Thomas Wiesel a été recruté par France Inter

Thomas Wiesel aux confidences. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Pendant le mercato des médias, Thomas Wiesel a été recruté par France Inter pour officier tous les lundis à 11h20 dans l’émission La Bande Originale. Cependant, contrairement au transfert de Neymar au Paris-Saint-Germain, ce n’est pas pour gagner 30 millions d’euros qu’il a fait sa première hier matin sur la radio française. 

Comme pour Quotidien, tes chroniques en France vont certainement susciter de l’intérêt en Suisse. As-tu peur d’être à nouveau surexposé dans les médias ?

Je n’en suis pas si sûr. C’est la nouveauté ou l’inattendu qui fait parler, après les gens s’habituent et on essaie de ne pas les lasser. C’est plus facile de faire ce métier si on est regardé et écouté, donc la médiatisation fait partie du travail mais pour moi ce n’est pas la partie la plus naturelle. J’ajoute que Marina Rollman participe à la même émission, les vendredis. Je casse son scoop ! Cependant, je dois dire que c’est un soulagement de savoir qu’on sera deux à être des ambassadeurs de notre petit pays dans la capitale française.

Qu’est-ce qui t’as motivé à travailler chez France Inter ?

J’ai été auteur occasionnellement il y a deux ans pour l’émission d’Alex Vizorek et Charline Vanhoenacker sur la même radio. Ça m’avait donné envie de bosser sur Inter donc quand la Bande Originale m’a appelé, j’ai sauté sur l’occasion. Je vais venir une fois par semaine, les lundis. Ça va faire beaucoup de trajets mais j’ai déjà hâte de revenir et de faire mieux que la première fois ! Sur la méthode de travail en radio, il n’y a pas de filage, juste des échanges de brouillons et d’e-mails avec le rédacteur en chef et on se retrouve en studio. C’est un dispositif nettement moins lourd qu’en télévision et c’est aussi plus naturel.

C’est la deuxième fois que les médias français te repèrent. Comment l’expliques-tu ?

Pour France Inter, je ne sais pas trop. Je crois qu’ils ont vu mes chroniques radio en Suisse. Quotidien, c’était aussi par les chroniques et les recommandations de quelques humoristes et producteurs.

 

La première chronique de Thomas Wiesel sur France Inter, le 28 août 2017.

Tu préfères la Suisse à Paris, une ville qui t’étouffes un peu. Or, après l’épisode Quotidien tu es de retour. Cette fois c’est pour cibler pour de bon le marché français ?

Non, il n’y aucun calcul ou stratégie et aucun spectacle prévu à Paris. C’est juste l’opportunité de travailler pour une radio qui abrite et a abrité tant d’humoristes que j’admire. Alex Vizorek, Guillaume Meurice, Charline Vanhoenacker, Pierre-Emmanuel Barré, Thomas VDB, Guillermo Guiz, Daniel Morin, François Morel et je pourrais continuer longtemps. C’est pour ça que je me force de nouveau à me traîner dans le TGV Lyria. Et qui sait, peut-être qu’un jour je finirais par me sentir mieux dans la ville Lumière.

Le public suisse ne le sait pas mais tu es allé jouer au Québec lors de cinq séjours ces dernières trois années. Raconte-nous tes participations en juillet à deux podcasts québécois, sorte de talk-shows qui ressemblent à des discussions de bars entres humoristes.

C’est une expérience très agréable. On discute entre potes humoristes, comme ça nous arrive tout le temps en loge ou autour d’un verre, mais c’est filmé et publié. Le podcast organisé par Mike Ward est en public au Bordel, un comedy club (ndlr, un bar qui est aussi une salle de spectacle) et c’est un vrai moment de rire. Mike, c’est une machine qui punch (ndlr, dans l’humour c’est synonyme de dire une punchline) toutes les anecdotes qu’il partage. Sur le podcast de Pierre-Bruno Rivard, c’est dans son appartement et c’est plus intimiste. L’exercice du podcast est très cool, on peut vraiment raconter des choses approfondies et les gens apprennent à nous connaître. En plus, on ne ressent pas l’obligation d’être drôle à chaque phrase et on entrouvre un peu la carapace.

Les podcasts sont très longs, d’une heure à trois heures de discussion. Or cela n’existe quasiment pas en Suisse.

Aux États-Unis, chaque humoriste ou presque a son podcast. Certains ont bâti des empires autour du leur, comme Joe Rogan ou Marc Maron. Le Québec suit le pas et il commence à y en avoir quelques-uns en France, avec Sebastian Marx notamment, et en Belgique, mais pas en Suisse. C’est un manque à combler.

Quant à la scène, tu en as aussi fait récemment au Québec en juin et juillet.

J’ai fait quelques participations dans des shows au festival Zoofest à Montréal et beaucoup joué au Bordel, le meilleur comedy club francophone du monde, pour rôder des nouvelles blagues et tester des trucs. En juin, j’étais au festival « ComédiHa! », à Québec-ville, c’était très cool.

Là-bas, l’humour est une industrie très développée. De ton expérience, que penses-tu de l’humour québécois ?

L’humour au Québec est une véritable industrie, très structurée. Le tiers des billets de spectacle vendus le sont pour des seuls en scène et il y a une quantité, une qualité, et une diversité d’humoristes très impressionnantes pour un si petit bassin de population. Les Québécois sont fiers de leurs artistes et les soutiennent tandis qu’en Suisse, parfois, on a presque un peu honte du gars du coin. C’est encore plus vrai pour les chanteurs ou les acteurs que pour les humoristes et c’est dommage.

Es-tu heureux de la reconnaissance que tu as du public et dans le métier ? D’ailleurs tu es aussi bien reconnu en Suisse qu’à Paris et Montréal, où de nombreux humoristes connaissent ton nom et ton style d’humour.

La reconnaissance des pairs, c’est le premier signe qu’on fait quelque chose de juste. J’ai commencé à me dire que ça pourrait devenir sérieux quand en Suisse, des humoristes établis ont commencé à me féliciter. C’étaient des Nathanaël Rochat, Yann Lambiel, etc. Dans l’ordre des priorités, ça passe avant les médias ou le grand public car c’est l’aspect le plus précieux. Je suis très flatté que mes collègues apprécient mon boulot. J’espère que ça va continuer, je touche du bois.