Anthony Sauthier: « Zürich puis Schaffhouse, nous savons ce que nous apporte une victoire contre le leader »

À l'image: le but d'Anthony Sauthier à la 34e minute de jeu. Le défenseur Grenat a marqué le 2-1 d'une frappe de longue distance, encore une fois. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Le Servette FC a finalement ôté l’invincibilité du FC Schaffhouse en Challenge League. Les Grenat se sont imposés 3-2 au Stade de Genève face aux hommes du nouvel entraîneur, Boris Smiljanic, qui vient de débuter à la tête de Schaffhouse depuis le départ de Murat et Hakan Yakin aux Grasshoppers. Après un début de match timide, Servette est parvenu à ouvrir la marque par Stevanovic (20e) avant de concéder un pénalty, transformé par Mikari quelques minutes plus tard (24e). Les hommes de Meho Kodro ont ensuite repris l’avantage peu avant la pause grâce à un Eurogoal d’Anthony Sauthier (34e), suivi dans l’élan, par le nouvel arrivé Nathan qui inscrit son premier but pour son premier match sous ses nouvelles couleurs (61e). Schaffhouse a tenté de revenir au score mais en vain, malgré une réussite de Dangubic à dix minutes du terme (80e). → Lire le compte-rendu de la rencontre. Interview avec le défenseur Grenat, Anthony Sauthier, au terme de la rencontre à la Praille.

Parle-nous d’abord de ton but. Une frappe (à nouveau) tombée du ciel ?

Quand j’ai tapé le ballon, j’ai tout de suite senti qu’elle partait bien. Tant mieux, c’est un but incroyable mais aussi très important. Mais je reste simple et sobre. Mon but est, certes, très beau mais il vaut autant que le but de Miroslav [Stevanovic, 20e] ou la tête de Nathan [61e].

Comment vous sentez-vous au sein du groupe Grenat ?

Il y a de la joie, on vit tellement bien ensemble que ces victoires – surtout contre le leader – nous apportent énormément de satisfaction. Nous avions déjà battu Zürich ici même la saison passée; on sait ce que cela nous apporte. Ce sont des succès qui peuvent créer de très belles dynamiques pour toute la saison.

Vous avez joué assez bas en début de match avant de prendre les choses à votre avantage. Il fallait être patients mais pas trop non plus face à Schaffhouse ?

Le coach avait donné ses consignes; les attendre pas trop bas, près du but, mais pas trop haut non plus. C’est ce que l’on a fait et on les a poussés à chercher beaucoup de long ballons. Nous étions aux duels et sur les deuxièmes ballons. C’est ce qui a fait la différence, malgré qu’il manquait quelques automatismes dans le jeu et sur une pelouse indélicate [ndlr, la pelouse du Stade de Genève est ravagée par un champignon qui a touché de nombreux stades en Suisse ces dernières semaines, dont le Parc Saint-Jacques de Bâle qui a été contraint à changer son manteau herbeux]. Mais le plus important, reste la victoire. Le plan de jeu a été respecté à la lettre et c’est très bien. Mais nous ne jouerons très certainement pas de la même manière la semaine prochaine contre Lucerne [ndlr, samedi 16 septembre, 18h. 1/16e de finale de Coupe de Suisse au Stade de Genève]. De toute évidence, l’on s’adapte aux volontés de l’entraîneur et c’est comme cela qu’on parviendra au meilleurs résultats. Aujourd’hui, cela pouvait être frustrant de ne pas aller chercher trop haut les ballons mais si l’entraîneur souhaite cela, c’est qu’il sait ce que l’on avait à jouer contre Schaffhouse, une équipe qui se développe rapidement en contre avec de très bons joueurs offensivement. Nous nous sommes méfiés et nous avons bien fait. Désormais, il faudra voir comment nous débuterons pour les matches suivants.

Vous avez réussi là où vous échouiez le plus lors des matches précédents, à savoir l’efficacité face au but. Pour gagner, faut-il absolument retrouver la précision de frappe ?

Nous avons beaucoup été critiqués quand nous avions des occasions et que nous ne parvenions pas à marquer. Aujourd’hui, nous avons eu quelques occasions et nous avons inscrit trois buts. Cela peut changer une rencontre, comme un championnat. Maintenant, il nous faut poursuivre ainsi et c’est comme cela que nous réussirons à remporter des rencontres; en marquant beaucoup sans en encaisser. C’est exactement ce que nous avons réussi à faire aujourd’hui, même si nous avons connu une baisse de régime [ndlr, après le 3-1]. Schaffhouse souhaitait à tout prix égaliser. Ils sont parvenus à inscrire leur deuxième but à dix minutes de la fin mais nous avons su rester solidaires malgré leur pressing.

Un mot sur le nouvel arrivant, Nathan. Il vous apporte énormément sur un match; il a eu l’occasion de le prouver sur le terrain cet après-midi.

Il nous apporte beaucoup sur les relances mais aussi sur les duels aériens. Il fait 3,50m le Nathan [rires] ! Il lui est plus facile de gagner des duels même s’il faut se méfier des apparences. Aujourd’hui, il a fait un très beau match. C’est aussi notre devoir de permettre une bonne intégration aux nouveaux pour qu’ils puissent se donner au maximum en match. Son deuxième tir [ndlr, de la tête sur un corner de Wüthrich, 74e] passe juste à côté des poteaux. On sait que sur les coups de pieds arrêtés, il nous est très précieux. Il nous l’a démontré cet après-midi.

Interview collective.

Nathan se distingue (déjà) pour sa première titularisation

Nathan, défenseur prêté au SFC, en provenance de Palmeiras a vécu ses premières 90 minutes de jeu en Suisse. Et autant dire que sa première est une réussite; auteur d’un but (61e) et presque deux sur la fin de rencontre. Sa stature et son physique ont été autant d’atouts qui permirent au club Grenat de protéger leurs acquis face au FC Schaffhouse. « Mon premier but à mon premier match. Je ne pouvais pas rêver mieux. C’est le fruit d’un travail de plus d’un mois qui vient déjà de payer. Je m’étais préparé pour le jour où je rentrerais sur le terrain; il me fallait faire un bon match et grâce à dieu, j’y suis parvenu avec un très beau but », commente, satisfait, le natif de São Paulo au terme de la rencontre. Il y témoigne également une intégration réussie au sein de ses coéquipiers qui lui favorisent une adaptation parfaite: « Nous apprenons rapidement et mes coéquipiers m’aident beaucoup, ils font tout pour m’intégrer au plus vite dans l’équipe. Ça va très vite. Mais je suis jeune et j’apprends vite même si le championnat est différent de ceux que j’ai connus au Brésil. Je suis très content de ce que l’on fait ensemble depuis un mois. »

« La manière avec laquelle on joue au Brésil est très différente »

« La manière avec laquelle on joue au Brésil est très différente. Nous jouons un jeu plus tranquille là-bas, sur un rythme nettement moins soutenu, à tel point que dans les dernières minutes, j’ai ressenti un petit manque physique mais je crois que je vais réussir à m’adapter assez rapidement. Avec un bon entraînement, et à ce niveau-là, je progresserai plus rapidement. Je ne travaillais pas autant au Brésil, ni si intensément », poursuit-il. Vingt dernières minutes face au FC Schaffhouse qu’il a lui même vécues avec un cran d’intensité en moins, risquant des assauts dangereux des adversaires après la réduction du score par Dangubic (80e). Mais pour le Brésilien, rien de conséquent; simplement des erreurs à corriger pour les matches suivants: « Nous avons abaissé le rythme et c’est clair que face à des équipes comme le FC Schaffhouse, cela n’est jamais un bon signe. Mais je crois que ce sont des détails au vue d’un match que nous avons dominé. Des détails néanmoins qu’il faudra gommer pour le futur afin d’éviter de nous mettre en difficulté inutilement dans les dernières minutes. »

« Il faudra maintenir un haut niveau de jeu pour repousser au plus tard notre première défaite »

Servette est désormais la seule équipe invaincue en championnat et ce privilège n’est pas peu anodin. Pour personne dans l’entourage du club Grenat: « Cela donne bien évidemment de la confiance entre nous mais il ne faut surtout pas se relâcher. Que ce soit contre Schaffhouse ou une autre équipe, il faudra maintenir un haut niveau de jeu pour repousser au plus tard notre première défaite », conclut Nathan en zone mixte. Le jeune de 22 ans est-il en passe de signer une expérience similaire à celle de Vitorino Hilton, défenseur natif de Brasilia ayant fait les beaux jours de Servette entre 2001 et 2004 et quelque 100 matches disputés entre les Charmilles et le Stade de Genève ? Rien n’est impossible.