Léman Bleu, la jeunesse aux commandes

Jérémy Seydoux, présentateur du « Geneva Show » et Valentin Emery, rédacteur en chef adjoint de Léman Bleu et présentateur du téléjournal se sont confiés. © leMultimedia.info / Oreste Di Cristino

Ils s’appellent Jérémy Seydoux, 22 ans, Valentin Emery, 28 ans. Ce sont les têtes d’affiches de Léman Bleu, la télévision genevoise. Depuis qu’ils ont pris de l’envergure médiatique, la chaîne a une image de marque jeune.

Jérémy et Valentin sont collègues et amis dans la vie. Le premier présente « Geneva Show », une émission d’actualité locale. Le second s’occupe lui du télé-journal et bénéficie du titre d’adjoint du rédacteur-en-chef. Ensemble, ils sont enthousiastes à l’idée d’interviewer des personnalités de premier plan comme ils l’ont fait avec Johan Schneider-Amman et Christoph Blocher. S’ils ne sont pas intimidés à l’image, c’est parce que le différentiel de l’âge ne leur pose pas problème. « Lorsqu’en face de moi l’invité a plus d’expérience et de culture, ce qui est souvent le cas, il faut se mettre à la place du public et poser des questions qui pourront intéresser », déclare Jérémy Seydoux. Tous les deux épanouis chez Léman Bleu qu’ils ne comptent pas quitter, ils sont tenus en haute estime dans la profession.

Une jeune génération à l’écran

Tout comme Jeremy Riser (28 ans), responsable des sports, et l’animatrice Ellen Batelaan (25 ans), ils sont cette génération jeune et mise en avant depuis la direction de Pascal Mathieu (de 2013 à 2015). Cependant Jérémy et Valentin ont généré plus de notoriété. Primé de deux prix, l’un décerné par l’Union suisse des paysans pour le reportage « Producteur de lait, un métier en voie de disparition » filmé au smartphone et l’autre de « Meilleur jeune journaliste » par sa formation au CFJM (Centre de Formation au Journalisme et aux Médias), Valentin a tout d’une valeur sûre. Quant à Jérémy, le succès ou la faible concurrence, de son « Geneva show » lui permet de sortir du petit champ d’actualité genevois et d’avoir un casting prestigieux. Eric Zemmour, Marc Bonnant, Jean Ziegler, entres autres sont venus sur son plateau. « C’est rare que des invités refusent nos invitations sous prétexte que notre média est trop petit », précise l’intéressé qui a également reçu chacun à leur tour tous les conseillers fédéraux. Selon lui, l’émission « Geneva Show » ne cherche pas à négliger le fond mais à privilégier la forme. « Ce qu’on veut avec cette émission, c’est révéler la personnalité à travers ce qu’elle dit »¸ ajoute Valentin Emery ; ce qui explique la viralité de certains extraits sur Facebook.

La digitalisation a modernisé l’image de la marque

Malgré un site web esthétiquement vieillot, la marque Léman Bleu s’est modernisée. Sa présence sur les réseaux sociaux, qui touche principalement les 25 – 35 ans, a fait de la chaîne une référence dans les télévisions régionales. « Nous avons fait un véritable effort sur ce plan car il y a trois ans nous étions absents des réseaux. Aujourd’hui, nous sommes la première télévision privée de Suisse sur Facebook (ndlr, ex-aequo avec TeleZüri) » se satisfait Jérémy Seydoux qui est également le responsable des réseaux sociaux de la chaîne. Avec 37 000 abonnés à sa page Facebook, la marque fait même aussi bien que TeleZüri alors que l’agglomération zurichoise recense presque trois fois plus d’habitants. Cependant sur Twitter ou Instagram, la marque a moins d’impact auprès du grand public.

Pas besoin de « putàclic »

La nouvelle génération est justement au cœur de ce succès car toute la rédaction est formée pour écrire un sujet, le tourner avec un smartphone, le monter et publier sur les réseaux sociaux. Les « short news », ces formats courts destinés à simplifier et assurer la viralité s’entre-mêlent avec des reportages plus longs et des lives sur Facebook. D’ailleurs, l’actualité locale obtient les meilleurs scores tels que l’ont prouvé les « Géants », ces marionnettes gigantesques promenées dans la ville du bout du lac les 30 septembre et 1er octobre totalisant plus de 820 000 vues à ce jour sur le réseau social numéro un. « Pour autant, nous ne recherchons pas le « putàclic » (ndlr, terme employé sur le web en référence aux titres accrocheurs destinés à rediriger vers un site web où la publicité est souvent utilisée pour générer du revenu) et proposons des sujets d’intérêt public », commente Valentin Emery.

L’audience tv est plus âgée

Le public qui regarde Léman Bleu depuis un téléviseur est plus âgé, « entre 50 et 60 ans » d’après Jérémy Seydoux. On pourrait y voir les conséquences de la modernisation de la chaîne relayée par la presse suisse ainsi que du vieillissement de la population. À l’écran, les jeunes visages des gendres idéaux sont toujours plaisants pour ce genre de public. Sans oublier que quelques anciens noms très connus localement comme celui de Pascal Décaillet sont toujours là.