Quelques minutes après la victoire de sa deuxième équipe en Excellence A face à Stade Lausanne (51-0), les Chevaliers de Genève Plan-les-Ouates ont dominé l’équipe première de leurs adversaires du jour 66-7 au centre sportif des Cherpines, déboisé de quelques spectateurs à cause d’une météo peu avantageuse. Mais rien n’enlève à la fête; les hommes d’Éric Andreu ont vécu leur première victoire de la saison, six jours après s’être fait surprendre à Zürich face à Grasshopper (29-23). Stade Lausanne – qui enregistre plusieurs arrivées cet été – est, quant à lui, en pleine croissance dans un championnat qu’il entame avec une confiance générale, bien que ponctuée par quelques incertitudes
De nouveau pied, Genève Plan-les-Ouates et Stade Lausanne ont plongé dans le grand bain samedi après-midi. Après une première défaite à Zürich contre Grasshopper la semaine dernière (29-23) et un maigre bonus défensif (un point), les Chevaliers ont pris le juste tournant lors de la seconde journée aux Cherpines (66-7). Sous une fine pluie, les hommes d’Éric Andreu ont assuré le plein devant leur public pour leur première rencontre du nouveau championnat à domicile. Et loin de là l’anecdote d’un début de saison marqué par la défaite. Dominateur de la première à la dernière minute, GePLO a assuré l’essentiel, débloquant par là même le bonus offensif, fi de leur mésaventure aux bords de la Limmat. Pourtant loin d’être vécu tel un lourd méchef, l’entrée en matière approximative de Plan-les-Ouates dans une compétition qu’il domine à souhait d’année en année a tourné court; ensemble, joueurs altiers ont donné de leur énergie l’impérieuse victoire devant Stade Lausanne. Aussi nécessaire que réconfortant, le succès galvanise: « C’est un très bon retour à Plan-les-Ouates, surtout que nous étions un peu déboussolés à Zürich la semaine passée. Nous nous sommes bien repris et sommes parvenus à travailler convenablement, aussi pour nos prochaines parties. C’est de bon augure », concède en fin de partie l’entraîneur principal des Genevois, Éric Andreu. « Cela fait du bien de regagner à nouveau et aujourd’hui, nous avons même mis la manière malgré l’opposition. Nous avons été sérieux pendant 60 minutes en produisant du jeu. Ce n’était vraiment pas trop mal. Je suis content », poursuit-il.
« Rassurés d’avoir enfin lancé notre championnat »
Nicolas Ruys, capitaine et deuxième ligne de Genève Plan-les-Ouates
Réplique laissée ensuite au capitaine Nicolas Ruys aux paroles inscrites dans la même posture: « Nous avions du mal à digérer notre première défaite d’entrée de saison. Ce n’était pas une reprise idyllique mais nous nous sommes tenus à notre mission de remporter la mise aujourd’hui, sans exigence sur le score. Finalement, nous avons eu un score fleuve et cela nous permettra sans doute de continuer ce début de saison sereinement. Nous sommes rassurés d’avoir enfin lancé notre championnat. » En face, Stade Lausanne a peiné. Pourtant, tant s’en faut, leur saison avait parfaitement débuté avec un succès serré 11-7 lors du derby face au LUC à Chavannes. Une première réussite qui, à en vouloir le croire, ne se voit nullement terni par la déconvenue du jour; tant logique qu’attendue. À défendre, dans le discours du capitaine lausannois, un début de saison prometteur et inscrit de pied en cap dans le renouveau : « Nous avons beaucoup de nouveaux. Sur le quinze de départ, au moins la moitié était composé de nouveaux joueurs. Nous avons beaucoup de jeunes et cela redonne une nouvelle dynamique à l’équipe. Mais il nous faut aussi apprendre à jouer ensemble en ce début de saison. Et c’est ce que nous faisons lors des matches de championnat donc nous sommes sur une meilleure dynamique que la saison dernière, avec plus de monde à l’entraînement. Je suis confiant pour le reste de la saison », assure Pierre Charvat.
Des réajustements de part et d’autre
Toujours est-il que Stade Lausanne ne fut pas la seule équipe décimée par les absences. Même si les hommes de Mario Bucciarelli accusaient l’absence (la plupart sur blessure) d’une trentaine d’individualités – une abondance malheureuse –, Genève Plan-les-Ouates n’est pour le moins pas épargné non plus par les défections en ces premiers jeux de la saison. Accusant l’absence de plusieurs joueurs, dont une pénurie de trois-quarts à l’arrière – comptant l’indisponibilité conjointe des frères Gaëtan et Sylvain Hirsch ou encore de Romain Girard – plusieurs réajustements furent nécessaires dans l’organisation de base de l’effectif titulaire, dans lequel le troisième ligne Romain Basin s’est notamment vu décalé sur l’aile gauche, en numéro 11. Pour le moins, les déconvenues furent moindres pour les Chevaliers qui ont su prendre les devants dès les premières minutes de la rencontre avec deux essais collectifs aplatis par l’autre ailier Julien-Thomas Barrau (2e) et Romain Chamand (6e) dans les dix premières minutes (12-0). Chacun résultant de deux touches parfaitement négociées sur le couloir droit. « Nous avons beaucoup de blessés en ce début de saison mais nous la [la saison] connaissons très longue, surtout en Suisse. La situation d’aujourd’hui restait toutefois intéressante car nous avons pu voir d’autres joueurs et cela permet d’élargir qualitativement l’effectif », valide confiant Éric Andreu. « Si nous faisons le comparatif par rapport à la ligne de ¾ alignée en finale il y a quelques mois, seuls deux joueurs se sont retrouvés titulaires aujourd’hui. Nous avons encore un peu de mal à trouver nos repères et nos automatismes. Mais il faut bien lancer également nos nouveaux joueurs dans le bain et cela a été payant aujourd’hui. Tant mieux », concède quant à lui le capitaine Ruys.
« Nous avons beaucoup d’absents, surtout des piliers, qui n’ont pas pu aider le groupe aujourd’hui »
Pierre Charvat, capitaine et trois-quart centre de Stade Lausanne
En réalité, malgré un éclair de brillance – le seul en première mi-temps – de Stade Lausanne menant à l’essai en collectif de Nicolas Lugeon, transformé par Nicholas Hyett (14e, 12-7), Plan-les-Ouates prend la mesure parfaite des adversaires, en manque latent d’agressivité et de conquête. Maladroits sur certaines touches de balle et imprécis dans leurs relances, les Lausannois concèdent. Trop. Au tournant de la 20e minute, suite à un troisième essai entre les poteaux d’Édouard Moussion (19e), GePLO prend le large. Et malgré même la sortie, présumée sur blessure, de Maxime Chiavaroli (remplacé par Vincent Giffard), le sort des Vaudois s’est vu scellé en peu de temps. Le même Giffard, numéro 19, surprend la résistance adverse une minute après son entrée (25e) avant d’être suivi dans son élan par Kenji Caprice (32e) et Vincent Giffard (40e) pour clôturer la première fraction du match sous un indicible score de 40-7. Et pour ne rien arranger côté lausannois, l’arrière Basile Bonadeo s’est vu contraint de quitter le terrain peu après la demi-heure, touché durement au genou gauche (34e). « Nous avons vécu un match très compliqué avec une première mi-temps catastrophique – débute le capitaine lausannois Pierre Charvat avant de poursuivre – Nous avons subi de partout notre manque de présence. Nous avons beaucoup d’absents, surtout des piliers, qui n’ont pas pu aider le groupe aujourd’hui, même si nous avons réalisé un très beau début de deuxième mi-temps avec de bonnes avancée et une possession de balle assez maîtrisée. Mais c’est clair que cela n’a pas suffi ; Genève était supérieur. Nous avons essayé de nous défendre avec nos moyens. »
Malgré la défaite, la confiance chez Stade Lausanne
De fait, la reprise du jeu en seconde période est plus calme; Stade Lausanne prend sa chance sans pour autant se porter dangereux vers l’en-but adverse. Parfois décomposé, les Lausannois s’en donnent néanmoins à cœur joie, dans une adversité certaine. Pendant plusieurs minutes, la poigne des visiteurs est remarquable. Un manque d’application – à l’image de l’en-avant maladroit d’Ismaël Meyer à la 49e empêchant une avancée insidieuse de son équipe aux vingt mètres – aura simplement manqué aux hommes de Mario Bucciarelli afin d’inscrire quelques points supplémentaires au compteur. Pourtant, loin s’en faut, plus absorbés dans leurs mouvements, les Chevaliers montrent patience et calme vingt minutes durant avant de conclure les marques par quatre nouveaux essais de Barrau (59e), Pierre Giffard (65e), Olivier Von der Weid (en solitaire, 68e) et Caprice (80e). Une preuve supplémentaire d’une constance en voie d’acquisition pour Plan-les-Ouates. « C’est humain de faiblir de temps en temps. Nous avons dominé largement la première mi-temps puis, nous avons fait la pause dans les vestiaires en étant confiants. Nous avons attaqué [la seconde période] en étant sûrs de nous alors que, sans doute, Lausanne a dû passer un moment difficile dans les vestiaires. Au retour des vestiaires, il y eut alors deux équipes qui se sont retrouvées dans deux états d’esprits différents ; nous nous sommes quelque peu relâchés pour notre part face à Stade qui s’est réveillé dans les vingt premières minutes de la seconde période. Mais je reste fier de mes joueurs parce que nous avons bien réagi et nous avons su ne rien leur concéder dans les dernières 40 minutes », salue le capitaine genevois Nicolas Ruys.
« Nous devons d’abord construire notre équipe et la faire grandir »
Pierre Charvat, capitaine et trois-quart centre de Stade Lausanne
Une vision plus atténuée est pour autant présentée par l’entraîneur Éric Andreu: « C’était difficile de s’y remettre, surtout que nous avions déjà 40 points à la mi-temps. Nous sommes toutefois revenus dans la partie rapidement et sommes parvenus à inscrire quelques essais de plus dans ce match. Par rapport à l’année passée, où nous avions du mal à enchaîner deux mi-temps d’affilée, cette fois-ci, nous sommes parvenus à faire une partie intéressante. » Partie intéressante fut-elle aussi dans les rangs lausannois, qui ont pour le moins mesuré l’écart colossal – quoique quelque peu étiré sur la fin – qui les séparent du vice-champion suisse. Cela va sans dire que les objectifs des deux clubs cette saison sont diamétralement opposés. Quand l’un joue le titre, le second souhaite avant tout se distancer du bas de tableau. « Nous nous sommes donnés comme objectif de remporter nos matches chez nous, principalement. Mais il est clair que venir faire l’exploit ici (ndlr, aux Cherpines), cela se pressentait très compliqué. Nous voulons toutefois partir la tête haute et repartir de notre bonne réaction en seconde mi-temps », concède le capitaine Pierre Charvat avant de continuer, plus globalement: « Nous avons eu une saison si compliquée l’année dernière que notre objectif est de se séparer au plus du bas de tableau. Cela dit, nous avons les qualités pour imposer notre équipe vers les troisièmes ou quatrième rangs du classement. Toujours est-il, qu’à l’heure actuelle, nous n’avons défini aucune ambition quelle qu’elle soit; nous tâchons de travailler au mieux pour chaque rencontre. Nous devons d’abord construire notre équipe et ensuite la faire grandir. » Stade Lausanne peut sans doute grandir, repartant de ses erreurs commises ce jour face aux Chevaliers mais aussi de sa victoire arrachée sur ses terres face aux voisins du quartier lac de l’Université de Lausanne la semaine dernière. Une marge de progression sans doute immense attend les hommes de Mario Bucciarelli, ceci même avant la réception samedi 7 octobre des champions en titre, le RC Nyon. GePLO s’en ira, quant à lui, sur les terres voisines d’Avusy.
Les faits de match : Rugby Club Genève Plan-les-Ouates v Stade Lausanne Rugby Club, 66-7 (40-7) Composition du Rugby Club Genève Plan-les-Ouates : 1 Aurélien Debarge, 2 Romain Chamand, 3 Kevyn Soule, 4 Édouard Moussion, 5 Kévin Hocde, 6 Florian Diller, 7 Nicolas Ruys ©, 8 Kenji Caprice, 9 David Pecoul, 10 Léo Bel, 11 Romain Biasin, 12 Maxime Chiavaroli, 13 Pierre Giffard, 14 Julien Thomas Barrau, 15 Olivier Von der Weid. Remplaçants: 16 Matthieu Leroux, 17 David Loustau-Lindelow, 18 Bésa Zewdie, 19 Vincent Giffard, 20 Valentin Lavorel, 21 Ziade Maalem, 22 Jean-Baptiste Paquette et 23 Emanuel Vazquez Losada. Composition du Stade Lausanne Rugby Club : 1 William Dome, 2 Christophe Rafie, 3 Yannick Duret, 4 Stelio Parmigiani, 5 André Pharaony, 6 Bastien Pouvreau, 7 Arnaud Thiébaud, 8 Nicolas Lugeon, 9 David Ashton-Davies, 10 Ismaël Meyer, 11 Jean Balthazar Morard, 12 Pierre Charvat ©, 13 Nicholas Hyett, 14 Maxime Lugeon, 15 Basile Bonadeo. Remplaçants: 16 Bruno Trivelli Alvear, 17 Robert Riederer, 18 Aurélien Falquet, 19 Carlos Lopez, 20 Arthur Donzé et 21 Isaac Rosat. Essais : 2e et 59e Barrau; 6e Chamand; 19e Moussion; 25e V. Giffard; 32e et 80e Caprice; 40e et 65e P. Giffard; 68e Von der Weid / 14e N. Lugeon. Transformations : 6e, 19e, 25e, 32e, 40e, 65e, 68e et 80e Bel / 14e Hyett. Notes : Centre Sportif des Cherpines, Plan-les-Ouates. Sorties sur blessure de Chiavaroli (24e) et Bonadeo (34e).