L’Équipe de Suisse passe son examen d’entrée à l’Estádio da Luz

Stephan Lichtsteiner (à gauche) et Blerim Dzemaili s'apprêtent à affronter les Champions d'Europe à l'Estadio da Luz mardi soir. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino
De l'Estádio da Luz, Lisbonne (Portugal)

On y est ! À 24 heures de la décision finale dans le groupe B des qualifications à la Coupe du Monde 2018 en Russie, la hache de guerre a été déterrée, proprement. Quelque deux heures après la conférence de presse de Fernando Santos à l’Estádio do Sport Lisboa e Benfica, Vladimir Petkovic s’est présenté – même si quelque peu évasif – avec une conviction certaine devant la presse, à l’heure de répondre une dernière fois aux sollicitations de hagards journalistes restés dans l’expectative lors de leur voyage en capitale portugaise. Une chose est sûre – tirée des propos du Mister – la philosophie de jeu restera immuable à l’heure de se confronter aux Champions d’Europe en titre.

Et si l’Équipe de Suisse devait plutôt se fier d’Éder ? Sans doute pas depuis l’entame d’un match où Cristiano Ronaldo et André Silva devraient logiquement s’imposer en fer de lance des Champions d’Europe. Mais l’imagination laisse présager de brefs retours aux souvenirs d’un Euro résolu par l’introduction d’un élément oublié, suppléant de talent et “killer” par instinct. Éder résolut la finale face à la France à Paris en juillet 2016 (0-1) et sa sélection dans un groupe où il n’avait plus mis les pieds depuis plus d’un an, à l’heure d’une “finalissima” face à la Suisse, laisse perplexe. Est-il finalement l’élément clef d’une formation qui ne repose actuellement presque exclusivement sur l’état de forme de Cristiano Ronaldo, buteur et “sauveur” du dernier match en Andorre (0-2) ? Le récit attise l’importance d’une rencontre où tous les scénarios sont finalement – dans la moindre mesure d’une histoire à écrire – possibles. « Comment j’évalue la rencontre ? Je ne sais pas pour l’instant », coupe court Vladimir Petkovic en conférence de presse, très laconique et pressé de retrouver la pelouse de l’Estádio da Luz auprès de ses joueurs. « Dans tous les cas, ce sera une très belle rencontre, à la valeur d’une finale que nous sommes prêts à affronter. »

« Un match très important que nous mettons au plus haut niveau de nos priorités »

Stephan Lichtsteiner, capitaine de l’Équipe de Suisse

Pour le capitaine Stephan Lichtsteiner – qui a déjà croisé le chemin de Cristiano Ronaldo lors de la finale de la Champions League à Cardiff en mai dernier –, le discours est très succinct. Un match très important ? « Oui, en effet. Un match capital que nous mettons au plus haut niveau de nos priorités à présent. » Seulement voilà; l’heure est arrivée de plonger dans une eau peu claire, dans un bouillonnant stade à l’allure d’une finale inédite pour la Nati. C’est dans le bain des grands rendez-vous, dans l’entre-chambre d’un mondial qui leur tend la main depuis la première journée – et la victoire face au Portugal 2-0 à Bâle – que les hommes de Vladimir Petkovic vont poser pied mardi soir, sans doute quelque peu timorés d’une délivrance absolue, impérative et irrémédiable que le terme des 90 minutes validera de manière brutale: la qualification ou le purgatoire des barrages ? Il faudra avoir du courage et ne pas se laisser piéger par le ploiement que les Lusitaniens réserveront aux Suisses, aussi car l’attentisme ne sera pas l’arme de la Suisse, même si, en face, le Portugal est condamné à la victoire. L’abnégation, la volonté de conquête – comme au rugby – devront absolument composer les manettes de l’Équipe de Suisse… ou elle subira défectueusement la descente rapide et pointue des attaquants adverses. « Nous serons très concentrés sur cette partie. Nous devrons absolument nous créer des chances », rappelait justement face à la presse lundi après-midi Blerim Dzemaili, qui retrouvera les terrains après avoir été ménagé samedi soir face à la Hongrie (5-2). Et à ce titre, Vladimir Petkovic proposera certainement son équipe-type dès les premiers instants du match, avec Remo Freuler en lieu et place du convalescent Valon Behrami – retourné à Udine auprès de son club – et Admir Mehmedi qui devrait être naturellement préféré à Steven Zuber, bien qu’auteur d’une rencontre complète au Parc Saint-Jacques.

Garder la même philosophie de jeu à Lisbonne

La Suisse devra prendre son match à bras-le-corps, au risque de jouer plus haut que ce que l’on attendrait d’elle dans pareilles circonstances. La prise de risque devra être totale, mais surtout ressentie par le onze de base qui débutera la rencontre car, certes mathématiquement, elle ne devra se contenter de ne ramener qu’un point de son voyage au Portugal, mais la victoire y sera finalement impérative; pour le mental et pour la forme. « Je suis très fier de cette équipe. Nous avons mérité d’être arrivés à ce stade-ci et comme toutes les finales, celle-ci se jouera pour gagner. Nous chercherons de la remporter. Ni plus, ni moins », réplique Vladimir Petkovic aux quelques calculs que l’on pourrait y faire à la veille de la décision.

« Changer de philosophie de jeu ? Ne pas tomber dans ce piège »

Vladimir Petkovic, sélectionneur de l’Équipe de Suisse

Un match sensible, à l’en croire, qui serait susceptible de modifier la philosophie de jeu de l’Équipe de Suisse ? « Justement pas. Nous ne pouvons pas changer de philosophie aussi facilement d’un match à l’autre. Et même demain, nous jouerons avec le même esprit engagé lors des dernières rencontres [en Lettonie ou encore contre la Hongrie]. » Vladimir Petkovic n’est pas l’homme des deuxièmes plans; son apport dans la tactique de la nationale helvétique est tel qu’il doit désormais passer l’examen des grands rendez-vous. Et ce n’est certainement pas la présence de Cristiano Ronaldo qui modifiera les plans du sélectionneurs suisse: « Nous ne jouons pas contre Ronaldo. Nous jouons contre une équipe championne d’Europe qui pour l’instant, part favorite. Nous aurons bien l’occasion de démontrer de pouvoir imposer notre jeu contre quiconque », lâche-t-il en fin de conférence lundi après-midi dans les entrailles de l’Estádio da Luz. La considération est la même pour Stephan Lichtsteiner qui sera le premier opposant à la star portugaise du Real Madrid sur son couloir droit: « Jouer contre Cristiano Ronaldo est toujours un très grand défi. Mais nous ne devons absolument pas penser exclusivement à lui. Nous devons penser à l’équipe entière du Portugal qui est championne d’Europe. Et même demain, comme toujours, nous chercherons à imposer notre jeu. » Le cap est donné.

👉 Écouter notre direct de l'Estádio da Luz de Lisbonne.
La liste des 23 joueurs suisses sélectionnés:

Gardiens:
Marvin Hitz (FC Augsburg)
Yvon Mvogo (RB Leipzig)
Yann Sommer (VfL Borussia Mönchengladbach)

Arrières:
Manuel Akanji (FC Basel 1893)
Johan Djourou (Antalyaspor AS)
Nico Elvedi (VfL Borussia Mönchengladbach)
Michael Lang (FC Basel 1893)
Stephan Lichtsteiner (Juventus)
Jean-François Moubandje (Toulouse FC)
Ricardo Rodriguez (AC Milan)
Fabian Schär (RC Deportivo La Coruña)

Demis et avants:
Eren Derdiyok (Galatasaray SK)
Blerim Dzemaili (Montreal Impact)
Breel Embolo (FC Schalke 04)
Fabian Frei (1.FSV Mainz 05)
Remo Freuler (Atalanta Bergamo)
Mario Gavranovic (HNK Rijeka)
Admir Mehmedi (Bayer 04 Leverkusen)
Haris Seferovic (SL Benfica)
Xherdan Shaqiri (Stoke City FC)
Granit Xhaka (Arsenal FC)
Denis Zakaria (VfL Borussia Mönchengladbach)
Steven Zuber (TSG 1899 Hoffenheim)