Belle performance de la Suissesse aux 400 mètres haies. Quatre jours après avoir améliorer sa marque personnelle (et nationale) sur 400 mètres plat, Lea Sprunger a réitéré la performance, cette fois, sur sa discipline de prédilection, les 400 mètres haies. Elle prend la deuxième place, notamment devant la Britannique Eilidh Doyle (3e) et la championne d’Europe et vice-championne olympique Sara Petersen (4e).
Dans un meeting où les très bons résultats se sont succédé avec quatre records nationaux – dont le 4×100 mètres relai féminin suisse – neuf records du stade, six meilleures performances mondiales de l’année et deux records de la Diamond League, la Suissesse Lea Sprunger a également trouvé sa place, améliorant sa marque personnelle sur 400 mètres haies de 34 centièmes, validant un temps de 54”29, à quatre centièmes du record de Suisse d’Anita Protti. Une deuxième place qu’elle a disputée jusqu’à la fin du tracé, même si loin de la gagnante Ashley Spencer (53”90): « C’était une très très bonne course de laquelle je retiens énormément de positif. Au final, il n’y a certes pas de record suisse mais cela est très anecdotique pour moi. C’était important de finir dans une aussi bonne place avec une concurrence si relevée. Ce fut sans doute l’équivalent d’une finale mondiale, même si toutes les filles n’étaient pas à leur meilleur niveau. » Finale mondiale, y a eu; même si la championne olympique et détentrice de la meilleure performance mondiale (52”64 à Sacramento), Dalilah Muhammad fut contrainte à l’abandon au deuxième virage.
« Un signal fort que j’ai montré en finissant deuxième »
Lea Sprunger
Une course solide, sous 27 degrés, qui alimente toujours plus la bonne forme du début de saison pour la Vaudoise: « C’est un signal très fort que j’ai montré en finissant deuxième et ceux qui ne me connaissaient pas encore dans la course, me connaissent désormais et ça veut dire beaucoup. » Une marque de solidité, certes, déposée à quelqu’un mois des championnats du monde de Londres (5-13 août 2017). Chez Eilidh Doyle notamment, troisième à 54”36 – pourtant son meilleur temps de la saison –, la performance de la Suissesse n’est certainement pas passée inaperçue, particulièrement la manière par laquelle elle a négocié les 200 premiers mètres de la course. Plus retorse sur le sprint final, la Britannique a néanmoins manqué de terrain pour rattraper Lea sur le photo finish: « Je suis très contente de ma course – lâche la championne d’Europe 2014, jointe à la zone mixte du stade de la Pontaise, avant de poursuivre – C’était une très bonne course pour ma part. J’étais calme et concentrée au départ et j’ai gagné en assurance au fur et à mesure que la course avançait. J’ai eu de très bons résultats aux qualifications de Grande-Bretagne [ndlr, à Birmingham les 1er et 2 juillet 2017] et je suis heureuse de conserver cet état de forme sur circuit en plein air. »
Un changement stratégique qui porte ses fruits
Depuis le début de la saison, en plein air, Lea Sprunger a souhaiter changer son rythme de course, passant de 15 foulées initiales entre obstacles à 14. Un changement stratégique ambitieux – nécessaire selon l’athlète au vue des performances en demi-teinte de l’année précédente – qui lui contraint de partir plus vite, même si sensiblement plus fatiguée à l’arrivée: « La décision du changement de rythme prenait en compte que les 15 foulées me faisaient perdre trop d’énergie sur les 200 premiers mètres. Je n’arrivais jamais à trouver la foulée que je voulais », expliquait-elle en conférence de presse la veille du meeting de Lausanne. La Nyonnaise semble ainsi en bonne voie d’intégrer ce nouveau rythme où l’appréhension des obstacles semble être évanoui, comme elle le confirme après sa course sur la piste du stade de la Pontaise, ce jeudi soir: « Les changements techniques, les plus importants étant sur les 200 premiers mètres, m’ont permis de parvenir à ce résultat. Jusqu’à mi-parcours, je parviens à réaliser de grandes foulées de sprinteuse sur plat, maintenant mes 14 foulées souhaitées assez facilement. » Une difficulté néanmoins à maintenir le calme nécessaire sur la deuxième partie de la course où, parfois, sa distraction lui fait certainement manquer la performance nationale d’Anita Protti, présente à la Pontaise: « Je pense que dans le deuxième virage, j’étais un peu passive, où je perds des centièmes. Je passe en 15 foulées dès ce moment-ci. Je me laisse peut-être un peu endormir parce que je m’attendais à ce que les autres coureuses me rattrapent mais ce ne fut pas le cas. Une fraction où j’ai sans doute manqué de rigueur », lâche-t-elle, consciente de ses imperfections. Mais elle ne fut pas la seule à perdre sensiblement son rythme à la marque des 200 mètres, l’Américaine Ashley Spencer ayant également passablement réduit la cadence à mi-chemin: « La première moitié de la course était très bon, puis la seconde moitié était moins satisfaisante. Mais je reste heureuse d’être parvenue à gagner à Lausanne pour ma deuxième année ici après ma cinquième place l’année passée. »
Un public porteur et avec moins de pression
En 2016, les paramètres furent définitivement peu accommodants, avec une stratégie de course largement inopérante. En 2017, en revanche, tout semble parfaire la stature de Lea Sprunger, parmi les grandes dames de la discipline. « La course de l’année dernière, je n’ai pas cessé de la revoir. Aujourd’hui, c’était un tout autre visage, une performance incomparable à la prestation de l’année passée. J’étais, ce soir, à la bagarre avec les toutes meilleures et c’est le jour et la nuit », affirme-t-elle souriante en zone mixte à la Pontaise, mais aussi satisfaite d’avoir séduit un public porteur et sur lequel elle s’est accotée: « Je suis contente d’avoir su profiter du public de la Pontaise. Autrefois, je n’arrivais pas à assumer la pression sur mes épaules. Ce soir, j’ai vraiment bénéficié de son soutien total et il m’a aidé sur les derniers mètres de la course. Je me suis toujours réjouie de pouvoir courir ici et Athletissima restera mon meeting préféré. » Forte de performances toujours plus satisfaisantes, Lea Sprunger semble prête pour le cap mondial, en capitale anglaise.
Kariem Hussein améliore également sa performance saisonnière sur les 400 mètres haies
Fort d’un entraînement intensif ces derniers mois, Kariem Hussein a été récompensé dans son meeting national à Lausanne. Lancé en 13 foulées lors des premiers sauts d’obstacles, le Thurgovien a effacé son maigre résultat du meeting d’Oslo où il avait terminé à une décevante sixième place. À Athletissima, Kariem a même amélioré sa marque personnelle cette saison, courant la distance en 48”79 secondes. Une amélioration de 23 centièmes. « Cette année, en comparaison avec l’année passée, je suis très forme et je continue sans cesse à améliorer mes résultats. Cela, en plus de gagner à Lausanne devant un public si splendide, est quelque chose que j’affectionne tout particulièrement – lâche Kariem en zone mixte à la Pontaise avant de poursuivre – Je suis un rêveur et, même si je ne suis pas le coureur le plus rapide au monde, je continue à travailler dur. » Son objectif principal atteint – les qualifications aux championnats du monde – Kariem Hussein tentera d’améliorer encore et toujours son Personal Best, à défaut de remporter la médaille d’or à Londres: « Je ne pousse pas mes principaux objectif à la victoire aux championnats du monde mais j’ai juste envie de faire de la compétition, d’améliorer mon temps, de toujours mieux me mouvoir sur la piste et de cueillir à chaque fois le meilleur résultat en course. Voyons ce qui en découlera à Londres », confie-t-il confiant au sortir de l’arène cendrée de la Pontaise.