Une effervescence internationale qui n’est pas prête de s’arrêter

Les sœurs Weber (SUI), talonnées par la Française Jessica Fullagar et les Néo-Zélandaises à la transition une. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Le mois d’août rimant chaque année avec triathlon autour du Léman, ce week-end du 19-20 août était donc réservé au traditionnel Triathlon de Lausanne. Une particularité est venue se greffer aux courses populaires et autres courses de championnats suisses habituelles : une épreuve de Coupe d’Europe Junior. Tenue ce samedi, cette course de niveau international a lancé à merveille les deux prochaines éditions qui verront le circuit World Cup et la Grande Finale des World Series s’installer à Ouchy. Revivre également la journée en 125 images.

12h45, samedi 19 août, c’est le neuvième départ de la journée, les cloches sont de sortie et accompagnent chaque athlète avec une combinaison rouge à croix blanche. Pourtant ce sont plus de 50 participantes venues de plus de dix pays qui sont appelées à venir s’installer sur le ponton de départ. Cela faisait depuis 2012 que Lausanne n’avait plus accueilli une grande compétition internationale. Un vide immense quand on sait que la capitale olympique a déjà accueilli quatre manches de Coupe du monde entre 1999 et 2002, deux Championnats du monde en 1998 et 2006 ainsi que les championnats du monde sprint Elite en 2010 et 2011. Le Triathlon de Lausanne a donc renoué avec son glorieux passé aujourd’hui, mais elle va faire encore mieux puisque les bords d’Ouchy accueilleront une manche du circuit World Cup en 2018 avant la Grande Finale ITU 2019 comptant comme Championnats du monde de triathlon. « La promotion des jeunes et la promotion du triathlon: voilà notre adage » répond fièrement Claude Thomas, directeur du Triathlon de Lausanne, quand on lui demande pourquoi avoir organisé une épreuve de Coupe d’Europe Junior cette année à l’instar d’une manche de Coupe du Monde directement. Ce fût un test grandeur nature et peu coûteux qui a permis aux organisateurs de consolider leur acquis, à savoir : une organisation sans faille, une belle ambiance et un parcours sans aucun point noir.

Un parcours qui fait l’unanimité

Depuis 2006 et des championnats du monde réussis, le Triathlon de Lausanne n’a plus quitté le site d’Ouchy qui offre un parcours de natation dans un cadre idyllique, une course en vélo variée – avec une ou deux grosses montées et une descente casse-gueule –, avec un final en course à pied permettant de belles oppositions ou au contraire des raides en solitaires héroïques. Un site paradisiaque qui ne laisse pas peu fier son comité d’organisation, à commencer par son chef de presse Vincent Steinmann : « Avec ses infrastructures, Lausanne a la possibilité d’organiser tous les différents types de compétitions internationales ». Ces structures et ces parcours ont été les points forts de la candidature de Lausanne pour accueillir la Grande Finale des World Series. Plébiscitée en majorité à la place d’Edmonton (CAN), Lausanne a pu jouir d’un passe droit inédit grâce à son historique et sa tradition de triathlon. En effet, il faut normalement organiser trois épreuves de Coupe du Monde avant de pouvoir accueillir la finale des World Series alors que la capitale olympique n’organisera qu’une épreuve de Coupe du Monde qui sera synonyme de test évent.

Une délégation helvétique audacieuse

Les filles ont donc ouvert le bal, s’élançant avec motivation dans une eau à 23 degrés. Très vite, sur une distance de 750 mètres, le peloton s’est étiré avec les Néo-Zélandaises et les Britanniques en tête. Derrière, les sœurs Weber – dignes représentantes de la délégation helvétique – et la française Jessica Fullagar se sont positionnées à la transition du vélo pour former un groupe de leader de huit concurrentes. Ces dernières n’ont cessé de rouler pour creuser un gros écart de plus de 30 secondes avec le groupe de poursuivantes. Les spécialistes avaient sans doute parié que la victoire finale se jouerait sur des attaques en vélo dans la terrible montée de l’avenue d’Ouchy ou dans le descente du Denantou, il n’en fût rien aujourd’hui. Et pourtant, les concurrents devaient se confronter quatre fois à cette terrible pente de 10% pour finir les 20km du parcours à vélo. Tant chez les femmes que chez les hommes, la partie en course à pied a joué le rôle d’arbitre. À ce jeu là, c’est la Française Jessica Fullagar, déjà vainqueur de l’étape initiale à Quarteira, qui fût la plus maligne : démarrant dès la première boucle de 1,6km elle a creusé un écart qu’elle réussît à maintenir jusqu’au bout des 5km de course à pied. « C’est un super parcours, assez dur avec cette montée à faire quatre fois. En plus, il y avait une grosse concurrence avec les Britanniques, les Suissesses et les Néo-Zélandaises qui ont beaucoup roulé », nous déclarait toute souriante, celle qui vise désormais le classement général. Il est étonnant de voir les délégations américaines, australiennes et néo-zélandaises prendre part à une compétition européenne. Pourtant, l’ITU (Union International Triathlon) autorise ces nations à venir concourir car elles permettent de relever le plateau d’athlètes afin de faire naître plus d’émulation entre les concurrents. À noter la belle cinquième place de Jasmin Weber qui a beaucoup roulé à l’avant du groupe de tête mais cédant la quatrième place dans l’ultime boucle.

Chez les hommes, sur le même parcours, avec une délégation de treize athlètes helvétiques, c’est le favori Ben Dijkstra, champion d’Europe junior et deuxième de la Coupe d’Europe élite à Holten (NED) cette année qui a tenu son rang. Le Britannique s’est laissé emmené à vélo avant de démarrer en course en pied pour signer une victoire probante. Les Suisses ne sont pas en reste : toujours à l’attaque, c’est d’abord Meeusen et Holenweger qui sont sortis dans le trio de tête en natation, puis Westermann a joué son va-tout à la fin du vélo en démarrant en solitaire le parcours en course à pied. Très attendu après des championnats d’Europe junior tronqués par une chute, c’est le Vaudois Maxime Fluri qui s’est arraché et qui a résisté au retour de l’Américain Smith pour cueillir une troisième place synonyme de victoire. « C’était mon gros objectif, je suis soulagé car le vélo était très dur avec cette montée et cette descente technique », analysait satisfait Maxime Fluri à la fin de la cérémonie protocolaire.

Un triathlon de Lausanne tourné vers l’avenir

Après une première journée réussie et une seconde réservée au populaire dimanche qui s’annonce tout aussi belle, le directeur du Triathlon de Lausanne nous confiait que des changements étaient à venir pour pousser à son maximum les capacités du triathlon : « Il y aura de grandes modifications pour l’étape de la World Cup, il y aura désormais deux sites : les professionnels à Ouchy et les populaires à Bellerive ». Actuellement Lausanne a l’avantage de refuser des inscriptions mais avec ce système les organisateurs pourront facilement pousser le nombre d’inscrits de 2’000 à plus de 3’500. Cela demandera également plus de bénévoles. « Ce week-end, environ 400 bénévoles nous donnent un coup de main mais pour les deux prochaines années il en faudra 500 », nous apprend Vincent Steinmann. À la question de l’organisation des Championnats du monde, tous les athlètes présents aujourd’hui trépignent déjà d’impatience « Ce sera magnifique », nous déclarait Maxime Fluri. « Lausanne est vraiment une ville, si ce n’est La ville du Triathlon », ajoutait avec enthousiasme Ludovic Séchaud à la fin de sa course. « L’année suivant les championnats du monde est toujours très rude, c’est le coup de la montgolfière qui se dégonfle et qu’il faut regonfler » concluait Claude Thomas, « Ce sera dur au niveau financier mais Lausanne peut s’inscrire dans la durée comme étape de Coupe du Monde ». D’un triathlon créé entre copains en 1994, le triathlon de Lausanne va à l’avenir s’imposer de plus en plus comme capitale mondiale du triathlon.