Battue par le Portugal (2-0), la Suisse passera par le purgatoire des barrages

Le capitaine suisse Stephan Lichtsteiner n'aura pas pu éviter la défaite mardi soir à l'Estádio da Luz de Lisbonne. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino
De l'Estádio da Luz, Lisbonne (Portugal)

L’Équipe de Suisse a perdu sa « finalissima » de Lisbonne (2-0). Le Portugal de Cristiano Ronaldo connaîtra donc la Coupe du Monde 2018 en Russie alors que les hommes de Vladimir Petkovic seront finalement départagés lors des barrages les 9 et 14 novembre prochains. Si le tirage au sort du futur adversaire des Suisses aura lieu à Zürich le 17 octobre prochain, une chose est sûre: la Nati devra offrir meilleur visage que celui démontré à l’Estádio da Luz ce mardi soir.

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Le sort de l’Équipe de Suisse, nous le connaîtrons finalement le 14 novembre, même si un premier élément de réponse tombera le 17 octobre prochain, dans les locaux de la FIFA à Zürich, où l’Équipe de Suisse sera fixée sur son adversaire lors des barrages – un opposant qui sera tiré au sort parmi la Grèce, la Suède et les deux Irlande (du Nord et l’Eire). Mais ce scénario a tout du parfait cauchemar; après 27 points marqués en 10 rencontres, la Suisse n’a pas été exemptée par la réalité périlleuse des play-offs. Et là est certainement le plus dur à avaler pour le technicien de l’Équipe de Suisse Vladimir Petkovic. Mais en conférence de presse, “Vlado” – même s’il n’a pu dissimuler son amertume – s’est montré plus loquace qu’à son habitude, commentant avec beaucoup de froideur une situation incontestable. Si certains regrettaient, au vu et au su de la physionomie d’une rencontre manquée, la présence de Valon Behrami au devant de la défense, le sélectionneur de l’Équipe de Suisse m’a voulu émettre aucune excuse en ces circonstances: « La blessure de Behrami ? Il est facile de commenter l’avant et l’après. L’absence de Valon fait partie des opinions que nous laissons volontiers tomber. Nous avons certes vaincu toutes les équipes du groupe mais nous avons perdu contre ce Portugal-ci, ce soir. Cela, nous devons l’accepter comme tel. Et nous l’acceptons. »

« Nous avons beaucoup réagi au lieu d’agir »

Vladimir Petkovic, sélectionneur de l’Équipe de Suisse

En réalité, l’on put constater en première mi-temps, une qualité technique des deux côtés mais aussi beaucoup d’imprécision. En témoignent, à titre d’illustration, les quelques centres galvaudés par Cédric (trois en l’espace des dix premières minutes) dans la zone décisive – trop longs ou trop courts –, la bonne mesure étant encore mal ajustée. En attendant, la Suisse prit sa chance – combinaisons gagnantes entre Freuler et Mehmedi, auteur d’un début de match parfaitement maîtrisé –, aussi bien implantée dans la moitié de terrain adverse que le Portugal ne tente de renverser, par quelques contre-attaques, un dispositif bien rôdé. Les hommes de Vladimir Petkovic occupent le terrain, font circuler le ballon, profitant de quelques maladresses défensives portugaises, et ferment avec une certaine régularité les espaces dans les secteurs les plus dangereux. Cependant, au revers de la médaille, le score se cristallise, les équilibres se stabilisent et les véritables estocades n’émergent pas dans le courant d’une première demi-heure où la tension des deux équipes prédomine sur tout le reste. Seul André Silva est parvenu à chauffer les gants de Yann Sommer dans les premières minutes de la rencontre (6e) avant que Bernardo Silva ne se heurte à nouveau aux poignets solides et décisifs de l’extrême défenseur de la nationale helvétique peu après la demi-heure de jeu (33e). Dans les faits, la Suisse joue bien, se mesure à son vis-à-vis avec un courage et une détermination nourris, même si manquent encore à l’appel Haris Seferovic et Blerim Dzemaili au soutien d’une attaque quelque peu timide. Quant à Remo Freuler – changé pour Denis Zakaria à la pause –, il a simplement manqué de constance et de résistance vers la fin d’une première fraction décidée avant tout par un but malencontreux contre son camp de Johan Djourou (41e), alors que Yann Sommer s’impliquait à repousser au mieux un centre-tir puissant d’Eliseu. Une entame encourageante, sans doute, mais qui ne parfait pas le sentiment très mitigé de Vladimir Petkovic: « Je pense que ce soir, nous n’avons pas eu ce que nous voulions. Nous avons avant tout réagi, au lieu d’agir. Nous avons trop peu joué pour réussir à marquer. Nous avons sans doute failli de démontrer notre force, aussi dans le moments difficiles », lâche le sélectionneur suisse avant de continuer: « Ce soir, nous avons eu de grandes difficultés. Nous n’avons pas mérité de gagner ce match. Nous n’avons pas su garder le ballon comme nous savons parfaitement le faire. Nous avons toujours été contraints à défendre et nous avons pêché là où d’habitude nous réussissons: la possession de balle. »

Un Portugal inefficient garde la maîtrise du résultat

Le salut local apparaissait toujours plus limpide dans l’enceinte du Sport Lisboa e Benfica; l’équilibre établi se fissure, cède sous la pression et finit par casser dans l’entame de la seconde mi-temps. À un coup-franc cadré – mais peu soutenu – de Xherdan Shaqiri (51e), répondent d’abord Cristiano Ronaldo (55e), dont la conclusion – sur un contre motivé par une perte de balle aisée des Suisses au milieu de terrain – manque de peu de surprendre Yann Sommer, puis André Silva qui peut profiter d’un centre rapide et transversal de Bernardo Silva pour inscrire à but ouvert le 2-0 (57e) dans une effervescence unique et propre aux Champions d’Europe. Il n’y eut alors que de larmes sur le terrain – qui de joie, qui de désespoir – alors que le profil d’un tour de barrage menaçant s’abattait petit à petit sur une Suisse qui n’a jamais démérité dans une campagne menée bout à bout par une philosophie de jeu porteuse et bienveillante. Mais garde, les 27 points engrangés dans cette campagne – bien que symboliques à souhait – revêtent une importance particulière pour Vladimir Petkovic: « La valeur de nos 27 unités sont certainement très importantes parce que, tout de même, nous avons réalisé le même nombre de points que le Portugal, qualifié avec mérite au jeu de la différence de buts – débute-t-il avant de poursuivre – La seule chose que nous devons faire désormais est oublier complètement ce match et penser encore et toujours de manière positive. Nous devons retrouver en notre sein, cette équipe courageuse et porteuse de confiance qui eut émergé tout au long de notre parcours dans cette campagne de qualification. »

« Il fallait perdre un match un jour ou l’autre mais aujourd’hui, ce n’était pas le bon jour »

Yann Sommer, gardien de l’Équipe de Suisse

Sous le poids du doublé portugais, le match a vraisemblablement changé de saveur, même si, après l’heure de jeu, les hommes de Vladimir Petkovic eurent un courage bien particulier: celui de nourrir des espoirs bien enfouis. « Le but est venu dans un moment inopportun. Nous voulions conclure la première fraction à égalité 0-0. Puis, au début de la seconde période, il m’est paru que les choses allaient mieux », débutait Petkovic en conférence de presse au terme de la rencontre. Et ce fut vrai, un temps seulement. Un tir de Xherdan Shaqiri, dévié dans le creux des seize mètres portugais par Haris Seferovic, passe de peu à côté des montants de Rui Patrício (53e). Sans doute, était-ce là la meilleure opportunité de la rencontre pour l’Équipe de Suisse mais tout cela restait bien en-deça des attentes. Les Lusitaniens eurent, pour leur part, le tact nécessaire afin de maîtriser l’avantage au score bien que très inefficients face au but. Aussi, la teneur de la rencontre s’est affaissée, laissant le Portugal mener la danse dans la dernière demi-heure. Une main de Djourou dans l’aire de réparation oubliée par l’arbitre Cüneyt Çakir (78e) aurait pu donner lieu à un pénalty – le Genevois qui eut lui même passé un mauvais quart d’heure lors de son offrande sur le premier but portugais, en puisse-t-il mais ? Certes, la Suisse a perdu – sur le même score de la victoire suisse au match aller à Bâle – mais nombreuses sont les individualités qui ont finalement manqué de tranchant dans le courant de la rencontre. De nombreuses pertes de balles ont ainsi servi de très grandes occasions aux hommes de Fernando Santos. Et si l’amission d’une certaine lucidité fut la plus flagrante dans les minutes additionnelles de la seconde mi-temps – une perte de balle de Granit Xhaka aux soixante mètres qui lance parfaitement Bernardo Silva (93e) –, nombreuses furent les omissions au cours de la partie. C’est notamment sur une confusion défensive qu’Antunes parvient à conclure auprès de Sommer à la 78e minute et c’est surtout un manque d’assise dans l’arrière-garde suisse, une minute plus tard (79e), qui voit encore s’échapper Cristiano Ronaldo, finalement battu dans son duel avec Yann Sommer, brave à ne pas s’être couché rapidement sur le coup. Bref ! La Suisse a trop concédé; de l’espace et du temps et rien, à l’Estádio da Luz, n’eut trait à l’efficacité rencontrée lors des dernières rencontres de qualification. « Nous voulions faire plus de pression, comme contre la Hongrie, mais nous n’avons jamais réussi à la réaliser. Nous leur avons laissé trop de temps pour construire leur jeu et avons laissé trop d’espace aussi. Nous avons essayé de réagir mais en vain », constatait Yann Sommer en zone mixte. Une réalité que connaît désormais l’ensemble du contingent helvétique à l’heure où il est à aborder avec le plein de force deux tours de barrage les 9 et 14 novembre. Et il faudra se redonner le courage nécessaire pour parvenir à atteindre la Coupe du Monde en juin 2018 en Russie. « Nous avons fait une belle campagne de qualification et rien n’est perdu. Il fallait perdre un match un jour ou l’autre mais aujourd’hui, ce n’était pas le bon jour. Le Portugal était la meilleure équipe aujourd’hui. Mais nous devrons continuer; il y a deux matches de barrage qui arrivent et nous savons que le chemin jusqu’en Russie ne sera pas une promenade. Nous donnerons tout pour la Suisse », concluait le portier suisse de Mönchengladbach.

La Suisse « a manqué de vitesse », mais garde confiance

Pour le portier de l’Équipe de Suisse, le premier but fut révélateur; en manque cruel de vivacité, la Nati a cédé sur un but malencontreux. Mais même si le but est en réalité un autogoal de Johan Djourou, le mérite de l’action revient toutefois à une contribution parfaite d’Eliseu pour André Silva: « Le centre était vraiment bon; il était très très fort et il était au milieu de nous tous. Je suis obligé de sortir, je le touche et malheureusement l’action est tellement rapide que nous avons perdu notre lucidité en cet instant », explique Yann Sommer en zone mixte de l’Estádio da Luz de Lisbonne au terme de la rencontre. « Ce but a fait beaucoup de mal. Ils eurent une belle occasion avant et nous étions assez solides dans le match jusqu’ici. Mais nous avons aussi perdu trop de ballons en jouant souvent sur de longues passes en profondeur. Nous n’avons simplement pas trouvé les solutions nécessaires; sans occasion décisive. Ainsi, il est difficile de gagner car nous étions passablement perdus par la vitesse du jeu. »

« Le Portugal est une équipe qui peut toujours rêver de gagner un titre important »

Stephan Lichtsteiner, capitaine de l’Équipe de Suisse

Mais, en réalité, il n’est aucune honte de céder face aux Champions d’Europe en titre. « Le Portugal – avec tous les joueurs de renom que la nation compte, et non seulement Ronaldo – est une équipe qui peut toujours rêver de gagner un titre important. Nous l’avons vu au dernier Euro. Je pense que pour nous, il est toutefois important de nous concentrer exclusivement sur la Suisse. Nous connaissons notre niveau et nous nous en fions. », rappelle le capitaine Stephan Lichtsteiner qui souhaite garder les points nodaux d’une longue campagne de qualification marquée par neuf succès sur dix: « Nous avons fait une très belle campagne qui pourra sans doute nous servir à l’heure d’affronter les deux prochaines rencontres.Nous sommes en pleine confiance et nous sommes convaincu de notre talent même si ce seront deux matches très compliqués », conclut le latéral droit de l’Équipe de Suisse et de la Juventus. La Suisse devra désormais retrouver la force nécessaire en elle pour venir à bout de son adversaire en barrages si elle souhaite enfin obtenir la précieuse qualification pour un Mondial qui se veut cher. Et pour l’instant, l’identité de l’opposant n’importe que peu. Tant est qu’il faille encore passer au-delà de cette cruelle désillusion du haut des 27 unités glanées dans la compétition. « Je n’ai même pas pensé à qui pourrait être notre adversaire. Nous devons d’abord digérer cette défaite avant d’étudier nos possibles rivaux », ponctuait alors Vladimir Petkovic, soutenu également par les propos d’un des ses joueurs les plus emblématiques, Breel Embolo: « Nous ne sommes pas anéantis, nous savons que nous avons fait une belle suite de victoires et que rien n’est encore fini. Nous devons garder le positif et surtout la tête sur les épaules. Il nous faudra analyser nos erreurs et regarder vers l’avant. Mais il nous faut avancer, c’est le plus important. »

Les faits de match:
Portugal v Suisse, 2-0 (1-0)

Composition de l'Équipe du Portugal:
Rui Patrício, Pepe, José Fonte, Cristiano Ronaldo ©, João Moutinho, João Mario (91e Danilo), Bernardo Silva, William Carvalho, André Silva (75e André Gomes), Eliseu (67e Antunes) et Cédric. Entraîneur: Fernando Santos.

Composition de l'Équipe de Suisse:
Yann Sommer, Stephan Lichtsteiner ©, Fabian Schär, Johan Djourou, Ricardo Rodriguez, Granit Xhaka, Remo Freuler (45e Denis Zakaria), Blerim Dzemaili (66e Steven Zuber), Admir Mehmedi (66e Breel Embolo), Xherdan Shaqiri et Haris Seferovic. Entraîneur: Vladimir Petkovic.

Buts: 41e Djourou (csc)(1-0); 57e A. Silva (2-0).
Notes: Estádio da Luz, Lisbonne. 61'566 spectateurs.
Arbitre: Cüneyt Çakir (TUR).