aussi pour le CIO », rappelle encore Pascal Crittin.

« Nous voulions offrir ce film à Bernhard et Roland »

Pierre Morath, coréalisateur du documentaire

À leur manière, Pierre Morath et Florian Muller ont rapporté toute l’importance du matériau archivistique contenu dans les locaux de la RTS. « Nous voulions offrir ce film à Bernhard et Roland. Prendre le recul en allant derrière la scène, dans les coulisses, par rapport à ce que tout le monde a vu en direct à la télévision. Ce sont des émotions qui ont été contenues et qui resteront éternellement pour les générations futures », aiguillonne alors Morath. Le tout fait aussi partie d’une politique voulue par la RTS et par voie de logique, la SSR. C’est notamment sous la responsabilité d’Irène Challand, responsable des films documentaires à la RTS (et qui rejoindra sous peu la direction générale de la SSR), que ce genre de projets voient également le jour. À en rappeler aussi que les documentaires occupent une part importante des productions du service public, ces derniers se faisant l’apport de clefs de compréhension des événements et étant tout aussi porteurs de lumière sur l’information. Une réalité pure qu’ont longuement corroboré les personnalités présentes dans l’assistance du Musée Olympique ce mardi soir. C’est bien devant plusieurs responsables médiatiques, sportifs et politiques, que les intervenants ont nouvellement combattu l’initiative « No Billag », objet de votation fédérale soumis au peuple le 4 mars prochain. « Nous espérons que cette descente soit interrompue par une météo capricieuse », entend-on par ailleurs sur place. Devant quelques unes des personnalités aperçues à Ouchy, l’ancien Président de la Confédération Adolf Ogi, le Conseiller aux États Olivier Français, le Conseiller d’État Philippe Leuba, Alain Jeannet, ancien rédacteur en chef de L’Hebdo, Didier Fischer, président du Servette FC ou encore Madame Delamuraz, femme de l’ancien Conseiller fédéral de 1984 à 1998, le devoir du service public a été servi, admirablement.

Quelques instants partagés avec Bernhard et Roland

Mais au-delà de l’émotion contenue dans le documentaire, Bernhard Russi et Roland Collombin n’ont pas manqué de traiter différents sujets au Musée Olympique. Sur l’écologie et le réchauffement climatique par exemple; une question dans le public permettant notamment à l’Uranais de comparer la chute des hommes avec celle des montagnes. Une discussion qui a ensuite permis d’aborder le ski et la compétition actuelle. « Les skieurs d’aujourd’hui ont sans doute plus de courage que nous à l’époque. Ce n’est de loin pas plus simple aujourd’hui qu’à notre temps. J’ai reskié dernièrement à Kitzbühel et je peux vous dire que cela n’a rien à voir avec les piste d’il y a 40 ans », consent alors « La Colombe ». « C’est un autre matériel, c’est une évolution tout-à-fait naturelle. La neige est aussi plus dure. Les choses ont beaucoup changé, l’on ne peut pas comparer », lançait à son tour Russi.

« Notre amitié s’est renforcée avec les années »

Roland Collombin, ancien skieur professionnel, spécialiste de la descente

Mais alors qu’en était-il vraiment de l’amitié entre les deux sur le circuit ? Était-elle réelle ? « Grâce à Collombin, j’ai appris à perdre », entonne pour commencer Bernhard Russi sous les rires. Avant de poursuivre: « Avant l’amitié, il y a eu une très grande rivalité. Je ne pouvais pas être copain avec Roland. Être deuxième derrière un Suisse étant d’autant plus dur que d’être deuxième derrière un Français, un Allemand, un Italien ou encore un Autrichien. Mais bien sûr, qu’en dehors, nous étions amis. » Roland Collombin partagea alors la même analyse et conclut: « Cette amitié s’est renforcée avec les années. »