« Avec la sérénité qui règne dans l’équipe, nous pouvons gagner au Stade de Genève »

Neuchâtel Xamax FCS est sur une lancée positive. Confortant sa place de leader face au FC Wil, le club neuchâtelois s'apprête désormais à affronter Servette lundi prochain à la Praille. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino

Neuchâtel Xamax FCS s’est défait – avec beaucoup de patience – du FC Wil ce samedi soir au Stade de la Maladière (3-1) sur des buts du trio offensif: Raphaël Nuzzolo (65e), Geoffrey Tréand (75e) et Gaëtan Karlen sur pénalty (86e). Une copie presque parfaite à neuf jours d’affronter le Servette FC dans un derby romand qui s’annonce décisif au Stade de Genève. « Nous ne nous ferons aucun problème sur le dénouement de la rencontre », annonce Nuzzolo, confiant de la qualité technique de son équipe. Revivre également le match en 100 images.

L’esprit est différent. Quelque part, dans une Maladière refroidie par un vent glacial, sous le salut d’un plus plus de 2’000 spectateurs courageux, l’on sent que les choses changent, que tout n’est plus laissé au hasard. Neuchâtel Xamax FCS ne dépend, cette année, que de lui-même et cela est d’autant plus clair que l’année dernière les performances se voyaient, en quelque sorte, conditionnées par un FC Zürich irrattrapable. Cette saison, tout est plus limpide. Avoir la main sur une promotion historique – après le désastre de 2012 – place les hommes de Michel Decastel dans une posture inédite. Après deux saisons dans la précédence d’un plus gros poisson – le FC Lausanne-Sport en 2016 et les Zürichois en début d’année –, c’est bien Neuchâtel Xamax qui donne le tempo en cette fin de 2017. « Ce sera de toute évidence un premier tour réussi », argue dans la logique Raphaël Nuzzolo, alors que les Rouges et Noirs n’ont actuellement besoin que d’un point pour s’assurer le titre (honorifique) de champion d’hiver. Et même si là n’est absolument pas le dessein final d’un groupe qui a rendu mature son potentiel pour la Super League, les 40 points inscrits (en 16 rencontres!) n’en dessinent pas moins les contours toujours plus solides d’un club d’élite. « L’année dernière, le FC Zürich avait réussi à inscrire 48 points avant la trêve hivernale. Nous en sommes actuellement à 40 avant les deux derniers matches de l’année. C’est déjà un accomplissement incroyable avec des joueurs – mis à part deux [ndlr, Geoffrey Tréand et Raphaël Nuzzolo lui-même] – qui n’ont pas l’expérience de la Super League. Personne ne l’aurait pensé en début de saison. Et même si ça a l’air simple, la réalité l’est beaucoup moins. Nous sommes conscients que nous avons réussi quelque chose de grandiose jusqu’ici. Nous nous en contenterons toutefois pas », poursuit alors le numéro 14 neuchâtelois. Xamax en est alors là, à mi-chemin de son rêve – l’écriture d’un chapitre historique sous la présidence Binggeli et cela, ce n’est pas rien. C’est la perspective alors, peut-être, qui aura fait la différence une nouvelle fois face au FC Wil.

« C’est une équipe solide qui presse tout le long et qui se replace très vite »

Michel Decastel, entraîneur de Neuchâtel Xamax FCS

Il n’est fallu qu’une vingtaine de seconde – quelques broutilles – pour que le FC Wil ne se retrouve, d’entrée, mené au score. Un centre de Geoffrey Tréand précipite immédiatement la résistance saint-galloise dans l’alerte, la confusion, l’intranquillité. Une reprise avertie de Samir Ramizi pour Charles-André Doudin et un ballon qui s’envole quelque peu au-dessus de la transversale (1e) font s’immobiliser le temps pour une fraction; l’Allemand Konrad Fünfstück regarde son banc et le portier Jim Freid – en remplacement du gardien blessé Noam Baumann – contemple, pieds ancrés dans le sol, un désarroi profond dans un club oublié par son histoire. C’est à l’image de sa saison; forts d’un talent certain, le FC Wil s’est pourtant laissé surprendre par l’adversité et par les dynamiques de la compétition. À cet instant, l’entier club connait le chemin à entreprendre et le fossé dans lequel il sied; seule équipe de la SFL à n’avoir pas dépassé la barre de la dizaine de points et à n’être pas parvenus à gagner à l’extérieur. Un bilan maigre qui remonte; en cette première minute de jeu, le collectif a pris conscience de la montagne à gravir sur le terrain du leader. Le temps de reprendre ses esprits que le FC Wil a recommencé à y croire, une première heure du moins. Les hommes de Fünfstück se referment parfaitement en défense, canalisant la voie de la profondeur vers le meilleur buteur du championnat, Raphaël Nuzzolo. D’une résistance métallique, robuste, il reste un quelque chose d’inextricable dans l’organisation du jeu de l’actuelle lanterne rouge. Un quelque chose qui fonctionne. « C’est une équipe solide qui presse tout le long et qui se replace très vite », consent Michel Decastel avant de poursuivre: « Il y a eu de très bonnes phases avec de très belles occasions. Mais dans la manière, face à Wil, c’est toujours délicat. Je me souviens que nous avions gagné 1-0 à l’aller [ndlr, le 11 septembre], à onze contre neuf, mais ce fut loin d’être évident. Ils sont loin d’avoir de mauvais joueurs et leur dernière place ne reflète pas leur potentiel. »

« Une grande patience »

Face à Neuchâtel Xamax FCS, jouant à son habitude – une possession de balle et une domination territoriale nettes mais aussi – avec des phases d’accélérations subites, cherchant sans cesse une verticalisation d’un jeu envers la pointe Raphaël Nuzzolo, le FC Wil a su défendre son jeu et son identité, troublant même naturellement la logique de la victoire finale des Rouges et Noirs (3-1). « Aujourd’hui, tout le monde attendait une victoire de Neuchâtel [face au dernier du classement]. Mais ce n’est jamais facile face au FC Wil, on a toujours de la peine à trouver des espaces contre eux. Il nous a fallu une grande patience ce soir surtout après les occasions procurées en première mi-temps: deux têtes [ndlr, de Nuzzolo lui-même, 30e et 43e], dont un sauvetage sur la ligne [ndlr, du gardien sur la deuxième] », aiguillonne Nuzzolo. « C’est le match auquel je m’attendais. Immanquablement. Nous avons néanmoins très bien débuté lors des dix, quinze premières minutes. Puis, ce fut plus dur de trouver des solutions. Nous devions nous montrer patients et surtout ne pas encaisser le premier but », ajoute pour sa part Michel Decastel.

« Je prends du plaisir à marquer mais je suis aussi content que Gaëtan et Geoffrey aient pu trouver également la voie du but »

Raphaël Nuzzolo, avant-centre reconverti de Neuchâtel Xamax FCS

Ainsi, dans l’arène de la Maladière, aucune géométrie n’était établie. La loi mathématique du classement s’est naturellement vue à nouveau contrastée par la performance de très belle facture des Saint-Gallois. Et pourtant, perfectionnistes, les Rouges et Noirs consentent avoir manqué quelques occasions dans la première fraction de la partie. « Même si nous n’avions pas trouvé énormément d’espace sur la première mi-temps, nous aurions dû mener au score. Certes, l’entame de la deuxième fraction n’était pas optimale non plus mais l’ouverture du score nous a passablement libérés. C’est ce qui a permis d’ouvrir le jeu. » Un but sous un schéma connu et reconnu de tous; un service profond pour Raphaël Nuzzolo qui parfait dans son contrôle de balle une technique qui lui fait toute sa différence. Passablement aidé par une sortie aux fraises du portier Jim Freid, le numéro 14 parvient, à but vide, à inscrire une ouverture du score méritée et libératrice (65e). À sa quatorzième réussite en seize rencontres, l’ancien attaquant du BSC Young Boys, grand expérimentateur de la Super League, a encore franchi un pallier ce samedi soir: « Je suis à l’avant, ce qui me permet de libérer mes forces lorsqu’une occasion arrive – exprime-t-il en zone mixte avant de continuer – Je prends du plaisir à marquer mais je suis aussi content que Gaëtan et Geoffrey aient pu trouver également la voie du but. Chez nous, tous ces joueurs – avec Charles [Doudin], qui en est à huit passes décisives et par qui passe la transition entre la défense et l’attaque – sont extrêmement importants pour nous. Dans n’importe quelle circonstance, chaque individualité peut témoigner de ses qualités. Même quand l’on aligne un droitier en latéral gauche [ndlr, Steve Lawson]. C’est bien là la force de Neuchâtel. »

« Le quatorzième, le quinzième ou encore le seizième joueur peuvent être titulaires à tout moment »

Raphaël Nuzzolo, avant-centre reconverti de Neuchâtel Xamax FCS

Ce qui fait la force de Neuchâtel Xamax FCS: la polyvalence de ses individualités ? « Notre banc est très riche; le quatorzième, le quinzième ou encore le seizième joueur peuvent être titulaires à tout moment. Chacun d’entre nous, sur le terrain, ne déçoit que très rarement. C’est un facteur non négligeable », confirme Raphaël Nuzzolo. Preuve en est en personne; habitué à évoluer sur les flancs de l’attaque, cela fait quelques semaines qu’il s’aventure à titiller de tout près les buts adverses. Et force est de constater que cela lui réussit très bien, ce qui allège certainement Michel Decastel dans les possibilités offensives qui lui sont présentées. Ainsi, juste après l’ouverture du score de son “avant-centre”, l’entraîneur xamaxien a revu l’organisation de son jeu, permettant l’entrée de Gaëtan Karlen, en bonne pointe, et retrouvant Nuzzolo sur l’aile droite de l’offensive. Une revue de jeu qui n’a, depuis lors, plus altéré les performances de son équipe, les deux autres personnalités à l’avant de l’équipe ayant aussi eu leur gloire en inscrivant leur but personnel dans la rencontre, chacun dans une intervalle précise de dix minutes: Geoffrey Tréand, parfaitement servi par Doudin (2-0, 75e) et Gaëtan Karlen sur un pénalty concédé nettement par le gardien Freid, pas à son aise dans les dernières 45 minutes de la rencontre (86e, 3-0). Sereins dès lors, la réduction de Marko Muslin une minute plus tard (87e) n’aura fait douter plus personne dans le stade. De quoi appréhender parfaitement la prochaine échéance, et pas la moindre. Lundi prochain, le tournant ? Possible et ce, dans les deux sens.

Servette, un derby romand déterminant

À la Praille – lundi 4 décembre – une première occasion de déterminer la saison ? « C’est avant tout un derby romand », temporise Michel Decastel avant de poursuivre: « Ce sera un match sérieux, un match à six points. Mais je sais que l’on est capables de ramener un bon résultat de là-bas. Nous sommes les deux meilleures équipes du premier tour et cela n’est pas négligeable. » « Avec la sérénité et la confiance qui règne dans l’équipe, nous pouvons aussi envisager d’aller gagner au Stade de Genève », se convainc pour sa part Raphaël Nuzzolo. Aussi, avec une marge de huit points sur son dauphin, Neuchâtel Xamax FCS ne redoute aucun résultat à l’approche d’un combat décisif à Genève. Bien au contraire, tout résultat peut être parfaitement porteur pour les Rouges et Noirs: « Nous avions perdu à Aarau [2-0 le 29 septembre] et derrière, nous étions parvenus à refaire une série de victoires. Sur la même logique, le match nul à Rapperswil [2-2 le 18 novembre] nous semblait être un très bon résultat compte tenu que peu d’équipes sont parvenues à gagner là-bas. Et donc, sur la même ligne, nous irons à Servette pour gagner comme à chaque fois à l’extérieur mais la défaite ne nous hantera pas. Quand l’on a de l’avance – maintenant huit points –, l’on peut se permettre de temps en temps un faux pas. Cela n’empêche qu’à Genève, nous donnerons tout », retrace encore Nuzzolo.

« Un nul à Genève ? Je le signe tout de suite »

Michel Decastel, entraîneur de Neuchâtel Xamax FCS

Aussi, Neuchâtel Xamax se retrouve dans une position de force, quand bien même le club devait partager l’enjeu au Stade de Genève. « L’équipe qui a le plus besoin de points, à cette heure, c’est Servette », explique en zone mixte Michel Decastel avant de lâcher, rire aux lèvres: « Un nul à Genève ? Je le signe tout de suite. » Aussi car les Rouges et Noirs abordent cette confrontation dans la peau d’un leader, une première depuis trois ans: « Avant nous avions toujours deux, trois ou quatre points de retard sans trop regarder devant. Aujourd’hui, nous sommes devant et avons réussi à prendre un peu d’avance. C’est très bien. Ce week-end était crucial, aussi car c’est la journée de la confrontation directe entre Schaffhouse et Servette. Peu importe le résultat [du Lipo Park], nous nous déplacerons avec sérénité à Genève. Nous y irons avec beaucoup de confiance. Il se peut que l’on perde mais quoi qu’il arrive, ce sera un premier tour réussi pour Xamax », se conforte le numéro 14 xamaxien. « Être leaders ? Ça change tout ! Rattraper le premier et tenter de ne pas se faire rattraper relève de deux exercices différents », ajoute catégorique Decastel. Pourtant, quelques détails seront encore à régler avant le déplacement à la Praille. « Il faut penser d’abord à l’équipe avec Mustafa [Sejmenovic] qui sera suspendu – alerte Michel Decastel avant de poursuivre – Mais nous observerons deux jours de congé pour laisser récupérer les organismes. Ensuite, nous nous remettrons au travail, avec Arbenit [Xhemajli], [Léo] Farine ou encore Max [Veloso] qui peuvent remplacer au centre de la défense. Sans compter que Janick Kamber [ndlr, blessé ce samedi] pourra peut-être rentrer en ligne de compte. C’est un carton jaune [ndlr, le quatrième de la saison pour Sejmenovic] qui arrive au mauvais moment mais peut-être que sa faute tactique nous a sauvés d’un but. Mais j’ai confiance aux solutions alternatives qui se présentent à nous. » Certainement, Neuchâtel Xamax FCS pourra compter sur son expérience des grands rendez-vous, même au Stade de Genève, où encore aucune équipe n’est parvenue à l’emporter cette saison (6 victoires et 2 nuls pour les Grenat à domicile). Les hommes de Michel Decastel seront prévenus.

Les faits de match:
Neuchâtel Xamax FCS v FC Wil 1900, 3-1 (0-0)

Composition de Neuchâtel Xamax FCS:
Laurent Walthert ©, Mustafa Sejmenovic, Igor Djuric, Mike Gomes, Steve Lawson, Pietro Di Nardo, Max Veloso (75e Thibault Corbaz), Charles-André Doudin, Samir Ramizi (65e Gaëtan Karlen), Geoffrey Tréand (79e Liridon Mulaj) et Raphaël Nuzzolo. Entraîneur: Michel Decastel.

Composition du FC Wil 1900:
Jim Freid, Étienne Scholz, Sergio Cortelezzi (80e Roman Kienast), Basil Stillhart, Michael Gonçalves, Kenzo Schällibaum, Roberto Alves, Caine Keller, Sanijel Kucani (45e Shaho Maroufi), Granit Lekaj © et Ze Eduardo (71e Marko Muslin). Entraîneur: Konrad Fünfstück.

Buts: 65e Nuzzolo (1-0); 75e Tréand (2-0); 86e Karlen (P)(3-0); 87e Muslin (3-1).
Notes: Stade de la Maladière, Neuchâtel. 2'246 spectateurs.
Neuchâtel Xamax sans Dilan Qela, Janick Kamber (blessés), Léo Farine, Safet Alic, Frédéric Nimani et Sonny Escolano (non-convoqués). Wil sans Valon Hamdiu, Ilaz Ilazi, Sandro Lombardi, Nedim Sacirovic, Pascal Huber, Noam Baumann, Valentino Pugliese (blessés), Johan Vonlanthen, Thomas Schiavano, Atila, David Roesler, Horoid Gjoshi, Andelko Savic et Fuad Rahimi (non-convoqués).
Arbitre: Urs Schnyder.