Du Windsor Park, Belfast (Irlande du Nord)
Mercredi matin, le club italien de Serie A, l’Udinese Calcio, qui rémunère Valon Behrami a souhaité, dans un courrier adressé à l’Association Suisse de Football (ASF), le « retour immédiat » à Udine du milieu de terrain de l’Équipe de Suisse (incertain pour les barrages face à l’Irlande du Nord ces 9 et 12 novembre). Claudio Sulser, délégué des équipes nationales à l’ASF a répondu à la presse à un peu plus de 24 heures de la première manche au Windsor Park de Belfast. Résultat: Valon reste.
Pour connaître quelque peu l’univers de la FIFA, pour y avoir travaillé cinq ans, Claudio Sulser, proche de l’Équipe nationale suisse a clarifié quelques points sur l’affaire Behrami éclatée au matin de la veille de la première manche des barrages pour la Coupe du Monde 2018 à Belfast. L’Udinese avait réclamé, dans un courrier adressé à l’ASF, le retour immédiat du milieu de terrain suisse Valon Behrami, largement incertain pour le match aller au Windsor Park. « La raison évoquée sied dans un formalisme extrême et une divergence d’opinion sur l’état de santé du milieu de terrain suisse », évoque Claudio Sulser quelques minutes après le terme de la conférence de presse de Vladimir Petkovic. Dans la règle telle que prescrite par la FIFA veut que chaque Fédération envoie une liste provisoire de joueurs pouvant être sélectionnés pour leur équipe nationale, au moins 15 jours avant la période dédiée aux matches internationaux, soit deux semaines avant le premier rassemblement. « Nous avons envoyé la nôtre 15 jours avant le match », précise l’ancien attaquant de l’Équipe de Suisse de 1977 à 1986. Et certes, s’il y a des règles à respecter, consent-il, « ce procédé n’a jamais fait de bruit pendant 18 ans. »
« Tout ceci n’est pas mathématique. Nous sommes jamais arrivés à un tel extrême formalisme »
Claudio Sulser
Une erreur assumée ? C’est plus compliqué que cela, le tout résidant en des pensées divergentes de part et d’autre. « Tout ceci n’est pas mathématique. Jamais, nous ne sommes arrivés à un tel extrême formalisme. Nous avons toujours acté ainsi et pour tous nos joueurs et jamais nous avons eu un quelconque problème, que ce soit avec Silvan Widmer [ndlr, aussi joueur de l’Udinese] ou avec d’autres joueurs jouant dans d’autres clubs en Europe comme Granit Xhaka [ndlr, Arsenal]. » Claudio Sulser continue ensuite: « L’Udinese agit certainement ainsi car il n’y a pas de base légale à la FIFA pour interdire un joueur de participer à sa sélection nationale. Le formalisme leur vient alors en aide pour parvenir à leurs volontés. » Puis, dit-il: « L’Udinese n’a pas à nous priver d’un de nos joueurs. Mais tout cela relèvera désormais alors de la compétence de la commission disciplinaire de trancher. »
« Valon reste à Belfast »
Si la commission disciplinaire tranchera, c’est bien que l’Association Suisse de Football ne compte pas se prêter aussi clairement aux volontés du club italien. Aussi clair soit-il, Claudio Sulser – et Marco von Ah, responsable de presse de l’Équipe nationale A suisse – ont rétorqué aux journalistes: « Valon reste à Belfast ! » Aussi, la Suisse s’est toujours montrée précautionneuse sur l’état de santé de ses joueurs rappelle Marco Von Ah: « Nous n’avons jamais forcé la main aux joueurs qui se sentaient blessés, comme c’est le cas actuellement pour Ricardo Rodriguez [ndlr, touché à une cuisse]. » Mais il faut dire que pour Valon Behrami, l’espoir de sa participation dans cette double confrontation est sérieuse et l’entourage de Vladimir Petkovic souhaite convaincre de l’effet positif de sa présence pour le groupe entier. « Valon est un joueur très particulier pour nous », avoue Claudio Sulser. « Il est même appelé le “Warrior”, c’est quelqu’un qui aide véritablement son équipe, même depuis les tribunes », complète pour la presse britannique Marco von Ah.
« Nous avons le droit d’espérer. Nous avons toujours l’espoir que Valon puisse participer aux matches de barrages face à l’Irlande du Nord »
Claudio Sulser
Aussi est-il clair: « Je pense qu’il n’existe pour l’heure aucune base légale qui puisse pousser la FIFA à forcer le retour de Behrami à Udine. Il reste donc avec nous. » Une certitude factuelle ? « Cela n’est que ma pensée personnelle – contraste Sulser – Mais il faut tenir compte que nous jouons notre qualification à la Coupe du Monde. Il est étrange que ce genre de réactions apparaissent en pareilles circonstances. En cette situation complexe d’opinions divergentes, nous avons communiqué que Valon restait avec nous à Belfast. » Loin la règle formelle, la Suisse souhaite avant tout valider son billet pour la Russie. Et en cela, personne ne pourra véritablement l’empêcher. « Nous avons toujours l’espoir que Valon puisse jouer. Nous avons le droit d’espérer. Tout le monde a le droit de donner son avis et ses prises de position mais pour cette fois, il reste avec nous à Belfast. »
« Nous devons maintenir l’aspect essentiel de la situation. Il y a un calendrier et chaque équipe le connait parfaitement »
Claudio Sulser
Cela n’est pas sans rappeler la volonté du club de l’Udinese (déjà) de vouloir forcer le retour de Valon Behrami en Italie alors que l’Équipe de Suisse jouait (déjà encore) sa qualification directe pour la Coupe du Monde à Lisbonne face au Portugal le 10 octobre dernier. Un match finalement perdu 2-0 à l’Estádio da Luz. Un match qui avait fait cruellement ressentir – l’avis partagé de l’ensemble de l’entourage averti de la Nati – l’absence au cœur du jeu suisse de Valon Behrami. Mais Claudio Sulser remet de la droiture au centre de la discussion: « De Lisbonne, Valon était rentré à Udine. Ceci car il n’était nullement convoqué parmi les 23 appelés pour les matches face à la Hongrie et le Portugal. Il voulait simplement rester au plus près de son équipe mais son club a refusé. Nous devons maintenir l’aspect essentiel de la situation actuelle. Valon est convoqué cette fois-ci et par conséquent il reste. Il y a un calendrier pour les rencontres internationales et les équipes le connaissent parfaitement. » La question, maintenant, reste de savoir si Valon Behrami participera aux barrages, cela est loin d’être acté.