Les Young Boys perdent le fil en fin de match face au CSKA Moscou (0-1)

Steve von Bergen (à gauche) tiendra un mental guerrier au match retour à Moscou, au plus grand espoir de son coach Adi Hütter (en arrière-plan). © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Le BSC Young Boys a connu une fin de match tragique au Stade de Suisse. Menant la danse 90 minutes durant face au CSKA Moscou, les hommes d’Adi Hütter ont concédé l’unique but de la rencontre à la 91e sur un but contre son camp du défenseur ghanéen Kasim Nuhu. La rencontre, comptant pour le match aller des barrages de la Champions League tourne à l’avantage des Moscovites alors que le match retour est prévu à Moscou le mercredi 23 août prochain. Pourtant, il n’est pas l’heure de s’apitoyer sur son sort, le football récompensant en grande partie la preuve d’un mental infaillible. Revivre également la rencontre en 100 images.

L’odyssée européenne manquait depuis 2010 au Stade de Suisse. Les Young Boys eurent bien échoué ces deux dernières années au troisième tour de qualification mais le stade des barrages de la Champions League n’eut plus été atteint depuis bien sept ans. Alors, les Bernois eurent réussi des débuts impressionnants, débordant Tottenham 3-2 à Wankdorf avant de subir leur loi au match retour (4-0). Mais la richesse de l’expérience fut bien celle de l’acclimatement dans une épreuve de portée continentale, alors que l’accès aux portes de la Ligue des Champions valait bien à elle seule une réussite remarquable d’une saison entière. Les choses n’ont pas vraiment changé dans le fond. L’approche actuelle – bien que teintée encore d’une quelconque timidité – aux phases finales de la compétition n’est pas sans évoquer la réussite d’une année entière où les attentes sont légions, tant sur le plan national qu’européen. Mais le mauvais caractère, la méchanceté voulue dans ces circonstances, les aventures sans pitié à porter sur la pelouse se traduisent mal dans les gênes du club de la capitale. Les brimades n’ont pas été récompensées de la juste facture; alors qu’YB dominait sans crainte et sans équivoque le CSKA Moscou mardi soir à Berne, les hommes d’Adi Hütter n’ont pas eu la réussite qui les portait il y a encore quelques jours en tête du classement de la Super League. Et au niveau continental, cela ne pardonne pas (ou peu).

« Nous ne sommes qu’à la première mi-temps de l’affrontement »

Steve von Bergen, défenseur du BSC Young Boys

Sans doute, les Young Boys ont entamé leur match de la meilleure des manières, avec agressivité, avec détermination et avec la rage de circonstance. Alors qu’une première conclusion de Yoric Ravet alertait d’emblée les Moscovites (2e), le stade sut gronder ses sentiments, louant l’envie, encensant les initiatives et magnifiant une dynamique juste. Et les occasions de le rappeler aux joueurs furent multiples, ne serait-ce que par les décharges affûtées du Français à l’endroit du but adverse dans les premières dix minutes (4e et 7e). Mais les YB ne punissent pas les errements adverses et ils ne le feront jamais dans le courant de la première salve de 90 minutes qui les séparent du portail de la Champions League. Là réside le problème principal. Et il est élémentaire; la concrétisation des occasions a manqué. « Nous avons été bons pendant 90 minutes – rappelle Yoric Ravet – Sur une erreur de concentration, une erreur de communication, nous perdons ce match. Mais nous sommes à la mi-temps des deux matches et il nous incombera de rester concentrés au match retour. Nous serons tenus de réaliser l’exploit à Moscou. Et il est possible, nous en avons eu la preuve ce soir avec nos nombreuses opportunités. Mais en Russie, nous devrons être costauds 90 minutes encore mais sans prendre de but et être plus efficaces offensivement. » Ce que soutient également l’ancien national helvétique Steve von Bergen: « Chaque but coûte cher, surtout ceux que l’on subit à la maison. Mais comme je l’ai dit dans les vestiaires, où il y avait beaucoup de déception, nous ne sommes qu’à la mi-temps de l’affrontement. Nous sommes capables d’aller mettre un but là-bas, à condition de garder la même prestation défensive réalisée pendant 90 minutes ici. »

Un pêché mignon qui coûte cher

L’esprit fut bon, sauvegarde des dernières échéances européennes au Stade de Suisse – la dernière en date face au Dynamo Kiev – lors desquelles les hommes d’Adi Hütter eurent affiché une juste détermination. Une témérité sans faille face aux équipes du grand Est européen. Et ce fut clair, le CSKA Moscou n’a d’abord pas eu voix au chapitre, ce qui s’avère encourageant. Encore. « À ce stade de la compétition, il n’y a pas de petites équipes. Nous avons joué nos atouts et ça a failli passer. L’on savait que c’était une équipe solide défensivement. L’on sait provoquer la chance même si cela s’est retourné contre nous ce soir », constate Guillaume Hoarau. Seul un éclair de rapidité de Vitinho permet d’alerter David Von Ballmoos (14e), mais la frappe reste loin du cadre. Moscou n’est pourtant pas inoffensif pour autant; il se contrôle, se maîtrise dans l’effort sans ne rien concéder malgré plusieurs avertissements sans frais, alors que les Bernois, eux, s’activent, limitant le danger à l’arrière avec beaucoup de métier. Le centre transversal de Ravet vers Sulejmani au quart d’heure accélère même le rythme imposé par les Bernois dans la circonstance (17e). Akinfeev n’est pas battu mais les hommes d’Adi Hütter augmentent la pression. Et malgré le remous apparent des Russes, le CSKA Moscou dégaine certaines qualités dans l’affrontement, leur vitesse, leur prestance, leur dangerosité permanente à chaque accélération du duo Chalov-Vitinho et des ailes, gauche plus particulièrement avec Georgi Schennikov. Toutefois, le quatuor défensif bernois tient le coup, avec une attention maximale, redoublée par les efforts en retour d’un certain Yoric Ravet, dont une polémique naissante ces derniers jours le pousserait vers Freiburg en Bundesliga. « Tant que je serai sous contrat avec Young Boys, je serai à 100% avec l’équipe, le staff et le club tout entier. Mon but est le terrain, tout ce qui est en dehors me regarde de loin. Je ne m’en occupe pas », lâche le tricolore en zone mixte.

« Le football est parfois difficile, dur et aujourd’hui, il nous a été impitoyable »

Steve von Bergen, défenseur du BSC Young Boys

Mais pour l’instant, il n’en est rien; sa collaboration avec Hoarau et Assalé porte les fruits d’un travail acharné où les premières expériences en Super League – malgré la lourde défaite face au FC Thoune mercredi dernier (0-4) – et lors des matches de préparation s’avèrent sincères et concluantes. Ponctuées par l’une des seules véritables occasions russes par Vitinho peu avant la demi-heure – un tir hors cadre, de bonne position, qui surprend von Ballmoos sur sa gauche (25e) – les offensives bernoises effritent la résistance du CSKA. Les ruées long-de-ligne de Kevin Mbabu éveillent les volontés offensives d’YB. Un couloir pourtant passablement obstrué, mérite également aux expérimentés Ignashevich (119 capes avec l’équipe de Russie) et Dzagoev (51 sélections nationales). Alors les joueurs de la capitale investissent l’autre versant, où la technique des individualités des hommes de Adi Hütter priment sur les adversaires, moins rapides et plus gagnés par la perfidie des feintes à répétition des Bernois. Et par cette voie, les occasions à répétition de Miralem Sulejmani furent souvent d’une netteté implacable. À la demi-heure de jeu, en quelque quatre minutes d’intervalle, l’international serbe trouve une première tête ajustée hors cadre – mais de peu – sur un centre suggestif de Loris Benito (34e), avant de manquer sa conclusion, d’une épaule, sur une invention signée Assalé, dont le centre fut d’une précision certaine (38e). Young Boys trouve ses marques – cela est juste ainsi – mais se laisse attendrir, sinon endormir, dans les minutes conclusives de la première mi-temps par ses adversaires. Périlleux dans une compétition, où l’acuité et la précision se veulent primordiales. « Nous avons eu beaucoup d’occasions que nous n’avons pas su concrétiser. On pensait tous marquer ce but et finalement, on le prend. Le football est parfois difficile, parfois dur et aujourd’hui, il nous a été impitoyable », peste Steve von Bergen. Aussi, l’incapacité des Young Boys à ouvrir le score les mène inévitablement vers une menaçante réalité, où chaque but vaut son pesant d’or.

Une constante solidité avant de se saborder dans le final (91e)

Une mauvaise relance de Georgi Schennikov qui profite à Bertone ou encore un tir de longue distance excentré de Yoric Ravet, trente seconde plus tard (53e), valident la bienséance de l’attaque bernoise dans les débuts de la seconde fraction de la rencontre. Mais de son côté – même si déterminé à se préserver au plus dans l’épisode du jour –, le CSKA Moscou affine encore plus son attaque avec l’entrée de Aaron Olanare (54e), le temps de tester un système alternatif avec un seul attaquant de pointe; une demi-heure durant avant que celui-ci soit à nouveau remplacé par Bibras Natcho en fin de rencontre. Mais ce fut trop juste encore; seul un tir lointain de Vasin à la 62e minute est apte à menacer l’arrière-garde bernoise. Puis plus rien, la défense des Young Boys est solide, équilibrée et endurante. À l’avant, les contre-attaques de Nuhu s’avèrent quant à elles insidieuses. Elles mènent notamment à une conclusion de Bertone – déviée au sol par Ignashevich – dont le sort semblait promettre aux Bernois une ouverture au score bien méritée (57e). Une minute plus tard, la contribution de Ravet, après un corner joué court, fut belle pour Bertone qui manque sa frappe à l’entrée de l’aire de réparation (58e). Puis, s’ensuit un festival où tant Sulejmani sur coup-franc (60e), Nuhu (63e), Bertone (69e) et Hoarau, à la déviation d’un centre-tir de Loris Benito (79e), manquent d’inscrire le but de la délivrance.

« L’objectif était surtout de ne pas en prendre un, et là on leur en donne un »

Guillaume Hoarau, attaquant des BSC Young Boys

Pour autant, la forteresse moscovite était en place, assurant ce qui leur est essentiel: le blanchissage à l’extérieur. Aussi, les hommes de Viktor Goncharenko ont su éviter les pièges, même si ce ne fut pas une sinécure. À la persévérance et les encouragement de Vasili Berezutski, les Russes ont su faire preuve de la patience nécessaire au Stade de Suisse. Et cela leur a payé, contre le cours du jeu. « Nous ne pouvions pas aller la fleur au fusil devant et risquer de prendre un but. L’objectif était surtout de ne pas en prendre un, et là on leur en donne un. C’est comme ça, c’est le football qui nous réserve des surprises », concède encore Guillaume Hoarau. Les dernières tentatives du transfuge servettien, Jean-Pierre Nsamé (86e) et du tricolore Guillaume Hoarau (88e) furent vaines, et faibles. De quoi rendre la punition finale encore plus cruelle; auteur d’un match sans reproche, Kasim Nuhu manque de lucidité au plus mauvais moment pour adresser, de la tête, une passe en retrait qui lobe malencontreusement son portier (91e). Et la sévérité de la réalité sera à digérer. Même rapidement, en sept jours, avant de jouer la seconde mi-temps à Moscou la semaine prochaine. « Ce n’est pas un sentiment facile à décrire [ndlr, quand l’autogoal de Nuhu tombe]. Nous avons sincèrement l’impression de nous tirer une balle dans le pied – confirme Yoric Ravet avant de continuer – C’est cruel de plus pour Kasim [Nuhu] qui fait un super match – irréprochable – et il n’en est pas récompensé. Mais comme toujours, le football est un travail d’équipe et c’est à nous de tout mettre en œuvre pour remonter au score et Kasim a les qualités pour rebondir. » L’autre Français de l’équipe, Guillaume Hoarau continue même: « Le sentiment était général ce soir dans le stade, même eux [ndlr, le CSKA Moscou] étaient surpris. C’est le haut niveau. Les erreurs, ces petits détails se payent cash. »

Les Young Boys se sont sabordés sans le mériter. Le CSKA Moscou s’est ouvert les voies de la Champions League sans mérite. « C’est une défaite décevante autant que frustrante, aussi au vu de la grosse deuxième mi-temps que nous avons menée – concède Steve von Bergen avant de poursuivre – Il n’y a pas beaucoup de mots à dire. Les seules qui valent la peine; se relever et y croire. Tout le monde est triste et énervé. Mais nous devrons tenir bon face à Zürich, premier de Super League, ce samedi et ensuite entrevoir le match retour en Russie. » Une résistance moscovite qui pourrait pourtant se prolonger au match retour en Russie, même si la tâche des hommes de Viktor Goncharenko – outre préserver l’avance – s’avèrera autre que celle définie au Stade de Suisse. Mais Young Boys attaquera, jouera son va-tout, fort d’une défense qui a tenu ses promesses mardi soir à Berne et convaincu d’une capacité offensive certaine. Mais il faudra marquer: « Nous n’aurons pas vingt occasions non plus mais le peu que nous aurons, il faudra savoir les mettre au fond. Nous aurons besoin de beaucoup de courage et de personnalité. Nous devons être conscients que nous pouvons réaliser l’exploit car si nous nous qualifions contre une équipe dotée d’une aussi grande expérience, toute la prestation nous servira par la suite », conclut Steve von Bergen dans la suite des mots prononcés plus tôt par Guillaume Hoarau: « Il nous reste un match retour où il faudra tout donner. Ils ne sont pas encore qualifiés et nous irons avec courage. Nous avons découvert cette équipe ce soir et l’on sait à quoi s’attendre la semaine prochaine. Il y aura un match de championnat entre deux et nous aurons le temps de discuter et d’analyser ce match et essayer d’aller à Moscou avec une vision claire et de la détermination. Il faudra marquer ce premier but et après tout sera possible. Il n’y a pas à calculer; nous irons à Moscou pour souffrir et le football, c’est le mental. Si nous en avons un fort, nous parviendrons à faire tomber cette équipe. »

Les faits de match:
BSC Young Boys v CSKA Moscou, 0-1 (0-0)

Composition des BSC Young Boys:
David Von Ballmoos, Loris Benito, Kasim Nuhu, Steve von Bergen ©, Kevin Mbabu, Sékou Sanogo, Leonardo Bertone, Miralem Sulejmani, Yoric Ravet (72e Christian Fassnacht), Roger Assalé (85e Jean-Pierre Nsamé) et Guillaum Hoarau.

Composition du CSKA Moscou:
Igor Akinfeev ©, Vasili Berezutski, Viktor Vasin, Sergei Ignashevich, Pontus Wernbloom, Alan Dzagoev (72e Georgi Milanov), Aleksandr Golovin, Mario Fernandes, Georgi Schennikov, Vitinho et Fedor Chalov (54e Aaron Olanare; 90e Bibras Natcho).

Buts: 91e Nuhu (csc, 0-1).
Notes: Stade de Suisse, Berne. 20'003 spectateurs.