Le FC Bâle à l’épreuve de la puissance continentale

Raphaël Wicky va connaître sa première Champions League en tant qu'entraîneur professionnel. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info
De Old Trafford, Manchester (Royaume-Uni)

Le FC Bâle va entrer dans le bain de la Champions League de la plus riche des manières, avec un déplacement à Old Trafford. Sevrés de victoires depuis trois rencontres maintenant en Super League – comblé par la défaite face au FC Lausanne-Sport samedi soir au Parc Saint-Jacques (1-2) – les Rhénans voudraient volontiers se ressaisir à l’occasion de l’affrontement qui les verront opposés à Manchester United mardi soir. Pour le néophyte Raphaël Wicky, l’heure est à l’exception.

👉 Notre direct de Old Trafford, 24 heures avant la rencontre inaugurale de la saison de Champions League pour le FC Bâle face à Manchester United.

Raphaël Wicky fonde de grandes espérances sur son FC Bâle. Non seulement en championnat, où l’on attend des Rhénans – objectif pleinement affiché par la direction sportive de Marco Streller – un neuvième titre national, mais aussi en Champions League où l’assise d’un football joué et vivace devrait au moins permettre la prolongation d’un rêve continental jusqu’au printemps 2018. Mais les résultats sont las, tout comme le jeu proposé par les Bâlois, à la lisière de l’emphatique. Pourtant, Wicky s’était promis de faire du FC Bâle, une équipe qui retrouve l’entrain de l’action, la vitalité des mouvements, la possession de balle, la fougue du sport et variable tactiquement. Et – au-delà de sa jeune expérience (en tant qu’entraîneur professionnel) – le Haut-Valaisan s’en donne à cœur joie; même s’il n’a entraîné que la jeunesse de plusieurs clubs de Super League (M21 à Thoune, M14-16 à Servette, M18 et M21 à Bâle), il connaît la routine des vestiaires et ses mécanismes. Mais pour l’instant, rien n’y fait, le club s’enlise dans l’impéritie de sa fonction de meneur de barque; seulement troisième de Super League – dominé samedi dernier au Parc Saint-Jacques par le FC Lausanne-Sport (1-2) –, le FC Bâle nouvelle formule est loin du compte sur le plan national. Et mardi soir, à Manchester, débute l’épopée européenne à un moment où tout est vacillant, où toute une structure, au sein de l’organisation, manque de solidité. Pourtant, ici-même, sur les routes escarpées de Trafford, dans le Grand Manchester, réside sans doute l’antidote. Une envie franche de retrouver une quelconque confiance régénératrice face à un adversaire de taille et au palmarès exorbitant, dernier vainqueur de l’Europa League; l’occasion de revivre en terrain inconnu pour guinder les esprits et les mentalités d’une performance qui se voudra peut-être mémorable. « Nous aimerions, certes, plutôt arriver à la veille d’un match d’un tel niveau avec une victoire [en championnat] – lâche Raphaël Wicky en conférence de presse à Trafford, 24 heures avant le coup d’envoi de la rencontre – Mais après une défaite [ndlr, face au LS], il faut aussi savoir regarder vers l’avant. Nous mettrons de l’envie sur le terrain et ce avec un état d’esprit conquérant demain. Cela reste toujours une possibilité de (dé)montrer à soi-même que nous pouvons faire mieux que le précédent match face à Lausanne. »

« Manchester United est la favorite absolue de notre groupe »

Raphaël Wicky, entraîneur du FC Bâle

Il n’y a pas de doute pourtant dans les mentalités suisses qui ont voyagé jusqu’à Stretford: Manchester United, sans l’ombre d’un doute, part favorite dans une compétition où le titre leur est sans doute à portée de main, entre autres grands mastodontes de la compétition. « On ne va pas se le cacher; Manchester United est le favori absolu du groupe. C’est une équipe – et un club – fantastique. Pour nous, ce sera bien évidemment un match compliqué mais tout aussi intéressant. Il ne faut pas non plus oublier qu’il y a d’autres grandes équipes dans le groupe et rien ne sera facile en Ligue des Champions », temporise Raphaël Wicky, détaillant néanmoins une légèreté dans ses propos que partageait également son capitaine Marek Suchý: « C’est le premier match du groupe et pas des moindres. Nous tomberons contre une puissanté équipe de Manchester United. Mais nous sommes venus ici [ndlr, à Old Trafford] avec la philosophie qui nous caractérise; nous essayerons de dépasser nos limites et livrer une belle performance sur le terrain. Peut-être réussirons-nous à enlever quelques points mais cela ne sera pas facile à réaliser. »

Des espoirs et des absences

Les espoirs malgré les absences; c’est un peu la situation qui caractérise à ce jour le FC Bâle. Au-delà de Dimitri Oberlin qui est incertain, il reste l’absence de Geoffroy Serey Die au milieu de terrain que les Rhénans devront colmater mardi soir. Blessé – « d’une fracture très profonde au pied survenue lors de la rencontre face au Lausanne-Sport », confirme Wicky –, l’Ivoirien reste inévitablement une individualité refuge pour le club, même s’il a déjà manqué la plupart des rencontres de championnat cette saison. Ainsi, d’entrée de jeu, l’entraîneur valaisan ne se risquera sans doute pas à faire figurer une composition de jeu inédite. Il s’en remettra sans doute à Taulant Xhaka et Luca Zuffi – chacun évoluant dans une position de faux six, dont un véritable manque sans doute beaucoup au club – pour assurer la ligne au milieu de terrain, en support défensif d’une lignée de quatre à l’arrière avec, probablement, la présence des Sud-Américains Éder Balanta et Blas Riveros et les expérimentés Manuel Akanji et Marek Suchý.

« van Wolfswinkel ? Je peux juger de ses performances du temps où il jouait en Angleterre et elles étaient excellentes, tout comme maintenant »

Raphaël Wicky, entraîneur du FC Bâle

Mais il est un joueur qui absorbe l’expectative du club entier, à la pointe de l’attaque rhénane. Arrivé cet été du Vitesse (Pays-Bas) pour quelques millions d’euros, Ricky van Wolfswinkel réussit parfaitement pour l’heure à gommer les départs de Marc Janko et Seydou Doumbia. Et c’est peu dire, avec 7 buts en autant de rencontres, le Néerlandais parfait ses statistiques personnelles au profit d’un collectif qui en redemande avec constance. « Je peux juger de ses performances du temps où il jouait en Angleterre [ndlr, à Norwich de 2013 à 2016, ponctué par deux prêts à Saint-Étienne et au Betis Séville], et il était très prolifique, tout comme actuellement en Suisse. C’est un joueur fantastique qui apporte beaucoup à mon équipe. Sa personnalité apporte beaucoup de force au collectif. C’est un attaquant très vif et qui est, par la force des choses, très important pour nous. Il peut marquer demain [contre Manchester United], du moins je l’espère », lui loue son entraîneur Raphaël Wicky, questionné – tout comme le capitaine Suchý – à son sujet par un journaliste britannique. « Ricky a démontré de son talent et a réalisé de très belles performances depuis qu’il est avec nous. ce qui compte à nos yeux, ce sont ses grandes et nombreuses qualités. Nous souhaitons qu’il puisse être en forme pour chacun de nos matches et donc demain aussi », avait, pour sa part, déjà entamé le défenseur tchèque du FC Bâle.

Face à United, des différences à tous les niveaux

Il n’y a pas de miracle, les deux équipes de l’opposition concourent dans des environnements de jeu platement différents. Aussi bien en championnat – où la Premier League s’avère très nettement relevée cette saison – que sur la contenance lors du marché des transferts: « Ces dernières années, le FC Bâle n’est pas allé chercher le même calibre de joueurs que Manchester United, c’est sûr. Mais dans le futur, la différence sera encore plus grande – lâche Wicki en conférence de presse avant de continuer – Nous ne pêchons pas au même endroit mais pour des clubs comme Bâle et d’autres ligues inférieures aux cinq plus grandes, la différence va s’augmenter année par année et il nous incombera de trouver des solutions pour rester un tant soit peu compétitifs. » Peu s’en faut en réalité; avec les transferts de Nemanja Matic (de Chelsea), Victor Lindelöf (du Benfica Lisbonne) ou encore le prodige belge Romelu Lukaku (d’Everton) – avec des clauses de transfert dépassant, au total, les 150 millions d’euros –, le contingent de José Mourinho navigue très certainement à un niveau supérieur. Mais est-ce vraiment comparable ? « Manchester United a opéré de très bons transferts, en marge d’une équipe déjà très compétitive. De plus, au retour de Zlatan Ibrahimovic [ndlr, blessé], ils auront beaucoup de talents à revendre. C’est une équipe très puissante dans tous les domaines », retient Raphaël Wicki avant de se projet sur le match du lendemain: « Nous avons étudié les précédents matches de Manchester et c’est une équipe qui a réalisé un super début de saison. Ce que nous chercherons en premier lieu demain, sera très certainement de chercher à colmater les différences entre nos deux clubs. »

« Je suis là – avec le staff – pour redonner la confiance nécessaire »

Raphaël Wicki, entraîneur du FC Bâle

« Dans la période actuelle, il est de mon devoir – avec le staff – de tout mettre en œuvre pour redonner la confiance nécessaire au groupe et analyser les mauvais versants de notre jeu pour tenter de les améliorer », affirme l’entraîneur du FC Bâle qui savourera mardi soir sa première grande expérience en Champions League de sa très jeune carrière d’entraîneur professionnel: « C’est une échéance époustouflante dans ma carrière de coach. Ce sera inéluctablement un match spécial pour moi. Une véritable première. »

José Mourinho fait confiance à De Gea et espère le rétablissement de Fellaini

L’entraîneur de Manchester United, José Mourinho, a fait part de la situation au vestiaire. Pour l’heure, Marouane Fellaini, absent lors du dernier déplacement des Red Devils à Stoke City pour une gêne au mollet, ne figure que sur la liste des incertains pour la rencontre face au FC Bâle. « Fellaini ne s’est pas entraîné hier donc on verra s’il pourra le faire aujourd’hui. C’est un joueur très important pour moi, beaucoup plus important qu’on ne le croit. Je me sens plus faible sans Fellaini dans mon effectif, que ce soit sur le terrain ou sur le banc. Donc si son état s’améliore, alors il sera sélectionné, car j’ai besoin de lui en ce moment. Mais je ne peux pas encore le dire », exprimait l’entraîneur portugais devant la presse mardi en début d’après-midi, comme le relate le site officiel du club. Lors de son face-à-face avec les journalistes, José Mourinho a par ailleurs affirmé faire confiance à son portier David De Gea: « Je n’aime pas cette séparation claire d’un joueur disputant une compétition et l’autre disputant l’autre compétition. Et je pense qu’en ce moment, David joue très bien et est en grande confiance. Je vais à nouveau utiliser David demain. »

« Même si Jones et Bailly n’étaient pas suspendus, j’aurais probablement aligné Smalling et Lindelöf »

José Mourinho, entraîneur de Manchester United

Mourinho devra aussi compter sans Phil Jones et l’Ivoirien Eric Bailly, tous deux suspendus en Europe. En défense centrale, seront donc alignés Chris Smalling et Victor Lindelöf. Mais pour l’entraîneur mancunien, là réside un non-sujet: « Même si Jones et Bailly n’étaient pas suspendus, j’aurais probablement aligné Smalling et Lindelöf. Pour Lindelöf, je pense qu’il est plus facile de s’adapter à la compétition car il est habitué à jouer en Champions League. […] Smalling travaille bien donc pourquoi ne pas utiliser son expérience. J’ai confiance en eux. Je ne suis pas du tout inquiet que Bailly et Jones soient absents », pouvait-on encore lire sur le communiqué online du club.