Après la victoire du CSKA Moscou face à Benfica (2-0), une seule issue pour les Bâlois ? L’emporter face aux hommes de José Mourinho pour rester dans la course des huitièmes de finale. Au terme d’un match décisif, c’est une deuxième mi-temps trépidante qui aura permis aux Bâlois de creuser l’écart. Les trente dernières minutes auront été dignes des grands soirs de Coupe d’Europe, puisque c’est dans ces moments-là que le FC Bâle semble prendre ses aises. Enfin, après un acharnement constant sur la cage de Sergio Romero, c’est finalement Michael Lang qui parvient à délivrer les siens en inscrivant le but victorieux et pleinement mérité (89e). Revivez également la rencontre en 100 images.
Menacé par la victoire moscovite plus tôt dans la soirée et opposé à un géant européen, le FC Bâle réunissait les plus mauvaises conditions afin d’affronter un match décisif. Cependant, face à la difficulté, les hommes de Raphaël Wicky ont toujours su répondre présents. Privé de Taulant Xhaka (suspendu), le FC Bâle n’avait pas le droit à l’erreur mais se devait de se montrer dangereux. Son jeu offensif placé très haut sur le terrain ainsi que son pressing constant auront constitué ses armes. Mais malgré une volonté offensif inépuisable, c’est Manchester United qui remporte la possession et qui parvient à tenir à distance son adversaire en première mi-temps. D’ailleurs, si les hommes de Mourinho ne sont pas parvenus à ouvrir le score, c’est bien grâce à l’excellente prestation du gardien bâlois Tomáš Vaclík qui a su stopper toute tentative britannique. « Pour nous en sortir face à une équipe comme Manchester United, il nous faut un gardien à la hauteur du défi, qui nous maintienne en jeu. Et ce soir nous l’avons eu », lâchait par ailleurs Raphaël Wicky en conférence de presse d’après-match. Alors, oubliée la plus grosse occasion de cette première mi-temps au crédit de Marcos Rojo. Le défenseur de Manchester n’y réfléchit pas à deux fois avant de décrocher une somptueuse frappe – déviée par Marek Suchý – sur la transversale du but bâlois (44e), quelques minutes seulement après qu’un centre tir d’Anthony Martial ait déjà heurté le poteau (41e). Le FC Bâle aura eu chaud, mais la deuxième mi-temps aura permis d’inverser la tendance.
« En deuxième mi-temps, on a très bien joué et il faut aussi saluer le travail de notre gardien qui a été formidable »
Raphaël Wicky, entraîneur du FC Bâle
Avec la mi-temps, tout semblait plus clair pour le FC Bâle à en croire les propos de Raphaël Wicky en conférence de presse : « Dans le vestiaire, je n’ai pas beaucoup parlé aux joueurs, je les ai laissés faire. On savait que c’était compliqué mais on a joué avec courage. En deuxième mi-temps, on a très bien joué, nous avons réussi à plus garder le ballon tout en nous montrant dangereux. On a vu aussi que Manchester a baissé son niveau de jeu, mais on se devait de faire attention, car c’est une grande équipe et ils ont des joueurs décisifs qui peuvent changer le match à n’importe quel moment. C’était donc compliqué d’aborder la partie, mais nos occasions ont fini par aboutir. » En effet, dès l’heure de jeu, la vaillante déferlante bâloise menée par le trio d’attaque – Renato Steffen, Dimitri Oberlin et Geoffroy Serey Dié – aura été intraitable: « Nous avons des joueurs qui sont très importants pour l’équipe. Serey Dié fait partie de ceux-ci. Je l’ai toujours dit. Ce soir, il nous l’a démontré: son match était fantastique, à l’image de tous. », concède encore l’entraîneur rhénan. En effet, ses sprints balle au pied, accompagnés des nombreuses percées de Steffen dans la surface et les quelques duels insidieux d’Oberlin, entres autres, auront nourri la souffrance des Mancuniens et éclipsé le retour de Zlatan Ibrahimović (entré à la 73e). Cependant, on notera tout de même le pénalty non sifflé à la 70e sur Renato Steffen, séché incontestablement dans la surface et qui aurait pu changer la tournure du match si Bâle n’avait pas marqué dans les arrêts de jeu. Mais malgré cela, Bâle domine et Manchester subit. Comble d’ironie.
But salvateur
Après une dizaine de minutes de folie, c’est par l’intermédiaire de Raoul Petretta que Michael Lang parvient à faire sauter le verrou mancunien. Sa passe puissante à raz-terre trouvant le pied droit de Michael Lang, aura été une véritable délivrance pour les supporters bâlois qui se voyaient déjà quitter le stade avec l’amertume d’une victoire soufflée de peu. Bâle y aura donc cru jusqu’au bout, alimentant le spectacle et faisant grincer des dents l’entraîneur portugais José Mourinho. Pour ce dernier, la défaite est simple à expliquer comme le souligne son intervention après le match : « On a joué contre un adversaire avec cinq défenseurs et dès que j’ai changé [Paul] Pogba, c’était différent sur le terrain. On a eu plus de difficultés et j’ai l’impression qu’avec ce changement, l’équipe s’est laissée aller. De toute façon, on joue énormément de matches et il fallait bien qu’on perde un jour ou l’autre et c’est ce qui nous est arrivé ce soir. Sur dix rencontres jouées face au FC Bâle, nous en gagnerions neuf. Ce soir, c’est l’exception. »
« Au terme de la première mi-temps, nous aurions dû mener 5-0 »
José Mourinho, entraîneur de Manchester United
« Malgré la défaite, on a fait une très bonne première mi-temps et avec toutes nos occasions, on aurait pu mener 5-0. Le jeu était à notre faveur en première mi-temps, mais malheureusement on n’a pas réussi à marquer et il faut l’accepter », concluait José Mourinho à Bâle avant de prendre congé de l’assistance, la mine déconfite. C’est donc à l’Estádio Da Luz – décidément – que tout va se jouer pour le FC Bâle contre le SL Benfica. Au terme d’une campagne européenne remarquable, il faudra encore fournir un dernier effort le 5 décembre prochain afin de sceller définitivement le billet pour les huitièmes de finale. Qualifié pour la dernière fois en 2014 pour ce stade de la compétition, le FC Bâle se doit d’égaler le résultat que le CSKA Moscou obtiendra d’Old Trafford afin de rejoindre les 16 meilleures équipes d’Europe. Au vue de la performance de ce soir, du fait que Manchester United – déjà qualifié – recevra l’équipe russe et que le SL Benfica est déjà éliminé, il y a de quoi être optimiste côté bâlois en vue d’une plus que probable qualification. Mais avant cela, le FC Bâle devra se refaire une beauté en championnat lors de ses deux prochains déplacements – face au FC Lucerne et au Lausanne Sport – si les hommes de Raphaël Wicky ne veulent pas voir s’échapper Young Boys au classement !
« Wir sind europäisch dabei ! »
Il n’y a sans doute que peu de soirées comme celles-ci. Pourtant, étrange sentiment, elles ne paraissent pas rares à la lumière de quelques souvenirs. Le 1er octobre 2014, dans un élan soudain, le FC Bâle semblait prendre bonne mesure des opportunités qui se présentaient en leurs mains. Vainqueurs 1-0 de Liverpool à l’image d’un mercredi soir étoilé, les Rhénans avaient parfaitement construit une qualification (méritée) pour les huitièmes de finale d’une Champions League qui avait déjà promis de grandes épopées pour le football suisse. Nul doute; l’histoire continue. Raphaël Wicky et Massimo Lombardo – tous deux, de leur très jeune (et très belle) expérience à la tête d’une équipe de renom continental – peuvent maintenant volontiers se projeter vers un futur qui leur appartient. Après un tel dénouement au Parc Saint-Jacques, y a-t-il encore la place à l’amertume des quelques faux pas réalisés derrière eux ? Une défaite 3-0 à Old Trafford en septembre – quelques jours après avoir subi une défaite lourde face au FC Lausanne-Sport (1-2) – ou encore un revers, plus frais celui-ci, face au CSKA Moscou (1-2) ? Personne ne tomberait autant dans le sacrilège. Et pourtant, c’est de là que provient le FC Bâle des belles nuitées européennes. « Pour parvenir à réaliser un tel exploit, tout doit fonctionner au maximum; il nous faut une nuit parfaite », aiguillonnait l’entraîneur rhénan. La construction de cette équipe basée sur la jeunesse et la fougue – une détermination sans faille d’un Geoffroy Serey Dié qui a repoussé jusqu’au bout ses limites – est née de doutes, de grandes remises en question au lancer d’une saison qui ne laissait promettre que vents et marrées à l’octuple champion suisse de Super League. « Wir sind europäisch dabei ! », conclut alors Wicky. Oui, ce FC Bâle a décidément la calibre d’une équipe européenne. Partant de là, des moments difficiles ont coulé mais une équipe a émergé. Définitivement. Alors fêtons, All Night (Lang) !
(mmg/ydc), ajourné le 27 novembre 2017.
Les faits de match: FC Bâle v Manchester United FC, 1-0 (0-0) Composition du FC Bâle: Tomáš Vaclík, Marek Suchý ©, Manuel Akanji, Éder Balanta, Luca Zuffi, Geoffroy Serey Dié (80e Alexander Fransson), Raoul Petretta, Michael Lang, Mohammed Elyounoussi, Renato Steffen et Dimitri Oberlin. Entraîneur: Raphaël Wicky. Composition de Manchester United FC: Sergio Romero, Daley Blind, Chris Smalling, Matteo Darmian, Marcos Rojo, Ander Herrera, Marouane Fellaini, Paul Pogba © (65e Nemanja Matić), Jesse Lingard (64e Marcus Rashford), Anthony Martial (73e Zlatan Ibrahimović) et Romelu Lukaku. Entraîneur: José Mourinho. Buts: 89e Lang (1-0). Notes: Parc Saint-Jacques, Bâle. 36'000 spectateurs (sold-out). Bâle sans Taulant Xhaka (suspendu), Ricky van Wolfswinkel, Omar Gaber et Germano Vailati (blessés). Manchester United sans Michael Carrick, Eric Bailly et Phil Jones (blessés). Centre-tir de Martial (41e) sur le poteau. Tir de Rojo (44e) et Lang (67e) sur la transversale. Arbitre: Daniele Orsato (ITA)