La Suisse ira en Russie au mois de juin prochain. Qualifiés face à l’Irlande du Nord en match retour des barrages qualificatifs pour la Coupe du Monde 2018, les hommes de Vladimir Petkovic ont passé à quatre le nombre de phases finales d’un mondial disputées consécutivement par la Suisse; la onzième de son histoire. La liesse a entouré toute la soirée le Parc Saint-Jacques de Bâle où joueurs et supporters ont fêté l’accomplissement d’une longue campagne au travers de l’Europe. Valon Behrami s’est montré satisfait en zone mixte. Il a aussi pris le temps de se livrer sur sa santé.
Valon, quels sentiments te viennent suite à cette qualification méritoirement obtenue par la Suisse ?
Ce sont des sentiments difficile à gérer, surtout lorsque ces émotions sont senties de l’extérieur. Mais je ne peux rien analyser pour l’instant. Je pense même qu’il n’y a pas grand chose à analyser sur un tel match. Je savoure ces instants de liesse qui entourent notre qualification pour la Coupe du Monde.
Après une semaine entière marquée par l’incertitude, vous voilà en Russie. Un soulagement que vous partagez au sein de l’équipe…
Nous nous sommes tous enlevés un poids lourd à porter. Personnellement, je m’en vois très soulagé, aussi parce que je suis une personne très émotive. Cela n’a pas été évident de ne pas avoir pu jouer avec mon équipe nationale pour ces deux derniers rassemblements [ndlr, avant la “finalissima” de Lisbonne en octobre et pour les matches de barrages]. Mentalement, il m’a fallu passer ces moments compliqués car ce furent des objectifs très importants pour moi – de pourvoir aider mon équipe à se qualifier. Dans ma fin de carrière, ces moments uniques ne se représenteront certainement plus. Je voudrais pouvoir en profiter en étant sur le terrain.
Que t’inspire les sifflets entendus à l’encontre de Haris Seferovic à sa sortie au terme de la rencontre [86e] ?
Personne ne devrait regarder ce que nous avons réellement produit sur le terrain ce soir. Cela ne compte pour rien du tout dans ces situations-ci. Nous sommes qualifiés et c’est le plus important. Quand nous nous fûmes qualifiés en 2005 en Turquie [ndlr, match perdu 4-2 à Istanbul après avoir gagné 2-0 en Suisse], personne n’était allé analyser la très mauvaise prestation que nous avions alors livrée. [Haris] a un fort caractère et il ne doit pas se laisser prendre par cela. Il doit continuer à se sentir important pour l’équipe et il ne faut pas oublier que c’est aussi grâce à lui que nous en sommes ici aujourd’hui. Un joueur comme lui, je le soutiendrais toujours, rien que pour son potentiel énorme.
Un mot sur la jeunesse au sein de l’équipe; que penses-tu de la prestation de Denis Zakaria qui a décroché sa deuxième titularisation ce soir à Bâle, après une première à Belfast ?
Quand l’on est nouveau dans une équipe, la timidité au regard des autres et des adversaires est toujours normale au début. Dès lors, plus le temps passe, plus il joue et plus il s’insère dans notre groupe. À force, il prend – et prendra encore – la confiance qui lui manque encore un peu. Il ne lui manque d’ailleurs que cela car sur le terrain, il sait tout faire. Il lui faut de l’expérience internationale. Mais au-delà de cela, notre groupe est fort et uni et il n’y a aucune hiérarchie; cela est le plus important pour une sélection. C’est aussi le plus plaisant à vivre. Il doit s’inspirer de ses deux grandes prestations à Belfast et à Bâle.
Après l’affaire avec ton club, l’Udinese, tu as choisi de rester avec l’équipe nationale. Cela te paraissait évident même si tu savais ne pas jouer ?
Mon esprit ne change pas; je suis un batteur et depuis toujours, je donne mon maximum dans tout ce que j’entreprends et dans les engagements que j’ai pris. Parfois, cela tourne mal mais à de nombreuses autres fois, tout me réussit. Toujours est-il que ne pas jouer, juste maintenant, est cependant une désolation majeure. Mais je ne peux pas changer ma manière de voir les choses, sinon tout s’écroule.
Tu vas te ménager pour éviter les récidives alors ?
[Rires] Je suis quelqu’un qui raisonne de manière tellement négative que je suis déjà en train de penser à ma santé pour ne pas manquer aux prochaines échéances de l’équipe nationale. Certainement, je pense tellement à mes blessures, qu’à chaque fois que je souhaite faire attention avant un rassemblement, il m’arrive de me blesser. Je dois définitivement me libérer de ces appréhensions, je dois vraiment apprendre en cela pour terminer ma carrière en de bonnes conditions. Dans la vie, tout peut arriver mais je ne pense pas mériter une nouvelle absence d’importance.
Blerim Dzemaili, en vacances pour préparer le Mondial
L’attaquant de l’Impact Montréal, laquelle saison en MLS est terminée, voit désormais le temps pour pleinement se consacrer aux préparatifs d’une Coupe du Monde qui arrivera plus vite que prévu. Retourné en Italie – à Bologne où il a joué jusqu’en 2016 – dans l’attente des barrages face à l’Irlande du Nord, Dzemaili a aussi pris le temps de prendre un peu de repos, nécessaire après une saison en club longue et tempétueuse. « Dès maintenant, je vais profiter d’un peu de vacances – exprime-t-il en zone mixte au terme de la rencontre face à l’Irlande du Nord au Parc Saint-Jacques de Bâle – Cela fait plus d’un an et trois mois que je suis sur les terrains. J’ai effectué près de 70 matches et je pense que la fatigue physique s’est faite plus ressentir ces deux derniers mois. Il me faut alors me reposer désormais avant de reprendre contact avec mon entourage, y compris [Vladimir Petkovic] pour savoir ce qu’il souhaite et attends de moi pour début 2018. » Ainsi, après avoir disputé son 61e match avec l’Équipe de Suisse à Bâle face à la Norn Iron (pour 8 buts), Blerim Dzemaili compte bien faire partie des 23 joueurs sélectionnés pour entreprendre la longue route vers Moscou.
Breel Embolo: « À chaque fois que l’on se retrouve en équipe nationale, j’espère pouvoir revenir jouer au Parc Saint-Jacques »
Breel Embolo a connu des moments difficile à Schalke 04 après sa grave blessure à une cheville lors d’un match de Bundesliga. Depuis, cela fait un an que le jeune talent prometteur de l’Équipe de Suisse entreprend un retour (non précipité) sur les terrains. Ainsi, après avoir retrouvé du temps de jeu en championnat ces dernières semaines, Breel a également pu savourer une nouvelle entrée (remarquée) en sélection nationale lors de la qualification des siens face à l’Irlande du Nord à Bâle (0-0). Une renaissance pour le prodige, formé au FC Bâle: « Je me sens très bien, j’essaie de m’amuser au plus à chaque fois que je rentre sur le terrain – lâche-t-il avant de poursuivre – C’était une longue blessure et après onze mois, il me faut retrouver des minutes de jeu pour retrouver quelques sensations perdues. J’essaie donc à chaque fois de rendre la confiance que mes coaches m’allouent, en sélection mais aussi en club. » Avec deux grandes occasions procurées en quelques secondes (89e et 90e) – il est entré à la place de Haris Seferovic à la 86e minute – Breel Embolo a pleinement vécu la fin de rencontre à Bâle, dans un stade qu’il affectionne tout particulièrement: « J’ai ressenti de la nervosité, oui. Mais c’était de la nervosité positive. Je me réjouis à chaque fois de revenir jouer à Bâle, car c’est un stade dans lequel je me sens très bien. C’est mon stade et celui de plusieurs joueurs qui jouent au FC Bâle. Nous nous sentons toujours à la maison ici. J’y ai grandi et j’y ai vécu des moments extraordinaires auprès de ma famille et de mes amis. À chaque fois que l’on se retrouve en équipe nationale, j’espère pouvoir revenir jouer au Parc Saint-Jacques. » Désormais, lui aussi, pense à la Coupe du Monde et à la potentielle grande aventure qui l’attend… en Russie.