Servette dompte Wil et lance sa saison à domicile (1-0)

Andelko Savic (Wil), à gauche) bousculé par la défense expérimentée de Servette. Ici: Sally Sarr, à droite et Christopher Mfuyi. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Devant un peu plus de 2’000 spectateurs dans son jardin de la Praille, le Servette FC a dominé le FC Wil lors de la quatrième journée de la Brack.ch Challenge League. Auteurs d’un match sensiblement meilleur que les précédents, les Grenat ont cueilli leur première victoire à domicile grâce à une réalisation du numéro 10, Sébastien Wüthrich peu avant l’heure de jeu (52e). Meho Kodro, satisfait au terme de la rencontre, a également trouvé la fluidité dans le jeu qu’il espérait depuis le début de la saison. Revivre également le match en 100 images.

Chez ce Servette FC, au plus près des joueurs, l’on retrouve l’esprit d’un club compétitif, vantant ses individualités et un jeu attractif, même si parfois un peu trop naïf et jonché de fautes techniques évitables. Le contingent Grenat a l’étoffe d’une grande équipe, sereine, confiante et efficace quand il s’agit de l’être. Étourdie aussi quand il s’agit de ne pas l’être également. Mais peu importe, le plus important a été sauf mercredi soir au Stade de Genève face au FC Wil, ramené à ses études sur une réussite de Sébastien Wüthrich – déviée par le capitaine Marko Muslin – en seconde période (52e), à un moment où les hommes de Meho Kodro parvinrent réellement à dominer, avec plus de minutie, leurs adversaires. « La manière était nettement meilleure qu’à Rapperswil mais cela n’empêche que nous sommes encore en rodage – témoigne le buteur avant de poursuivre – Nous sommes encore en début de championnat et ce qui importe à cet instant, ce sont les trois points. Nous avons beaucoup de travail à accomplir, notamment dans les fins de match où l’on se fait parfois trop peur. Mais le contenu global n’est pas mal. »

Autant dire que la fin de la première période et le début de la seconde furent très encourageantes; avant, jusqu’au quart d’heure de jeu, il n’y eut presque rien. Quelques bons mouvements collectifs mais sans rien proposer de concret à l’endroit du gardien Noam Baumann. Puis, le jeu s’est développé avec davantage d’entrain, plus de consistance et plus d’occasions. La première; une tête de Sébastien Wüthrich, rudement bien servi côté droit par Miroslav Stevanovic, sonnait la première alerte dans la défense saint-galloise (14e) avant que Steven Lang ne parvienne – à nouveau sur un excellent service de Stevanovic, dans l’axe – à cadrer la première grande frappe de la rencontre sur la transversale (25e). La montée en puissance des Grenats au fil des minutes établirent alors un rythme de jeu plus rapide et (sensiblement) plus précis. Le tir d’Alexandre Alphonse une minute plus tard (26e), bien que facilement bloquée par Baumann, n’y fut pas étranger non plus. Servette sut prendre véritablement les devants, Wil étant retranché dans une passivité parfois déconcertante. Aussi, les Grenat accusaient une charnière défensive expérimentée qui n’eut aucun mal à contenir le manque de fougue latent des attaquants de Wil où tant Johan Vonlanthen que Granit Lekaj, sur les ailes, semblèrent isolés et où la transition offensive n’eut jamais véritablement abouti à une action concrète, excepté le poteau trouvé sur un coup-franc de Sergio Cortelezzi peu avant la mi-temps (44e). Seule appréciée au sein de la formation de l’entraîneur allemand Konrad Fünfstück, une défense plus ou moins à l’affût du moindre mouvement dangereux qui prête alors l’illusion d’une maîtrise somme toute assez fragile.

« Gagner 10% d’efficacité dans tous les secteurs »

Meho Kodro, entraîneur du Servette FC

Quoi qu’il en soit, l’impression reste bonne sur le versant servettien. Un contingent qui ne nie pas le potentiel et l’efficacité dont on attend de lui, et ce, dans des délais très courts. « Les gens attendent beaucoup de nous, il nous fallait montrer un beau visage et rapporter cette deuxième victoire, surtout face à nos supporters », lâchait Sébastien Wüthrich en zone mixte. Et, même si stagnant encore à un étage inférieur des invaincus Schaffhouse et Xamax (même si Servette n’a pas encore perdu), les Grenat ont prouvé dans leur stade valoir bien plus qu’une “ingrate” formation de milieu de classement. À Servette, il y a un esprit, une organisation, une envie qui dépassent les simples aléas d’un début de saison (un peu) morne. La fermeté et l’énergie démontrées d’entrée de match, même si pas encore porteuses d’une qualité de jeu optimale, tiennent parfaitement le rang élevé dans lequel sied Servette. « La première mi-temps était plus que correcte. Nous sommes bien entrés sur le terrain même s’il manquait 10% d’efficacité dans tous les secteurs pour que cette première fraction soit pleinement satisfaisante », lâche Meho Kodro, souriant, au terme de la rencontre de laquelle il s’est satisfait de la fluidité dans le jeu longuement espérée la veille: « J’ai trouvé la fluidité que je recherchais, aussi en première mi-temps où l’équipe aurait même pu faire preuve d’un peu plus de dynamisme. À chaque fois que nous sommes parvenus à jouer avec la vitesse supérieure, avec des occasions de Sébastien [Wüthrich] ou Alexandre [Alphonse], nous avons créé du danger aux adversaires. »

Une marge d’amélioration certaine

Le rythme de jeu s’abaisse pourtant après le but – malgré un tir quelque peu excentré de Boris Cespedes (78e) –, et trop de fautes ingénues s’accumulent en défense. Le plus gros risque survenait notamment sur une faute maladroite de Sauthier à quinze mètre des buts. Alors que Johan Vonlanthen bottait son coup-franc bien placé, légèrement excentré sur la gauche, la reprise de tête croisée de Granit Lekaj frôla de peu le poteau servettien (81e). Une frayeur que Meho Kodro relativise pourtant: « En deuxième mi-temps, nous avons bien joué avec la création de beaucoup d’occasions, notamment avec une transversale [ndrl, d’Alexandre Alphonse dans les premières trente secondes de la deuxième mi-temps] et un but annulé [ndlr, de Sébastien Wüthrich pour faute de main, 61e]. Il nous manquait simplement de marquer le but libérateur. Et à partir de là, nous avons pu développer un jeu différent, même si le changement tactique de l’adversaire nous a temporairement fait reculer. Nous avons pu jouer un peu plus large. Mais nous restons encore à souffrir dans les dernières minutes, ponctuées en plus par l’expulsion du gardien [87e] », consent Meho Kodro. À vrai dire, il faut dire que l’entraîneur bosnien de Servette donne une large confiance à ses joueurs, aussi parce qu’il n’a daigné changer aucune individualité avant la 80e minute, preuve sans doute d’une équipe qui se complète et se meut bien en l’état. Comme à Rapperswil où Meho Kodro avait tardé avant de remplacer Florian Berisha, seul véritable changement tactique de la rencontre (71e). Une confiance certaine alors même que plusieurs erreurs techniques, notamment de Wüthrich ou Alphonse à l’avant, freinent encore les ambitions de l’équipe: « Wüthrich, Alex savent jouer au ballon et ils ont prouvé ce qu’ils valent devant. Sébastien a fait une très bonne première partie de match, jouant entre les lignes et créant un danger net au sein de l’équipe adverse. Certes, il y a eu quelques déchets techniques mais cela arrive même à la meilleure équipe du monde. Il n’y a à blâmer personne ce soir », balaie d’un revers de main Meho Kodro.

« Je donne beaucoup de liberté à mes joueurs dans les derniers mètres »

Meho Kodro, entraîneur du Servette FC

« Nous avons tenté de défendre le résultat et nous y sommes parvenus. Nous avons été solides et c’est le plus important. En définitive, ce sont trois points très importants qui viennent à la maison et il ne faut pas se méprendre pour les imperfections parce que le marathon est encore long. » C’est sur la longueur qu’il s’agira de déterminer réellement les possibilités qui s’offrent à Servette cette saison. Pour l’heure, l’entraîneur Grenat ne désemplit pas d’optimisme: « Nous avons une marge d’amélioration qui est certaine, notamment sur notre capacité à jouer dans la profondeur. On doit et on peut faire plus, l’équipe est talentueuse, on ne nous l’enlèvera pas », lâche-t-il avant de poursuivre: « Je crois que mon équipe peut être plus percutante dans les trente derniers mètres, jouant avec plus de créativité et ajustant les imprécisions dans la finalisation. Je donne beaucoup de liberté à mes joueurs dans les derniers mètres et ils prennent beaucoup de risques dans leur jeu. Heureusement car il ne faut pas avoir la peur de tenter. Si l’on rate, ce n’est pas grave. C’est le football. On peut faire nettement mieux mais le danger que l’on a porté aujourd’hui dans la défense de Wil a été très positif. »

Mais où est l’attaquant de Servette ?

Tant que Servette n’inscrira pas de carton plein – comme Schaffhouse fut en mesure de le réaliser lors de son premier match face au FC Rapperswil-Jona (6-0) – la question restera épineuse. Qui pour mener l’attaque en pointe ? « Un attaquant, c’est ce que tout le monde attend », lâche Sébastien Wüthrich au terme de la rencontre. « Alphonse le fait très bien, malgré qu’il aie 35 ans. Sur la longueur, il faudra voir si cela tient mais nous sommes également conscients que nous avons d’autres armes à utiliser. Certes, l’arrivée d’un attaquant arrangerait tout le monde mais jusqu’à présent tant que l’on gagne – même si l’on ne marque pas beaucoup de buts –, cela me va. Le chemin est encore long », poursuit-il. En effet, les solutions à l’avant ne sont pas nulles. Par ailleurs, dans les dix minutes conclusives de la rencontre, l’entrée de Matias Vitkieviez pour Sébastien Wüthrich a notamment permis au coach servettien de tenter Steven Lang dans un véritable rôle de buteur, à la pointe de l’attaque servettienne. Cependant pas pour longtemps puisque ce dernier quittera le terrain six minutes plus tard pour permettre l’entrée en jeu du portier David Gonzalez (88e), rendue nécessaire à cause du geste d’humeur de Jérémy Frick sur Granit Lekaj. Puis, il y a les pistes Stevanovic.

« Dalibor sera peut-être le leader qui nous manque »

Sébastien Wüthrich, milieu offensif du Servette FC

Il y a d’abord la belle performance, toute en légèreté et en puissance à la fois de Miroslav sur l’aile droite: « Miroslav nous apporte énormément sur le terrain. L’on voit tout le travail qu’il réalise au niveau défensif et sur les courses. C’est un joueur intelligent qui perce avec beaucoup de détermination dans les couloirs. Le club choisit ses joueurs intelligemment », concède Sébastien Wüthrich. Un joueur au potentiel grandissant qui tente, match après match, de s’approcher de son meilleur niveau: « Il est arrivé en fin de préparation, voire même en début de championnat donc il est clair qu’il ne peut pas être aux 100% de sa forme mais il est clair qu’il a un niveau très bon qui peut nous apporter beaucoup cette saison, connaissant sa marge de progression. Une véritable valeur ajoutée pour l’équipe », constate pour sa part Meho Kodro. Mais il y a aussi l’option Dalibor, même si plus mystérieuse: « Je ne l’ai pas encore vu s’entraîner avec nous, il s’est blessé à l’entraînement avant que j’arrive. Mais j’ai beaucoup entendu parler de lui et en bien. Il est clair qu’on attend son retour sur les terrains avec beaucoup d’impatience », soutient à nouveau l’unique buteur de la soirée avant de conclure: « C’est le leader qui nous manque peut-être dans cette équipe. »

Les faits de match
Servette FC v FC Wil 1900, 1-0 (0-0)

Composition du Servette FC:
Jérémy Frick/87e, Anthony Sauthier ©, Sally Sarr, Christopher Mfuyi, William Le Pogam, Boris Cespedes, Fabry Castro, Sébastien Wüthrich (82e Matias Vitkieviez), Miroslav Stevanovic, Steven Lang (88e David Gonzalez) et Alexandre Alphonse.

Composition du FC Wil 1900:
Noam Baumann, Johan Vonlanthen, Sergio Cortelezzi (61e Caine Keller), Marko Muslin ©, Basil Stillhart, Michael Gonçalves, Kenzo Schällibaum, Atila, Magnus Breitenmoser (49e Serkan Korkmaz), Granit Lekaj et Andelko Savic (65e Shaho Maroufi).

Buts: 52e Wüthrich (1-0).
Notes: Stade de Genève, 2'106 spectateurs.
87e Expulsion de Jérémy Frick.
Servette sans Mirsad Hasanovic, Dalibor Stevanovic (blessés) et Bruno Caslei (M21). Wil sans Pascal Huber, Sandro Lombardi et Nedim Sacirovic (blessés).