L’UEFA Champions League était de retour au stade Saint-Jacques où le FC Bâle affrontait l’équipe lisboète, le SL Benfica. Les hommes de Raphaël Wicky, détrônés de leur place de leader, devaient se ressaisir après un début de saison compliqué. Bousculés en championnat et étouffés par Manchester United lors de la première journée de Champions League, le faux pas n’était donc pas permis pour les Bâlois. Mais la coupe aux grandes oreilles, célèbre pour ses nuits européennes riches en émotion, n’aura pas manqué de faire vibrer les supporters venus en nombre (34’111 spectateurs). Après onze matchs sans victoire pour le FC Bâle en UEFA Champions League, le 12e en aura valu la peine. Match en main, le FC Bâle aura réussi à faire vivre un véritable calvaire aux Portugais en infligeant une véritable « manita » sévère, mais amplement méritée (5-0).
Il est connu, parfois les nuits européennes résultent être une véritable aubaine face aux difficultés rencontrées en championnat et le FC Bâle n’aura pas dérogé à la règle. En effet, la rencontre se présentait compliquée pour les hommes de Raphaël Wicky. Après avoir analysé l’équipe lisboète durant la semaine, le jeu rapide et offensif des Portugais faisait partie des principales préoccupations de l’entraîneur suisse. Mais si le FC Bâle ne voulait pas voir ses espoirs européens s’effondrer dès la deuxième journée, il fallait prendre le taureau par les cornes. Ce fut chose faite dès le coup d’envoi. Après une bonne conservation bâloise, une remise en touche a été à l’origine de l’ouverture du score du FC Bâle. Les joueurs du Benfica, peu sûrs et surpris par l’entrée en matière bâloise, se voient pris de cours par Michael Lang (2e). C’est 1-0 et de quoi relever la tête pour des joueurs bâlois malmenés depuis quelques temps.

Dimitri Oberlin décisif
La couleur annoncée, Bâle n’allait pas se laisser abuser comme il en a été le cas à Manchester. Poussé par son public et fidèle à son idée de jeu de contre-attaque, Bâle se montre dangereux sur chaque percée dans la défense lisboète. C’est d’ailleurs une solide combinaison Steffen-Oberlin qui est à l’origine du 2-0 (20e). Un corner mal exécuté par les Portugais en fait le bonheur du FC Bâle, bien plus malin tout au long de la rencontre. La galopade de Renato Steffen aura fait suer la défense portugaise, qui doit s’incliner devant un Dimitri Oberlin somptueux. Déséquilibrant et efficace, il ne tremble pas face à l’expérimenté Julio César, donnant ainsi raison au choix de Raphaël Wicky de le titulariser en lieu et place de Mohamed Elyounoussi. En effet, le choix de l’entraineur bâlois aura été payant, le profil déséquilibrant d’Oberlin constitue la raison de sa titularisation comme en témoigne les propos de l’entraîneur suisse en conférence de presse : « Il a été incroyable, je savais que c’était un joueur déséquilibrant et efficace sur les renversements, je suis très content pour lui et pour l’équipe. C’est vrai qu’après le deuxième but, il restait encore beaucoup de temps à jouer et on ne pouvait pas freiner notre progression, on se devait de maintenir cette pression si l’on voulait s’assurer les trois points. Par le passé on s’est déjà relâché trop tôt et le manque de concentration nous a fait perdre trop de points. C’est pourquoi, ce soir on ne pouvait pas se permettre de lever le pied après ce 2-0 ».
Un match digne des plus grands
Après un 2-0 plus que mérité, l’occasion était trop belle pour se contenter de ce minime avantage. Côté portugais, la donne était tout autre. Complétement désabusé et désorienté, les erreurs défensives se sont multipliées, laissant place aux réussites bâloises. C’est d’ailleurs Lang qui manque de peu de plier le match en toute fin de première période avec un tir puissant, mais qui passe au-dessus des buts de Julio César. Le portier brésilien est également mis à rude épreuve en début de seconde période. C’est d’abord Raoul Petretta (46e) et à nouveau Michael Lang (49e), tous deux trouvant les montants de Julio César, qui manquent de peu d’alourdir l’addition. Mais il n’aura pas fallu attendre bien longtemps avant de retrouver Dimitri Oberlin au cœur de l’offensive rhénane. En effet, sa percée somptueuse dans la surface adverse se voit séchée par Ljubomir Fejsa. C’est pénalty et Ricky van Wolfswinkel se charge d’afficher le 3-0 sur le compteur bâlois. Du côté portugais c’est la débandade. Le cœur et les jambes n’y sont plus. Complétement résignés face à la supériorité adverse, la tension est subitement montée d’un cran. André Almeida, à la 62e, perd ses moyens et se laisse emporter en agressant dans le jeu Raoul Petretta. L’arbitre n’hésite point; son tacle – les deux pieds décollés – est sanctionné d’un carton rouge et Benfica est réduit à dix. Infériorité numérique que Bâle aura su exploiter au terme de la partie.
« Nous sommes quand même une grande équipe en Suisse et de jouer à la maison, nous nous devions d’être agressifs dès le début et aller les chercher très vite »
Dimitri Oberlin, attaquant du FC Bâle
Les dernières vingt minutes ont été vécues comme une véritable apothéose au Parc St-Jacques. La communion entre le public et les joueurs était totale, comme constaté par les ovations nourries lors des changements de Petretta (68e) et d’Oberlin (72e). Mais avant de sortir, ce dernier en aura profité pour arrondir sa fin de soirée en inscrivant le 4-0 (69e), profitant d’une énième erreur défensive de Luisão, qui a subi la véritable déferlante bâloise. Ce but aura notamment permis de déclencher une véritable « hola » dans les tribunes, reflétant le ressenti général quant à la prouesse du FC Bâle, mais aussi quant à la performance accomplie par le jeune Dimitri Oberlin. Prestation sur laquelle il est notamment revenu en zone mixte : « Je pense que c’est une soirée très spéciale pour moi après mes deux buts, mais collectivement on a fait un très bon match en défendant bien et en utilisant les contres. […] Le match de samedi nous a été très bénéfique et à l’entraînement on a bien étudié le jeu de Benfica. Sur les quinze premières minutes, on a essayé de presser énormément et cela nous a été utile ». Il est vrai qu’aller chercher Benfica en pressant aussi haut n’est pas à l’habitude du FC Bâle et pourtant, ce soir, la tactique a payé, permettant ainsi de relancer les Rhénans dans sa campagne européenne, comme a tenu à le souligner le jeune suisse d’origine camerounaise après le match : « Nous sommes quand même une grande équipe en Suisse et de jouer à la maison, nous nous devions d’être agressifs dès le début et aller les chercher très vite. On a bien pressé et on a su trouver la faille pour l’emporter. Je pense que le déclic s’est fait samedi et on est fier de pouvoir nous relancer dans cette phase de poule ». À la marque, Blás Riveros (77e) s’est également distingué, dix minutes seulement après avoir remplacé Petretta. Et le sixième but ne fut pas loin; une nouvelle occasion de Ricky van Wolswinkel (87e) impliqua une parade-réflexe en extension de Julio César ! Toutefois, blessé sur l’action – souffrant de micro-fractures à un pied (ndlr, mis à jour 29.09.17) –, le Hollandais a contraint son équipe à évoluer en parité numérique (10 contre 10) dans les temps additionnels. Son indisponibilité est jugée sur plusieurs semaines (ndlr, mis à jour 29.09.17). Un coup dur pour les champions suisses en titre.
Qualification en huitièmes: réalité ou utopie ?
Se relancer avec brio dans une phase de groupe compliquée, ne semblait pas être une destinée logique. Et pourtant au terme d’une rencontre trépidante et riche en buts, c’est un aspect qui est souvent revenu en zone mixte. En effet, Bâle doit affronter deux fois le CSKA Moscou, alors que Benfica aura la lourde tâche d’affronter le favori de ce groupe, Manchester United, à deux reprises : « Je pense que chaque équipe à sa chance et Bâle aussi. Nous avons fait un grand travail collectif en défendant bien et en utilisant les contres. Nous ne nous attendions pas à trouver un Benfica aussi peu entreprenant sur le terrain. Nous savions que ce serait compliqué de leur disputer le match, mais en utilisant bien nos contres, nous l’avons fait et c’est le principal. Il n’y avait pas de secrets, nous avons vu que les contres fonctionnaient bien et nous avons misé là-dessus pour remporter le match. Maintenant, si nous pouvons nous qualifier, c’est toujours bon à prendre et nous allons tout faire pour y parvenir ». Il faut l’admettre, les titularisations d’Oberlin et de Petretta furent lumineuses. Même s’ils n’ont pas encore l’expérience des grands soirs, la confiance certaine apposée sur eux par leur entraîneur, aura peut-être enfin permis aux Rhénans de trouver l’équipe-type. Faire confiance à ses jeunes reste primordial pour l’entraineur bâlois : « J’ai confiance en eux. Nous avons des joueurs très jeunes et je sais qu’ils ont du potentiel, mais le plus important c’est d’avoir confiance en eux, sinon le rendement ne serait pas le même sur le terrain et le résultat non plus ».
« Nous devons savourer mais rester modestes »
Raphaël Wicky, entraîneur du FC Bâle
Même si Bâle doit « savourer » sa victoire, comme l’a répété en conférence de presse Raphaël Wicky, il ne faut pas oublier l’objectif principal qui reste le championnat. Après une période mouvementée, il est temps pour Bâle de se ressaisir et ce dès ce week-end : « Ce soir, ce fut une joie de gagner 5-0 car cela n’arrive pas souvent. Nous devons savourer, mais tout en restant modestes car rien n’est encore acquis. Ce week-end en championnat, nous devons jouer et présenter la même envie que ce soir pour remporter le match et ainsi pouvoir remonter au classement ». Enfin, ne l’oublions pas, avant d’affronter le CSKA Moscou – d’abord à Moscou, puis en Suisse –, les Bâlois devront confirmer face à Grasshopper samedi et Lugano, le 14 octobre prochain. Deux sorties qui devraient, normalement, être à la portée d’un FC Bâle requinqué et envoutant.
Les faits de match: FC Bâle v Sport Lisboa e Benfica, 5-0 (2-0) Composition du FC Bâle: Tomáš Vaclík, Éder Balanta (70e Geoffroy Serey Dié), Manuel Akanji, Marek Suchý ©, Michael Lang, Taulant Xhaka, Luca Zuffi, Raoul Petretta (67e Blás Riveros), Dimitri Oberlin (73e Mohamed Elyounoussi), Renato Steffen et Ricky van Wolfswinkel /88e. Entraîneur: Raphaël Wicky. Composition du Sport Lisboa e Benfica: Júlio César, André Almeida /63e, Luisão ©, Jardel, Alex Grimaldo, Andrija Živković (74e Andreas Samaris), Pizzi, Ljubomir Fejsa, Franco Cervi (45e Eduardo Salvio), Jonas (67e Haris Seferovic) et Raúl Jiménez. Entraîneur: Rui Vitória. Buts: 2e Lang (1-0); 20e Oberlin (2-0); 60e van Wolfswinkel (P)(3-0); 69e Oberlin (4-0); 77e Riveros (5-0). Notes: Parc Saint-Jacques, Bâle. 34'111 spectateurs. Bâle sans Omar Gaber (blessé) et Afimico Pululu (non convoqué). 63e Expulsion d'André Almeida. 88e Sortie sur blessure de Ricky van Wolfswinkel.